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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 19:44

Bientôt un demi-siècle que le combat écologique moderne a commencé, et la société industrielle de croissance n'a qu'à peine infléchi sa trajectoire. La volonté de consommer, le besoin de créer des emplois, les problèmes à résoudre du fait d'une population toujours plus nombreuse, la difficulté des politiques à poser et faire entendre les contraintes de long terme dans un cadre électoral simpliste, tout cela nous enferme dans une trajectoire que l'on sait pourtant impossible à tenir plus longtemps. Mais cela, c'est juste le premier piège enfanté par la triple rencontre entre l'idée naïve de progrès des Lumières, une perception tronquée de la démocratie déjà recensée par Tocqueville et une vision technicienne si bien décrite par Jacques Ellul.

L'autre piège, nous le vivons tous les jours. Cette société de croissance détruit peu à peu pour ses propres besoins tous les référents et les modes de vivre que les sociétés humaines ont construit patiemment dans le temps long de leur histoire. Non seulement nous perdons petit à petit les valeurs de sobriété et de tempérance portées sans discontinuer par les générations qui nous ont précédées pour nous plonger dans un bain culturel hors sol construit par des opérateurs marketing fonctionnant à la petite semaine, les yeux rivés sur leur business plan, mais en plus cette société, de par les échanges et déplacements massifs de population qu'elle autorise - touristiques ou migrations durables - crée des chocs que nos sociétés s'épuisent à gérer.

Hier le voile, aujourd'hui le burkini, et derrière ces symboles des problèmes immenses d'intégration et d'assimilation qui impliquent des investissements majeurs et qui occupent aussi, au sens fort d'une occupation, le champ politique. A travers les débats actuels, on devine que la question constituera un élément significatif de distinction dans la future élection présidentielle et il n'est pas dans l'esprit de l'auteur de ces lignes de minorer son importance : cela nous touche au quotidien et affecte ce qu'on appelle désormais notre vivre-ensemble. En clair il s'agit de notre façon de vivre et de la manière dont notre société se voit et se pense elle-même, dans son présent et dans son avenir. Mais, concrètement, notre maison brûle et notre énergie politique se trouve absorbée par les problèmes déclenchés par cette société de croissance qui se moque des frontières et des cultures nationales, jusqu'à oublier de débattre des conditions et des moyens pour prendre un virage écologique pourtant si nécessaire. Au vingtième siècle, c'est la question du totalitarisme qui nous a tant occupé qu'elle a masqué l'immense dérive écologique de nos sociétés, il ne faudrait pas que la question autour de l'Islam prenne désormais tant d'importance qu'elle absorbe l'énergie politique dont l'écologie a tant besoin.

Traiter les questions soulevées par les migrations et les chocs culturels qui en résultent, il le faudra bien, comme il faudra aussi gérer les populations littorales touchées par la montée des eaux. Toutefois ces soucis-là ne devront pas prendre le dessus sur la question de la remise en cause de la société industrielle de croissance, remise en cause nécessaire, pas suffisante, indispensable quand même, si l'on ne veut pas être submergé par les problèmes immenses qu'elle ne manquera pas de continuer à générer si on la laisse courir sur son erre.

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commentaires

T
Très juste réflexion! c'est tout à fait désespérant, vous avez raison, comment faire face à la fois à urgences immédiates, celles à moyen terme celles à plus long terme...lutter aussi pour sortir les gens de leur aveuglement sur tous ces plans? On comprend que Dieu ait envoyé le déluge pour aider les humains à repartir de zéro...
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