Comme tous les deux ans, l’ONU vient de publier en ce début d’été 2017 ses projections démographiques pour notre siècle.
Elles suggèrent une évolution stable ou en très légère hausse par rapport à ce qui était prévu en 2015 (*).
L’ONU envisage ainsi, selon son hypothèse moyenne de fécondité, que nos effectifs atteignent 8,5 milliards en 2030 (+ 1 milliard ou presque par rapport à aujourd’hui), 9,8 milliards en 2050 (+ 2,2) et 11,2 milliards en 2100 (+ 3,6), échéance à laquelle elle estime à seulement un peu plus de 20 % la probabilité pour que la population soit alors stabilisée.
Cette évolution reviendrait à faire passer la croissance annuelle de la population qui est actuellement d’environ 1,1 % à 0,48 % en moyenne sur les 83 années qui restent à notre siècle (en réalité donc, à la ramener progressivement de + 1,1 % à presque 0 %).
Rappelons que cette hypothèse moyenne suppose que la fécondité mondiale qui est aujourd’hui de 2,5 enfants par femme s’abaisse à 2,2 en 2050 et à 2 en 2100. Ce niveau ne sera toutefois atteint, précise utilement l’ONU, que si des efforts sont consentis en matière de santé reproductive.
L’évolution de nos effectifs est extrêmement sensible à celle de la fécondité. Si le nombre d’enfants par femme était seulement supérieur de 0,5 à celui qui est envisagé dans le cadre de cette hypothèse moyenne, c’est-à-dire s’il restait approximativement en 2100 à son niveau de 2017, nos effectifs atteindraient 16,5 milliards à la fin du siècle soit plus du double d’aujourd’hui ! A l’inverse, si la fécondité était 0,5 enfant en dessous de cette hypothèse (c’est-à-dire si elle était progressivement ramenée à 1,5 enfant par femme en 2100) la population pourrait commencer à diminuer bien avant la fin du siècle, puisqu’après une pointe vers 9 milliards en 2050, elle retrouverait en 2100 un niveau à peu près égal, voire même très légèrement inférieur, à celui d’aujourd’hui. C’est évidemment ce déroulement qu’il faut viser. Pouvons-nous raisonnablement faire ainsi baisser la fécondité, et comment le faire ?
L’Afrique reste le continent le plus prolifique et concentrera un peu plus de 50 % de la croissance de la population mondiale d’ici 2050 et la très grande part (3,1 milliards sur les 3,6 attendus au niveau mondial soit plus de 85 %) au-delà. Le continent est supposé, toujours selon l’hypothèse moyenne, atteindre 4,3 milliards d’habitants en 2100 ! Les taux de fécondité y ont légèrement baissé (4,7 enfants par femme en 2015 contre 5,1 sur la période 2000-2005), mais ils restent très supérieurs à ceux des autres continents.
L’Asie qui connait une fécondité de 2,2 enfants par femme a vu celle-ci baisser de 0,2 au cours des 10 dernières années et s’approche donc d’une situation de stabilité, même si elle reste, de loin, le continent le plus peuplé (4,5 milliards d’habitants soit environ 60 % de la population mondiale en 2017).
Ci-dessous, graphique de l’évolution de la population mondiale selon les différentes hypothèses de l’ONU. Notez l’élargissement des fourchettes de projections avec le temps, gardons en effet à l’esprit que si les projections pour 2050 sont très fiables, sauf catastrophes, celles de 2100 sont beaucoup plus incertaines (ce graphique ainsi que celui de tous les pays et des principales régions du monde est accessible via ce lien).

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(*) Evolution des projections de l’ONU pour 2050 et 2100 puis de l’Ined pour 2050.
Pour 2050, les projections de l'ONU selon l’hypothèse moyenne de fécondité s’élevaient :
En 2009 à 9,1 milliards, en 2011 à 9,3 milliards, en 2013 à 9,6 milliards
en 2015 à 9,7 milliards, en 2017 à 9,8 milliards.
A l’échéance 2100, et toujours selon l’hypothèse de fécondité moyenne :
En 2011 à 10,1 milliards, en 2013 à 10,9 milliards, en 2015 à 11,2 milliards et en 2017 donc à 11,2 milliards de nouveau.
Pour l’Ined qui publiera ses estimations 2017 à l’automne, les prévisions pour 2050 s’élevaient :
En 2009 à 9,4 milliards, en 2011 à 9,6 milliards, en 2013 à 9,7 milliards et en 2015 à 9,8 milliards.
Dans tous les cas, on constate une tendance à la hausse de ces projections repoussant simultanément la stabilisation à plus tard et à un niveau plus élevé.