Depuis quelques temps, la jeune Greta Thunberg s’impose comme l’héroïne de l’écologie, la conscience nécessaire qui viendrait réveiller une société qui tarde à prendre la mesure du problème (et à prendre des mesures tout court par la même occasion).
S’exprimant fin 2018 à la COP 24 de Katowice, puis début 2019 au forum de Davos, elle vient d’être invitée à l’Assemblée Nationale française.
Entrant ainsi dans l’arène médiatique Greta Thunberg déchaine les passions. Adulée par certains, elle est cruellement vilipendée par d’autres et parfois soupçonnée d’être le jouet de quelque complot. Voilà que la société se divise en pro et anti Greta !
Curieux débat où l’on semble incapable de distinguer la personne, son rôle et son message.
Que dit Greta Thunberg ? Que le problème (climatique pour l’essentiel de son propos) est très grave, que nous n’en prenons pas la mesure et que nous prenons une terrible responsabilité face aux générations futures.
A-t-elle raison ? Oui (même si la question climatique tend hélas à éclipser la question de l’écroulement de la biodiversité et sa cause démographique sous-jacente sans doute encore plus préoccupantes) A-t-elle raison de le dire et de le marteler ? Oui ! Devrions-nous l’écouter ? Oui !
Subsiste-t-il alors quelques réserves à son action ? Oui aussi, mais sans doute pas contre elle. Que certains en viennent à évoquer sa vie privée ou sa santé relève vraiment de l’odieux et du condamnable.
Pour autant, cela n’exclut pas quelques remarques sur notre société. Car sur le fond cette jeune fille dit-elle quelque chose que nous ne sachions déjà ? Non, elle ne fait que médiatiser un problème bien connu. L’intérêt du débat porte plutôt sur la façon dont notre société réagit.
Certains la transforment en maître à penser, le symbole d’une jeunesse plus courageuse, plus intelligente et plus lucide que la génération précédente qui, elle, fermerait les yeux et les oreilles avec bêtise et lâcheté.
On peut comprendre que cette opposition naïve entre les générations puisse agacer, elle est bien sûr ridicule, le problème ne se pose pas en ces termes. Tout comme peut agacer la façon dont certains politiques la soutiennent très médiatiquement pour se sculpter à bon compte une image favorable. Ils s’affichent du bon côté.
Cette polarisation infantile entre les pro et anti Greta, révèle plus sur notre société et son souci d’image qu’elle ne nous apprend comment régler les problèmes.
Greta Thunberg a raison, bravo à elle mais la façon dont certains l’utilisent (je ne dis pas la manipulent, comme le font à mon sens injustement quelques-uns de ses détracteurs) à leur profit, la façon dont notre société a besoin d’idoles, n’augure peut-être pas favorablement de nos chances de succès.