Un article de Gilles Ricard
Rien ne sera plus comme avant, a dit Macron, qui ne rêve pourtant que d'une chose : relancer l'économie, la croissance et la mondialisation.
Mais comme disait Debord, "dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux". L'épisode de coronavirus montre la fragilité de l'économie mondialisée.
Nous nous préoccupions (surtout en théorie) de la souveraineté alimentaire mais nous nous rendons compte que nous n'avons pas non plus la souveraineté sanitaire, ce qui est dangereux en cas de pandémie lorsque celle-ci touche l'ensemble des pays. Les masques sont fabriqués en Chine, les respirateurs artificiels aux Etats-Unis et en Allemagne. La pénurie de respirateurs oblige les médecins italiens à choisir qui ils vont soigner et la situation en Alsace n'est pas bien meilleure. Les frontières sont fermées, non seulement les frontières de l'UE mais aussi les frontières intérieures, malgré les bons mots sur les virus qui, selon Véran, n'ont pas de passeport et, selon Jean-François Kahn, ne paient pas de droits de douane. Les citoyens sont confinés, les pays aussi. L'Europe se réduit à la BCE et au MES, l'essentiel des décisions sont prises au niveau des Etats.
Le coronavirus nous donne un avant-goût, bien timide et partiel, de ce que pourrait être l'effondrement. La décroissance est là, tangible, réalisée. C'est une nouvelle période qui devrait nous conduire à interroger nos analyses et nos croyances.