La France ainsi qu’une vaste partie de l’Europe viennent de connaître une canicule intense et précoce. Dans le sud-ouest de notre pays de nombreux records de températures ont été battus.
La réalité du réchauffement climatique comme son origine anthropique ne peuvent plus être niées. L’excellente corrélation entre la hausse des températures et les émissions de gaz à effet de serre ainsi que la très bonne connaissance des interactions entre ces mêmes gaz et le rayonnement infrarouge reflété par la surface de la planète ne laissent aucun doute: le climat se réchauffe rapidement et c’est de notre fait ! Les conséquences en termes d’aridité et de hausse du niveau marin mettant en péril de vastes zones côtières fortement urbanisées sont également bien documentées.
La responsabilité en incombe pour l’essentiel à une forte consommation énergétique dans les pays les plus riches ainsi qu’à celle des classes les plus aisées de toutes les nations du monde. De ce constat, d’aucuns déduisent que seul doit être mis en cause le niveau de vie des plus favorisés (comprenant de facto la quasi-totalité des habitants des pays développés) et que le nombre des hommes ne constitue qu’un facteur négligeable. C’est ainsi que raisonne par exemple le GIEC qui consacre très peu de ses travaux à la démographie et ne propose pas de mesures en la matière, nos effectifs étant considérés comme une donnée exogène sur laquelle on ne saurait agir.
Séduisant, le raisonnement est hélas doublement fallacieux.
- Il néglige le fait que si les plus pauvres polluent moins, c’est justement du fait de la pauvreté. Veut-on maintenir à un faible niveau de vie la grande majorité de la population mondiale ou veut-on aller vers une plus juste répartition des richesses ?
- Il fait bon marché de l’évolution comparée des émissions de CO2 et de la démographie. Ainsi par exemple entre 1960 et 2016 les émissions de CO2 ont été multipliées par 3,8 (passant de 9,4 à 36,2 milliards de tonnes ). Dans le même temps, la population a été multipliée par 2,5 passant de 3,0 à 7,4 milliards. Les émissions globales étant le produit des émissions individuelles par le nombre d’individus, on voit que les émissions par personne ont été multipliées par 1,5 (rapport 3,8/2,5). Le facteur « évolution de la population » (2,5) a donc été plus déterminant que le facteur « évolution du niveau de vie » (1,5) ! Aujourd’hui d’ailleurs les émissions mondiales de CO2 tendent à se stabiliser tandis que la croissance démographique est toujours de l’ordre de 1 % par an.
La reconnaissance de l’impact de la démographie dans l’évolution du réchauffement climatique devient donc urgente, le Giec mais aussi tous les mouvements écologistes doivent s’emparer du sujet. Cela est d’autant plus nécessaire qu’au-delà du climat, la croissance de nos effectifs a des conséquences négatives en de nombreux autres domaines, la biodiversité en premier lieu mais aussi la pollution, les paysages et de manière générale, l’empreinte sur la biosphère.