On ne soulignera jamais assez combien, en matière de démographie, - en réalité en toute situation relevant de progressions géométriques -, de petites différences initiales dans les taux de croissance conduisent avec le temps à des situations tout à fait divergentes. La chose est connue mais toujours surprenante.
Ainsi, regardons les deux équations suivantes
1,01100 = 2,70
0,99100 = 0,37
La première peut décrire l’évolution d’une population qui croîtrait de 1 % par an pendant 100 ans. A l’issue la population initiale se verrait multipliée par 2,7.
La seconde, décrit l’évolution d’une population qui, au contraire, décroîtrait de 1 % toujours pendant un siècle. A l’échéance la population se verrait réduite à 37 % de son effectif de départ (soit une division par 2,7).
Appliquons ces données à la situation présente.
Si la population mondiale (8 milliards) augmente annuellement de 1 % pendant un siècle (c’est-à-dire à son rythme actuel), nous serons entre 21 et 22 milliards d’habitants sur la planète en l’an 2122 (8 x 2,7 = 21,6).
Si, à l’inverse, elle décroît annuellement de 1 %, nos effectifs seront ramenés à un peu moins de 3 milliards à la même époque (8 x 0.37 = 2,9), soit approximativement à leur niveau de1960.
A chacun d’imaginer combien, sur le plan écologique comme sur le plan de la qualité de vie, les deux situations offriront un contraste absolu et combien la seconde hypothèse est infiniment plus enviable et plus durable.
Cet exemple souligne deux choses
- De petites différences conduisent avec le temps (et un temps relativement court, à peine plus d’une vie humaine) à des situations incomparables.
- L’effort à faire pour nous rendre à des effectifs beaucoup plus supportables n’est pas important : il suffit de décroître de 1 % par an ce qui est absolument insensible (nous trouvons bien insensible de croître aujourd’hui de 1 %) et n’interdirait en rien aux gens d’avoir des enfants : à peine moins de deux par couple en moyenne et sur le long terme.
Certes, ces équations ne sont pas tout à fait fidèles puisqu’elles supposent un taux constant, hypothèse improbable dans la réalité. Ainsi, au cours du 20e siècle, le taux de croissance annuel a fluctué, passant de +, 0,4 % en 1900 à + 2,1 % au cours de la décennie 1960-70, pour redescendre à 1,4 % en 2000. Elles gardent toutefois leur intérêt pédagogique en soulignant à la fois la sensibilité à d’infimes différences et la nécessité de regarder à moyen terme.