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28 juillet 2024 7 28 /07 /juillet /2024 13:23

L’ONU vient de publier ses dernières statistiques démographiques comprenant notamment des projections pour l’ensemble du 21e siècle.

Voici les principales données que nous pouvons retenir concernant les projections.

 

Evolution des projections de l’ONU à échéance 2050

(Données arrondies aux 100 millions les plus proches) 

En 2009 : 9,1 milliards    En 2015 : 9,7 milliards   En 2022 : 9,7 milliards

En 2011 : 9,3 milliards    En 2017 : 9,8 milliards   En 2024 : 9,7 milliards

En 2013 : 9,6 milliards    En 2019 : 9,7 milliards                                  

 

Evolution des projections de l’ONU à échéance 2100

(Données arrondies aux 100 millions les plus proches).

En 2011 : 10,1 milliards   En 2019 : 10,9 milliards 

En 2013 : 10,9 milliards   En 2022 : 10,4 milliards

En 2015 : 11,2 milliards   En 2024 : 10,2 milliards

En 2017 : 11,2 milliards                                       

 

Projections 2024 de l’ONU à échéance 2100

(Données en milliards, arrondies au million le plus proche pour la population au 1er juillet de chaque année).

En 2030 :  8,569       En 2055 :   9,846      En 2080 : 10,283

En 2035 :  8,885       En 2060 :   9,989      En 2085 : 10,288

En 2040 :  9,177       En 2065 : 10,102      En 2090 : 10,272

En 2045 :  9,440       En 2070 : 10,189      En 2095 : 10,235

En 2050 :  9,664       En 2075 : 10,250      En 2100 : 10,180

Rappelons que si les projections à 2050 sont relativement fiables (elles sont d’ailleurs assez stables autour de 9,7 milliards), donner des chiffres à quelques millions près pour la fin du siècle relève du pari, nous ne savons pas grand-chose de l’état du monde à cette échéance et donc pas grand-chose non plus de la fécondité et de l’évolution de l’espérance de vie dans les décennies qui nous en séparent. Les projections pour 2100 ont d’ailleurs varié de plus de 1 milliard entre 2011 (10,1 milliards) et 2015 (11,2 milliards) soit en 4 ans seulement, l’incertitude est manifestement de mise.

 

Depuis quelques semaines, ces projections donnent lieu dans les médias à nombre de commentaires laissant poindre la menace d’un effondrement, peut-être proche, de la démographie planétaire, en tout cas, d’un retournement des tendances qui, il y a quelques années encore, laissaient deviner une croissance qui se prolongerait plus longtemps et conduirait à des niveaux démographiques plus élevés.

Commentaires donc majoritairement très curieux au regard des propres chiffres de l’ONU, la population n’ayant jamais - et de loin - été aussi nombreuse (un point à ne pas oublier) et étant amenée à croître encore de plus de 2 milliards d’ici l’an 2100. L’Afrique passerait de 1,5 à 3,8 milliards de personnes, soit une augmentation de 2,3 milliards (les autres continents baissant donc très légèrement, l’Europe passant même de 745 à 592 millions. C’est évidemment  sur ce dernier point que se focalisent les inquiétudes en Occident.

Ce qui justifie ces commentaires alarmistes aux yeux des partisans d’une population toujours plus nombreuse est la confirmation d’un certain ralentissement de la fécondité. Au niveau mondial, elle passerait de 2,25 enfants par femme aujourd’hui à 1,84 en 2100 soit en dessous du seuil de renouvellement des générations (avec de larges différences entre nations, même si celles-ci sont supposées s’atténuer avec le temps).

En effet, dans les pays à hauts revenus, la fécondité partant d’assez bas (1,47 en 2024)  remonterait légèrement (jusqu’à 1,60 en 2100) et, à l’inverse, en Afrique, partant de très haut (4,02 en 2024) elle tomberait à 2,02 à la même échéance. Il ne s’agit toutefois que de conjectures manifestement influencées par le choix d’un modèle de convergence des sociétés qui, lui-même n’est qu’une hypothèse basée sur le pari d’une continuation des évolutions récemment constatées.

Cette baisse tendancielle de la fécondité conduit à une projection pour 2100 d’environ 10,2 milliards de terriens, un peu inférieure à la précédente (10,4 milliards étaient prévus en 2022) ainsi qu’à un léger avancement de l’année de stabilisation, désormais envisagée pour 2084 au niveau de 10,3 milliards.

En réalité cet infléchissement pour 2100 n’est pas nouveau, on le note déjà depuis 4 ou 5 ans dans les projections antérieures de l’ONU. Il avait aussi été souligné par différents organismes comme l’IHME et la banque HSBC qui prévoyaient même des baisses encore plus brutales (analyses qui avaient cependant été fort contestées).

 

Plusieurs choses sont regrettables dans la majorité des analyses

- La non prise en compte du niveau atteint et l’absence de recul par rapport à ce qu’a été la démographie tout au long de l’histoire de l’humanité. Encore une fois nous étions 5 fois moins nombreux au début du 20e siècle et le taux de croissance y était 2,5 fois plus faible ! Or, certains nous demandent d’accélérer encore notre expansion démographique, il y a là une déconnexion complète d’avec les réalités.

- Une focalisation sur des aspects strictement économiques. Les inquiétudes portent notamment sur l’évolution du ratio actifs / inactifs, en oubliant que les jeunes restent désormais longtemps inactifs et que surtout ils sont les vieux de demain. Relancer la fécondité c’est donc s’engager dans une spirale infernale où l’équilibre n’est acquis qu’au prix d’un mouvement permanent de fuite en avant évidemment intenable dans un monde fini.

- Un oubli total des questions écologiques et en particulier de l’effondrement du vivant. 96 % de la masse des mammifères est aujourd’hui constituée d’humains ou de leurs animaux domestiques. Est-il urgent, sage, moral, ou simplement raisonnable d’éradiquer par notre nombre et donc notre omniprésence les 4 % d’animaux sauvages qui subsistent ?

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commentaires

J
Dans cette publication nous retrouvons le sérieux et la probité de Didier Barthés auteur, parmi d’autres, de l’excellent livre : « le Défi du nombre » <br /> Je note, toutefois, votre phrase : « nous ne savons pas grand-chose de l’état du monde à cette échéance (2100) ».<br /> Le travail considérable de la division de la population de l’ONU ne se résume pas par ces mots lapidaires.<br /> L’ONU prévoit, pour le monde, un taux de fécondité de 2,1 en 2049 et en conséquence, une trentaine d’années après, le pic de population.<br /> Pour inverser la tendance unanime à la baisse de fécondité, il faudrait que la moitié des états, soit 100 environ, reparte à la hausse en seulement 25 ans. Evénement non pas hautement improbable mais impossible. Vous n’avez aucuns éléments pour prouver un éventuel renversement de tendance et jeter le doute sur le travail de l’ONU. Votre posture conduit à l’attentisme et au « ne rien faire ». Pendant ce temps-là, face à l’événement majeur de notre siècle : la baisse de la population, la tâche est immense.<br /> Je croyais que les éléments clés du suivi de la population dans les années à venir étaient : la population en 2050, le pic de population mondiale et la population en 2100. Je ne le crois plus, ces éléments vont peu varier et ne sont pas assez représentatifs de la situation.<br /> L’ONU dans les phrases clés de son rapport WPP2024 écrit :<br /> « Dans 63 pays et régions, qui abritent 28 % de la population mondiale en 2024, la taille de leur population a atteint un pic avant 2024. »<br /> En 2017 seulement 22 pays avaient atteint le pic.<br /> Pour moi ces deux chiffres : nombre de pays et taille de la population concernée sont les indicateurs majeurs de notre devenir. Ils ont l’avantage d’être des chiffres réels et vont nous épargner les prédictions de certain naïf qui retienne l’enveloppe haute des projections ONU.<br /> L’examen de ces chiffres sera la base de notre « tâche immense » :<br /> Décourager les politiques natalistes (heureusement inefficaces) qui se développent rapidement dans tous ces pays.<br /> Et surtout, développer un plan économique, social et politique permettant de vivre mieux dans un monde moins nombreux. De nombreux chercheurs réfléchissent déjà, et notons que le Japon, exemple de pays a population décroissante obtient de bons résultats aux indices du bonheur.
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T
Le terme hubris ou hybris est devenu très tendance pour qualifier toutes les mégalomanies humaines. Les écologistes l'emploient beaucoup pour la surproduction , la surconsommation, la place de l'homme contre la nature...mais pourquoi jamais, au grand jamais, ce mot n'est-il utilisé pour notre folie reproductive ?! et pour la panique qui s'empare des sociétés si pointe une baisse -aussi minuscule soit-elle- de notre nombre ?
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D
Très juste remarque, beaucoup ont l'inquiétude et le vocabulaire sélectifs. Beaucoup sont complètement sourds à l'occupation des territoires par les hommes.
C
Bonjour et merci pour ces derniers chiffres et la très intéressante analyse que vous en faites.<br /> Ma référence préférée en la matière, ne se dément pas.<br /> Cordialement.
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R
Il faudrait envoyer cet article à tous les députés fraîchement élus. Hélas , le mail d'envoi serait supprimé, tout comme le thème de l'écologie dans le programme des partis ( où associé à des propositions qui visent à augmenter la consommation et, par conséquent l'empreinte écologique ) Quant à la démographie, parler d'un tabou est presque un euphémisme..

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  • : Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
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