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19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 16:58

 

 

 

L’INED vient de publier le document « Tous les pays du monde » (1) qui, sous la direction de Gilles Pison, fait le point tous les deux ans sur la population mondiale à la mi-année.

Selon les éléments présentés - des estimations pour l’essentiel, les données définitives n’étant évidemment pas encore disponibles - la Terre hébergeait 8,162 milliards d'habitants au 1er juillet 2024, chiffre en progression de 187 millions par rapport à 2022 (7,975 milliards) soit une croissance annuelle de 93,5 millions (2).

Malgré les multiples mises en garde des milieux économiques systématiquement inquiets de tout ralentissement, la croissance de la population mondiale reste toujours très forte, même si la tendance à la baisse de la fécondité se confirme : 2,2 enfants par femme au niveau mondial en 2024, contre 2,3 en 2022, 2,4 en 2019 et 2,5 en 2017 laissant espérer une stabilisation de nos effectifs plus précoce qu’on ne l’envisageait il y a encore quelques années. La stabilisation pourrait ainsi avoir lieu avant la fin du siècle. Certaines études prospectives (voir notamment celles de l’IHME et de la banque HSBC) la situent au milieu des années 2080 à un niveau d’environ 10,4 milliards.

A moyen terme cependant, la croissance va se poursuivre et la projection proposée par l’INED pour 2050 s’élève à 9,709 milliards soit encore un gain de plus de 1,5 milliard de personnes dans les 25 ans à venir !  C’est environ ce qu’a gagné l’humanité entre ses débuts et l’an 1900 ! L’écroulement redouté par certains n’est pas pour demain.

Parmi les éléments remarquables de cette dernière publication citons le fossé toujours très important entre l’Afrique et le reste du monde.

Même si en Afrique aussi la fécondité tend à diminuer : 4,0 enfants par femme en 2024 contre 4,2 en 2022, le niveau de fécondité y est encore presque le double de celui du reste de la planète et certaines situations sont très inquiétantes. Les records de croissance démographique et de fécondité se situent tous sur ce continent : + 3,7 % de croissance annuelle en République Centrafricaine soit un doublement en moins de 20 ans, une fécondité de 6,7 enfants par femme au Niger et de 6,0 au Tchad, en Somalie et en RDC (déjà très peuplée) ! Un niveau toujours très élevé au Nigéria : 5,1 enfants par femme pour 218 millions d’habitants.

L’Asie dans son ensemble (4,81 milliards d’habitants et 5,28 attendus en 2050) voit sa fécondité rester stable par rapport à 2022 avec 1,9 enfant par femme.

L’inde, si elle  confirme sa première place devant la Chine avec 1,451 milliard d’habitants contre 1,419, aurait atteint le seuil de renouvellement des générations, la fécondité s’établissant désormais à 2,0 enfants par femme.

Quelques pays font toutefois exception dans ce mouvement vers la stabilité asiatique : l’Afghanistan  avec 4,8 enfants par femme, le Pakistan 3,7, le Yemen : 4,5, l’Irak : 3,2.

A l’inverse, à l’extrême Est, Japon et Corée du Sud n’ont respectivement que 1,2 et 0,7 enfant par femme. Sur cette lancée, ces pays pourraient connaître une baisse significative de leur population. La Corée passerait de 99 millions d’habitants aujourd’hui à 45 en 2050 (une division par plus de deux !) et le Japon de 124 à 105.  Rappelons toutefois qu’ils ont une densité déjà gigantesque : plus de 520 habitants par kilomètre carré pour la Corée du Sud. Le Japon conserve la meilleure espérance de vie à la naissance : 81 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes, ces valeurs étant respectivement de 71 et 76 ans pour le monde dans son ensemble.

Compte tenu de l’importance démographique du pays il faut noter le faible niveau de fécondité de la Chine qui serait descendu à 1,0 enfant par femme (1,2 en 2002). Si la tendance se poursuit la Chine passerait à 1,26 milliard d’habitants en 2050 (soit 159 millions d’habitants de moins qu’en 2024).

L’ensemble du continent américain est aussi sur la voie de la stabilisation, avec 1,6 enfant au Nord et 1,7 au Sud, l’Amérique centrale se situant à 2,0. Il s’agit vraiment d’une évolution intéressante compte tenu des inquiétudes que l’on avait dans les années 1970 où l’explosion sur le modèle africain était le scénario privilégié. Un pays comme le Chili serait même tombé à 1,1 enfant par femme.

L’Europe est le continent ayant le plus faible taux de fécondité 1,4 enfant par femme (1,5 en 2022), la France étant à 1,6. La population de notre pays (au sens de l’hexagone) est estimée à 66,5 millions d’habitants et devrait monter à 68 millions en 2050. Notons les faibles taux de fécondité de l’Espagne et de l’Italie (1,2 enfant par femme) et aussi, dans des circonstances particulières, de l’Ukraine (1,0).

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(1) « Tous les pays du monde » dans la série Population & Sociétés (numéro 626 d’octobre 2024) par Gilles Pison et Svitlana Poniakina. Ce document est téléchargeable gratuitement ici sur le site de l’Ined

(2) Cette estimation semble un peu étrange. La croissance de la population mondiale étant en général estimée à + 80 millions par an ces dernières années. Peut-être faudrait-il, soit revoir à la baisse l’estimation 2024 soit revoir à la hausse celle de 2022 pour obtenir une croissance moindre et plus conforme aux données les plus courantes. Notons d’ailleurs que ces chiffres sont en contradiction avec une estimation de la croissance annuelle mondiale à 0,9% présentée dans ce même dossier de l’INED, taux croissance qui devrait conduire à une augmentation de 73,5 millions et non de 93,5 ! Les statistiques et projections publiées par l'ONU conduisent d'ailleurs à des estimations beaucoup plus proches de ce second chiffre, validant le fait que probablement des réestimations des chiffres antérieurs publiés par l'INED  (même si elles proviennent in fine de l'ONU) n'ont pas été mentionnées.

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commentaires

R
Le rapport Meadows de 1972 préconisait la nécessité de stabiliser la taille de la population mondiale qui était alors de 3,6 milliards, nous sommes aujourd’hui 8,2 milliards et chaque années 80 millions de plus. Depuis 1980 l'empreinte écologique mondiale dépasse sa biocapacité. Certes la croissance se ralentit à cause de la baisse de la fécondité surtout dans les pays développés. Mais cette tendance bénéfique arrive trop tard et le réarmement démographique souhaité par le président Macron , mais aussi par Putin ,Trump et Xi Jinping , serait une fuite en avant qui, en fin de compte, nous approcherait encore plus de l’effondrement. .
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D
Oui, l'expression "fuite en avant" est bien celle qui convient.
T
Si l'on veut être résolument positif, il faut se réjouir d'une stabilisation de la population quelques vingt ans plus tôt que prévu. A condition de ne pas s'effrayer de 97 millions d'humains en plus chaque année. D'une impossible transition démographique en Afrique . Et de toutes les conséquences encore à venir pendant 50 ans. <br /> Nous avons par exemple, en 50 ans déjà perdu 75% de vertébrés sauvages, que restera-t-il d'eux en 2080?
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D
Cette évolution est effrayante et la surdité du monde politique comme de la majorité des (dits) écologistes l'est tout autant.

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  • : Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
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