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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 19:24
Compte à reboursExtraits et commentaires du livre : Comte à rebours. Jusqu'où pourrons-nous être trop nombreux sur Terre ? D' Alan Weisman. Extraits suivis d'une recension de Madame  Daniele Boone  parue sur  le site des JNE  (Journalistes écrivains pour la Nature et l'Ecologie).    

Alan Weisman est un journaliste qui a enquêté deux années durant dans plus de 20 pays . Son livre est donc une mine de renseignements grace, entre autres, aux témoignagex de différents experts locaux : Le cas d'Israël, le Pakistan sens dessus dessous, où va l'Inde ?... L'autre qualité de ce livre est de lier assez souvent la surpopulation humaine et la dégradation des écosystèmes pour les autres espèces. D'où cette conclusion " je ne veux personnellement élimiter aucun être humain de la planète. Je souhaite à tous longue vie et bonne santé. Mais soit nous réduisons humainement nos effectifs, soit la nature va mettre beaucoup d'entre nous à la porte, et brutalement... Partageons mieux la Terre avec toutes les espèces qu'elle fait vivre, laissons à celles-ci l'espace et les ressources dont elles ont besoins et nos rituels amoureux se perpétueront"

1/6 La notion cruciale de population optimale

p.40 En écologie des populations, on évoque souvent « l’illusion des Pays Bas » : le fait qu’une population très dense jouisse d’un niveau de vie très élevé, comme c’est le cas en Hollande (403 hab/km2), ne prouve pas que les humains puissent prospérer dans un environnement coupé de la nature. Comme tout le monde, les Hollandais ont besoin de choses que seuls les écosystèmes peuvent fournir. Et par chance ils ont les moyens de les acquérir ailleurs que chez eux. Ils survivent grâce aux surplus d’autres pays.

p.50 Dans l’histoire de la biologie, toute espèce qui a surexploité ses ressources a vu sa population s’effondrer – parfois jusqu’à l’extinction. Pour la survie de l’espèce humaine, peut-être s’agit-il de trouver le moyen de réduire humainement la population globale, puis de la maintenir à un chiffre optimal. La détermination de ce chiffre sera,  que cela nous plaise ou non, la grande affaire du XXIe siècle.

p.57 Le débat sur le chiffre optimal de la population humaine suppose acquis une médecine optimale. Un retour en arrière sur ce plan serait aussi inacceptable qu’un processus quelconque d’élimination sélective. Le paludisme tue un enfant toutes les trente secondes. Si ces enfants cessaient de mourir, ils deviendraient des adultes qui produiraient d’autres enfants qui, à leur tour, ne seront pas tués par le paludisme. Il serait évidemment inadmissible de s’opposer à la disparition du paludisme dans le seul but de brider le nombre des humains ; en revanche, il ne serait pas absurde que les promoteurs de la recherche sur le paludisme aient l’obligation d’investir aussi dans la planification familiale.

p.63 Avant l’apparition de l’engrais à base d’azote artificiel (procédé Haber-Bosch), la population mondiale tournait autour de deux milliards d’individus. Quand nous n’en aurons plus, la population de notre espèce pourrait bien se rapprocher de nouveau de cette moyenne naturelle.

p.106 à 109 Le premier Congrès de la population optimale pour le monde fut organisé à Cambridge en 1993. Gretchen Daily et le couple Ehrlich présentèrent le résultat d’une estimation qu’ils qualifièrent eux-mêmes de « calcul de coin de table » : le nombre total d’habitants susceptibles de vivre avec 6 térawatts d’énergie, chaque individu disposant de 3 kilowatts en moyenne, était de deux milliards. Deux milliards, c’était le chiffre de la population en 1930, au moment où le procédé Haber-Bosch commençait juste à être commercialisé. La quasi-totalité de l’humanité vivait encore de végétaux qui poussaient grâce à la seule lumière du soleil, pas avec l’aide de combustibles fossiles. C’était un monde sans télévision, avec peu d’automobiles, peu d’appareils ménagers, pas de voyage touristique en avion.

p. 410-411. D’après les stupéfiantes compilations de données de Jon Foley, si nous ne gouvernons pas tous les acteurs indisciplinés de ce monde pour en faire des gestionnaires hyper-efficaces des ressources, si nous n’utilisons pas l’engrais de façon parfaitement ciblée et si nous ne luttons pas contre la surconsommation de viande, nous sommes condamnés à donner raison à la prophétie de Malthus. Plutôt que d’essayer de soutirer trois fois plus de récoltes à cette terre déjà épuisée, ne serait-il pas plus réaliste de réduire la population mondiale. Foley a réfléchi quelques instants avant d’acquiescer : « L’issue, à un moment ou un autre, c’est que nous serons obligés de survivre avec moins d’individus. Combien ? Je l’ignore. Un milliard ou deux peut-être. Qui peut savoir ? »

2/6 Quelques discours anti-malthusiens

Lors du sommet de la Terre à Rio en 1992, toutes les composantes de la vie sur Terre étaient mises sur la table, sauf une, la démographie. Maurice Strong, le secrétaire général de cette rencontre, eut beau déclarer que « soit nous réduisons volontairement la population mondiale, soit la nature s’en chargera pour nous et brutalement », dès le début ce sujet était purement et simplement tabou. Parmi les détracteurs qui accusaient des organisations comme Population Action International ou Zero population Growth de vouloir contrôler les populations, on trouvait les pays en développement qui s’insurgeaient d’être accusés des maux de la planète alors que le vrai coupable était selon eux la consommation effrénée des pays riches. Quant à l’argument consistant à dire que la meilleure façon d’atteindre tous les objectifs de développement était de les travailler tous en même temps, il se perdit dans le brouhaha.

Le pays hôte du sommet de Rio, le Brésil, possédant la plus vaste population catholique du monde, l’Eglise eut aussi une influence considérable sur les négociations préliminaires. Elle réussit à faire supprimer l’expression « planification familiale » et le mot « contraception » des ébauches de la déclaration commune du Sommet. Arrivée à sa dernière mouture, l’unique référence de cette déclaration au problème de la surpopulation se trouvait dans une phrase appelant à une « gestion responsable de la taille de la famille, dans le respect de la liberté et des valeurs de chacun, en tenant compte des considérations morales et culturelles ».

Rachel Ladani en Israël : « C’est Dieu qui engendre les enfants. Et il leur trouve une place à tous ». Rachel, juive hassidique, ne voit aucune contradiction entre le fait d’avoir mis huit enfants au monde et son activité professionnelle dans le domaine de l’éducation à l’écologie. Tous les membres de sa famille font leurs courses à pied, marchent pour se rendre à l’école ou à la synagogue, ne prennent jamais l’avion, sortent rarement de leur quartier. « En une année entière, dit-elle avec fierté, tous mes enfants ont une empreinte carbone inférieure à celle d’un seul touriste américain qui prend l’avion pour venir en vacances en Israël. » Qu’est-ce que Rachel envisage comme avenir pour la planète qui pourrait avoir près de dix milliards d’individus d’ici le milieu du siècle ? « Je ne suis pas inquiète. Dieu a créé ce problème et il y apportera une solution. » La bonne nouvelle, note le Jerusalem post, c’est qu’en 2020 tous les Israéliens boiront de l’eau d’égout recyclée. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’y en aura pas assez pour tout le monde.

L’imam Raidoune Issaka : « Ce que veut Allah, c’est que nos familles soient toujours plus étendues. Il ne veut pas que nous cédions aux pressions des uns et des autres pour réduire le nombre de nos enfants. Nous savons que l’avenir est inquiétant. Mais l’homme ne peut rien pour empêcher le jour du Jugement dernier. » Son frère, l’imam Chafio Issaka : « Le Coran affirme que les besoins de la famille sont sous le contrôle de dieu. Mais il suggère aussi qu’il faut espacer les grossesses de deux ans, sinon davantage, pour la santé de la mère et celles des enfants. Allah ne nous impose pas de faire davantage que ce que nous pouvons assumer. » Contrairement à l’Eglise catholique, l’islam n’a pas d’autorité centrale qui dicte le dogme commun à tous les ecclésiastiques. C’est pourquoi deux imams pourtant frères peuvent être en désaccord sur cette question fondamentale.

3/6 Quelques  justifications du malthusianisme

Distinguer la consommation de la population, dit Ehrlich, c’est comme prétendre que la surface d’un rectangle dépend davantage de sa longueur que de sa largeur. Autrement dit, consommation et population sont les deux faces d’une même pièce. Ce n’est pas soit une chose, soit l’autre - la consommation ou les chiffres de la population. Et leur impact total, c’est la multiplication de l’un par l’autre. Les deux milliards d’humains qui vont probablement s’ajouter à la population mondiale feront beaucoup plus de dégâts que les deux milliards précédents. Nous qui sommes en vie aujourd’hui, nous avons déjà cueilli les ressources de branches basses, faciles à ramasser. Dorénavant, les processus seront beaucoup plus compliqués pour acquérir les matières premières dont nous avons besoin ; ils nécessiteront beaucoup plus d’énergie et causeront des dégâts considérables, plus importants encore que ceux des méthodes employées depuis un siècle.

Il y a 50 000 à 100 000 ans, la population de nos ancêtres ne comptait sans doute pas plus d’une dizaine de milliers d’individus. Comme le remarque Robert Engelman, dans son livre intitulé More, si leur population avait crû au taux de notre époque (actuellement 1,1 % par an pour l’ensemble de la planète, soit un doublement de la population tous les 63 ans), quelques millénaires plus tard, non seulement la Terre, mais le système solaire tout entier n’auraient pas suffi à contenir l’humanité. Si la population humaine est restée peu nombreuse jusqu’à une période récente de l’histoire, c’est simplement parce que les gens mourraient à peu près aussi vite qu’ils naissaient.

Mettre tout le monde, riches ou pauvres, sur le même plan peut paraître injuste, mais l’existence de chaque individu compte dans l’écosystème global. Le spectre de la surpopulation a redéfini le concept de péché originel : le bébé le plus humble aggrave dès l’instant de sa naissance les problèmes du monde, car il a besoin de nourriture, de chaleur et d’un toit – pour commencer. Nous relâchons tous du CO2 dans l’atmosphère, nous contribuons tous à pousser les autres espèces vivantes vers le précipice. Ensuite il y a cette opinion idéaliste selon laquelle la nécessité a toujours été la mère de l’invention : notre créativité et notre savoir-faire scientifique résoudront tous les problèmes dans l’avenir. Sauf que les grands progrès technologiques n’ont jamais résolu quelque problème que ce soit sans en créer d’autres, imprévisibles de prime abord. La seule technologie qui pourrait faire baisser notre impact collectif sur l’environnement, à vrai dire, est une technologie que nous possédons déjà : c’est celle qui nous permet de restreindre le nombre de consommateurs sur la Terre.

Au cours des cinquante prochaines années, nous devrons produire autant de nourriture qu’il en a été consommé durant toute l’histoire de l’humanité. Il n’y aura pas de progrès durable, dans la guerre contre la faim, tant que les gens qui luttent pour augmenter la production alimentaire et ceux qui luttent pour contrôler la croissance démographique n’auront pas uni leurs forces. Norman Borlaug lui-même, initiateur de la révolution verte, avertissait lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix : « Nous sommes face à deux forces contraires, le pouvoir scientifique de la production alimentaire et le pouvoir biologique de la reproduction humaine. L’homme a acquis les moyens de réduire avec efficacité et humanisme le rythme de la reproduction humaine. Il utilise ses pouvoirs pour augmenter le rythme et l’ampleur de la production alimentaire. Mais il n’exploite pas encore de façon adéquate son potentiel pour limiter la reproduction humaine. »

Holdren et Ehrlich avaient réfléchi aux bases juridiques d’éventuelles lois sur le contrôle de la natalité. La constitution américaine mettant les droits des individus sur le même plan que les intérêts supérieurs de la nation, l’obligation faite à chacun de limiter la taille de sa famille aurait pu être considérée comme aussi raisonnable que celle de servir dans l’armée. Mais ils  supposaient aussi avec raison que les conservateurs, fidèles au dogme de l’Etat minimal (mais favorables au maintien d’une défense nationale puissante) s’insurgeraient contre cette proposition. Ils ajoutaient en forme d’avertissement que la population exigerait un jour ou l’autre d’elle-même le contrôle de la fécondation…avant que l’ordre social ne s’effondre sous les émeutes de citoyens affamés.

4/6 Quelques politiques nationales malthusiennes

A quel moment, au juste, une politique démographique mérite-t-elle d’être qualifiée de contraignante. L’idée de contrainte nous rend trouillards. Souvenons-nous que pendant des siècles, les gouvernements et les églises ont bel et bien contraint les gens à avoir davantage d’enfants.

La population mexicaine augmentait si vite que le gouvernement mexicain s’opposa en 1975 à l’Eglise catholique pour lancer un programme de planification familiale. Bientôt on vit des ânes grimper les routes de montagne et traverser les cayons, leurs sacoches remplies de préservatifs et de pilules contraceptives. Sans oublier les vaccins contre la polio, la diphtérie, le tétanos… Les femmes acceptaient de prendre la pilule pour éviter de tomber enceinte à condition que leurs enfants soient vaccinés contre les maladies mortelles.

En décembre 1979, Song et Jiang présentèrent leurs recherches au symposium national chinois de la théorie des populations. S’appuyant sur le rapport du club de Rome, Jiang avait cherché des parallèles et découvert que la Chine possédait significativement moins d’eau, de forêts et de métaux par habitant que la plus grande partie des autres pays du monde. Song avait calculé de son côté, en se focalisant sur la capacité de production alimentaire et l’équilibre écologique du pays, que la population optimale de la Chine se situait entre 650 et 700 millions de personnes. Mais elle avait déjà dépassé les 900 millions et continuait à s’accroître rapidement. En paraissant dans le Quotidien du Peuple, le journal officiel du Comité central du PC, le sujet du contrôle des naissances sortit de sa confidentialité pour devenir un gros titre national. La politique de l’enfant unique fut officialisée en 1980 par Deng Xiaoping qui avait pris les rênes du pays.

Quand la République des Philippines accéda à l’indépendance en 1946, elle comptait 18 millions de citoyens. Aujourd’hui les Philippins sont près de 100 millions. A Manille, les chances de renverser le cours de la fécondité ne paraissaient pas bonnes. En 2012, l’Eglise Catholique attaquait encore de front les membres du Congrès qui osaient soutenir la planification familiale. Les archevêques s’exprimaient ainsi : «  la contraception, c’est la corruption… La sexualité ne doit jamais être coupée de Dieu… Ne provoquez pas l’Eglise car elle vous enterrera… » Dans les sermons, on serine aux ouailles que la contraception est une forme d’avortement – pratique illégale dans la Constitution des Philippines. Mais fin 2012 le président Aquino contraignit le Congrès à mettre immédiatement la loi au vote, en déclarant qu’il s’agissait d’une priorité présidentielle. Il refusait de laisser la population doubler une fois de plus et risquer de mourir de faim. Contrairement aux Philippins qui voyaient leur effectif croître de 2 millions de personnes chaque année, les habitants du Vatican ne risquent pas de souffrir de la surpopulation car ils sont tous, ou presque, de sexe masculin et majoritairement célibataire. Ce qu’ils font entre les murs de leur minuscule Etat ne regarde qu’eux.

5/6 La collusion entre la population humaine et les autres espèces

D’après la numérologie kabbaliste, les mots « Dieu » et « nature » sont équivalents. Il n’est pas besoin de miracle pour constater que dieu existe. Je le vois dans toutes les composantes de la nature : les arbres, les vallées, le ciel, le soleil.

Au temps du prophète Jérémie, Jérusalem comptait alors moins de 2000 habitants. Des monts de Judée descendaient guépards, lions, loups et léopards qui chassaient le cerf élaphe, la gazelle, l’oryx, l’onagre. Aujourd’hui il reste certains oiseaux, la plupart des autres espèces ont disparu. Il y a trop de routes et de murs de sécurité qui divisent les populations de gazelles et empêchent les hardes de se rejoindre. Israël, avec 740 habitants au kilomètre carré, a la plus forte densité de tous les pays occidentaux. Qu’arrivera-t-il, vers 2050, quand la population d’Israël aura doublé ?

Quant à la distribution équitable des ressources alimentaires, est-il suffisant de l’envisager pour notre seule espèce ? Depuis que Dieu a enjoint à Noé de sauver également les animaux pour reconstituer l’humanité après le déluge, nous devrions savoir que le monde ne peut pas exister sans eux. Problème : la production alimentaire destinée à l’humanité occupant désormais quelque 40 % des terres immergées (hors pergélisols), et celles-ci étant aussi couvertes par nos routes et nos villes, nous avons pris possession de presque la moitié de la surface de la planète au profit d’une seule espèce, la nôtre. Comment toutes les autres vont-elles s’en sortir ?

L’idée de « gérer » l’espèce humaine comme si nous étions des animaux sauvages ou d’élevage nous choque. Pourtant, dans l’histoire de la biologie, toutes les espèces qui ont surexploité les ressources de leur environnement ont subi un effondrement de leur population, parfois fatal pour l’espèce entière. Sur cette Terre au bout du rouleau, nous ne vivons plus dans une étendue sauvage et illimitée : nous sommes dans un parc. Nous adapter à cette réalité est aujourd’hui la condition de notre survie. Sans quoi la nature fera le travail à notre place. Par exemple la nature nous privera de nourriture. Le risque qu’une épidémie de fièvre Ebola ravage nos populations est en effet bien moins élevé que celui de voir des pathogènes soufflés aux quatre coins du monde faire s’effondrer notre production alimentaire centrée sur quelques monocultures.

Ce que nous savons avec certitude, c’est que plus la vie est diversifiée, mieux elle se porte. Plus il y a de plantes différentes ensemble, plus elles utilisent avec efficacité les ressources dont elles disposent. Le résultat le plus visible est que la productivité primaire – la capacité des plantes à transformer le carbone de l’atmosphère en biomasse – est plus élevée là où la biodiversité est la plus forte. Et plus la diversité des plantes est élevée, moins on y trouve d’animaux nuisibles pour les dévorer. Apparemment, c’est parce qu’on y trouve aussi une plus large gamme d’insectes, de chauves-souris et d’oiseaux qui se nourrissent de ces nuisibles.

Supposons – de façon purement théorique – que le monde entier adopte une politique de l’enfant unique. A la fin de ce siècle, nous serons de nouveau 1,6 milliard d’habitants. Le chiffre de l’an 1900. Nous libérerions ainsi des millions d’hectares de terres que pourraient réinvestir les autres espèces vivantes – essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes.

6/6 Recension-synthèse sur le site JNE

 « Jusqu’où pourrons-nous être trop nombreux sur terre ? », tel est le sous-titre du livre. Combien de temps encore la planète pourra-t-elle fournir l’eau, la nourriture, l’énergie nécessaire ? L’auteur ne prétend pas répondre à ces questions mais il interpelle le lecteur à travers une série de reportages dans le monde sur les effets de la surpopulation et les diverses tentatives de planification des naissances. Le voyage commence en Israël. « C’est Dieu qui engendre les enfants. Et il leur trouve une place à tous » soutient Rachel Ladani, éducatrice à l’environnement. Israéliens et palestiniens pieux semblent s’être engagés dans une guerre des bébés persuadés que ceux qui en engendreront le plus, seront les vainqueurs.

Des aberrations au nom de la religion, il y en aussi chez les chrétiens et les musulmans. A Manille, l’église interdit la planification des naissances, pourtant il y a dans cette ville de 25,5 millions d’habitants l’un des plus grands bidonvilles du monde. Il aura fallu au président Benigno Aquino une terrible ténacité pour enfin arriver à faire voter une loi en ce sens. Au Nigeria, beaucoup pensent encore que Dieu y pourvoira et en Iran, une remarquable politique de planification des naissances a été balayée en 2006, par le président Ahmadinejad qui a décrété que ce programme contrevenait à l’islam.

Au fil des pages, il apparaît évident que éducation et contrôle des naissances vont de pair comme il apparaît évident aussi que surpopulation et environnement ne font pas bon ménage. « Essayer de faire tourner une ONG écologiste, c’est redéfinir le mot défaite » remarque amèrement un biologiste pakistanais. Mais ce livre foisonnant n’est pas noir. Il déclenche une grande révolte face à la bêtise de certains décideurs qui agissent bien souvent au nom du profit. Toutefois beaucoup de pays occidentaux sont arrivés à un taux légèrement supérieur du renouvellement de la population. Le Japon a même abordé sa décroissance. Une chance pour l’économiste Akihiko Mastutani qui propose de revoir l’idée de prospérité sur le qualitatif et non sur le quantitatif.

Trouver de  nouveaux équilibres, tel est le passionnant défi que pose la nécessaire contraction des populations. Puisqu’il n’y a pas d’autre choix possible, l’auteur souhaite, en conclusion, que l’humanité prenne son destin en main et prenne la décision elle-même plutôt qu’elle ne nous soit imposée par des catastrophes naturelles, la famine entre autres.

 (Danièle Boone sur le site JNE)

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Première édition sous le titre Countdown. Our Last, Best Hope for a future on Earth ? Editions, Little, Brown and Compagny, 2013. Version française  : Editions Flammarion 2014, 430 pages, 23,90 €.

Alan Weisman est également l’auteur de Homo Disparitus, titre original : The World without us (Thomas Dunne books 2007). Version Française : Homo Disparitus, Editions Flammarion 2007, 397 pages, 19,90 €.

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commentaires

D
Une recension que j'ai voulue synthétique sur mon blog:<br /> http://desideriusminimus.blog.lemonde.fr/2014/03/27/politique-demagogie-demographie-une-petite-recension-dalan-weisman-compte-a-rebours-jusquou-pourrons-nous-etre-trop-nombreux-sur-terre/<br /> Cordialement
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J
super live
P
Excellente analyse de Mr Weisman<br /> <br /> Il sait mettre en lumière l'aveuglement des religions concernant le "croître et multiplier"... Car dieu y pourvoira.<br /> <br /> Etape 1 : faire comprendre au monde entier la bêtise qui consiste à croire qu'un prétendu dieu existe<br /> Etape 2 : éduquer les femmes<br /> Etape 3 : comprendre les espaces finis et de fait leurs limites<br /> Etape 4 : attendre patiemment notre fin
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C
Merci.<br /> <br /> Particulièrement intéressant, du fait qu'est clairement mis en évidence l'aveuglement et l'irresponsabilité des pouvoirs tant politiques que religieux, face à ce que nous sommes en train de vivre<br /> et à quoi ils condamnent notre descendance.<br /> <br /> Les commentaires (ou leur absence) enregistrés ici et là en réactions à mes derniers articles (*), attestent malheureusement que l'opinion est elle-même loin d'être convaincue (quand elle a<br /> conscience du problème) de la nécessité des mesures d'ordre démographique à prendre de toute urgence. À l'issue de millénaires d'endoctrinement religieux et idéologique, la catastrophe vers<br /> laquelle nous courrons ne sera pour le plus grand nombre, qu'une punition qu'il ne nous reste d'ores et déjà qu'à accepter.<br /> <br /> Je commande l'ouvrage de A. Weisman et je diffuse sans attendre le lien vers votre article, à l'appui de mes réponses à mes contradicteurs<br /> <br /> * Visibles aussi sur http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com<br /> - Il n'est de richesse que d'hommes<br /> https://docs.google.com/document/d/1urQyFs5zYr_aRnTmHpFXuc8TXoTZ5JiqySt1SRrowzE/edit#heading=h.yr6znwjhewse<br /> et<br /> - Humanisme contre matérialisme, pour vivre mieux moins nombreux : https://docs.google.com/document/d/1PvAZiBXSCKTzLA1Nf69F5tGwXuz7BArVl_wLpWZV24U/edit
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