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21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 11:24

Bien que la Terre n’ait jamais été aussi peuplée et aussi artificialisée, bien que ses autres habitants - les animaux, mais aussi les plantes, les forêts, les prairies et tout ce qui fait l’élégance de notre monde -  n’aient jamais été relégués à des territoires aussi réduits, la peur de la dépopulation vient désormais côtoyer l’angoisse écologique.  A en croire certains l’humanité serait presque en voie de disparition. La Chine tremble, l’Europe a peur et les autorités françaises appellent virilement au « réarmement démographique» ! Dans ce contexte, l’INED vient  de publier un numéro de ses cahiers Population & Sociétés intitulé : « Baisse massive de la fécondité en 20 ans ».

Pourquoi ces inquiétudes et leur succès médiatique ? Sur quoi s’appuient-elles ? Que peut-on y répondre ?

 

Pourquoi ces inquiétudes et leur succès médiatique ?

La peur de la dépopulation repose sur la constatation de la baisse de la fécondité (le nombre d’enfants par femme)  et même de la baisse de la natalité (le nombre de naissances) aussi bien dans une majorité de pays développés que, désormais, dans certains pays en voie de développement. Elle renvoie également à d’autres éléments, parfois irrationnels, liés au rapport que nous entretenons avec notre reproduction et notre descendance.

 

Les chiffres qui inquiètent

Quoiqu’en croissance permanente, l’humanité a franchi en matière démographique plusieurs maxima. Elle se trouve désormais de l’autre côté de ces pics et ces franchissements qui, par nature, impliquent une redescente, sont seuls retenus pour alimenter les peurs. Voici les principaux arguments chiffrés mis en avant.

Le maximum de la fécondité est largement passé

Le nombre d’enfants par femme au niveau mondial était de 5 dans les années 1950 - 1965 (plus même, en des époques antérieures, mais la très forte mortalité infantile en anéantissait les effets démographiques). Il s’établit désormais entre 2,2 et 2,3. Il a donc non seulement été divisé par plus de 2 en 70 ans, mais le seuil de renouvellement des générations (gage à terme d’une stabilité des effectifs) étant un peu supérieur à 2 enfants par femme (a), nous avons fait la majorité du chemin allant vers l’arrêt de la croissance démographique (b).

Un grand nombre de pays ou de régions du monde sont maintenant sous ce seuil de renouvellement et pas des moindres, notamment  l’Europe, la Chine, le Japon… L’ensemble de l’Amérique, même au Sud, n’en est pas loin non plus. Ces tendances semblent établies.

Le maximum du taux de croissance.

Il a été atteint au cours de la décennie 1960 - 1970 où  la croissance démographique annuelle oscillait entre 2 et 2,1 %. Depuis, ce taux n’a cessé de baisser, il est aujourd’hui de 1 % et, là aussi, la tendance semble durable. La stabilisation serait en vue au cours de la seconde moitié du 21ème siècle, une situation inédite depuis les temps modernes qui justifie - selon certains - la fin de toute inquiétude liée à l’explosion démographique.

Le maximum de croissance absolue.

L’humanité gagnait environ 90 millions de personnes (solde des naissances moins les décès) autour de l’année 1990. Aujourd’hui, cette croissance s’établit à 80 millions (+ 1 % donc). La baisse est réelle, même si elle reste mesurée et s’il ne s’agit bien que de la baisse de la croissance et non des effectifs.

Le rétrécissement de la  base de la pyramide des âges

Dans les pays développés la pyramide des âges marque un très net rétrécissement à sa base, signe d’un vieillissement de la population qui menace les systèmes de retraite. La proportion d’actifs par rapport aux retraités étant inéluctablement amenée à se réduire dès aujourd’hui et dans les décennies à venir.

 

Que répondre ?

Des données juste mais…

Si ces données sont incontestables, elles alimentent à tort un vent de panique. Elles sont en effet loin de refléter la totalité de la réalité démographique du monde et d’autres éléments doivent être rappelés qui viennent non seulement amoindrir mais rendre déplacées ces inquiétudes.

Tout d’abord notons que ces multiples approches ne reflètent  qu’un même phénomène : le ralentissement de la fécondité, celui-ci implique tous les autres. Voir la question sous différentes faces peut être intéressant pour l’analyse de ses conséquences mais ne saurait conduire à la multiplicité des causalités, source d’inquiétudes supplémentaires.

En second lieu soulignons ce qui s’impose face à toutes ces données : la Terre n’a jamais été aussi peuplée et cela constitue le problème écologique majeur qui conduit à l’effondrement de tous les équilibres de la biosphère. Aujourd’hui, la masse des mammifères sur la planète est constituée dans son immense majorité (96 % environ) soit des hommes soit de leur cheptel domestique. Les mammifères sauvages ont quasiment déjà disparu ! Outre la consommation d’espace (principal facteur de l’effondrement de la biodiversité), la pollution et la consommation de ressources sont des fonctions directes de la démographie malgré les inégalités encore fortes.

Rappelons quelques ordres de grandeurs :

Nous sommes désormais 1 000 fois plus nombreux qu’aux débuts du néolithique, 40 fois plus nombreux qu’à l’époque de Jésus Christ, 5 fois plus nombreux qu’à l’orée du 20ème siècle. Or ces jalons sont tout récents à l’échelle de l’histoire de notre espèce : nous vivons bien une explosion.

Si notre taux de croissance est en diminution, celui-ci reste beaucoup plus important qu’il ne l’a été tout au long du passé même proche. Ainsi en 1900, non seulement nous étions 5 fois moins nombreux mais notre taux de croissance annuel n’était que de 0,4 % soit 2,5 fois moins qu’aujourd’hui. La croissance absolue se situait donc entre 6 et 7 millions par an, elle est 12 fois plus importante en 2024 ! Sommes-nous au bord de l’extinction ? Sans doute moins que tout le reste du vivant.

Enfin les perspectives de stabilité, voire de décroissance qui effrayent tant certains s’appuient sur l’hypothèse d’une continuité de la baisse de la fécondité. Ce n’est qu’une hypothèse que rien ne permet de garantir et l’on a déjà vu (Maghreb, Europe de l’Est) des remontées plus ou moins durables de cet indice. Affirmer que la démographie mondiale sera stabilisée au cours de la seconde moitié du 21ème siècle reste un pari.

L’économie

Sur le plan économique, d’aucuns s’alarment des problèmes sociétaux et notamment de l’évolution du ratio actifs / inactifs pesant sur l’équilibre des systèmes de retraites et sur les dépenses médicales inévitablement en augmentation dans une population plus âgée.

Face à cette inéluctable évolution des charges, la solution consistant à augmenter les naissances constitue une véritable fuite en avant, les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain et les économistes n’arrêteront pas le cours du temps. Nous ne ferions en cela que repousser le problème à plus tard et sur une plus vaste échelle encore. Les difficultés d’équilibre des retraites aujourd’hui viennent d’ailleurs précisément d’une forte natalité il y a 70 ou 80 ans. On l’oublie souvent.

Rappelons aussi que, même à court terme, les jeunes constituent souvent jusqu’à leurs 25 ans, une population inactive source de dépenses pour la société. Difficile d’arguer de l’augmentation de leur nombre pour régler les problèmes budgétaires. L’explosion des budgets d’éducation le confirme. Les dépenses intérieures d’éducation (DIE) sont passées d’environ 90 milliards d’euros en 1980 à plus de 160 milliards aujourd’hui (à prix constants, référence 2021).

 

Un autre aspect des choses

A ces inquiétudes d’ordre économique s’ajoutent aussi des éléments irrationnels qu’expriment les termes récurrents : déclin, chute, hiver démographique, renoncement, dégradation effondrement… Tous négatifs ! Comme si la baisse de la natalité devait être vécue comme une tragédie, comme si un gouffre s’ouvrait sous nos pieds. On retrouve les antiennes qu’on croyait disparues depuis des siècles. « Un nombre élevé d’enfants est la mesure de la force vitale d’une nation.» Le terme « réarmement démographique » récemment employé par le président de la République n’est pas anodin. Sans la force vitale, on entend que le dépérissement et la mort ne sont pas loin. On tend ainsi à confondre le destin d’un pays, de l’humanité avec notre destin personnel : faire un enfant, « se reproduire », consciemment ou inconsciemment c’est continuer la vie, donc contourner, dénier notre propre condition de mortel. C’est un lumineux sentiment d’éternité. On glisse ainsi de la peur de la mort, inhérente à chaque humain conscient, à la peur de la disparition d’un peuple voire à celle de la fin de l’humanité. La nécessité de la perpétuation de l’espèce, considérée comme besoin, continue visiblement à être bien ancrée et elle surgit là et maintenant, en tant que panique collective.

L’habitude aussi : tous les humains  d’aujourd’hui ont vécu dans un monde chaque année plus peuplé, la perspective d’un retournement de tendance, même très éloigné est déstabilisante. La question  ne concerne pas la seule démographie, une éventuelle décroissance économique est perçue comme une anormalité et suscite la même appréhension. Nous redoutons le changement de paradigme.

Les inquiétudes sur la baisse future de nos effectifs sont largement injustifiées, elle n’est pas pour demain. Mais surtout, elle constitue au contraire une condition sine qua non du maintien des équilibres écologiques de la planète et donc de notre propre survie.

Soulignons pour tous les natalistes qui prétendent donner au plus grand nombre d’humains la possibilité de vivre sur la Terre que la plus sûre et la meilleure des solutions pour y parvenir est de laisser cette dernière habitable. La surpopulation actuelle et celle annoncée pour la fin du siècle ne le permettront pas.

Des arguments complémentaires sont développés ici et peuvent être consultés sur le site de l’association Démographie Responsable. Les ouvrages suivants évoquent aussi la question: Le défi du nombre, Moins nombreux plus heureux, Surpopulation… Mythe ou réalité ? Et ici, une sélection plus large. Des données statistiques récentes concernant l’évolution de la fécondité françaises sont également disponibles sur cette autre publication de l’INED (Cahiers Population & sociétés,  mars 2024) intitulée : La France toujours une exception démographique en Europe ?  

 

_________________________________________________________

(a) Le seuil de renouvellement n’est pas strictement égal à 2 ou 2,1 enfants par femme comme on le lit souvent. Il varie d’un pays à l’autre. Si la mortalité infantile est importante le seuil est naturellement plus élevé, une partie des jeunes n’atteignant pas eux-mêmes l’âge de la reproduction. De même, les déséquilibres du ratio hommes / femmes jouent sur le niveau de ce seuil.

(b) Il existe un décalage d’un peu plus d’une génération entre l’atteinte du seuil de renouvellement et la stabilisation effective de la population, cela est lié à la relative jeunesse de la population mondiale (âge médian 30,5 ans). Même si les gens font peu d’enfants chacun, le nombre de personnes en âge de procréer est tel que les naissances restent nombreuses et repoussent ainsi la stabilisation, l’augmentation de la durée moyenne de vie, hors même la baisse de la mortalité infantile, agit aussi en ce sens.

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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 13:44

Un article de Bernard Bousquet

Voici (voir ce lien : Greenpeace et la question de la démographie), ce qu’on entend et lit encore, en 2023, de la part d’une organisation écologique que l’on croyait pourtant sérieuse et objective. Greenpeace, n’admet visiblement pas que démographie et écologie soient antagonistes, indépendamment des inégalités sociales et du rôle du capitalisme mondial.

S’opposant à l’idée de surpopulation pour la raison même que cette menace serait brandie pour faire endosser aux populations défavorisées la responsabilité de la crise climatique, Greenpeace semble ne pas vouloir admettre qu’un trop grand nombre d’humains puisse avoir un impact quelconque sur l’environnement. Pour l’organisation écologiste, l’environnement semble se limiter aux émissions de GES dont seules quelques dizaines de multinationales seraient responsables ! Pourtant, une analyse un peu approfondie montre que :

1) Sur le plan du dérèglement climatique, l’ « empreinte écologique » (Global Footprint Network) permet de constater que la biocapacité planétaire se réduit d’année en année du seul fait de notre nombre. Plus nous sommes nombreux, moins nous avons d’ « hectares globaux » à notre disposition. Cela n’enlève rien au fait qu’une minorité de pays et une minorité de personnes très riches sont les plus gros consommateurs de ressources naturelles, les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre (GES) et les plus gros pollueurs. Mais ce sont là deux problèmes différents. Un Chinois tout seul a une empreinte écologique faible comparée à celle d’un Américain, mais la Chine dans son ensemble, avec son énorme population, est de loin le plus gros émetteur de GES de la planète. On le voit, l’augmentation de notre population a un impact certain sur le climat. Nous verrons aussi plus loin que le GIEC a sousestimé les émissions polluantes africaines.

2) L’environnement ne se résume pas au climat, il englobe aussi la biodiversité. Dans ce domaine, il est difficile d’admettre que l’explosion démographique de l’Afrique subsaharienne puisse être sans conséquences ! L’augmentation incessante et rapide de ses populations cause sur le continent noir des préjudices considérables aux écosystèmes naturels. Ainsi, le deuxième plus grand massif forestier de la planète (après l’Amazonie) est rongé de l’intérieur par l’agriculture sur brûlis itinérante, dont la cause primaire n’est autre que l’accroissement du nombre des bouches à nourrir. Même si ce sont souvent les sociétés forestières (européennes, asiatiques, multinationales) qui exploitent de façon plus ou moins opaque la forêt dense, ouvrent des pistes forestières dans lesquelles, comme dans des voies d’eau, les agri-villageois et les braconniers s’engouffrent, métastasant les dernières grandes forêts primaires !

Dans les villes africaines, plusieurs étant devenues des mégapoles (Lagos, Kinshasa, Abidjan, Luanda, Dar-es-Salaam …), la consommation de bois (combustible principal) ravage des territoires entiers. Les terres cultivées s’étendent de plus en plus au détriment des savanes et des forêts, jusque-là parcourues par une exceptionnelle diversité animale. Mais la destruction des habitats naturels et le braconnage la cantonnent peu à peu la faune dans ses derniers refuges, parcs nationaux et réserves, que les gestionnaires essaient tant bien que mal de justifier et de protéger face aux pressions périphériques.

Comment ne pas voir que surnatalité et surpopulation sont antinomiques au bien-être humain ? Quelle femme africaine accepte de bon cœur d’engendrer un enfant tous les deux ans dès son adolescence ? De supporter le coût économique d’une famille nombreuse, qu’au moindre aléa elle verra sombrer dans la famine et la pauvreté ? Quelle jeune fille, avec des projets d’avenir, accepte de bon coeur de se voir retirer de l’école à 13 ans en vue d’être mariée ? Greenpeace va chercher des exemples extrêmes, comme la stérilisation forcée de femmes racisées ou la fusillade d’El Paso, pour tirer sa dernière et fatale cartouche en guise de conclusion : le racisme !

Pourquoi aller chercher le racisme en appui à une prise de position radicalement démosceptique (néologisme quelque peu ambigu qui se comprend par rapport à la démographie et non à la démocratie) ? Mais où se situe le véritable humanisme ? Comment l’homme pourrait-il vivre librement et sereinement sa condition humaine en continuant de se multiplier ? Car même si les projections de l’ONU montrent que la population mondiale se dirige vers un sommet démographique de 11 ou 12 milliards d’humains en 2100, il n’en demeure pas moins que le continent africain risque de voir (sans changement de trajectoire) sa contribution augmenter jusqu’à 40 % du total.

Qu’aura l’Afrique à gagner d’un tel bilan ? Elle aura dilapidé la quasi-totalité de ses richesses naturelles renouvelables, sa population s’entassera dans des mégapoles surpeuplées aux gigantesques bidonvilles violents et malsains. Et comment ne pas admettre en sus que cette croissance démographique est l’un des paramètres les plus prégnants de l’insécurité alimentaire (sans négliger la crise climatique, la guerre en Ukraine, le Covid-19, le djihadisme, les invasions acridiens …). L’autonomie nutritionnelle, la résilience agricole d’une grande partie du continent sont toutes deux mises à mal par la dégradation des sols et les fléaux précédents.

Scénario catastrophe ? Dénoncer la surnatalité et la surpopulation n’est pas consubstantiel de la thèse du « grand remplacement », dont parle certain courant de l’extrême droite française quand il envisage l’ampleur de l’immigration en France et en Europe, ou quand il propose la « remigration » comme un palliatif à ce problème. Il n’y a aucune honte à montrer de l’inquiétude face à cette dangereuse évolution démographique de l’espèce humaine. Le grand remplacement existe bien, mais pour décrire un tout autre phénomène : la confiscation par l’être humain de l’ensemble des niches écologiques à son profit exclusif. Un anthropocentrisme au détriment des autres espèces du vivant que nous délogeons peu à peu de leur ancestrale place au sein de la biosphère. Notre inquiétude ne concerne pas la seule Afrique et ses 1,4 milliard d’humains actuels.

En Europe aussi la démographie semble intouchable, et aucun pays n’envisage de donner un coup de frein à la croissance de sa population. Quoique vieillissant, le « vieux » continent ne se dépeuple pas pour autant ! L’immigration compense largement les déficits de natalité internes. Or cette immigration, perçue uniquement comme un flux quantitatif de personnes, est directement dépendante du rapide accroissement démographique du grand voisin africain. Voulue ou pas, elle ne peut que s’amplifier étant donné les conditions de vie de plus en plus défavorables que connaissent et vont connaître (si rien ne change) les populations d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. Les dérèglements climatiques, les destructions écologiques, les conflits internes, les fléaux sanitaires, et les pertes d’autonomie des pays subsahariens en sont et en seront les causes essentielles. Nous voyageons, en France au moins, au pays des contradictions ! D’un côté, un discours officiel qui prône la sobriété et la transition écologique doté de lois telles que « Climat et résilience », « Zéro Artificialisation Nette », « Accélération des énergies renouvelables » …, de l’autre un discours tout aussi officiel de « réarmement démographique » avec une politique nataliste qui se renforce. Incohérence d’exiger de chacun plus de sobriété et une population qu’on veut croître plus vite. Alors qu’il faudrait stabiliser notre nombre.

Oui, il est temps de le faire. Il n’est là question ni de dirigisme ni d’autoritarisme dans ce domaine, mais de simple bon sens : l'équilibre démographique est basé sur deux enfants par famille (sans émigration, ni immigration). La surpopulation est déjà évidente dans de nombreux territoires d’Europe. Ce faisant on se ferme des portes de sortie.

Que fera-ton quand on aura compris que la sagesse est du côté de la territorialisation de l’économie ? Du côté d’une agriculture adaptée aux territoires, de 3 sources d’énergie locales, de circuits courts, de mobilités massivement vertes … Revenons à l’Afrique. Il existe des leviers efficaces pour limiter la surnatalité subsaharienne et les surpopulations qu’elle génère (Nigéria …). L’Europe a les moyens d’aider l’Afrique à ne pas sombrer dans ce gouffre dont malheureusement peu de pays paraissent réaliser le danger. Les programmes de planning familial associés à des programmes d’éducation, d’émancipation et d’autonomisation des femmes ont prouvé leur efficacité. Mais les besoins sont considérables et le temps ne joue pas en leur faveur : il manque actuellement 15 millions d’enseignants à l’Afrique ! La volonté politique est un préalable indispensable, hélas elle fait encore défaut. Le démographe H. Leridon (INED) a calculé qu’en agissant tout de suite, l’Afrique pourrait s’éviter 1,2 milliards d’habitants en 2100. Elle n’en compterait alors que 3,3 milliards, au lieu des 4,5 projetés qui formerait l’effrayant pourcentage de 40 % de la population de la Terre. Cette économie représente l’équivalent de la population de quatre Nigeria, de centaines de milliers d’hectares de terres et de forêts économisés, et probablement de grandes quantités d’émissions de GES évitées.

Car les émissions polluantes de l’Afrique ont été sous-estimées par le GIEC à l’horizon 2030, comme une étude du CNRS vient de le montrer récemment : « elles pourraient atteindre 20 à 55 % des émissions globales anthropiques des polluants gazeux et particulaires ». Car d’une part, on oublie souvent de prendre en compte dans les calculs les pertes de carbone dues à la déforestation (feux de brousse, brûlis des défrichements, sols à nu), de l’autre, les scientifiques annoncent que le bilan carbone des grands massifs forestiers africains, de plus en plus fragmentés, se dégrade d’année en année. En clair, comme en Amazonie, ils risquent de basculer vers plus d’émission que de captage de CO2. Cette correction met du sable dans le raisonnement de Greenpeace : la baisse de la croissance démographique subsaharienne aurait donc bien à terme un effet positif sur le climat. Il ne s’agit pas de « contrôle démographique », mais l’expression est utilisée par ceux-là mêmes qui s’opposent à toute régulation de notre population, pour mettre en exergue un caractère répressif et privatif de cette politique. La politique de l’enfant unique de Mao, le malthusianisme, ont laissé des traces dans nos imaginaires … J’ai proposé les termes d’éco-démographie et de société d’équilibre et de renaturation (La Sagesse de l’éléphante, ed. Libre & Solidaire, Paris 2023).

Greenpeace, association écologique, serait-elle en faveur de l’artificialisation des sols ? Car comment l’éviter, comment mettre en place une loi ZAN sans stabilisation démographique. Comment empêcher l’étalement urbain ? Greenpeace ignore-t-elle que le logement est responsable à 60 % du grignotage des ENAF (espaces naturels et forestiers) ? Ignore-t-elle que 4 selon l’UICN, la France perd chaque année plus de 60 000 ha de terres (l’équivalent d’un département par décennie !) ? On sait que les méthodes vertueuses, telle que l’agro-écologie, qui prônent des agricultures à taille humaine diversifiées et territorialisées, ont des rendements moindre que l’agriculture et l’élevage intensifs. Comment les généraliser sans envisager au préalable une politique éco-démographique ?

J’ai toujours admiré et continue d’admirer et de supporter (même si je ne cotise pas, car j’adhère déjà à un certain nombre d’associations militantes) les actions de Greenpeace. Mais de grâce, que l’Organisation ait la sagesse de ne pas se fourvoyer dans un domaine qu’elle ne semble pas maîtriser. Je crois même, qu’au moyen d’un contre-article, il serait tout à son honneur de faire machine arrière en matière de démographie. Cette nouvelle prise de position briserait un tabou et décoïncerait un débat, que les écologistes politiques n’ont jamais voulu enrichir (à part Dumont, Cousteau, Levi Strauss, bien sûr), craignant (à tort à mon avis) de s’enliser dans les terres de l’extrême droite.

Bernard BOUSQUET Écologue-forestier

Membre de Démographie Responsable et de la Sepanso

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7 février 2024 3 07 /02 /février /2024 15:24

Hommage à Jean Malaurie qui fit découvrir au monde la vie des Inuits et leur parfaite adaptation à un environnement si difficile. Un peuple dont la survie n'était possible que dans un respect parfait des équilibres et dont les effectifs comme le mode de vie n'avaient qu'un impact minimum sur la nature.

Peu d'hommes ont fait preuve d'une telle admiration pour les peuples qu'ils étudiaient et d'un tel engagement en leur faveur, engagement qu'il a poursuivi tout au long de sa vie.

Jean Malaurie a toujours mis en avant ses compagnons du Grand Nord et a toujours su leur attribuer ce qui leur revenait dans ses recherches.

Il a su inlassablement nous mettre en garde contre les dégâts que nous infligeons à la planète et contre notre tentation de toute puissance.

Jean Malaurie était un écologiste et un humaniste avant l'heure. Son livre "Les Derniers Rois de Thulé" a profondément marqué tous ceux qui ont eu le bonheur de le lire.

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22 janvier 2024 1 22 /01 /janvier /2024 19:44

Les récents propos du président de la République appelant au "réarmement démographique" ont suscité bien des réactions, certaines d'inspiration féministe, (le corps des femmes n'est pas soumis à la volonté de l'Etat), d'autres plutôt antimilitaristes  (l'utilisation du mot réarmement a beaucoup choqué). Peu de gens ont mis en cause le fond de l'affaire, c'est à dire la question démographique. A-t-on vraiment besoin de relancer la fécondité dans un pays dont les effectifs ne cessent de croître qui a déjà l'un des scores les plus élevés d'Europe en la matière ? Quelles sont les contradictions de ce plan avec les objectifs annoncés du gouvernement ?

Seule l'association Démographie Responsable semble avoir relevé la question, voici le communiqué qu'elle a publié sur ce sujet :

 

Démographie Responsable déplore les récents propos du président de la République appelant à un réarmement démographique.

Le choix des mots est malheureux, rappelant un temps où les hommes étaient considérés come des instruments de la puissance militaire.

Le fond l'est aussi. La France n'a jamais été aussi peuplée et depuis plus de 80 ans, elle est en croissance démographique permanente tandis que sa fécondité reste supérieure à celle de ses voisins européens. Dans quelle course voulons-nous lancer ? 

Plus d'hommes sur notre territoire ira à l'encontre de tous les objectifs par ailleurs exprimés par le gouvernement : la limitation de l'artificialisation des sols, la maîtrise des émissions de CO2, l'indépendance énergétique et alimentaire.

Un tel plan est donc contre-productif. Il revient en outre à donner un très mauvais exemple aux pays du Sud en déconsidérant par avance tout discours visant à promouvoir une démographie plus modeste sur l'ensemble de la planète, condition sine qua non de sa préservation

 

 

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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 17:17
Livres sur la surpopulation

La question de la surpopulation est supposée taboue. Est-ce vraiment le cas ?

Certes, nombreux sont ceux qui en nient la pertinence, qui considèrent qu'il s'agit là d'un faux problème et que seuls comptent nos modes de vie et d’organisation. Mais en cela, ils ne font pas du sujet un tabou, ils proposent ou recopient simplement une réponse convenue et univoque. La question reste bien présente à leur esprit et dans leur propos.

D'ailleurs, même l’évocation de notre nombre comme facteur essentiel de pression sur l’environnement est loin d’être négligée. Nombre d’ouvrages sont parus ces dernières années pour dénoncer nos effectifs pléthoriques et leur croissance permanente.

Pour s’en convaincre, voici une brève sélection de livres sur ce thème. Après les deux grands classiques que sont l’ « Essai sur le principe de Population » de Thomas Malthus et « La Bombe P » de Paul Ehrlich, vous trouverez ci-dessous une vingtaine de livres français, parus récemment pour la plupart.

 

Essai sur le principe de population

Première édition 1798, Editions J.Johnson

Publié en France (entre autres) en 1992 aux éditions Flammarion, 2 tomes, 475 et 440 p.

Présentation d'une version très "résumée" sur le site Gesd.free

 

La bombe P, 7 milliards d'hommes en l'an 2000

Paul et Anne Ehrlich.

Première édition 1968, Editions Sierra Club / Ballantine Books.

Publié en France en 1972. Editions les Amis de la Terre - J'ai lu.

Conférence de l'auteur (en anglais).

 

Surpopulation... Mythe ou réalité ?

Ouvrage collectif, coordination Michel Sourrouille.

2023. Editions Edilivre, 263 p.

Recension sur le site Economie Durable

 

La sagesse de l’éléphante. Une démographie Responsable pour une écologie efficace 

Bernard Bousquet

2023 Editions Libre & Solidaire, 333 p.

Recension sur le site Economie Durable

 

Le défi du nombre

Antoine Waechter - Didier Barthès.

2022, Editions Baudelaire, 136 p.

Recension sur le site Economie durable

 

Avoir des enfants dans un monde en péril. Les clés d'un enjeu de société

Luka Cisot.

2022, Editions Yves Michel, 148 p.

Présentation sur le site de l'éditeur

 

Alerte surpopulation. Le combat de Démographie Responsable

Michel Sourrouille

2022, Editions Edilivre, 212 p.

Présentation sur le site Biosphère

 

Le Malheur de naître

Michel Tarrier

2022, Editions Edilivre, 194 p.

Présentation sur le site de l'éditeur

 

Démographie, l'impasse évolutive. Des cléfs pour de nouvelles relations Homme - Nature.

Jean-Michel Favrot

2020, Editions BoD, 554 p.

Recension sur le site Economie durable 

 

Arrêtons de faire des gosses. Comment la surpopulation nous mène à notre perte

Michel Sourrouille

2020, Editions Kiwi.

Recension sur le site Economie Durable

 

Permis de procréer

Antoine Buéno

2019, Editions Albin Michel, 222 p.

Entretien avec l'auteur

 

Surpopulation; l'alerte mondiale

Jean-Michel Hermans

2019, Editions Dualpha, 258 p.

Présentation sur le site Galignani

 

Démographie, climat, migrations : l'état d'urgence

Jean-Loup Bertaux

2017, Fauves Editions, 232 p.

Présentation en conférence

 

Moins nombreux, plus heureux. L'urgence écologique de repenser la démographie

Ouvrage collectif, coordination Michel Sourrouille

2014, Editions Baudelaire, 175 p.

Recension sur le site Economie Durable

 

La surpopulation et ses limites

Claude Bersay

2013, Editions Persée, 84 p.

Présentation sur le site Les Mots et les choses

 

Le poids du nombre. L'obsession du surpeuplement dans l'histoire

Georges Minois

2011, Editions Perrin, 677 p.

Recension sur le site Economie Durable

 

Faire des enfants tue. Eloge de la dénatlité

Michel Tarrier et Daisy Tarrier

2008 Editions du Temps

Réédité en 2011 en version augmentée sous le titre "Faire des enfants tue... la planète"

Présentation sur le site Biosphère (edition 2011)

 

No kid. Quarante raisons de ne pas avoir d'enfant

Corinne Maier

2007, Editions Michalon, 171 p.

Présentation sur le site Emmaüs

 

L'art de Guillotiner les procréateurs. Manifeste anti-nataliste

Théophile de Giraud

2006, Editions Le mort qui trompe, 207 p.

Evocation du livre avec l'auteur

 

L'explosion démographique

Albert Jacquard

2006, Editions Le Pommier, 127 p.

Présentation sur le site de la librairie Dédicaces

 

Mais aussi dans la littérature

Enfin, la surpopulation constitue le thème principal ou secondaire de beaucoup de romans. Vous trouverez de nombreux ouvrages présentés par exemple sur les sites Babelio ou Booknode. Le plus célèbre sans doute : Les Monades urbaines de Robert Silverberg dans lequel une population gigantesque (75 milliards d'humains !) vit dans d'immenses tours (les Monades). Le thème est également très présent dans le livre de Dan Brown Inferno. On le retrouve aussi dans Ravage de René Barjavel où la société se reconstruit sur des bases de petites structures abritant une population infiniment moins nombreuse. Il serait également possible dans une catégorie intermédiaire de citer l'ouvrage d'Alan Weisman Homo disparitus qui, sans être un roman, constitue une fiction autour de la façon dont la nature se reconstruirait en cas de disparition de l'humanité, une façon à peine voilée de montrer les ravages de notre omniprésence à la surface de la Terre.

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1 janvier 2024 1 01 /01 /janvier /2024 07:44

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2024

 

Selon différents compteurs, en millions d'habitants et en début d'année

Sources                                          2023              2024            Progression

                                                                                                                    en nombre           en %

 

Countrymeters                              8 047             8 147          +  100  soit  + 1,2 %

Duurzame Demografie  (*)            8 000           8 082          +   82  soit  + 1,1 % 

Earth Clock                                    8 204           8 114          +   90  soit  + 1,1 %  

INED (**)                                        8 009           8 075          +   66  soit  + 0,8 %

PopulationCity.world                        7 973           8 055          +   82  soit  + 1,1 %  

Population.io                                  8 010           8 082          +   72  soit  + 0,9 %      

Population mondiale.com               8 011           8 099          +   88  soit  + 1,1 %

Terriens.com                                  7 916           7 989          +   73  soit  + 0,9 %

US Census Bureau                        7 943           8 020          +   77  soit  + 1,0 %

Worldometers                                8 009           8 082          +   73  soit  + 0,9 %

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Moyenne :                                     7 994          8 075           +  81   soit  + 1,0 % 

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Après le passage des 8 milliards fin 2022, la population mondiale n’a pas stoppé sa marche en avant. Si l’on en croit les compteurs ici retenus, la Terre accueille aujourd’hui près de 8,1 milliards d’habitants soit un peu plus de 80 millions de plus que début janvier 2023 (*). La dépopulation est donc loin de menacer l’espèce humaine contrairement à certaines craintes parfois relayées par la presse.

La situation reste très contrastée entre les pays développés où la fécondité se situe désormais majoritairement en dessous de 2 enfants par femme et les pays les plus pauvres, notamment en Afrique et dans quelques pays d’Asie, où la croissance reste forte : plus de 4 enfants par femme en Afrique, plus encore si l’on retient la seule région subsaharienne.

L’année 2023 a été marquée par le passage de l’Inde en tête des pays les plus peuplés du monde devant la Chine (un peu plus de 1,4 milliard d’habitants chacune). Celle-ci aurait connu une baisse de population en 2022 (850 000 habitants en moins), baisse qui s’est probablement poursuivie en 2023 même si les données ne sont pas encore disponibles. Attention toutefois, pour l’Inde et pour la Chine les statistiques démographiques ne sont pas d’une absolue fiabilité, elles peuvent être faussées pour des raisons de qualité des recensements, éventuellement aussi pour des motifs politiques.

Globalement nous constatons toujours une tendance à la baisse de la fécondité mondiale qui devrait peut-être conduire à une stabilisation autour de 10 milliards avant la fin du siècle, si toutefois elle se poursuit. Cela n’est évidemment pas acquis mais constitue une source d’optimisme pour certains qui considèrent que le problème de la surpopulation est ainsi réglé. Ils négligent le fait que le niveau actuel de nos effectifs exclut déjà en pratique l’essentiel du monde sauvage.

Concernant la France, les données à fin 2023 ne sont pas encore publiées, L’Ined annonce 68 millions d’habitants  (DOM-TOM compris) en janvier 2023 soit 200 000 de plus qu’un an auparavant. Tout en restant positif, le solde naturel est en baisse et se trouve désormais inférieur au solde migratoire. Les flux d’entrées ont repris leur hausse et ont retrouvé le niveau d’avant la crise sanitaire. On constate une surmortalité liée à deux épidémies de grippe ainsi qu’aux épisodes de canicule. Pour plus de détails, il est possible de télécharger gratuitement le livret de la série « La conjoncture démographique de la France » que propose l’Ined sur son site: L’évolution démographique de la France en 2023.

Ci-dessous évolution du solde naturel en France de 1957 à 2022 par comparaison du nombre de naissances et de décès. Source : Ined

Rappelons la tenue, le 25 novembre dernier, de la Journée Européenne de l’Écologie et de la Démographie consacrée aux liens entre ces deux sujets avec la participation de représentants de différentes disciplines. Il y a été notamment évoqué les liens entre démographie et réchauffement climatique, un sujet que les COP climatiques et le GIEC éliminent hélas presque systématiquement de leurs travaux. Ce fut encore le cas lors de la récente COP28.

Pour les anglophones, nous pouvons conseiller cet article très synthétique : World Population Growth : at once and future Global Concern (La croissance de la population mondiale, une préoccupation mondiale passée et future) de  Karl-Erik Norrman publié le 24 octobre 2023 dans la revue World.  (Merci au démographe Michel Garenne de nous l’avoir signalé).

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(*) Le compteur Population Awarness ayant disparu nous l’avons remplacé par le compteur Duurzame Demografie proposé, comme le précédent, par l’association Belge désormais du même nom. Les deux compteurs hélas n’avaient pas la même base et les comparaisons donnaient pour les évaluations au 1.1.2024 une croissance irréaliste (+ 179 millions !) Nous avons donc réattribué à Duurzame Population (qui n’existait donc pas encore à l’époque) une estimation pour le 1.1.2023 dans la moyenne des autres compteurs, seule méthode pour éviter des aberrations. Mais cela conduit à présenter en ce début 2024 (concernant l’année 2023) une valeur différente de celle que nous proposions l’an dernier (7,994 milliards au lieu de 7,984 milliards). Petite difficulté inhérente à ce genre de démarche basée sur les compteurs. Notons que globalement, une fois faites les moyennes, ces compteurs sont en plein accord avec les statistiques officielles qui sont généralement publiées un an plus tard.

(**) Le compteur de l’Ined donne un niveau croissance sensiblement plus bas que celui des autres (+ 66 millions au lieu de + 81 millions en moyenne). Cet écart est lié à un changement de base antérieur

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Tous les articles intitulés : La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards), 2012 (7,003 milliards),

2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards), 2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 

2017 (7,440 milliards), 2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards), 

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards), 2024 (8,075 milliards).

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24 décembre 2023 7 24 /12 /décembre /2023 09:04

 

Economie Durable vous souhaite d'excellentes fêtes de Noël

et du jour de l'an et vous présente tous ses vœux pour 2024.

 

L'Arbizon, au cœur des Pyrénées

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 21:24

Le 25 novembre dernier s’est tenue à Paris la première Journée Européenne de l’Écologie et de la Démographie.

Sous l’égide des associations Démographie Responsable et eurASP cette journée a été l’occasion d’aborder les relations entre écologie et population à travers les interventions de quatre conférenciers aux approches complémentaires : un climatologue, un essayiste, un démographe, un biologiste et homme politique, cernant ainsi la question sous toutes ses dimensions. Chaque intervention a été suivie d’un débat.

La journée s’est terminée après une interview vidéo de Mathis Wackenagel, le créateur du concept d’empreinte écologique ainsi qu'après un débat sur les liens entre migrations et démographie animé par les représentants de l'eurASP : les mouvements migratoires sont-ils neutres vis-à-vis de nos effectifs planétaires ?

Voici les liens vers les 4 interventions principales.

Présentation et ouverture de la journée : Didier Barthès et Fons Jena

L'analyse d’un climatologue : Marc Gillet

Le point de vue d’un essayiste : Antoine Buéno

L’analyse d’un démographe : Michel Garenne

Le point de vue d’un écologue et homme politique : Antoine Waechter

Par ailleurs plusieurs ouvrages ont été présentés

Le défi du nombre (Antoine Waechter, Didier Barthès)

Surpopulation ... Mythe ou Réalité ? (collectif, Michel Sourrouille)

Moins nombreux plus heureux (collectif)

La sagesse de l'éléphante (Bernard Bousquet)

Alerte Surpopulation (Michel Sourrouille)

 

 

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 13:24

L’éléphante est donc plus sage que nous, elle qui sait adapter sa reproduction aux capacités des territoires et aux opportunités futures. Voici ce que nous assène, dès son titre, le livre de Bernard Bousquet. Mais cette allusion à notre irresponsabilité n’est que le premier des messages que nous délivre l’auteur.

L’ouvrage, sous titré "Une démographie responsable pour une écologie efficace" est dense, complet,  argumenté. Il évoque tous les aspects du problème : le poids de la démographie dans l’environnement notamment sur ces deux points essentiels que sont l’écroulement de la biodiversité et le réchauffement climatique, mais aussi, le véritable tabou qui plombe le débat et, là encore, en relation avec ces deux points. Pourquoi ne met-on pas en cause nos effectifs quand l’on se désole de la fin du monde sauvage ou des risques liés aux émissions de CO2 ?

Comme le rappelle Bernard Bousquet « Il n’y a que dans un scénario de stabilité démographique… voire de décroissance … que le projet de sobriété à un sens », on ne saurait mieux dire. A quoi serviraient nos efforts s’ils devaient être effacés par une croissance sans limite de notre nombre ? Or, bien souvent, seule la question de la sobriété est traitée indépendamment d’ailleurs de la « consommation » des espaces naturels.

La question des zoonoses en lien avec notre occupation de tous les territoires de la faune sauvage - ou ce qu’il en reste – fait l’objet de longs développements.

« La sagesse de l’éléphante »  fait également une grande part à l’Afrique, là où la transition démographique tarde à se faire et qui connaîtra encore en ce 21ème siècle une véritable explosion de ses effectifs. En 2019, la fécondité mondiale était (Afrique comprise) de 2,47 enfants par femme quand elle était de 4,72 en Afrique subsaharienne et de 5,18 en Afrique de l’Ouest : le double !  Entre 2019 et 2100 ces deux régions devraient voir leur population multipliée respectivement par 3,5 et 3,8. Quand on sait la difficulté qu’elles éprouvent à offrir un avenir à leurs habitants et à préserver l’environnement, on ne peut qu’être effrayé.

Dernier point, et non des moindres, outre la qualité de l’argumentation, faits et raisonnements, on sent chez l’auteur une tendresse pour la beauté du monde. Ce respect qui en découle est la vraie raison de se battre pour tenter de le préserver. Cela supposera de revoir nos effectifs à la baisse et de vivre moins nombreux, comme d’ailleurs l’humanité l’a toujours fait, ce qui a été la condition de sa survie au cours des dizaines de millénaires passés.

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Dos de couverture

L’éléphante à la capacité d’espacer ses naissances lorsque les conditions vitales se détériorent. Les humains font tout l’inverse et l’augmentation de leur population provoque de multiples dégradations de l’environnement. Ne serait-il pas temps de nous inspirer de la sagesse de l’éléphante ? Le dérèglement démographique - à l’origine de nombreux dysfonctionnements : réchauffement du climat, effondrement biologique, crises sanitaires, guerres, pertes d’autonomie – devrait être depuis longtemps au cœur de nos préoccupations. Comment peut-on espérer préserver la biodiversité et réaliser l’indispensable transition écologique de notre société si nous continuons à fermer les yeux sur cette dimension majeure ? Si le débat sur la surpopulation demeure tabou ? Une politique écolodémographique est une condition sine qua non pour édifier une société d’équilibre et de renaturation axée sur la sobriété, en adéquation avec la nature et la reconstruction des écosystèmes endommagés. Pour cela une collaboration entre l’Europe et l’Afrique, voisines par la géographie et l’histoire est indispensable.

Bernard Bousquet est ingénieur des eaux et forêts, docteur en écologie. Il s’est spécialisé dans la préservation des aires protégées. Missionné sur des sur des projets de conservation de la nature par diverses organisations internationales, il a parcouru le monde pendant 40 ans. Il a travaillé au sein d'écosystèmes variés, sur plusieurs continents, dirigeant des inventaires de biodiversité et réalisant des plans de gestion de nombreux parcs nationaux et réserves naturelles dont les "hotspots" inscrits sur la liste du patrimoine mondial ou classés en réserves de biosphère de l'Unesco.

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La sagesse de l’éléphante. Une démographie responsable pour une écologie efficace, Bernard Bousquet, Editions Libre & Solidaire, octobre 2023,  333 pages, 23,50 €, ISBN 978-2-37263-153-2. Présentation du livre par l’éditeur

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10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 15:04

Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la démographie (1), Michel Sourrouille coordonne là un nouveau livre à plusieurs voix. Pas moins de 23 personnes (2) donnent ici leur avis sur cette question qui devrait être au centre des réflexions sur notre avenir et sur la protection de notre planète. Beaucoup d’entre eux avaient déjà participé au livre «Moins Nombreux Plus Heureux» et beaucoup aussi militent collectivement au sein de l’association Démographie Responsable.

La variété des approches (sociologique, démographique, scientifique…) permet à ce livre de nous offrir un vaste panorama sur le sujet. Certaines contributions sont très détaillées (celles de Jean-Loup Bertaux ou de Denis Garnier) d’autres expriment une inquiétude viscérale face à l’évolution de nos effectifs, parfois en une ligne (Odette Chauve), d’autres essayent de comprendre les raisons du déni (Didier Barthès). La présence d’Antoine Waechter montre que le monde politique n’est pas étranger à cette interrogation de même que celle de l’économiste Stéphane Madaule. Même chose pour Martin Rott engagé sur les questions religieuses, qui prouve que, là aussi, les interrogations sont présentes. Enfin un juriste, Gilles Lacan, prend du recul et nous invite à changer de paradigme.

Ci-dessous la présentation que vous trouverez au dos de l’ouvrage

"L’idée de ce livre collectif provient d’une désillusion partagée. On pouvait croie que le passage à 8 milliards d’humains le 15 novembre 2022 selon l’ONU allait provoquer un choc médiatique On aurait pu sensibiliser les populations au fait que un milliard de terrien de plus ces onze dernières années, c’était beaucoup trop et beaucoup trop vite. A notre grand étonnement, cela n’a pas eu lieu. Tout au contraire, les intervenants privilégiés par la presse et les chaînes de télévision ont pour l’essentiel banalisé voir ignoré l’évolution démographique et ses impacts.

Il nous fallait donc à plusieurs voix démêler le vrai du faux dans ce qui se dit. Chaque contributeur ne s’exprime qu’en son nom personnel et sous sa responsabilité. Mais pour les 23 participants de cet ouvrage, la maîtrise de la fécondité humaine possède cette particularité de découler d’abord du libre choix des personnes. La contrepartie de cette liberté fondamentale devrait entraîner pour les individus et les couples un sens aigu de la responsabilité personnelle, car chaque naissance supplémentaire implique la collectivité tout entière et l’état de la planète.

Il ne s’agit pas d’envisager une contrainte étatique, seulement une éducation propice à une décision éclairée des hommes et des femmes."

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(1) Moins nombreux plus heureux, l’urgence écologique de repenser la démographie : ouvrage collectif, (Sang de la Terre, 2014), Arrêtons de faire des gosses (Kiwi, 2020), Alerte surpopulation (Édilivre, 2022)

(2) Philippe Annaba, Didier Barthès, Jean-Loup Bertaux, Antoine Bueno, Odette Chauve, Jean-Michel Favrot, Denis Garnier, Marc Gillet, Théophile de Giraud, Gilles Lacan, Stéphane Madaule, Jacques Maret, Corinne Maier, Fabien Niezgoda, Marie-Ève Perru, Alice Rallier, Martin Rott, Pablo Servigne, Michel Sourrouille, Lucia Tamburino, Michel Tarrier, Antoine Waechter, Philippe Waldteufel.

Surpopulation... Mythe ou réalité ? Ouvrage collectif coordonné par Michel Sourrouille. Éditions Édilivre, novembre 2023, 263 pages, ISBN 978-2-414-62014-2, 19 €.

 

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  • : ECONOMIE DURABLE
  • : Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
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