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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 10:04

 

Un article de Daniel Martin

Après la crise sanitaire sans précédent du Covid-19, notre monde reprendra-t-il ses « bonnes  et vieilles habitudes » ou nous attarderons nous enfin sur la problématique démographique et l’économie amorcera-t-elle un changement radical ?

Cette crise sanitaire, incomparable à certaines autres nous permettra-t-elle de reconsidérer notre système économique, mais aussi la question démographique ?

Cette grave crise sanitaire aura permis à la majorité de nos concitoyens de mettre en évidence les incohérences, voire certaines absurdités de notre système économique et les limites de la mondialisation. Mais aussi des métiers invisibles qui paraissent soudain essentiels et d’autres plus visibles qui le sont moins ou ne le sont pas.

Par cette crise sanitaire sans précédent, le ralentissement de l’économie est des plus inquiétants d’un point de vue social, démocratique et humain. Toutefois, elle représente une opportunité à saisir pour repenser notre modèle économique. On peut néanmoins s’interroger, tant que la question démographique et ses effets ne sont pas abordés, si on est réellement en mesure de prévoir et anticiper des mesures pour éviter ce genre de choc, ou de mieux les absorber.

Cette crise sanitaire nous recentre également sur des essentiels : l’accès à l’alimentation qui impose les productions essentielles, leur acheminement et leur distribution, à la santé qui a mis en évidence les difficultés inhérent à des erreurs politique de gestion passées, à la relation avec les autres apparaissent ainsi comme des besoins les plus vitaux. Elle questionne également sur l’utilité de certaines activités et les besoins de mise en valeur pour d’autres.

Le Covid-19 sonne comme un rappel des limites démographiques.

Il a fallu un virus particulièrement violent pour nous rappeler le sens des limites et de la mesure, pour nous rappeler notre vulnérabilité, et mettre en évidence la fragilité des systèmes complexes que nous avons construits sans nous soucier de ses effets, notamment par une croissance démographique non régulée. Nous ne contrôlons pas la nature, nous en faisons partie. Quand on détruit annuellement plus de 100 000 km² de terres arables, que l’on déboise et déforeste de façon intensive en détruisant la biodiversité pour l’urbanisation ou des cultures intensives de soja et huile de palme on peut imaginer les effets.

Dans la nature l'animal a besoin d'espace et de vitesse pour survivre. Le prédateur doit disposer de beaucoup d'espace et de vitesse pour pouvoir attraper sa proie et la proie d'espace encore plus vaste et doit courir encore plus vite pour lui échapper. Si l'homme n'a plus besoin de la vitesse pour pouvoir survivre, il doit toutefois disposer d'espace. Avec une perte de 275 km2 par jour de terres arables (100 375 km² par an) sous le béton et l'asphalte, du aux effets de l'urbanisation, des voies de circulation de circulation routières, ferroviaires à grande vitesse, aéroportuaires et une population qui explose, on peut imaginer l'impact écologique ! Chaque jour, on compte 244.000 nouvelles personnes de plus dans le monde (équivalent à la totalité de la population de la ville de Montpellier), soit + 2,7 habitants de plus par seconde (compteur). Autrement dit, la population mondiale s'accroît chaque année de près de 90 millions d'habitants grâce à un nombre de naissances supérieur (environ 150 millions) à celui des décès (60 millions). Elle par ailleurs augmenté d’un milliard pour la décennie 2009-2019, (passant de 6,7 à 7,7 milliards) avec la probabilité d’atteindre les 8 milliards d’habitants en fin 2020... A lire également par ce lien :

A cet effet comme observe l’écologie science, aucune espèce ne peut indéfiniment proliférer au détriment des autres espèces comme le fait l’homme, sans se mettre elle-même en danger et disparaître. Le virus Covid-19 ne serait-il qu’un avertissent parmi d’autres ?

Certes, la médecine par la recherche peut stopper et éradiquer de plus en plus les effets des bactéries et des virus tueurs. Mais on peut s’interroger par rapport à la sélection naturelle inhérente à toutes les espèces animales à laquelle l’homme échappe ainsi de plus en plus, Est- ce que cela ne posera pas un problème majeur sur le plus long terme… Avec pour notre espèce les effets d’affaiblissement moral et physique que l’on peut imaginer et qui seraient tel que le moindre virus pourrait sur le plus long terme éliminer en quelques jours plusieurs milliards d’individus…L’homme, prédateur au sommet de la pyramide des espèces et seul animal culturel oublierait-il qu’il a une double responsabilité : l’une vis à vis des autres espèces et l’autre pour la sienne. Mais il faut prendre acte que cet oubli permanent produit des effets les dévastateurs pour la planète et qu’au fond, par un virus invisible, quand l’homme souffre, la planète souffle... En attendant, la vie continue et la dimension économique ne peut être occultée.

Le Covid-19 signe également un rappel des limites techniques et énergétiques

De même, nous avons à faire face à des limites techniques et énergétiques. Quand les frontières se ferment ou quand le pétrole se met à manquer, c’est toute la chaîne industrielle qui s’effondre. Si au niveau économique cela peut nous réapprendre l’humilité et le bon sens sur le besoin de services publics, de relocalisation d’activités en repensant le rapport au travail et des solidarités informelles, cette crise sanitaire, tout en payant le prix fort avec sa cohorte de victimes n’aura pas été totalement vaine. Mais est-ce cela qui émergera les « jours d’après » ?

Sans recours à un régime politique plus directif, notre démocratie peut-elle imposer les exigences d’un nouvel ordre économique plus conforme aux exigences écologiques?

Remettre en cause les incohérences actuelles du système économique, ne passe-il pas par cesser de concentrer toutes nos productions dans la zone Asiatique, alors que l’on peut produire en France ou en Europe ces importations, ce qui impose des coûts énergétiques considérables pour le transport des produits finis. Certes, cela suppose une reprise en main de l’économie et du système bancaire par le pouvoir politique, éventuellement par des nationalisations ou prise de participation de l’État avec minorité de blocage. Mais cela ne peut se faire que de façon « directive » et concertée au niveau Européen, et non en laissant la « main invisible » du marché libre d’agir au gré des fluctuations boursières…

Faire cesser également certaines absurdités actuelles du système économique

Remettre en cause également l’une des absurdités du système économique est une urgence écologique quand un produit parcours plusieurs itinéraires de longue distance, alors que l’on peut faire plus court par des relocalisations. Il s’agit aussi de mettre un terme aux aberrations d’une production locale qui va faire des milliers de kilomètres pour être transformé ou reconditionner et qui revient ensuite à son point de départ pour être consommée...

Par exemple, En 2017, la distance moyenne parcourue par un produit alimentaire entre son lieu de production et l’assiette du consommateur dépasse la plupart du temps les 2 000 km, et d’autres font jusqu’à 4 800 km ! C’est démentiel ! Il faut se souvenir, par exemple, que le semi-remorque qui a pris feu dans le tunnel du Mont-Blanc, en 1999, était chargé de farine et de margarine belges expédiées en Italie? La margarine devant y être simplement emballée, avant que les paquets ne repartent pour être vendus en… Belgique.

Quand on sait que dix millions de coquilles Saint-Jacques des Côtes d’Armor sont envoyées en Chine pour y être nettoyées avant de revenir en Bretagne se faire garnir… « C’est une question de coût, on ne peut guère faire autrement …» explique un responsable d’une usine bretonne. Sans oublier l’affaire des « lasagnes à la viande de cheval » qui a montré une complexité et une longueur des circuits alimentaires que le consommateur ne soupçonnait pas.

Face à cette folie énergivore et à une agriculture industrielle de plus en plus suspecte, la seule solution est de produire au plus près et de consommer local. Le circuit court peut avoir plusieurs définitions : Aux Etats-Unis c’est une distance de 250 km entre le producteur et le consommateur.  Au Canada, c’est 120 km.  En France un circuit de proximité est fixé à 150 km. Bien entendu, hors agriculture Bio, la seule notion de circuit de proximité ne garantit pas la qualité des produits alimentaires, mais les circuits longs, aux mains de l’agro-business sont toujours plus suspects.

Repenser l’économie doit induire de nouveaux rapports humains et un nouveau rapport au travail, c’est est une urgence sociale, écologique, culturelle. Ainsi avec la nouvelle révolution numérique par le développement du travail à distance, ce nouveau rapport au travail par la remise en cause du « présentéisme » doit surtout éviter l’isolement à domicile, de manière à garantit la sociabilité des individus assujettis à cette forme de travail.

Par rapport à la nouvelle révolution numérique des « intelligences artificielles » rendu inévitable pour l’économie, mais pas seulement

Une nouvelle mutation anthropologique avec un nouveau type de société produit un nouveau type d’individu qui est amené aujourd’hui à agir souvent dans un contexte de vie de plus en plus incertain.

Après la machine à vapeur, la production d’électricité et l’invention du moteur électrique, suivi du moteur à explosion avec une modification en profondeur du rapport au travail, des déplacements, des relations sociales et du rôle de la femme, notamment avec la première guerre mondiale, ces découvertes avaient provoqué une mutation anthropologique en totale rupture avec les précédentes. Avec la nouvelle révolution des « intelligences artificielles » nous assistons à une nouvelle mutation anthropologique totalement différente et sans lien avec les précédentes.

Les avantages ne doivent pas occulter les inconvénients

A cet effet, si la nouvelle révolution numérique offre des avantages concernant la réduction des mobilités avec mise en place souhaitée de s-hub d'accueil de télé travail, elle suscite des craintes justifiées, tant sur le plan économique et sociétal, voire culturel, ainsi que sur le plan environnemental et énergétique. N’oublions pas que les terres rares (qui ne le sont pas toutes) dont sont issus les métaux rares indispensables aux intelligences artificielles, mais aussi à l’éolien et au photovoltaïque, sans compter l’usage quotidien des ordinateurs, smartphone, télévision, appareils ménagers etc. sont une matière fossile qui n’est pas inépuisable. Quand on sait que la Chine détient plus de 90 % de la production mondiale, alors qu’elle possède un peu plus de 30 % des réserves mondiales (44 millions de tonnes métriques pour 120 millions de tonnes métriques dans le monde en 2019) peut imaginer le pire.

Les robots ont désormais « changé de statut » et cela ne cessera pas de progresser

Avec le changement de statut des robots par internet et l’interconnexion entre eux, où aujourd’hui on peut faire fonctionner des entreprises (dites entreprises 4.0) sans peu d’intervention humaine, ce qui va s’amplifier demain avec la 5 G, en particulier dans les entreprises de la grande distribution, compte tenu des nouvelles habitudes d’achat et de livraisons. Il n’y aura d’ailleurs pas que les entreprises de la grande distribution qui seront concernées par la nouvelle révolution numérique, dont nous n’en sommes qu’à la préhistoire, sauf fin brutale de l’humanité...

Dans tous les domaines : entreprises, services, santé, hôpitaux, enseignement, transports, militaires etc. désormais l’Intelligence artificielle s’installe partout avec des applications de substitution totale de l’intervention humaine aux robots par phases successives. Il est évident que l’intelligence artificielle va susciter des espoirs, parfois surréalistes, mais aussi des craintes apocalyptiques, dont certaines peuvent être justifiées, compte tenu de notre culture actuelle.

Aujourd’hui on est en mesure de confier des taches sélectives de décision, notamment, pour la justice, la médecine, l’enseignement, mais aussi faire déplacer des véhicules sans chauffeur ou des drones-taxis sans pilote, y compris faire fonctionner des usines sans aucune intervention humaine grâce aux interconnexions de l’intelligence numérique entre les machines, avec toutes les conséquences d’éthique que cela suppose. Par exemple, s’agissant de la justice pour désengorger les tribunaux, lorsque cela ne relève pas de décisions concernant des jugements dans des situations complexes, où elles doivent être prises en « son âme et conscience », les robots peuvent très bien suppléer les magistrats pour prononcer des sanctions en fonction de critères très précis.

Aller vers un développement généralisé de « l’entreprise 4.0 » qui semble inévitable ne doit pas se faire en détruisant les structures actuelles, ni en construisant de nouvelles installations flambant neuves… Il faut partir de l’existant pour effectuer progressivement des transformations. Une évolution sera beaucoup plus efficace si elle est effectuée par petites étapes, tout en ayant une vision à plus long terme. C’est indispensable si l’on veut éviter une fracture sociale brutale et gagner du temps, car nul doute que de nouvelles activités, aujourd’hui insoupçonnables, apparaîtrons beaucoup plus compatible avec cette nouvelle ère post-croissance dans laquelle nous sommes entrés. Au début des années 1990 nous ne pouvions imaginer l’existence des plateformes numériques et leur impact sur notre vie quotidienne actuelle, bien qu’elles puissent soulever d’autres problématiques, notamment sur le plan social.

Pour conclure

Le Covid-19, outre les contraintes de confinement, nous impose une économie de survie où seuls les produits de première nécessité (alimentaire, énergétiques, santé, déplacements) doivent faire l’objet d’une production, de son acheminement et de sa distribution. Toutes les autres activités sortant de ce cadre, hormis les liaisons téléphoniques et internet, sont suspendues. Mais au fond, faute d’une décroissance démographique choisie et équitable, cela ne préfigure-t-il pas une vie à venir dans le cadre d’un l’effondrement envisagé de la société thermo-industrielle ?

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 15:04

La question démographique reste la grande absente des réflexions sur la crise du coronavirus. Pourtant, trois éléments au moins peuvent lier nos effectifs à l’épidémie présente.

- L’émergence de l’épidémie est susceptible d’être liée aux contacts obligés avec la faune sauvage que provoque notre expansion permanente sur les territoires du vivant.

- L’épidémie est de façon certaine favorisée par la promiscuité, et la promiscuité est largement fonction de la densité de peuplement, elle-même liée à l’importance de nos effectifs.  Dans un habitat dispersé, elle resterait un problème mineur, mais elle se répand comme une traînée de poudre  dans les grandes agglomérations ou dans les régions peuplées comme la métropole de Wuhan ou la Lombardie. D’ailleurs, la première des mesures que prennent tous les gouvernements est d’éviter les rassemblements, or, dans une grande agglomération, on est rassemblés par nature. Toute la politique actuelle valide cette corrélation entre densité et épidémie (sinon, aucune des mesures prises n’aurait de sens).

- La lutte contre l’épidémie dans une société urbaine et densément peuplée passe par des mesures très autoritaires, restreignant fortement les libertés. Ces mesures sont parfois efficaces (on le voit par exemple en Chine où l’épidémie semble sur la voie descendante, mais aussi à Hong Kong ou à Taiwan qui, malgré leur forte densité, ont peu ou prou réussi jusqu’à présent à contenir le phénomène au prix... de la fin des libertés: contrôle par caméra, confinement, suivi des personnes, peines très sévères…un monde digne de la science-fiction.

En ce sens, la démocratie risque d’être la principale victime de l’explosion démographique. Nous rejoignons là une conclusion proche de celle que tire Jean-Marc Jancovici des crises à venir de l’énergie. Plus généralement, face à toute contrainte, les États sont tentés de réagir ainsi, et, plus l’habitude se prend de restreindre les libertés face à un problème, plus cette possibilité s’ancrera et plus la démocratie sera mise à mal dans l’acceptation plus ou moins passive des populations. 

A ce facteur démographique on peut ajouter la question de la mondialisation qui favorise les échanges de personnes et de biens. Remarquons cependant que la démographie peut, là aussi, être considérée comme à l’origine du problème, car avec des effectifs de 8 milliards - presque 10 au milieu de ce siècle -  il n’existe guère de moyen de nourrir et approvisionner en biens divers l’ensemble de la population sans recourir à la spécialisation internationale et donc à la mondialisation de l’économie avec tous les échanges de biens et de personnes que cela suppose.

Chacun pourra sourire à l’extraordinaire retournement de nombre de personnages politiques, adeptes forcenés de la mondialisation et de la croissance, économique comme démographique, qui, sous l’urgence tournent casaque, et  prennent des mesures à terrasser l’économie et à interrompre les échanges. Urgence oblige dira-t-on ! Certes, mais l'urgence n’excuse pas les erreurs passées et si Paris vaut bien une messe, il ne faudra pas oublier.

Un mot enfin pour condamner l’irresponsabilité en France du principal parti écologiste (EELV) qui, depuis des années, nie systématiquement la question démographique et qui, face au grignotage constaté des territoires  lié à l’augmentation de population (chaque année la France gagne l’équivalent d’un demi département en nombre d'habitants) propose une seule chose : la densification des villes ! On savait déjà que ce mot de densification ne constituait que le terme présentable pour entassement, on voit désormais à quels impossibles conduit cette politique : des épidémies favorisées, une liberté toujours plus bafouée, un monde toujours plus laid. Est-ce cela l’écologie ?

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1 janvier 2020 3 01 /01 /janvier /2020 07:44

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2020 

selon différents compteurs, données en millions d'habitants et en début d'année

 

Sources                                          2019              2020               Progression

                                                                                                                    en nombre           en %

 

Countrymeters                                7 669             7 763          +   94   soit  + 1,2 %

INED                                               7 674             7 754          +   80   soit  + 1,0 %

Overpopulation awareness                 -                 7 679                -                 -

Poodwaddle                                    7 641             7 724          +   83   soit  + 1,1 %

PopulationCity.world                         7 640             7 723          +   83   soit  + 1,1 %  

Population.io                                       -                 7 719                -                 -

Population mondiale.com               7 608             7 693           +  85   soit  + 1,1 %

Terriens.com                                   7 620             7 694           +  74  soit   + 0,9 %

US Census Bureau                         7 543             7 621           +  78  soit   + 1,0 %

Worldometers                                  7 674             7 754          +  80   soit  + 1,1 %

World Population Balance               7 534             7 607          +  73   soit  + 0,9 %

 

________________________________________________________________________________

Total :       (*)                                   7 623            7 703        +  80    soit  + 1,1 % 

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La Terre héberge environ 7,7 milliards d'habitants en ce 1er janvier 2020. Cette estimation à partir de quelques compteurs de population confirme évidemment les chiffres fournis par l'INED en septembre (1) qui indiquaient pour la mi-année 2019 une population mondiale de 7,714 milliards.

L’événement démographique est que, pour la première fois depuis longtemps, nous connaissons une inflexion des projections. Ainsi, alors que depuis le début des années 2000 les prévisions, aussi bien pour 2050 que pour 2100 étaient régulièrement rehaussées, voici, qu'enfin, on observe une légère baisse. 

Le taux de croissance annuel (+,1,1 %) reste toutefois élevé au regard de l'Histoire et conduit à une augmentation de 80 millions de personnes chaque année (soit près de 220 000 personnes chaque jour). 

              Evolution des projections mondiales pour 2050

                       INED 2009 : 9,4 milliards,  ONU : 9,1 milliards

                       INED 2011 : 9,6 milliards,  ONU : 9,3 milliards 

                       INED 2013 : 9,7 milliards,  ONU : 9,6 milliards

                       INED 2015 : 9,8 milliards,  ONU : 9,7 milliards

                       INED 2017 : 9,8 milliards,  ONU : 9,8 milliards

                               INED 2019 : 9,7 milliards,  ONU : 9,7 milliards

 

Evolution des projections mondiale  pour 2100 (ONU)

                 en 2011 :  10,1 milliards,    en 2013 :  10,9 milliards

                 en 2015 :  11,2 milliards,    en 2017 :  11,2 milliards

                 en 2019 :  10,9 milliards

 

Signalons également quelques points encourageants :

- La signature, en novembre dernier, par 11 000 scientifiques d'un appel sur la crise climatique faisant clairement référence au facteur démographique. Rappelons qu' un précédent appel regroupant 15 000 chercheurs avait également été lancé il y a deux ans, qui faisait, lui aussi, référence à nos effectifs (nombre des signataires sont évidemment communs aux deux appels).

- Lors de la COP 25 à Madrid, plusieurs chercheurs se sont exprimés sur question démographique. D'abord M. Joᾶo Abegᾶo.  auteur d'un Atlas de la Surpopulation Humaine, mais également d'autres spécialistes comme M. Alon Tal ou Mme Karen Shraag. Enfin, le sujet démographique est abordé  lors d'une COP !  Signalons également l'appel renouvelé de l'ancien Président de la République  Nicolas Sarkozy à créer un organisme international en charge de ces questions.

- La conscience du problème démographique semble progresser puisque dans un récent sondage publié par le Huffington Post, sur l'effondrement. Les personnes interrogées plaçaient l'explosion démographique au second rang des facteurs susceptibles de provoquer un effondrement de nos sociétés et de notre civilisation (voir ici le détail du sondage).

Ces éléments plus heureux ne doivent toutefois pas nous faire oublier l'évolution globale de la démographie mondiale et le caractère, par définition éphémère, de la croissance explosive que nous connaissons. Le graphique ci-dessous remet les chiffres en perspective.

 

 

_________________________________________________________

Vous pouvez retrouver la série d'articles de ce site consacrés à nos effectifs en début d'année :  

 

Tous les articles intitulés : La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards), 2012 (7,003 milliards),

2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards), 2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 

2017 (7,440 milliards), 2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards), 

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards), 2024 (8,075 milliards)

___________________________________________________________________

Nouveauté, cette année les noms des compteurs constituent des liens hypertextes et vous pouvez, en cliquant sur chacun d'eux, accéder directement au site en question.

(1) Population et Sociétés (INED) , Tous les pays du monde, coordonné par Gilles Pison, les chiffres internationaux de l'INED sont eux-mêmes repris d'un document des Nations Unies, World Population Propects (the 2019 revision)

(2) Comme tous les ans, l’échantillon de compteurs ainsi que les bases de calcul retenues par chacun d’entre eux diffèrent de l’année précédente. Au 1er janvier 2020 nous enregistrons deux compteurs supplémentaires : Overpopulation awareness et Population.io. et constatons la disparition du compteur Sputnick présent depuis plusieurs années. D'autre part, le compteur Compteur.net n'a pas été retenu en 2020, ses données étant complètement différentes de celle des autres.

La moyenne indiquée pour 2019 (7,623 milliards) est la moyenne pour les compteurs disponibles en 2019 et en 2020 (9 compteurs) la moyenne pour 2020 est celle pour les compteurs disponibles en 2020 (soit 11 compteurs avec prise  en compte de Overpopulation awareness et Population.io).  Cette non identité de l'échantillon avec celui du 1er janvier 2019 fait que la moyenne présentée pour 2020 diffère de celle proposée l'an dernier pour cette même année 2019 (7,637 milliards).

La moyenne de la croissance est calculée sur la différence entre les moyennes 2019 (sur 9 compteurs)  et 2020 (sur 11 compteurs).

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14 septembre 2019 6 14 /09 /septembre /2019 20:04

Comme tous les deux ans, après l’ONU qui a publié fin juin ses nouvelles estimations de l’évolution de la population mondiale, c’est au tour de l’INED, via la revue Population & Sociétés, de nous proposer un panorama de la démographie planétaire ainsi que ses projections pour 2050.

Sous la direction de Gilles Pison, cette étude (téléchargeable ici permet d’établir un suivi démographique régulier : effectifs, densité, fécondité, mortalité, espérance de vie, revenus...  L'ONU et l'INED parviennent évidemment à des résultats très semblables les bases étant largement communes. Voir également pour ces sujet la World Population Data Sheet, réalisée en 2018 par le Population Reference Bureau

Voici les principales données à retenir de cette étude. Les estimations sont fournies pour la mi-année 2019. Sources : document cité ci-dessus et versions précédentes

 

Evolution de la population mondiale par continent (en millions)

                         2005       2007      2009        2011      2013       2015     2017    2019

Afrique              906          944       999       1 051       1 101     1 171     1 250    1 308

Amérique         888          904        920          942          958        987     1 005    1 015

Asie               3 921      4 010     4 117       4 216       4 305     4 397      4 494    4 601

Europe             730         733        738          740         740        742         745       747 

Océanie             33           34          36            37           38          40           42         42

Total Monde   6 477     6 625     6 810      6 987     7 143      7 336     7 536     7 714

 

  Evolution de la population et taux de croissance annuel 

    De 2005 à 2007  + 148 millions hab.   soit par an  +  74 ou  + 1,1 %

    De 2007 à 2009  + 185 millions hab.   soit par an  +  92 ou  + 1,5 %

    De 2009 à 2011  + 177 millions hab.   soit par an  +  88 ou  + 1,3 %

    De 2011 à 2013  + 156 millions hab.   soit par an  +  78 ou  + 1,1 %

    De 2013 à 2015  + 193 millions hab.   soit par an  +  96 ou  + 1,3 % (*)

    De 2015 à 2017  + 200 millions hab.   soit par an + 100 ou  + 1,4 % (*)

    De 2017 à 2019  + 178 millions hab.   soit par an +  89  ou  + 1,2 %

                             

                              Evolution des taux de fécondité

 (Indice Synthétique de Fécondité, isf : nombre d'enfants par femme au cours de sa vie)

                             2005      2007      2009      2011     2013     2015     2017    2019

Afrique                    5,1          5,0         4,8        4,7         4,8        4,7       4,6       4,4

Amérique                2,4          2,2         2,2        2,1         2,1        2,0       2,0       1,9

Asie                        2,5           2,4         2,3        2,2         2,2        2,2       2,2       2,1

Europe                   1,4           1,5         1,5        1,6         1,6        1,6       1,6        1,6

Océanie                 2,1           2,1         2,5        2,5         2,4        2,5        2,3       2,3

Total monde         2,7           2,7         2,6        2,5         2,5        2,5        2,5       2,4

 

Evolution des projections mondiales pour 2050

                       INED 2009 : 9,4 milliards,  ONU : 9,1 milliards

                       INED 2011 : 9,6 milliards,  ONU : 9,3 milliards

                       INED 2013 : 9,7 milliards,  ONU : 9,6 milliards

                       INED 2015 : 9,8 milliards,  ONU : 9,7 milliards

                       INED 2017 : 9,8 milliards,  ONU : 9,8  milliards

                               INED 2019 : 9,7 milliards,  ONU : 9,7  milliards

 

 

Evolution des projections pour  2050 par continent

                                                                 (Source : Ined , en millions)

                                     2009         2011       2013        2015       2017     2019

Afrique                        1 994        2 300       2 435       2 471      2 574     2 489

Amérique                    1 205        1 216       1 228       1 221      1 227     1 188

Asie                             5 461        5 284       5 284       5 324      5 245     5 290

Europe                           702           725          726           728        736        712

Océanie                           58             62            58             59          63          58

Total Monde                9 421       9 587       9 731      9 804      9 846     9 738

 

_________________________________________________________________________________

 

L'étude de l'INED marque pour la première fois depuis une bonne dizaine d'années une certaine inflexion de l'évolution démographique. 

Certes, la croissance n'est ni stoppée ni même fortement ralentie (le passage de + 1,4 % à + 1,2 % par an entre les deux dernières publications est certainement lié à une surestimation des chiffres précédents *). Mais, pour la première fois, les projections pour 2050 sont  - très légèrement - revues à la baisse,  on passe de 9,8 à 9,7 milliards  pour le mitan du siècle. Or, depuis 2009, au  contraire, ces projections étaient presque systématiquement rehaussées d'une étude à l'autre à l'ONU comme à l'INED.

Principaux éléments par continent :

Afrique : L'Afrique poursuit son léger mouvement de baisse de la fécondité (4,4 enfants par femme en 2019 contre 4,6 en 2017, 4,7 en 2015 et 5,0 en 2009), cette tendance est  un bon signe mais reste  évidemment bien insuffisante pour assurer une rapide transition démographique (tendanciellement,  chaque couple donne encore naissance à plus de 4 personnes). Globalement, le taux de croissance démographique africain sur les deux dernières années s'établit à 2,3 % par an (gain de 58 millions d'habitants en deux ans), ce taux est toutefois peut-être entaché d'imprécision car il marquerait une diminution très sensible par rapport à l'étude précédente où il s'élevait à 3,2 %). La population reste très jeune (41 % a moins de 15 ans contre 26 % dans l'ensemble du Monde, Afrique comprise). Il y a donc un très grand nombre de personnes en âge ou s'apprêtant à atteindre l'âge d'avoir des enfants, promesse de nombreuses naissances dans les années futures, même en cas de tassement de la fécondité.

Avec 1,3 milliard d'habitants, le continent (qui en hébergeait à peine plus de 200 millions en 1950 et 800 millions en 2000) devrait frôler les 2,5 milliards  en 2050 (projections en légère baisse, en cohérence avec le tassement de la fécondité). Pour 2100, les projections de l'ONU,  l'Ined ne publiant pas à cette échéance - tablent sur presque 4,3 milliards d'habitants, 

L'Afrique continue de truster les records de fécondité mais marque là aussi un léger recul  (6,8 enfants par femme au Niger contre 7,3 en 2017 et  5,3 au Nigéria contre 5,5 précédemment). Ce pays, le géant démographique du continent, héberge 201 millions d'habitants et devrait doubler sa population d'ici 2050 ! Le Niger, lui, connait un taux d'accroissement record de 3,8 % par an (soit un rythme de doublement de la population en 19 ans et de décuplement en 62 ans !)  Toutefois, on ne compte désormais plus qu'une dizaine pays où l'indice synthétique de fécondité dépasse 5 enfants par femme, tous en Afrique intertropicale (20 étaient au-delà de ce seuil lors de l'étude précédente en 2017).

En Afrique du Nord, l'Egypte passe les 100 millions d'habitants (30 fois plus qu'il y a 200 ans !), elle est le troisième pays le plus peuplé du continent après le Nigéria (201 millions donc et l’Éthiopie 113 millions. Avec 3,3 enfants par femme, l'Afrique septentrionale tarde à s'aligner sur les modèles occidentaux et la relance de la fécondité constatée après les printemps arabes n'est pas encore effacée.

La jeunesse de la population (qui réduit mécaniquement la mortalité), et la forte fécondité sont les  composantes majeures de l'explosion démographique africaine, mais s'y ajoute également la progression  de l'espérance de vie.  Elle était, femmes et hommes confondus, de 53 ans en 2007, elle est passée à 62 ans pour les hommes et 65 ans pour les hommes en 2019 ! , l'espérance de vie mondiale (Afrique comprise)  est respectivement de 71 ans (h) et 75 ans (f). Néanmoins, la mortalité infantile en Afrique (45 pour 100) reste assez forte au regard de celle du reste du monde (28 pour 1000),

 

Asie : L'Asie est le continent le plus peuplé (4,6 milliards). Elle devrait encore gagner 690 millions d’habitants d’ici 2050. Notons que contrairement au reste du monde l'estimation pour 2050 a été revue à la hausse (5,290 milliards contre 5,245 prévus dans l'étude 2017) La fécondité y est toutefois en légère baisse : 2,1 enfants par femme contre 2,2 il  y a deux ans.

L'Inde a maintenant 1,366 milliards d'habitants et la Chine 1,434  (curieusement une révision des estimations a conduit à augmenter l'écart entre les deux pays alors que l'Inde était sur le point de rattraper la Chine). Ce n'est évidemment que partie remise, avec une fécondité de 2,2 (2,3 en 2017) contre 1,7 pour la Chine, l'Inde sera prochainement le pays le plus peuplé du monde

Quoique marginale sur le continent avec 275 millions d'habitants, l'Asie occidentale (essentiellement le Moyen Orient) connait encore une fécondité élevée : 2,6 enfants par femme.  Les pays d'Asie centrale sont également très féconds  (isf à 2,7) mais avec peu d'habitants (73 millions) au regard de l'ensemble du continent.

En Asie du Sud, notons les très fortes fécondités de l'Afghanistan (isf de 4,3 en baisse sensible toutefois, pour 38 millions d'habitants) et du Pakistan (isf de 3,5 pour 217 millions d'habitants). Le Bangladesh, malgré une densité record de 1 132 habitants au kilomètre carré (presque 10 fois la France, qui dans ces conditions hébergerait 630 millions d'habitants ), est maintenant au seuil de renouvellement des générations : 2 enfants par femme.  L'Indonésie dépasse désormais les 270 millions d'habitants et se situe à 2,3 enfants par femme.

Europe : Avec 747 millions d'habitants (+ 2 millions en 2 ans !) dont 513 pour l'Europe des 28, ce continent est le seul  qui  se trouve sur la voie de la stabilisation et même de la décroissance démographique. puisqu'on attend 712 millions d'habitants en 2050 soit une baisse de 35 millions dans les 31 ans à venir. Cette baisse attendue s'est même accentuée puisqu'en 2017 les mêmes  projections s'établissait à 736 millions.  Attention toutefois aux phénomènes migratoires beaucoup plus imprévisibles et  qui y sont importants du fait de la forte attractivité du continent notamment envers l'Afrique. Quelques nations connaissent déjà une évolution  négative du solde naturel (hors migrations donc) ce sont  notamment l'Allemagne et l'Italie,  d'autres même de leur population globale (Portugal, Pologne, Bulgarie Roumanie entre autres).

Globalement l'indice de fécondité s'y établit à 1,6 c'est curieusement le seul continent qui est stable de ce point de vue, mais c'est aussi là qu'il est le plus bas. : Les Europe septentrionale et occidentale restent un peu plus fertiles avec, en Europe septentrionale : 1,8 enfant par femme (1,7 en Europe occidentale) alors qu'en Europe méridionale  l'isf s'établit à 1,3  C'est dans cette région que l'on rencontre les taux les plus bas (Grèce, Espagne et Italie sont à 1,3). La fécondité ne semble pas forcément être preuve de bonne santé puisque, par ailleurs, l'Europe méridionale  (comme le Japon, également peu fécond) sont parmi les pays profitant de la plus longue espérance de vie : environ 85 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes ! 

Pour sa part, la France métropolitaine comptait à mi-juillet  65 millions d'habitants et devrait en héberger 68 en 2050. Cette projection pour notre pays vient donc d'être largement revue à la baisse (trop sans doute, car en 2017 on prévoyait 72 millions d'habitants à périmètre égal en 2050 ! c'est une évolution étonnante).

Amérique : Le continent américain compte désormais 1,015 milliards d'habitants et devrait en avoir un peu moins de 1,2 milliard en 2050 (projections à la baisse par rapport aux précédentes là aussi).

L'indice synthétique de fécondité globale s'y établit à 1,9 enfant par femme, toujours un peu plus faible au nord et un peu plus fort en Amérique Centrale (2,2). Soulignons encore une fois que l' Amérique du Sud a maintenant le même isf que l'Amérique du Nord ce qui constitue une bonne surprise au regard de ce que l'on pouvait imaginer il y a quelques décennies. Un pays comme le Chili a même une fécondité de 1,7 ! En Amérique du Sud la Guyane française reste le contre exemple avec 3,3 enfants par femme ! 

Si les Etats-Unis restent l'un des pays développés qui connaîtra la plus forte hausse de population d'ici la fin du siècle, cette hausse a été revue à la baisse (de + 71 millions en 2017 à  + 50 millions aujourd'hui (il est vrai que 2 ans se sont écoulés durant lesquels le pays a gagné presque 4 millions d'habitants, mais la tendance reste notable). 

Océanie : La faible population océanienne (42 millions d'habitants) impacte évidemment très peu la démographie mondiale. Les pays les plus développés ont une fécondité de type "occidental" 1,8 enfant par femme  en Australie, 1,9 en Nouvelle Zélande tandis que l'ensemble du continent est à 2,3.

_________________________________________________________________________________

(*) Ces estimations de croissance annuelle de + 1,4 % en 2017 et même de 1,3 % en 2015 peuvent paraître élevées. Ailleurs, dans le même document (tableau 13, p.8 de la publication 2017) on parle plutôt de 1,2 %, ce qui est plus conforme à l'estimation généralement retenue d'une augmentation de la population mondiale légèrement supérieure à 80 millions chaque année. Gilles Pison met d'ailleurs en garde contre les incertitudes et les problèmes liés à des révisions de données plutôt qu'à des changements réels.

Liens vers les articles  relatifs aux projections précédentes publiées en 2015 et en 2017 

Notons également que pour l'une des premières fois, un certains nombre d'universitaires de tous pays viennent de publier une tribune à l'ONU incitant à stabiliser la population.

 

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18 juillet 2019 4 18 /07 /juillet /2019 16:58

Un article de Daniel Martin

L'agroécologie est un terme regroupant les pratiques agricoles liées à l'agronomie, elle vise à utiliser au maximum la nature comme facteur de production en maintenant ses capacités de renouvellement. S’inscrire dans une démarche d’agroécologie signifie adopter des comportements et pratiques adaptés à la nature tout en respectant l’équilibre naturel, ce qui permet d’offrir une agriculture moins consommatrice de ressources extérieures, plus diversifiée, mieux adaptée aux territoires locaux, moins polluante et surtout moins destructrice de biodiversité.

Réalité de la situation anthropique et son impact écologique désastreux sur la planète

L'Homme, seul prédateur au sommet de la pyramide des espèces, ne peut survivre qu'en respectant la complexité des interactions entre son milieu et les autres espèces. Mais par son nombre sans cesse croissant et son économie, il est devenu une force géologique destructrice qui nous fait entrer dans une nouvelle ère que les scientifiques dénomment "anthropocène". Contrairement aux cinq précédentes extinctions des espèces, l'homme est le seul responsable de la sixième extinction des espèces qui est en cours et qui va se dérouler sur une période très courte, peut-être moins d'un siècle, contrairement aux précédentes, dont chacune s'est déroulée sur des millénaires (jusqu'à cinq cent mille ans et peut-être plus). Il est évident que si nous poursuivons l'actuelle trajectoire, nous ne pourrons éviter un effondrement tel que l'envisage l'Américain Jared DIAMOND géographe, biologiste évolutionniste et économiste dans son essai : "Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie", paru en 2005. L'ancien Ministre et ex député des Verts, Yves COCHET, rejoignant les collapsologues, prophétise que « l’effondrement » de la « société thermo-industrielle » entraînera inévitablement la disparition de la moitié du genre humain durant les années trente de ce siècle. Si on se réfère à l'écologie science il est évident qu'aucune espèce ne peut se développer indéfiniment au détriment des autres espèces, comme le fait l'Homme, sans se mettre en danger et disparaître à terme...

Dans le même ordre d'idée, alors que depuis quelques années, nous savons que la planète est affectée par de nombreuses crises écologiques mais, pour autant, aucune mesure politique sérieuse n’est prise pour les endiguer et ce n'est surtout pas sur l'américain Donald TRUMP et son alter ego brésilien Jair BOLSONARO qu'il faut compter. Comme le déclare Pablo SERVIGNE, ingénieur agronome français et docteur en sciences de l’ULB : «  nous ne croyons toujours pas ce que nous savons » Pour tenter de résoudre ce problème grave, ce dernier a écrit plusieurs ouvrages avec le chercheur indépendant en prospective Raphaël STEVENS un livre-manifeste, notamment le premier :"Comment tout peut s’effondrer" (Seuil, 2015), dans lequel ils ont introduit le mot « collapsologie ».

Devons-nous nous ranger pour autant derrière les thèses pessimistes des collapsologues ou partager le catastrophisme d'Yves COCHET, justifié par l'écologie science, c'est à dire considérer que « tout est foutu » et qu'il n'y aurait plus rien à faire de toute façon, ni maîtriser de façon équitable la démographie, ni envisager une nouvelle économie Humaine fondé sur la décroissance, ni s'opposer à certaines dérives politiques ou religieuses violentes dévastatrices, ni lutter pour le climat ou contre la perte de biodiversité, les gaz à effet de serre, l’industrie des combustibles fossiles et l’inaction des gouvernements, ni poursuivre les recherches de tous ordres ? Mais alors à quoi bon servirait la démocratie et ses organisations politiques, syndicales et associatives ?

Ne rien faire, car "tout serait foutu", sous réserve des prophéties d'Yves COCHET, c'est 7,7 milliards d'habitants aujourd'hui, 8,7 en 2030, 10,7 en 2050...15,7 milliards en 2100 ?...

La population mondiale est aujourd’hui estimée par l'ONU à 7,7 milliards d’individus (elle atteindra et dépassera probablement les 8 milliards en 2020). En 2009 elle était de 6,7 milliards. Sauf si les prévisions d'Yves COCHET se confirmaient, mais dans le cas contraire, si la croissance démographique se poursuivait au rythme de la dernière décennie, soit un milliard d'habitants en plus par décennie, il y en aurait 8,7 milliards en 2030, 10,7 milliards en 2050 et 15,7 milliards en 2050...

Pendant la même période, à l'échelle du globe, les pertes de surfaces arables sont estimées dans une fourchette comprise entre 70 000 et 150 000 km2 par an, selon différents calculs experts (soit à titre de comparaison entre 12 et 25 % du territoire français). Toutefois, on peut considérer que la perte annuelle moyenne, est d'environ 100 000 km2 par an. En 40 ans, avec une perte de 4 millions de km2, cela correspond presque à la superficie des 28 pays de l'Union Européenne...

Le vieillissement des populations, du aux progrès de la médecine, est un facteur de croissance démographique pour un très grand nombre d'êtres humains, notamment dans les pays riches, car il compense très largement la baisse du taux de fécondité d'un enfant par femme qui est nettement inférieur à ce qu'il pouvait être à certaines périodes du siècle précédent.

Bien que depuis 1900, en France, tout en évoluant en dent de scie avec une très forte hausse après la fin des deux guerres mondiales du 20ème siècle, le taux de fécondité d'un enfant par femme était , par exemple 2,69 en 1920 ou 2,95 en 1950 (un record) et tout en étant constamment excédentaire par rapport au taux de renouvellement de la population le taux de fécondité a baissé, mais est-on pour autant sur la bonne voie ?

Selon les statistiques de l'INSEE  si en Europe en 2017 la moyenne du taux de fécondité d'un enfant par femme était de 1,60, malgré une légère baisse en 2018, la France détient le plus fort taux de fécondité d'un enfant par femme devant la Suède. Les très Chrétiennes Catholiques Pologne 1,39 et Italie 1,34 ferment la marche. Ce qui peut signifier que les populations les plus imprégné de foi Chrétienne ne suivent pas forcément les préceptes religieux "croissez et multipliez"...

Si l'homme, contrairement à l'animal, n'a pas besoin de vitesse il a toutefois besoin d'espace et de terres arables pour survivre.

Dans la nature l'animal a besoin d'espace et de vitesse pour survivre. Le prédateur doit disposer de beaucoup d'espace et de vitesse pour pouvoir attraper sa proie et la proie d'espace encore plus vaste et doit courir encore plus vite pour lui échapper. Si l'homme n'a plus besoin de la vitesse pour pouvoir survivre, il doit toutefois disposer d'espace. Avec une perte de 275 km2 par jour de terres arables sous le béton et l'asphalte, du aux effets de l'urbanisation, des voies de circulation de circulation routières, ferroviaires à grande vitesse, aéroportuaires et une population qui explose, on peut imaginer l'impact écologique ! Chaque jour, on compte 244.000 nouvelles personnes de plus dans le monde (équivalent à la totalité de la population de la ville de Montpellier), soit + 2,7 par seconde (compteur). Autrement dit, la population mondiale s'accroît chaque année de près de 90 millions d'habitants grâce à un nombre de naissances supérieur (environ 150 millions) à celui des décès (60 millions). A lire également via ce lien :

Quelle est la surface habitable estimée par habitant de la planète ?

La surface totale de la Terre est de 510 000 000 km2, forêts, mer, désert compris. La surface des terres immergées est de 360 000 000 km2 (soit 70,7 %). Celle des terres émergées est de 149 000 000 km2 (soit 29,3 %). La surface des terres habitables (?) 134 000 000 km2 (soit 26,3%). La surface des forêts tropicales est de Un milliard 700 millions d’hectares dont 800 millions au Brésil. Celle des autres forêts de Un milliard 800 millions d’hectares. Les surfaces inhabitables sont officiellement de Un milliard 500 millions d’hectares avec 7,7 milliards humains aujourd'hui et demain ?

Sachant que la surface totale de la terre est de 510 millions de km2, soit 51 milliards d'hectares / 7,7 milliards d'habitants cela fait environ 7,4 hectares par humain, de terre, de mer et de désert. 29 % de terre émergée (pour le moment, avant la fonte des glaces !) donc, 149 millions de km carré, désert compris = 14 milliards 900 millions d’hectares / 7,7 milliards humains = 2,2 hectares par humain de terre et de désert.

134 millions de km carrés sont déclarés habitables, ce qui signifie que les forêts semblent être considérées comme des zones fertiles et habitables. (Un milliard 500 millions d'hectares seraient inhabitables et l’on dénombre 2 milliards 730 millions d’hectares de quasi-déserts).

Si l’on ôte les 2 milliards 730 millions d’hectares des quasi-déserts aux surfaces émergées de la planète on obtient : 12 milliards 170 millions d’hectares / 7,7 milliards d’humains = 1.75 hectare par humain de terre plus ou moins fertile, forêts autres et forêts tropicales comprises.

Sachant que l’effet de serre naturel remonte la température moyenne de la Planète, à chaque degré supplémentaire, les calottes glaciaires fondent, le niveau des mers monte et la surface habitable par habitant diminue.

Selon ces données, déjà, aujourd’hui, c’est 1,75 hectare par humain sans rien de prévu pour toutes les autres espèces terrestres : éléphants, rhinocéros, grands félins, chevaux, moutons, petits mammifères divers ... donc, il y a réellement bien moins de 1,75 hectare par humain si l’on réserve de la place aux animaux.

Avec la dilapidation des terres arables, serait-il possible nourrir 10 milliards d'habitants par une agriculture peu énergivore et respectueuse de l'environnement ?

"La planète souffre et sa guérison semble compromise. La pression exercée par l'humanité sur les écosystèmes est telle que nous consommons chaque année moitié plus de ressources que la Terre n'en fournit. A ce rythme, il nous faudra deux planètes pour répondre à nos besoins en 2030", s'alarmait déjà le WWF (Fonds mondial pour la nature) dans son rapport planète vivante 2012.

C'est ainsi que le professeur d’agronomie, ex-titulaire de la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech, Marc DUFUMIER prône un changement de paradigme agricole en refusant le modèle imposé par les industriels et en considérant les milieux naturels cultivés dans leur globalité et leur complexité. "Il n’y a pas de recette unique : chaque écosystème est différent. Mais il existe des points communs, comme faire usage du plus intensif à l’hectare de ce qui est le moins coûteux économiquement : l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote atmosphérique pour que les plantes fabriquent glucides, lipides et protéines. Il faut également limiter au maximum l’emploi d’énergies fossiles et de produits de synthèse". Mais, assez surprenant il rajoute une affirmation "Pas d’inquiétude, on peut largement nourrir 10 milliards de personnes avec une agriculture intelligente et durable". Il évoque même la possibilité de nourrir ainsi 200 millions de Français... Il est vrai que jusqu'à la fin du 19ème siècle l’agriculture traditionnelle, sans pétrole, sans engrais azotés et sans pesticides, est parvenue à nourrir de 1,5 milliard d’humains... Mais en mobilisant 90 % des humains dans cette activité.

Si l’agroécologie est certainement une formule adaptée au changement de paradigme qui s'impose, mais, elle reste toutefois une activité agraire complémentaire à d'autres le Bio, la permaculture et limitée à de petits nombres, car, comment pourrait-on nourrir demain 10 milliards, voire 15 milliards d'individus en mobilisant aujourd'hui 90 % des humains à cette activité, sans avoir recours à un minimum de mécanisation, donc du gaz ou du pétrole et sans réduire les zones d’habitat de la faune ? Avec le niveau de vie occidental, production - consommation - gaspillages... Pour avoir un équilibre naturel avec le nombre d’humains ce serait possible, mais à condition de ne pas dépasser les 300 à 400 millions d'habitants sur la terre. Les pollutions naturelles seraient naturellement absorbées et neutralisées. La diversité des espèces ne serait pas mise en danger. Les productions naturelles mettraient tout le monde à l’abri des famines. Mais voilà c'est mission totalement impossible, car nous avons dépassé de 20 fois ce seuil.

Comme le fait observer Didier BARTHÈS porte-parole de l'association Démographie Responsable: " Nul doute qu'à l'instar de Pierre RABHI, Marc DUFUMIER ne s'occupe que de nourrir et ne pas tenir compte de la nécessité de rendre des espaces au monde sauvage. Par une approche idéologique il refuse de prendre en compte l'immense besoin d'un nombre toujours plus grand d'individus demandant des produits toujours moins chers (on a jamais dépensé si peu pour se nourrir). Il pense que cette agriculture industrielle s'est imposée par les méfaits de quelques-uns et non par la nécessité du nombre. C'est l'approche assez classique dans le monde écolo que l'on peut qualifier d'approche par boucs émissaires. Il ne tient pas compte de l'histoire qui a décrit l'exact contraire de son propos, seule l'agriculture industrielle peut nourrir et a jamais nourri autant de gens. Certes Ce n'est pas durable, ce n'est pas sain, d'accord aussi et il faut changer, mais il faut avoir alors le courage d'évoquer les deux conséquences inévitables : nous nourrirons moins de gens et l'alimentation sera plus chère, c'est incontournable".

Pour conclure

Il ne faudrait pas oublier que l'empreinte écologique mesure la surface de terre et le volume d'eau nécessaire pour produire les ressources consommées par la population humaine chaque année, ainsi que sa capacité à absorber le dioxyde de carbone rejeté. Cette empreinte à l'échelle mondiale a plus que doublé depuis les années 1960 et excède donc plus de 50 % la biocapacité de la planète. S'il est évident que "l'agroécologie", même complétée par d'autres formes d'agriculture soucieuses de la protection des ressources et de la biodiversité ne pourra pas nourrir 10 ou 15 milliards d'humains au niveau de vie Occidental actuel, sans avoir recours à la chimie et au pétrole, dont les réserves s'épuisent, encore faudrait-il éviter les surproductions par l'agriculture intensive, dont la fluctuations des cours boursiers conduit souvent dans les pays riches à les déverser en décharge, ce qui est un comble !

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11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 12:04

Il y a quelque chose de terrible dans les catastrophes, au-delà des dégâts et des morts … c’est qu’on les oublie. Bien qu’on ait inventé l’écriture, ce moyen de stocker la parole et l’expérience, de transmettre les faits marquants de génération en génération, notre culture est ainsi faite que les faits désagréables sont assez vite recouverts par la poussière de l’histoire. Ainsi la catastrophe de Vaison-la-Romaine en septembre 1992 fait écho à une crue similaire datée de 1616 inscrite dans les archives municipales de la ville où se trouve une délibération datée d’août 1616 indiquant que « le conseil de ville devait faire réparer le parapet du pont romain détruit par une inondation qui avait aussi emporté plusieurs maisons ». Or tout cela était bien oublié et les zones à risques avaient été bétonnées et occupées comme si de rien n’était.

De même nous enfouissons dans les plis profonds de notre mémoire commune l’éruption du Tambora qui s'est produite en 1815 sur l'île de Sumbawa, en Indonésie. Si les scientifiques ont commémoré les 200 ans de l’éruption la plus puissante, la plus meurtrière, la plus lourde en conséquences climatiques et économiques du dernier demi-millénaire (1), il faut bien reconnaître que celle-ci est peu prise en compte pour penser le monde d’aujourd’hui et de demain. Au-delà des impacts régionaux impressionnants qu’on peut chiffrer à environ 70 000 morts, l’impact climatique de l’éruption est important : en Europe, la température moyenne chute de 3 degrés et l’année 1816 sera surnommée l’«année sans été» avec de la pluie ou de la neige parfois qui ruinent les cultures. Ses effets ?  «Le prix des céréales a doublé entre 1815 et 1817 des deux côtés de l’Atlantique», souligne Clive Oppenheimer, géographe à l’Université de Cambridge, et concrètement la famine fait 100 000 victimes en Europe : la natalité chute, la mortalité augmente de 4 % en France, de 6 % en Prusse, de 20 % en Suisse et en Toscane. Et un peu partout, des émeutes de la faim éclatent. « On estime (2) que ce dérèglement climatique fut à l'origine d'une famine qui fit plus de 200 000 victimes sur la Terre. »

Et que dire alors de l'éruption du Samalas en 1257 ? Plus forte encore que celle du Tambora, avec un panache volcanique atteignant 43 kilomètres d'altitude, ses conséquences ont été mondiales avec entre autres 20 à 30 % de la population londonienne morte de famine en 1258-1259 (3). Cette éruption, bien qu’enregistrée dans la ‘chronique de Lombok’ (le Babad Lombok) conservée dans un musée à Jakarta, a été perdue de vue et il a fallu une recherche digne d’un roman policier pour que les scientifiques en retrouvent la trace et l’identifie.

Le Tambora, le Samalas, en fait ces deux volcans répondent à la définition du cygne noir selon Nicholas Taleb, à savoir « un certain événement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler (appelé « événement rare » en théorie des probabilités) et qui, s'il se réalise, a des conséquences d'une portée considérable et exceptionnelle ».

Or que fait-on aujourd’hui ? Avec presque 8 milliards d’humains sur Terre, et bientôt dix dans 30 ans, nous calculons nos possibilités alimentaires comme si tout allait continuer sans surprises ni événements imprévisibles. Sans cygnes noirs, alors que l’histoire récente – 2 catastrophes volcaniques mondiales dans le dernier millénaire – nous indique le contraire. Mais si un cygne noir est par nature imprévisible, il n’est pas interdit d’essayer de prévoir et d’anticiper les crises (4), et au moins de ne pas oublier les catastrophes passées dont nos sociétés ont gardé traces et de s’en servir  pour déterminer nos limites. Ne pas tangenter un maxima de besoins et donc de ressources dont l’histoire nous enseigne la précarité, c’est le premier pas vers une société résiliente qui protège les hommes. On aimerait que les démographes qui ont un discours rassurant sur l’évolution de notre nombre et les écologistes qui nous indiquent que l’agroécologie pourrait nourrir jusqu’à 12 milliards d’humains soient un peu plus prudents et n’oublient pas que jamais tout se passe comme prévu.

_________________________________________________________________________________

1 : Voir notamment la revue Nature Géoscience.

2 : Voir ce lien.

3 : Voir « l’éruption du Samalas » (Wikipédia).  

4 : Il y aurait lieu de s’interroger sur notre capacité collective à mettre sous le tapis les informations dérangeantes, cette inquiétante volonté de ne pas voir. Est-ce un optimisme forcené qui irrigue nos choix ? Une paresse qui confine à la bêtise ? La peur de regarder les choses en face ? Ne faudrait-il pas aussi y voir la manifestation de ce sentiment de toute-puissance qui nous laisse croire que nous serons toujours plus forts que l’adversité ?

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1 janvier 2019 2 01 /01 /janvier /2019 07:44

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2019 

selon différents compteurs, données en millions d'habitants et en début d'année

Sources                                          2018              2019               Progression

                                                                                                                    en nombre          en %

Compteur.net                                       -                7 637          

Countrymeters                                7 577             7 669          +   92   soit  + 1,2 %

INED                                               7 558             7 674          +  116   soit  + 1,5 %

Poodwaddle                                    7 558             7 641          +   83   soit  + 1,1 %

PopulationCity.world                              -                7 640         

Population mondiale.com               7 524             7 608          +   84   soit  + 1,1 %

Ria Novosti - Sputnik                      7 656             7 762          + 106   soit  + 1,4 %

Terriens.com                                   7 437             7 620          + 183  soit   + 2,5 %

US Census Bureau                         7 444             7 543          +   99   soit  + 1,3 %

Worldometers                                  7 592             7 674          +  82   soit  + 1,1 %

World Population Balance               7 460             7 534          +  74   soit  + 1,0 %

 

________________________________________________________________________________

Total :                                             7 534             7 637        +  103 (a) soit  + 1,4 % 

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La Terre héberge en ce 1er janvier 2019 entre 7,6 et 7,7 milliards de personnes : 7,637 milliards précisément si l'on établit une moyenne des 11 compteurs de population répertoriés ci-dessus.

La croissance de nos effectifs a été d'environ 92 millions en 2018, soit une augmentation annuelle de  1,2 %, sensiblement la même que l’an dernier. Cela correspond à l'arrivée de 250 000 personnes supplémentaires chaque jour sur la Terre en données nettes, c'est à dire naissances moins décès (le tableau indique ici une augmentation de 103 millions et de + 1,4%  voir note a pour l’explication).

Si cette année l’ONU et l’INED n’ont pas publié de nouvelles projections pour la moitié et la fin de notre siècle (b), la question démographique semble cependant avoir été plus souvent présente dans les esprits. Certes, la récente  COP 24 (Conférence des Parties sur le climat) qui s’est tenue à Katowice a, comme toutes les précédentes, superbement ignoré le sujet, mais en France au moins, plusieurs voix se sont élevées pour mettre en cause le facteur démographique dans la dégradation des écosystèmes.

Témoin cet article du Figaro (le 9 octobre sous le titre : Faire moins d’enfants, itinéraire d’une thèse vivace) reprenant les conclusions d’une étude publiée en 2017 par l’Environmental Research Letters mettant en évidence le fait qu’avoir un enfant en moins a un impact sans commune mesure avec toutes les autres actions habituellement suggérées pour réduire son empreinte carbone. La reprise de cette infographie cet automne par l’AFP a toutefois fait polémique, ce qui souligne encore une fois le caractère toujours délicat de ces questions.

Ci-dessous graphique comparatif de l’efficacité des différentes actions individuelles possibles pour réduire l’empreinte carbone.

Témoin également cet appel publié par le journal le Monde (le 9 octobre) et signé par une vingtaine de scientifiques affirmant que freiner la croissance de la population est une nécessité absolue. Plusieurs autres médias ont également réalisé des dossiers sur la question comme Libération (le 29 novembre sous les titres : Moins d’enfants pour sauver la planète - Couche culotte ou couche d’ozone faut-il choisir ?), ou Le Drenche (le 23 octobre, article intitulé : Doit-on limiter les naissances pour lutter contre le réchauffement climatique ?) Si les avis sont loin d’être unanimes, le tabou au moins se fissure.

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(a) Comme tous les ans, l’échantillon de compteurs ainsi que les bases de calcul retenus par chacun d’entre eux diffèrent de l’année précédente. Au 1er janvier 2019 nous enregistrons deux compteurs supplémentaires (Compteur.net et PopulationCity.World). Ces deux nouveaux compteurs ne modifient ni l’évaluation du niveau de la population ni celle de sa croissance car l’un et l’autre se situent dans la moyenne.

Par contre, le compteur Terriens.com, s'il était bien présent dans nos estimations précédentes a très sensiblement rehaussé sa base de calcul (passant de 7,437 milliards en 2018 à 7,620 milliards en 2019) conduisant à une croissance de 183 millions (+ 2,5 %) ce qui évidemment n'est pas réaliste et influe quelque peu sur le résultat global de croissance. C’est ce qui explique principalement le niveau de l’évaluation globale (+ 103 millions et + 1,4 %)  proposée dans le tableau. En soustrayant ce compteur du calcul, ce qui semble plus raisonnable, la croissance peut être estimée comme indiqué dans le commentaire à 92 millions d'habitants, soit + 1,2 %. Notons que malgré cette réévaluation l'estimation de Terriens.com reste inférieure à la moyenne des autres compteurs. Le compteur de l'INSEE a vu aussi sa base modifiée courant 2018 ce qui explique qu'il propose également,  mais dans une moindre mesure, une croissance plus forte que la moyenne. Cette réévaluation était sans doute nécessaire pour être plus conforme à la réalité et d'une certaine façon, ce rehaussement des bases de calcul vient valider le fait que le ralentissement de la croissance démographique, si souvent évoqué, est désormais largement amoindri comme en atteste d'ailleurs la réévaluation régulière des projections de l'ONU et de l'INED  constatées ces dernières années.

(b) Les dernières projections globales de l'ONU et de l'INED datent de l'an dernier (2017) vous pouvez y accéder via les liens suivants : Projections 2017 de l'ONU et  Statistiques  mondiales et projections pour 2050 de  l'INED (extraits de la revue Population & Sociétés sous la direction de Gilles Pison ).

Vous pouvez également retrouver la série d'articles de ce site consacrés à nos effectifs en début d'année :  La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards),

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

 

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19 octobre 2018 5 19 /10 /octobre /2018 16:04

Un entretien avec Fabien Niezgoda, préalablement publié sur le blog Eléments

Régulièrement, l’évocation dans la presse d’un lien entre démographie et environnement suscite polémiques et controverses. Retour sur la question avec notre collaborateur Fabien Niezgoda, qui a publié avec Antoine Waechter Le sens de l’écologie politique (Sang de la Terre, 2017). Nos lecteurs pourront se reporter également à l’article « Démographie : la bombe P n’est toujours pas désamorcée », paru dans le n°158 d’Éléments (janvier-février 2016).

Une infographie publiée par l’AFP lundi 8 octobre a fait parler d’elle, en plaçant parmi les gestes permettant de réduire son empreinte carbone le fait d’« avoir un enfant de moins », loin devant le renoncement à la voiture ou le changement des ampoules.

L’AFP n’a fait que reprendre l’évaluation effectuée l’an dernier par la revue scientifique Environmental Research Letters. Du reste, les calculs associant l’impact environnemental d’une société à la consommation individuelle multipliée par l’effectif des consommateurs (en tenant compte du type de technologie utilisée) sont présents de longue date dans la réflexion écologiste la plus sérieuse. Citons l’équation de Ehrlich-Holdren (« I = PAT »), au début des années 1970, ou encore l’équation de Kaya , utilisée par le GIEC. L’évidence mathématique provoque pourtant des cris d’orfraie, car la question démographique a cette particularité d’associer deux dimensions que l’on préférerait sans doute dissocier : d’une part la vaste échelle géographique où se mesure l’impact du nombre, et d’autre part l’échelle familiale et individuelle où toute perspective d’ingérence suscite méfiance ou scandale, comme une atteinte aux droits fondamentaux. Pourtant, ainsi que le souligne Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie Responsable, « il n’y a nulle raison d’opposer une action sur les modes de consommation et la lutte contre la surpopulation, les deux se conjuguent »[1].

Yannick Jadot, cité par le Figaro [2], affirme pourtant que « ces thèses ne pèsent plus rien dans l'écologie politique »…

On pourrait répliquer en demandant ce que pèse Jadot – quoiqu’il ne faille jamais sous-estimer le poids des boulets. Plus tristement, on pourrait s’interroger sur le poids de l’écologie politique elle-même. En réalité, ce qui nous ramène au sujet, les représentants les plus visibles de celle-ci se sont pour la plupart discrédités en évacuant progressivement de leur discours et de leur réflexion les données scientifiques les moins compatibles avec un programme politique qui se veut consensuel et progressiste. Jadot rejette ainsi « les grandes théories de l'effondrement global qui ne tiennent pas la route », alors que, ne lui en déplaise, de plus en plus d’écologistes convaincus, conjuguant expertise scientifique et engagement militant, se tournent vers ce que Pablo Servigne et Raphaël Stevens (Comment tout peut s’effondrer, Le Seuil, 2015) ont nommé la « collapsologie », cette démarche d’anticipation des crises à venir, présente en particulier au sein de l’Institut Momentum que préside Yves Cochet. Il en résulte certes des conclusions rarement optimistes, qui ne permettent guère de vendre du rêve – ce qui ne veut pas dire que les collapsologues négligeraient de dessiner des pistes d’action, bien au contraire. Mais le fait de ne pas chercher à séduire les foules ni à les caresser dans le sens du poil a un avantage : on peut dès lors ne pas tenir compte des tabous, en l’occurrence sur la question démographique, et donner à ce paramètre toute sa place dans la prospective, comme l’ont toujours fait les modélisateurs, à commencer par l’équipe réunie autour de Dennis Meadows, à l’origine du fameux rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance. Tout récemment, les scientifiques signataires d’une tribune dans Le Monde[3] l’ont répété eux-mêmes clairement : « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue pour sauver l’habitabilité de notre planète d’un désastre annoncé. »

Interrogé par L’Express [4], Yves Cochet enfonce le clou du néo-malthusianisme, prônant par exemple une refonte radicale du système d’allocations familiales.

Il a raison ; ce système n’est rien d’autre qu’un outil politique, qu’il est donc légitime d’utiliser en fonction des objectifs que l’on se fixe. Yves Cochet avait d’ailleurs déjà évoqué une « grève du troisième ventre » en 2009, suscitant la gêne de ses collègues Verts. Notons qu’en tant que mathématicien, il n’est pas de ceux qui ignorent les équations citées plus haut, ou qui en négligent la portée ; il n’est pas pour rien devenu une figure de proue de la collapsologie. Cochet a raison également quand il souligne qu’agir sur ce paramètre n’est pas plus illusoire que prôner le sacrifice du confort matériel : renoncer à la voiture, au smartphone, à l’entrecôte… Toutefois, il me semble faire fausse route, ou du moins garder un angle mort dans son raisonnement, quand il dit que cette « limitation des naissances » devrait être menée « encore plus en Europe et aux États-Unis qu'ailleurs », du fait de l’empreinte écologique individuelle plus forte des habitants des pays les plus développés. « Contrairement à l'idée répandue que c'est en Afrique qu'ils font beaucoup d'enfants et que cela est un problème », affirme-t-il, « c'est évidemment chez nous qu'il faut avoir une politique de planification familiale anti-nataliste. »

Le problème, c’est que le « malthusianisme dans un seul pays », dans le cadre d’une « planète migratoire » (pour reprendre l’expression du géographe Gildas Simon), c’est un peu l’équivalent d’un désarmement unilatéral dans un contexte belliqueux : une capitulation, déguisée en démarche pacifiste. Se contenter d’inciter les Européens à réduire leur fécondité sans remettre en cause les flux migratoires en provenance des zones à forte pression démographique ne contribue guère à résoudre le problème global, bien au contraire. Au niveau individuel, et en laissant de côté les enjeux socio-culturels évidemment liés à la question, un Malien qui s’installe en France multiplie en quelques années son empreinte carbone par cent : ce déracinement n’est-il pas une aberration écologique ?

D’autre part, ce jeu de vases communicants a un double effet néfaste sur les pays ainsi connectés. Pour les pays récepteurs, l’apport migratoire réduit à néant les amorces de stabilisation voire de décrue démographique – et si l’on n’est pas convaincu de la surpopulation d’un pays comme la France, que l’on compare des cartes IGN récentes à celles antérieures aux « Trente Glorieuses » et à l’« aménagement du territoire », pour y constater d’un coup d’œil l’explosion de l’emprise foncière des zones urbaines au détriment des zones agricoles et naturelles. Quant aux pays émetteurs, la perspective migratoire leur offre comme un bassin déversoir qui a pour effet de retarder les mesures de régulation interne, alors même que des prises de conscience existent, comme le montre le Partenariat de Ouagadougou sur la planification familiale. Le bilan global en terme de pression démographique et écologique n’est donc en rien amélioré par l’ouverture migratoire. Pourtant celle-ci reste prônée contre vents et marées par ceux qui se veulent porteurs de solutions écologistes. Ainsi, selon le secrétaire national d’EELV David Cormand, l’annonce récente de la candidature européenne du maire de Grande-Synthe Damien Carême, actif dans l’accueil des migrants, « illustre en quoi la question écologique est intrinsèquement liée à la question migratoire et européenne ». Diagnostic exact, du moins pour ce qui concerne les réfugiés climatiques, mais prescription charlatanesque.


Un écologiste immigrationniste ne serait donc pas seulement coupable de « hors-sujet », comme on en accuse parfois les écologistes délaissant leur domaine pour des préoccupations sociétales, mais il commettrait même un contresens ?

Il en va ainsi sur d’autres sujets dits « sociétaux » : souvenons-nous de José Bové rappelant à ses collègues favorables à la généralisation de la PMA les critiques fondamentales de son maître Jacques Ellul sur la question de la technique… Mais en effet, sur le sujet démographique et migratoire qui nous intéresse ici, on peut également constater un contresens, qui a d’ailleurs déjà été relevé par d’autres : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. »[5]

Réaffirmons-le : la prise en compte de la démographie est une absolue nécessité écologique. S’aveugler à ce sujet revient à nier que deux fois trois fassent six. Mais les paramètres de la population et des ressources n’ont guère de sens si on les examine « hors-sol », en dehors des milieux (n’oublions pas le sens étymologique du mot « écologie », la science de l’habitat). La dimension géographique, territoriale, géopolitique ne doit pas être évacuée de l’analyse. « Alors que les humains ont atteint les limites de toutes les frontières, y compris celles de la planète, ils devraient dorénavant se contenter du territoire où peuvent s’exprimer leurs solidarités de proximité. Les problèmes économiques, sociaux et éthiques qu’entraînent les migrations devraient être une motivation supplémentaire pour agir au niveau de la maîtrise de la fécondité, pour élaborer collectivement une démographie responsable. »[6]

L’humanité prise dans sa globalité a déjà dépassé la capacité de charge de la planète, entraînant un déséquilibre accru de la biosphère (le climat et la biodiversité en étant les aspects les plus préoccupants, mais il y en a d’autres : changement d’affectation des sols, acidification des océans, cycles du phosphore et de l’azote, pollution chimique...). Mais si le système thermo-industriel peut et doit être observé et compris dans sa dimension mondiale, force est de constater que « l’humanité » en elle-même n’est pas un acteur politique, contrairement aux sociétés territorialisées ; elles seules peuvent être ces acteurs, à condition précisément de rester des communautés politiques ayant par définition la maîtrise de leur territoire, et donc de leurs frontières. Dans une planète saturée, il est indispensable d’envisager le compartimentage de l’écoumène.

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[1] « Pour une démographie responsable », entretien paru dans Éléments n°158.

[2] Le Figaro, "Faire moins d'enfants pour sauver la planète : itinéraire d'une thèse vivace" par Edouard de Mareschal

[3] Le Monde, "Climat : « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue »" Collectif

[4] L'Express, "Pour le climat, on n'est pas prêts à faire moins d'enfants" par Anna Benjamin

[5] René Monet, Environnement, l’hypothèque démographique, cité par Michel Sourrouille, « La problématique des migrations dans une planète close et saturée », in Moins nombreux, plus heureux. L’urgence écologique de repenser la démographie, Sang de la Terre, 2014.

[6] Michel Sourrouille, « La problématique des migrations dans une planète close et saturée », in Moins nombreux, plus heureux, op. cit.

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Fabien Niezgoda animera un dîner-débat sur le thème « Écologie et démographie : le défi de la décroissance » le jeudi 8 novembre au Port-Marly (Yvelines). Renseignements et réservations : cf. le n°174 d’Éléments (p. 4), actuellement disponible en kiosque.

 

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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 12:16

Second volet de l'article de Denis Garnier, président de Démographie Responsable

 

SITUATIONS D’ÉQUILIBRE & DIFFÉRENTS TYPES D’ÉVOLUTION DE POPULATION

 

A l’occasion de la dernière Conférence climat (COP23), 15.000 scientifiques originaires de plus de 180 pays ont lancé un cri d’alarme sur l’état de la planète. Dans leur appel figuraient treize mesures dont la suivante : « déterminer sur le long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable ». Ce qui suit se veut un début de réponse.

1) On pourrait tout d’abord parvenir à une situation d’équilibre global si chaque pays, quelle que soit sa biocapacité, amenait son empreinte au niveau de la biocapacité moyenne de la planète (1,7 ha). Graphiquement, il s’agit d’un déplacement vertical de tous les pays, non pas vers la courbe verte d’autosuffisance comme on l’a vu pour la France, l’Italie et le Bangladesh, mais vers la ligne horizontale en pointillés représentant l’empreinte de 1,7 hectare. Cela permettrait de répartir de façon totalement égalitaire les ressources de la planète.

Le problème est que, comme on le sait, ces ressources sont très inégalement réparties et cela obligerait donc, entre autres, à des transferts continus de ressources agricoles sur des distances plus ou moins longues, ce qui est énergivore et donc anti-écologique. Ces déplacements auraient même probablement pour conséquence de fausser les calculs en créant de nouvelles sources d’émissions de CO2

 

Visuellement, cela conduirait à laisser déficitaires tous les pays « à droite » de la Terre, soit en ne les faisant pas assez descendre, soit carrément en les « remontant », ce déficit écologique cumulé étant comblé par les pays situés « à gauche » de la Terre. Finalement, la planète serait effectivement en équilibre, mais aucun des pays ne le serait avec lui-même.

Évidemment, cette option n’aurait pas d’impact direct sur l’effectif de population. Cependant, avec la croissance démographique prévue par l’ONU, le seuil de 1,7 hectare diminuerait inexorablement et il faudrait à terme se contenter d’une biocapacité de 1,1 hectare par personne comme on l’a vu. Bien que cette solution soit celle privilégiée par un certain nombre d’organisations écologistes pour lesquelles la « répartition stricte » est un credo, et qui ne veulent surtout pas entendre parler de démographie, il est clair qu’elle est excessive et non écologique.

 

2) a) Le cas suivant étudié considère que les pays débiteurs peuvent conserver leur empreinte individuelle, mais doivent (à terme) avoir moins d’habitants jusqu’à revenir à l’équilibre, et ce alors que les pays créditeurs peuvent avoir plus d’habitants jusqu’à utiliser toute leur biocapacité.

 

Graphiquement, il s’agit d’une simple translation horizontale vers la gauche pour les premiers et vers la droite pour les seconds. L’évaluation de la population soutenable de chaque pays se fait alors en divisant sa biocapacité globale par son empreinte individuelle. La population soutenable de la planète étant alors la somme des populations de chaque pays.

Le calcul donne une « Population SOUTENABLE 2a » de 4,8 milliards d’habitants au lieu des 7,2 de 2013, date des dernières statistiques du Global Footprint Network (il faut plusieurs années pour collecter les données, les analyser et les rendre publiques).

 

b) On peut évidemment objecter que puisque la majorité des pays doit baisser sa population, il n’est peut-être pas judicieux d’en laisser d’autres croître sous prétexte qu’ils ont de fortes ressources renouvelables.

Cela nous amène à un deuxième calcul où les pays débiteurs décroissent démographiquement mais où les pays créditeurs restent au même niveau de population (et donc à la même place sur le graphique). Cette option permet de n’utiliser que 76% de la biocapacité de la planète et donc de constituer une sorte de réserve. Elle pourrait donc être nommée « Population OPTIMALE 2b » (8) et s’élèverait à 3,6 milliards d’habitants.

 

 

3) a) L’inconvénient du calcul précédent est qu’on aboutit à des possibilités de modes de vie très différentes, très inégalitaires. Par exemple, la France se retrouverait avec une biocapacité individuelle potentielle de 2,9 ha et le Bangladesh de 0,4 ha comme vu plus haut. L’idée serait alors la suivante : permettre à tous les pays d’avoir la même empreinte et biocapacité individuelle. Il y a évidemment énormément de possibilités. On a choisi ici de « se caler » sur l’empreinte de 2,9 hectares, c’est-à-dire celle qui correspond au niveau de vie moyen actuel d’un terrien (et par ailleurs à la biocapacité individuelle de notre pays).

 

 

 

Graphiquement, il s’agit d’un regroupement de tous les pays (et donc aussi de la Terre) en un même point. En agissant donc à la fois sur l’empreinte individuelle et la démographie, la population soutenable de chaque pays serait alors égale au rapport entre sa biocapacité globale et ce nombre de 2,9. Notons au passage que cette option induit une baisse de la consommation (ou du niveau de vie) assez drastique de la part des pays occidentaux qui pour beaucoup ont une empreinte nettement supérieure à 2,9. Finalement, la population soutenable de la planète serait encore égale à la somme des populations de tous les pays. Le calcul donne ainsi une « Population SOUTENABLE 3a » de 4,4 milliards d’habitants.

 

b) Cependant, comme précédemment, il peut sembler préférable que les pays ayant une biocapacité supérieure à 2,9 restent au même niveau de population. Graphiquement, pour ce qui les concerne, cela conduirait à un déplacement strictement vertical. Dans ce dernier cas, la « Population OPTIMALE 3b », avec une utilisation de seulement 79% de la biocapacité de la planète, se monterait à 3 milliards d’habitants. Cette évaluation qui est la plus basse des quatre s’explique par le fait que l’on a choisi un niveau de vie « assez élevé ». Notons comme précédemment que le gain annuel de biocapacité permettrait, à terme, de récupérer les déficits accumulés lors des décennies précédentes. Signalons aussi que c’est cette dernière option qui aurait la préférence de l’association Démographie Responsable.

 

 

A partir des données du Global Footprint Network, l’écologie-statistique peut permettre de modéliser de multiples autres solutions. L’idée est simplement ici de montrer des exemples de calcul basés essentiellement sur le fait que chaque pays doit se mettre en adéquation avec sa biocapacité, c’est-à-dire avec ses ressources renouvelables propres par l’intermédiaire de la baisse de son empreinte et de la baisse éventuelle de sa population.

 

Pour résumer les résultats obtenus : si l’on veut être en équilibre, et en partant d’une population de 7,2 milliards d’habitants, il faudrait se retrouver (à un horizon plus ou moins lointain) entre 3 et 4,8 milliards d’humains, c’est-à-dire (en arrondissant) entre 40% et 70% de la population de 2013.

 

On remarquera aussi que les efforts demandés le seraient pour tous les pays, qu’ils soient situés au nord comme au sud. Dans les scénarios 2, les efforts ne porteraient que sur les effectifs de population alors que dans les scénarios 3, ils demanderaient une baisse importante du niveau de vie des pays du nord et une baisse significative des effectifs de certains pays du sud déjà surpeuplés, comme on le voit sur les exemples choisis du tableau ci-dessous.

 

c) Le choix de ces 2,9 ha permet de travailler sur un cas concret, mais il est évidemment arbitraire. Plus généralement l'évolution conjointe des populations soutenables et optimales du scénario 3 (c'est-à-dire avec une empreinte choisie/imposée et commune à tous les pays) peut être représentée sur un même graphique comme ci-dessous, ou sous forme de tableau (9). Il est alors intéressant de regarder cette évolution dans un intervalle compris entre la biocapacité individuelle moyenne de la planète (1,7 hectare) et l'empreinte individuelle moyenne de la planète (2,9 hectares). En effet, comme on l'a vu, sous la barre des 1,7 ha le niveau de vie est trop bas et au-dessus de 2,9 ha l'effort demandé devient très important.

 

Pour une empreinte de 1,7 hectares, on retombe sur les 7,4 milliards de la population soutenable 1, par contre le cas associé d'une population optimale de 4,1 milliards n'a pas été étudié, car clairement disproportionné pour les pays fortement créditeurs. Pour une empreinte de 2,9 hectares, on retrouve bien les 4,4 milliards de la population soutenable 3a et les 3,0 milliards de la population optimale 3b.

 

On remarquera que la différence entre l'effectif de population soutenable et optimale a tendance à se réduire quand l'empreinte choisie augmente. Cela provient du fait que lorsqu'on augmente l'empreinte disponible, les pays qui sont au-dessus de celle-ci peuvent avoir de moins en moins de population et l'optimisation est donc moins marquée. D'ailleurs au-delà d'une certaine valeur, les deux courbes finiraient par se superposer.

Enfin, pour être en équilibre écologique avec la planète, il faudrait être situé à l'intérieur de la zone hachurée.

 

 

CONCLUSION

 

A partir des données du Global Footprint Network, l’écologie-statistique peut donc permettre de modéliser un très grand nombre de scénarios. L'idée a été simplement ici de montrer des exemples de calcul basés essentiellement sur le fait que chaque pays doit se mettre en adéquation avec sa biocapacité, c’est-à-dire avec ses ressources renouvelables propres par l'intermédiaire de la baisse de son empreinte et/ou de la baisse de sa population.

Il est évident que si le choix de la stabilisation, puis ensuite de la réduction, de la population mondiale était décidé par la communauté internationale et les pays respectifs, et ce dans le cadre de COP dédiées à ce sujet, sa mise en œuvre mettrait un certain temps à se concrétiser.

Et ce à la fois parce que les effets des mesures démographiques courent sur plusieurs générations, mais aussi parce qu'il ne faudrait pas brûler les étapes et commettre l’erreur inverse de celle qui a été faite dans le passé : à une explosion démographique catastrophique, il ne faudrait pas substituer une baisse démographique trop brutale, aux conséquences économiques et sociales difficilement gérables.

Les couples doivent absolument pouvoir continuer à avoir un ou deux enfants mais il serait bon qu'ils n’aillent pas au-delà, car l’aventure humaine, malgré toutes ses erreurs accumulées, doit pouvoir se poursuivre le plus longtemps possible.

Denis Garnier 

Président de l’association Démographie Responsable

denis.garnier@neuf.fr

_________________________________________________________

 (1) Précisons que l’empreinte écologique et la biocapacité sont des indicateurs partiels de notre influence sur la planète. Ils laissent en effet de côté non seulement les ressources fossiles disponibles (puisque non-renouvelables à notre échelle de temps), de nombreux éléments du domaine du renouvelable (solaire, éolien,…) mais aussi la richesse de la faune et de la flore (biodiversité). Pour évaluer l’état de cette dernière, il existe d’ailleurs un autre indicateur : l’Indice Planète Vivante.

 (2) En fait on utilise l’hectare global (hag). En effet, la productivité des surfaces peut être fort différente (par exemple celle de la forêt amazonienne est bien supérieure à celle d’un désert). Les productivités de ces surfaces sont donc comparées à une productivité moyenne mondiale. Un système de pondération permet alors d’évaluer chaque surface en hectare global.

 (3) Le GFN et le WWF ont décidé de considérer que « Le Jour du dépassement de la France pour 2018 » tombait le 5 mai dernier. Il s’agit, de notre point de vue, d’une erreur d’interprétation. Lire à ce sujet l’article intitulé Retour sur le « Jour du dépassement » de la France.  

 (4) Les statistiques du GFN sont disponibles ici  et sur demande.

 (5) Où l’on voit d’ailleurs que c’est notre empreinte carbone qui nous « plombe ».

 (6) Habituellement, la densité de population d’un pays est calculée en nombres d’habitants par km² (hab/km²). Dans la présentation choisie ici, le calcul se fait en nombre d’habitants par hectares de surface bioproductive (hab/ha). En fait, ce sont « les inverses » des biocapacités (qui s’expriment en ha/hab) qui apparaissent sur l’axe des abscisses. Il revient à Cyril Meynierr  d’avoir eu l’idée de cette présentation.

 (7) On peut d’ailleurs considérer qu’avec une biocapacité individuelle inférieure à 1 hectare, il est fort difficile de vivre correctement. Or un tiers des pays du monde est dans ce cas. C’est la raison pour laquelle la généralisation de la solution de l’équilibre des pays à partir de leur seule biocapacité et sans réduction de la population ne sera pas valorisée.

(8) Ce qualificatif d’optimal peut évidemment interroger, puisqu'il ne s’agit évidemment pas de « la meilleure solution possible ». Disons que l’idée est ici de trouver une dénomination qui sous-entend qu’il s’agit d’une solution meilleure que la solution soutenable. Cela étant, le niveau de population que notre planète pourrait durablement supporter en laissant de la place aux autres espèces se situe probablement encore en-deçà des évaluations ici proposées.

(9) En effet, il peut être utile de disposer des valeurs exactes suivant l'empreinte choisie :

 

Liens vers le téléchargement des fichiers Excel où figurent les calculs

Population Soutenable & Optimale 2

Population Soutenable & Optimale 3

 

Lien vers la première partie de cet article

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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 12:04

Un article de Denis Garnier, président de Démographie Responsable

(premier volet de l'article)

A l’occasion du Jour du dépassement qui intervient tous les ans un peu plus tôt et qui est prévu en cette année 2018 pour le 1er août, il peut paraître intéressant d’en rappeler l’origine, mais surtout d’étudier différentes manières d’en stopper l’inexorable avancée.

 

L’EMPREINTE ECOLOGIQUE

Il existe aujourd'hui un indicateur qui a l'avantage de faire une sorte de synthèse d’un grand nombre des impacts écologiques dus aux activités humaines : il s’agit de l’empreinte écologique, initiée par le Global Footprint Network (GFN) et popularisé en France par le WWF (1).

L’empreinte écologique individuelle est la surface nécessaire pour produire les ressources qu'un individu consomme et pour absorber les déchets qu'il génère.

Actuellement, au niveau mondial, nous utilisons en moyenne 2,9 hectares par personne (2). Le problème est que nous ne disposons que de 1,7 hectare, qui correspond à ce que la planète produit de façon renouvelable chaque année, ce qu'on appelle la biocapacité moyenne individuelle.

La question qui vient immédiatement à l'esprit est évidemment la suivante : comment est-il possible de consommer plus que ce qui est produit ?

Eh bien nous puisons tout simplement dans le capital de la Terre : par exemple nous émettons plus de CO2 que les océans et les forêts ne peuvent en absorber (l’empreinte carbone compte d’ailleurs pour plus de la moitié de l’empreinte globale) et sa concentration dans l’atmosphère participe au réchauffement, ou encore nous vidons les océans de leurs poissons, où même nous stérilisons des terres arables en les bétonnant...

Précisons une chose importante : l'empreinte globale d'un pays correspond à tout ce qui est consommé à l’intérieur du pays. On tient donc aussi compte de l’empreinte des produits importés et on enlève celle de ceux qui sont exportés.

Notons aussi que la biocapacité d’un pays peut évoluer à la hausse via des mises en culture voire l’utilisation de fertilisants, mais aussi à la baisse via l’épuisement ou l’artificialisation des sols. Au final, il faut savoir que la biocapacité des pays (et donc de la planète) n’augmente que fort peu avec le temps. 

On peut tout d’abord comparer l’empreinte moyenne individuelle (et son alter ego la biocapacité) de notre pays et celle de la planète, ou plus précisément celle d’un français et celle d’un terrien.

 

On remarque tout de suite que la France est « au-dessus » pour les deux indicateurs : par tête, nous consommons plus que la moyenne, mais notre pays produit plus de ressources renouvelables par individu que la moyenne de la planète, et ce en partie grâce à notre situation géographique privilégiée. Notons aussi que le fait que la biocapacité de la France et l’empreinte de la planète soient toutes deux égales à 2,9 est un pur hasard.

 

LES RATIOS

Il se trouve que l’on peut tirer un grand parti de ces quatre nombres en les comparant entre eux de différentes manières et comprendre ainsi l’origine de toute une série d’informations qui sont souvent relayées par les médias.

Pour la France :

- La France a besoin de 1,8 fois sa superficie pour faire vivre ses habitants en effet  : E(F) / E(B)  = 1,8

- Si tout le monde vivait comme les français, il faudrait 3 planètes En effet : E(F) / B(P) = 3

- Le 27 juillet (208ème jour de l’année) sera le « Jour du dépassement » de la France (3) en 2018 en effet : ( B(F) / E(F) ) x 365 = 208

Pour la planète :

- L’humanité « utilise » 1,7 planète : en effet B(P) / E(P) = 1,7 

- Le 1er août (213ème jour de l’année) sera le Jour du dépassement de la planète en 2018 :

  ( B(P) / E(P) ) x 365 = 213

Plus généralement, grâce au Global Footprint Network, nous disposons (4) dans le détail des statistiques d’empreinte et de biocapacité pour tous les pays du monde et en particulier pour la France (5). Comme on va le voir, toutes ces données permettent de produire des analyses assez poussées.

 

QUELS SONT LES PAYS « LES PLUS POLLUEURS » ?

Il y a deux principales façons de s’intéresser à cette question, soit au niveau global, soit au niveau individuel.

Au niveau global, on peut regarder ce que chaque pays prélève dans le capital de la planète au-delà de ce qu’il génère lui-même de façon renouvelable.

Il se trouve que la différence entre les 4 pays les plus déficitaires et les autres est telle que, pour des raisons d’échelle, on est obligé de recourir à deux diagrammes.

 

Même si c’est pour des raisons différentes, on notera néanmoins que les trois pays les plus peuplés de la planète, Chine (1,4 milliard d’habitants), Inde (1,35 milliard) et USA (325 millions) sont en tête. Précisons que pour la Chine, il s’agit bien de son empreinte propre, déduction faite de l’impact écologique dû à la fabrication des nombreux produits qu’elle exporte.

 

Ensuite, on voit qu’avec sa douzième place, la France est assez mal placée, mais on remarquera que plusieurs pays européens la précèdent (Allemagne, Royaume-Uni et Italie) et on notera aussi que nous sommes encadrés d’assez près, en amont par 3 pays (Iran, Mexique et Arabie Saoudite) et en aval par deux autres (Turquie et Egypte) dont la responsabilité écologique est rarement évoquée...

Au niveau individuel, en divisant donc l’empreinte résiduelle globale des pays par le nombre de leurs habitants, on trouve en tête quelques micro-états économiquement très florissants (Luxembourg, Qatar, Koweït, Singapour et Bahreïn), suivis par notre voisine la Belgique avec sa forte densité de population (365 hab/km²). La France, quant à elle, se retrouve en 33ème position du fait de sa densité de population modérée (118 hab/km²) et donc de sa biocapacité par tête élevée, comme indiqué plus haut. En effet, comme nous le verrons plus loin, biocapacité individuelle et densité de population fonctionnement « en sens inverse ».

La différence entre cette 33ème place au niveau individuel et la 12ème place au niveau global provient du fait que la France est le vingtième pays le plus peuplé du monde : un déficit individuel « moyen » de 2,2 hectares finit par compter lorsqu’il est multiplié par un grand nombre d’individus (64 millions en 2013).

 

COMPARAISON ENTRE PAYS

Il est évidemment possible de comparer séparément chacun des pays avec la planète, mais il est encore plus intéressant de les comparer tous entre eux en les faisant apparaitre sur un même graphique. Sur celui qui suit, on a choisi de représenter sur l’axe vertical les empreintes individuelles et, sur l’axe horizontal, les densités de population par surface bioproductives (6). Sont tracées aussi la courbe correspondant à l’autosuffisance (ou équilibre écologique) et celles de l’utilisation de ressource équivalentes à plusieurs fois le pays (2, 3, 4 et plus).

 

Avec des empreintes supérieures à la moyenne mondiale (2,9 ha), on trouve par exemple la France (avec son ratio de 1,8 fois sa superficie) près de la courbe de l’utilisation de « deux pays », ainsi que l’Allemagne qui utilise deux fois et demi sa superficie, puis le Royaume-Uni et l’Italie qui utilisent quatre fois leur territoire.

Avec des empreintes inférieures à la moyenne mondiale, on remarque que le Nigeria a déjà presque besoin de deux fois sa superficie, que le Bangladesh, le Burundi et Haïti sont à deux, que l’Inde est un peu au-dessus, quant à l’Algérie et l’Egypte c’est carrément quatre fois leur superficie dont elles ont besoin.

A gauche et « sous » la courbe verte d’autosuffisance on remarque la présence du Canada, de la Russie et du Brésil qui ont donc une biocapacité supérieure à leur empreinte, ce qui est évidemment positif. Par contre, pour les deux premiers pays cités, l’empreinte est très largement supérieure à l’empreinte moyenne de la planète et ils doivent impérativement faire un gros effort pour la réduire.

Les seuls pays totalement « vertueux » sur le plan écologique, à la fois pour eux-mêmes et pour la planète, se situent dans la partie verte (on peut citer par exemple le Congo et Madagascar).

On remarque enfin la place assez « à droite » de l’Inde et du Bangladesh, avec des densités de population par surface bioproductive autour de 2,5 hab/ha, qui n’est qu’une conséquence de leurs très fortes densités de population réelles (respectivement 400 et 1.100 hab/km²). Idem pour le Burundi et Haïti.

 

LE RETOUR A L’ÉQUILIBRE

L’intérêt de ce graphique est qu’il permet aussi de voir comment chacun des pays pourrait revenir à l’équilibre, c’est-à-dire rejoindre la courbe verte.

1) Prenons l’exemple de la France.

 

Il y a trois grands types de solutions : à l’intérieur de la surface verte et dans la direction des flèches obliques rouges, vers le haut ou vers le bas.

a) On peut expliciter les deux solutions extrêmes de la surface :

Sans agir sur la population, la flèche verticale vers le bas fait passer l’empreinte individuelle de 5,1 à 2,9 hectares, ce qui semble possible à moyen terme en réduisant drastiquement l’empreinte carbone (5), mais correspondra inévitablement à une économie décroissante et donc à une baisse significative de notre niveau de vie,

Sans agir sur l’empreinte, la flèche horizontale vers la gauche fait baisser la densité de population et donc la population elle-même de 64 à 36 millions, ce qui serait aussi possible, mais sur un terme encore plus long.

Evidemment, toute solution intermédiaire comprise dans la surface verte, et incluant à la fois la baisse de l’empreinte et la baisse de la population est envisageable et sans doute préférable.

b) La flèche extérieure rouge inclinée vers le haut correspond à une baisse encore plus importante de la population pour permettre une biocapacité individuelle et un niveau de vie encore supérieur.

c) La flèche extérieure rouge inclinée vers le bas correspond à une densité de population encore plus forte et donc à une biocapacité par habitant encore plus faible. Notons qu’actuellement, c’est malheureusement ce dernier scénario qui est en cours…

2) On peut ensuite prendre l’exemple de deux autres pays, un en Europe (l’Italie) et l’autre en Asie (le Bangladesh).

 

Dans le cas de l’Italie, la seule baisse de l’empreinte serait très importante (de 4,5 à 1,1 ha) et d’un autre côté, du fait de sa position sur la quatrième trajectoire, la solution concernant la seule baisse de la population amènerait à une division par quatre de celle-ci (de 60 à 15 millions).

Pour le Bangladesh, verticalement on aboutirait à une empreinte de 0,37 ha c’est-à-dire à un « niveau de vie » potentiellement huit fois plus faible que celui d’une France en équilibre écologique (7). Horizontalement, la baisse de la population ferait passer le Bangladesh de 160 à 90 millions et même ainsi avec un « niveau de vie » finalement quatre fois plus faible que le nôtre (0,75 vs 2,9 ha). Ces résultats peu encourageants proviennent du fait que le Bangladesh a laissé filer sa démographie et atteint un tel niveau de surpopulation que toute solution sera très difficile à trouver. Ceci étant, au vu du caractère extrême de la situation de ce type de pays, il serait souhaitable de sortir de l’aire colorée avec une solution du type flèche vers le haut (comme on le verra plus loin).

 

LES PROJECTIONS DE L’ONU

Tous les deux ans, l’ONU publie ses projections de population pour le milieu et la fin du siècle. L’été dernier celles-ci indiquaient 9,8 milliards d’humains pour 2050 et 11,2 milliards pour 2100.

En tenant compte du fait que la biocapacité totale de la planète était de 12,2 milliards d’hectares en 2013 et qu’à cette date nous étions 7,2 milliards, la biocapacité moyenne disponible se situait donc (comme on l’a vu) aux alentours de 1,7 hectare par personne, ce qui correspond à l’empreinte individuelle du Viêt Nam. Pour être en équilibre à cette date et en imaginant une affectation égalitaire des ressources pour tous les individus de la planète, il aurait donc fallu que nous ayons un niveau de vie comparable à celui du Viêtnam.

Pour 2050, et en faisant l’hypothèse que la biocapacité de la planète n’évolue pas, avec les 9,8 milliards d’humains annoncés, il ne nous resterait qu’une biocapacité de 1,25 hectare par personne, soit la possibilité du niveau de vie de la Tanzanie actuelle.

Enfin pour 2100, le calcul donne une biocapacité disponible de 1,1 hectare correspondant au niveau de vie du Sénégal d’aujourd’hui.

Au vu de ces quelques éléments, on voit bien que la poursuite de la croissance démographique mondiale conduirait à une baisse continue et surtout drastique du niveau de vie des pays du nord et empêcherait aussi toute hausse du niveau de vie de nombreux pays du sud.

Lien vers la suite de l'article (volet 2)

 

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  • : Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
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