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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 13:24

L’éléphante est donc plus sage que nous, elle qui sait adapter sa reproduction aux capacités des territoires et aux opportunités futures. Voici ce que nous assène, dès son titre, le livre de Bernard Bousquet. Mais cette allusion à notre irresponsabilité n’est que le premier des messages que nous délivre l’auteur.

L’ouvrage, sous titré "Une démographie responsable pour une écologie efficace" est dense, complet,  argumenté. Il évoque tous les aspects du problème : le poids de la démographie dans l’environnement notamment sur ces deux points essentiels que sont l’écroulement de la biodiversité et le réchauffement climatique, mais aussi, le véritable tabou qui plombe le débat et, là encore, en relation avec ces deux points. Pourquoi ne met-on pas en cause nos effectifs quand l’on se désole de la fin du monde sauvage ou des risques liés aux émissions de CO2 ?

Comme le rappelle Bernard Bousquet « Il n’y a que dans un scénario de stabilité démographique… voire de décroissance … que le projet de sobriété à un sens », on ne saurait mieux dire. A quoi serviraient nos efforts s’ils devaient être effacés par une croissance sans limite de notre nombre ? Or, bien souvent, seule la question de la sobriété est traitée indépendamment d’ailleurs de la « consommation » des espaces naturels.

La question des zoonoses en lien avec notre occupation de tous les territoires de la faune sauvage - ou ce qu’il en reste – fait l’objet de longs développements.

« La sagesse de l’éléphante »  fait également une grande part à l’Afrique, là où la transition démographique tarde à se faire et qui connaîtra encore en ce 21ème siècle une véritable explosion de ses effectifs. En 2019, la fécondité mondiale était (Afrique comprise) de 2,47 enfants par femme quand elle était de 4,72 en Afrique subsaharienne et de 5,18 en Afrique de l’Ouest : le double !  Entre 2019 et 2100 ces deux régions devraient voir leur population multipliée respectivement par 3,5 et 3,8. Quand on sait la difficulté qu’elles éprouvent à offrir un avenir à leurs habitants et à préserver l’environnement, on ne peut qu’être effrayé.

Dernier point, et non des moindres, outre la qualité de l’argumentation, faits et raisonnements, on sent chez l’auteur une tendresse pour la beauté du monde. Ce respect qui en découle est la vraie raison de se battre pour tenter de le préserver. Cela supposera de revoir nos effectifs à la baisse et de vivre moins nombreux, comme d’ailleurs l’humanité l’a toujours fait, ce qui a été la condition de sa survie au cours des dizaines de millénaires passés.

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Dos de couverture

L’éléphante à la capacité d’espacer ses naissances lorsque les conditions vitales se détériorent. Les humains font tout l’inverse et l’augmentation de leur population provoque de multiples dégradations de l’environnement. Ne serait-il pas temps de nous inspirer de la sagesse de l’éléphante ? Le dérèglement démographique - à l’origine de nombreux dysfonctionnements : réchauffement du climat, effondrement biologique, crises sanitaires, guerres, pertes d’autonomie – devrait être depuis longtemps au cœur de nos préoccupations. Comment peut-on espérer préserver la biodiversité et réaliser l’indispensable transition écologique de notre société si nous continuons à fermer les yeux sur cette dimension majeure ? Si le débat sur la surpopulation demeure tabou ? Une politique écolodémographique est une condition sine qua non pour édifier une société d’équilibre et de renaturation axée sur la sobriété, en adéquation avec la nature et la reconstruction des écosystèmes endommagés. Pour cela une collaboration entre l’Europe et l’Afrique, voisines par la géographie et l’histoire est indispensable.

Bernard Bousquet est ingénieur des eaux et forêts, docteur en écologie. Il s’est spécialisé dans la préservation des aires protégées. Missionné sur des sur des projets de conservation de la nature par diverses organisations internationales, il a parcouru le monde pendant 40 ans. Il a travaillé au sein d'écosystèmes variés, sur plusieurs continents, dirigeant des inventaires de biodiversité et réalisant des plans de gestion de nombreux parcs nationaux et réserves naturelles dont les "hotspots" inscrits sur la liste du patrimoine mondial ou classés en réserves de biosphère de l'Unesco.

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La sagesse de l’éléphante. Une démographie responsable pour une écologie efficace, Bernard Bousquet, Editions Libre & Solidaire, octobre 2023,  333 pages, 23,50 €, ISBN 978-2-37263-153-2. Présentation du livre par l’éditeur

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10 novembre 2023 5 10 /11 /novembre /2023 15:04

Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la démographie (1), Michel Sourrouille coordonne là un nouveau livre à plusieurs voix. Pas moins de 23 personnes (2) donnent ici leur avis sur cette question qui devrait être au centre des réflexions sur notre avenir et sur la protection de notre planète. Beaucoup d’entre eux avaient déjà participé au livre «Moins Nombreux Plus Heureux» et beaucoup aussi militent collectivement au sein de l’association Démographie Responsable.

La variété des approches (sociologique, démographique, scientifique…) permet à ce livre de nous offrir un vaste panorama sur le sujet. Certaines contributions sont très détaillées (celles de Jean-Loup Bertaux ou de Denis Garnier) d’autres expriment une inquiétude viscérale face à l’évolution de nos effectifs, parfois en une ligne (Odette Chauve), d’autres essayent de comprendre les raisons du déni (Didier Barthès). La présence d’Antoine Waechter montre que le monde politique n’est pas étranger à cette interrogation de même que celle de l’économiste Stéphane Madaule. Même chose pour Martin Rott engagé sur les questions religieuses, qui prouve que, là aussi, les interrogations sont présentes. Enfin un juriste, Gilles Lacan, prend du recul et nous invite à changer de paradigme.

Ci-dessous la présentation que vous trouverez au dos de l’ouvrage

"L’idée de ce livre collectif provient d’une désillusion partagée. On pouvait croie que le passage à 8 milliards d’humains le 15 novembre 2022 selon l’ONU allait provoquer un choc médiatique On aurait pu sensibiliser les populations au fait que un milliard de terrien de plus ces onze dernières années, c’était beaucoup trop et beaucoup trop vite. A notre grand étonnement, cela n’a pas eu lieu. Tout au contraire, les intervenants privilégiés par la presse et les chaînes de télévision ont pour l’essentiel banalisé voir ignoré l’évolution démographique et ses impacts.

Il nous fallait donc à plusieurs voix démêler le vrai du faux dans ce qui se dit. Chaque contributeur ne s’exprime qu’en son nom personnel et sous sa responsabilité. Mais pour les 23 participants de cet ouvrage, la maîtrise de la fécondité humaine possède cette particularité de découler d’abord du libre choix des personnes. La contrepartie de cette liberté fondamentale devrait entraîner pour les individus et les couples un sens aigu de la responsabilité personnelle, car chaque naissance supplémentaire implique la collectivité tout entière et l’état de la planète.

Il ne s’agit pas d’envisager une contrainte étatique, seulement une éducation propice à une décision éclairée des hommes et des femmes."

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(1) Moins nombreux plus heureux, l’urgence écologique de repenser la démographie : ouvrage collectif, (Sang de la Terre, 2014), Arrêtons de faire des gosses (Kiwi, 2020), Alerte surpopulation (Édilivre, 2022)

(2) Philippe Annaba, Didier Barthès, Jean-Loup Bertaux, Antoine Bueno, Odette Chauve, Jean-Michel Favrot, Denis Garnier, Marc Gillet, Théophile de Giraud, Gilles Lacan, Stéphane Madaule, Jacques Maret, Corinne Maier, Fabien Niezgoda, Marie-Ève Perru, Alice Rallier, Martin Rott, Pablo Servigne, Michel Sourrouille, Lucia Tamburino, Michel Tarrier, Antoine Waechter, Philippe Waldteufel.

Surpopulation... Mythe ou réalité ? Ouvrage collectif coordonné par Michel Sourrouille. Éditions Édilivre, novembre 2023, 263 pages, ISBN 978-2-414-62014-2, 19 €.

 

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4 juillet 2022 1 04 /07 /juillet /2022 14:04

Quand la sixième extinction n’est plus discutable, quand c’est l’équilibre entier de la biosphère qui se trouve menacé, il n’est plus possible de passer sous silence la question du nombre des hommes.

Parce que nos effectifs toujours croissants nous conduisent à occuper tous les territoires du vivant, parce que, sauf à imposer la pauvreté aux plus riches qui ne veulent pas y revenir et aux plus pauvres qui veulent y échapper, notre nombre est et sera toujours un facteur multiplicatif de toutes les pollutions, de toutes les empreintes de l’homme sur la Terre.

C'est un défi colossal que de maîtriser notre démographie, que d'assurer en douceur un retournement des tendances, c'est à dire la stabilisation de nos effectifs puis leur décrue. Économiquement comme démographiquement, l'équilibre de nos sociétés s'appuie sur la croissance, or c'est une option qui n'est désormais plus envisageable: La Terre est saturée. Par nos activités comme par notre notre nombre nous devons nous faire plus modeste sur la planète " Voici venu le temps du monde fini " disait Albert Jacquard.

Certes, le Giec lui-même, comme  la grande majorité du monde politique, Verts compris, continuent à accorder bien peu d’importance à la démographie, mais c’est pourtant la maîtrise de nos effectifs qui conditionne nos chances de lutter efficacement contre l’effondrement qui s’annonce.

Après avoir montré combien notre niveau démographique constitue une exception, un pic forcément non durable dans l’histoire de notre espèce et avoir détaillé la diversité des situations, Antoine Waechter et Didier Barthès explorent les principaux volets de la question.

Le volet écologique d’abord par l’analyse de la capacité de charge de la planète et des contraintes qui pèsent sur les espèces au fur et à mesure de leur évolution démographique.

Le volet de l’alimentation ensuite.  Pourra-t-on nourrir toujours plus d’humains ? Les solutions généralement mises en avant (limiter les gaspillages, devenir végétarien, se mettre partout à l’agroécologie…) sont-elles suffisantes ? 

Le volet économique aussi, en réfutant l’éternelle objection : « Mais qui va payer nos retraites si nous faisons moins d’enfants ? » Les auteurs montrent que la réponse est loin d’être en faveur d’une forte natalité. D’une part, parce qu’il faut étudier les choses dans la durée (les jeunes d’aujourd’hui sont aussi les vieux de demain), d’autre part parce qu’il faut envisager l’ensemble des comptes sociaux et donc prendre également en compte les lourdes charges liées à l’éducation.

Les influences religieuses et politiques sont aussi explorées en mettant en parallèle les discours et les faits. On découvre que les réponses sont plus subtiles qu’on ne le croit. Il est intéressant également de noter l’écart entre les discours des institutions diverses (États, partis politiques, Églises…) qui sont tous natalistes et celui des citoyens beaucoup plus ouverts à l’évocation du sujet et finalement beaucoup plus conscients de son importance.

L’ouvrage évoque enfin les pistes qui pourraient nous amener à accélérer la baisse de la fécondité. Il est urgent que la régulation relève de notre propre volonté plutôt que de la confrontation forcément brutale aux limites de notre planète.

Via ce lien, émission Politique et Economie, consacrée à cet ouvrage avec les deux auteurs interrogés par Olivier Pichon et Pierre Bergerault.

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Fondateur d’Écologie et Survie, co-fondateur des Verts puis fondateur du Mouvement Écologiste Indépendant (MEI), Antoine Waechter fut candidat à la Présidence de la République, puis député européen et vice-président du conseil régional d’Alsace, il est aujourd’hui chef d’entreprise et codirige le MEI. Il est notamment l’auteur du Scandale Éolien (éd. Baudelaire) et, avec Fabien Niezgoda, du  Sens de l’Écologie Politique (éd. Sang de la Terre).

Didier Barthès est porte-parole de l’association écologiste Démographie Responsable et coprésident du MEI, il est également le fondateur du site Économie Durable et co-auteur de l’ouvrage Moins Nombreux plus Heureux (éd. Sang de la Terre).

Voir ici une critique du livre sur le site de Champs Communs

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Le Défi du Nombre, Antoine Waechter et Didier Barthès

Editions Baudelaire, 2022, 136 pages, 14 €

ISBN 979-10-203-4683-4

L'ouvrage peut être commandé chez votre libraire ou bien sur les plateformes suivantes : CulturaDecitrePlace des librairesFnacFuret du NordGallimardEyrolles,  Amazon.

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10 mars 2021 3 10 /03 /mars /2021 19:04

Une nouvelle fois, la démographie se trouve mise au cœur de la protection de l’environnement et tout simplement… de notre avenir. Par ce long - 554 pages - et dense ouvrage, Jean-Michel Favrot nous propose l’un des panoramas les plus complets sur la question.

Après une revue de l’état général de la planète puis un approfondissement sur la démographie proprement dite et sur les niveaux de consommation, l’auteur s’attache à montrer l’articulation entre le nombre des hommes et tous les autres éléments qui structurent nos sociétés. Ainsi, sont analysés les liens entre revenus et fécondité, entre démographie et énergie et plus généralement entre démographie et ressources. La problématique du réchauffement climatique est également étudiée sous cet éclairage, de même que celle des atteintes à la biodiversité.

Intéressant par cette multiplicité des approches, «Démographie, l’impasse évolutive» constitue une mine de renseignement, une véritable base de données pour chacun des thèmes abordés. Tableaux et graphiques pourront servir de référence à tous ceux qui souhaitent approfondir le sujet. Le chapitre 12 «La paille dans le cocktail du voisin» donne un aperçu des débats et des arguments souvent échangés autour de ces questions. A ces données « techniques » s’ajoutent des considérations plus sociologiques sur les motivations à avoir (ou pas) des enfants : un sujet à l’ordre du jour en ces périodes d’angoisse sanitaire, le covid est d’ailleurs évoqué en fin d’ouvrage.

Chaque chapitre est encadré d’une introduction et d’un résumé ce qui rend la lecture particulièrement aisé pour un livre de cette ampleur.

Ci-dessous, extrait de la quatrième de couverture

Et si tous les maux actuels de la Terre, catastrophes naturelles, réchauffement climatique avaient une cause originelle ?

Et si ce dénominateur commun était l’un des seuls leviers sur lequel il est encore possible d’agir pour atténuer les conséquences graves des crises environnementales et humaines qui ne manqueront pas d’émailler ce 21ème siècle ?

Après avoir décrit l’impasse évolutive dans laquelle l’humanité s’est engagée depuis des siècles, l’auteur propose une nouvelle vision de l’humanité, de son rôle, de sa place.

Ce chemin sur lequel l’auteur propose de s’engager est fondé sur une nouvelle philosophie moins anthropocentrée qui redonne toute sa place au vivant…

Une démographie maîtrisée, un nouvel espoir pour l’humanité et la biodiversité.

Voir également ici une vidéo de l'auteur de cet ouvrage

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Jean Michel Favrot : Démographie, l’impasse évolutive. Des clefs pour de nouvelles relations hommes-nature.

554 pages, 19,00 € (papier), 8,99 € (Ebook),

Editions, Books on Demand (BoD), Paris 2020.

ISBN : 978-2-3222-6485-8

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13 octobre 2020 2 13 /10 /octobre /2020 16:44

Michel Sourrouille, bien connu des milieux antinatalistes, signe là un nouveau livre sur la démographie après l’ouvrage « Moins nombreux plus heureux » dont il avait assuré la coordination.

L’auteur décrit d’abord la façon dont le sujet s’est imposé à lui, puis nous propose un constat sur l’évolution de la population mondiale et sur les inquiétudes qui en résultent sur le plan sociétal, sur le plan des ressources et de la pollution ou sur celui de la préservation de la biodiversité. Il relie avec justesse nombre des maux qui touche l’Humanité : les guerres, les famines, les épidémies, le réchauffement climatique à la pression démographique, non pas bien entendu considérée comme leur seule cause, mais comme un facteur toujours sous-jacent et  souvent déterminant.

L’originalité du livre est aussi d’offrir une analyse sur le rejet dont a fait l’objet l’œuvre de Malthus, à qui Michel Sourrouille donne le titre de « lanceur d’alerte ».  Ce rejet touche des milieux aussi différents que la Gauche, l’Église Catholique ou même les décroissants (on lira avec intérêt les points de vue de Paul Ariès, François Jarrige ou Serge Latouche qui, tous, tendent à relativiser la richesse de l’analyse malthusienne et son caractère prémonitoire). Le tabou sur la question reste bien sûr la première des difficultés à vaincre, il est d’ailleurs particulièrement présent dans les milieux écologistes.

Michel Sourrouille insiste sur le fait que son engagement sur la question démographique est au cœur de son engagement sur l’écologie. Il présente enfin une vue sur les principaux efforts des associations ou des scientifiques pour mettre la problématique en lumière. Il ne cache pas non plus les échecs comme ceux des conférences sur la population, il n’existe d’ailleurs toujours pas de COP sur la démographie comme il y en a pour le climat.

On trouvera en fin d’ouvrage une bibliographie détaillée où sont assez longuement présentés une vingtaine de livres ainsi qu’un lexique très complet où sont développés les termes techniques (équation IPAT, modèle de Lotka Volterra, transition démographique….) mais aussi les sujets parfois polémiques pouvant être en rapport avec la démographie (la PMA, la GPA, l’euthanasie, l’eugénisme, la sexualité, les migrations…)  

En un mot, un livre nécessaire sur un sujet qui devrait avoir la  première place dans l’esprit de tous ceux qui se préoccupent de l’avenir de la planète et même de l’avenir de l’Humanité. Faire moins d’enfants aujourd’hui c’est préserver à la fois une Terre vivable et, sans qu’il y ait le moindre paradoxe, le droit de nos enfants.... d’avoir à leur tour des enfants.

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Michel Sourrouille : Arrêtons de faire des gosses, comment la surpopulation menace la planète, préface de Didier Barthès,  

Editions Kiwi, collection Lanceurs d’alerte, octobre 2020, 201 p. 20 €, ISBN 978-2-37883-092-2.

Vous pouvez commander ce livre auprès de votre libraire ou sur internet via ce lien ou bien même contacter pour cela l’association Démographie Responsable (contact@demographie-reponsable.fr)

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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 11:49

Alors que s’ouvre la COP 24 à Katowice et que la question du réchauffement climatique s’impose au premier rang de nos inquiétudes en matière d’environnement, il peut être bon d’aller au-delà des inévitables simplifications médiatiques et de mieux comprendre l’extraordinaire richesse de l’évolution climatique de notre planète

C’est ce que nous propose Gilles Ramstein avec ce Voyage à travers les climats de la Terre.

Sans faire un ouvrage technique pour seuls scientifiques Gilles Ramstein nous offre là une étude très dense et ne nous cache rien de la complexité du problème et des multiples interactions astronomiques, géologiques, chimiques et biologiques qui concourent parfois de concert, parfois en opposition, à faire évoluer le climat de notre planète. Il revient notamment sur les trois grands facteurs astronomiques à l’origine des cycles de Milankovitch (précession des équinoxes, variation de l’obliquité et variation de l’excentricité de l’orbite) qui sont maintenant reconnus comme des éléments moteurs de certaines évolutions climatiques et qui expliquent bien, notamment depuis le quaternaire, l’alternance des épisodes glaciaires et interglaciaires avec une périodicité qui tourne désormais autour de 100 000 ans. Gilles Ramstein nous explique  ensuite comment les autres éléments (érosion, salinité et courants océaniques, taux de gaz à effet de serre, végétation, volcanisme… viennent amplifier, ou au contraire atténuer, les effets induits par ces variations astronomiques). Le moteur principal du climat, le rayonnement solaire, n’est pas oublié même si ses variations sont minimes, pour autant, à terme, c’est lui qui aura le dernier mot, notre étoile étant amenée à voir son rayonnement inéluctablement augmenter jusqu’à, probablement dans un milliard d’années, provoquer  l’évaporation des océans et l’assèchement de notre planète (nous avons un répit, on pensait auparavant que cette catastrophe nous attendait dans 500 millions d’années seulement !)

Et c’est là l’autre grand mérite du livre, outre les explications, Gilles Ramstein nous dresse une véritable histoire du climat, depuis les débuts, Par exemple à l’Archéen, quand le soleil était pourtant 30 % moins « puissant » qu’aujourd’hui, la composition atmosphérique permettait néanmoins des climats plus chauds. D’ailleurs bien que l’on parle aujourd’hui de réchauffement climatique et bien que nous soyons en ce moment dans une période relativement douce (interglaciaire) par rapport à celles qui nous entourent à moyen terme, le climat terrestre est aujourd’hui plus froid qu’il ne le fut durant la majorité de l’histoire de la planète.

Passionnant rappel aussi des grands épisodes de l’histoire de la Terre, l’évolution des gaz à effets de serre, l’apparition de l’oxygène (en deux étapes) et le rôle de la vie dans ces évolutions (le livre de Gilles Ramstein est en cela à rapprocher des travaux de James Lovelock qui avec l’hypothèse Gaïa évoque aussi les multiples interactions entre la planète et le vivant qui ont permis à la vie de maintenir  sur Terre les conditions de sa propre existence). Passionnant chapitre également sur les fameux épisodes de la Terre « Boule de Glace » où la surface de la planète était presque entièrement gelée, avec à chaque fois des explications complètes sur les raisons de cet englacement et les mécanismes par lesquels nous en sommes sortis (pas facile, car quand la terre est couverte de glace l’albédo très important renvoie fortement  la lumière du soleil ce qui ne fait que favoriser le froid par un mécanisme ainsi auto-entretenu). Gilles Ramstein nous rappelle aussi que malgré toutes ces évolutions le climat de la Terre et la pression atmosphérique, sont toujours restés au cours des 4 derniers milliards d’années dans une fourchette relativement étroite permettant donc à la vie de s’épanouir et de se maintenir. La Lune n’y est pas pour rien et cette stabilité est sans doute l’une des caractéristiques les plus extraordinaires de notre planète.

Un excellent cadeau pour Noël pour tous ceux qui sont avides de culture et souhaitent comprendre les grands enjeux de notre temps car bien sûr, l’actuel débat sur le réchauffement climatique n’est pas oublié. Bref, de quoi être plus savant.

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Voyage à travers les climats de la Terre, Gilles Ramstein, préface de Michel Brunet, Editions Odile Jacob, collection Sciences, Paris 2015,  351 p. 24,90 €, ISBN 978-2-7381-2853-9

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6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 17:04

 

 

Brillamment préfacé par François Ramade, « L’homme, cet animal raté » raconte l’histoire d’un échec, le nôtre ; celui d’une espèce à l’intelligence incomparable dont pourtant le comportement collectif conduit à une catastrophe pour elle-même comme pour presque tout ce qui vit sur la planète.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

 

 

Pierre Jouventin rappelle et développe cette analyse d’Adriaan Kortland

« C’est la combinaison de caractères typiques des primates et de quelques caractères typiques des carnivores qui a donné un résultat sans autre exemple que l’homme »

Plus précisément, par la coopération, nous nous comportons comme un animal de meute,  mais tandis que le loup appuie ce comportement sur l’inné, nous l’appuyons sur la culture et la réflexion. Cette attitude, combinée au caractère plus individualiste des primates a fait notre spécificité, notre force et notre malheur.

Notre force, parce qu’incontestablement, dans un premier temps, notre espèce est une réussite, non seulement par ses réalisations mais tout simplement par sa démographie. Aucune espèce de prédateur de cette taille n’a jamais été présente sur la planète à plus de quelques millions d’exemplaires (moins encore sans doute). Si nous sommes aujourd'hui mille fois plus nombreux, c’est parce que notre « intelligence » (P. Jouventin développe évidemment ce concept ainsi que celui de supériorité) nous a provisoirement permis d’exploiter l’environnement selon des modes très différents de ceux que pratiquent les autres animaux.  

Notre malheur et celui des autres, parce que cette spécificité présente une limite que nous sommes en train d’atteindre, limite par épuisement des ressources - nous consommons le « capital » de la planète - limite par ignorance ou par viol des lois de l’écologie bâties sur l’équilibre des forces. Nous déséquilibrons le monde alors même qu’il est aussi notre support.

Avec raison, Pierre Jouventin insiste largement sur le facteur démographique. Il se désole que des mouvements, pourtant aussi prometteurs que la décroissance, laissent le plus souvent la question de côté. Il rappelle notamment cette phrase de Guy Jacques  dans Osez la décroissance ; « La démographie constitue le point aveugle de la philosophie politique de la décroissance, évoquer seulement la question démographique c’est déjà vouloir exterminer les pauvres ». Puissent quelques écologistes s’inspirer de cette réflexion et s’engager peu à peu à briser le tabou.

Cet échec doit-il nous laisser penser que c’est par nature l’intelligence (au sens où nous la concevons pour l’homme) qui est condamnée partout dans l’Univers ? Que toute suprématie d’une espèce sur une autre rompt les équilibres qui permettent à la vie de perdurer et donc se condamne elle-même. Peut-être est-ce là la porte ouverte vers un pessimisme plus large encore.

Dans cette vidéo, Pierre Jouventin présente lui-même son ouvrage et le fil de son raisonnement.

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Pierre Jouventin ; L’homme cet animal raté, Histoire naturelle de notre espèce, préface de François Ramade, 2016, 21 €, Éditions Libre et solidaire, ISBN 9782372630238

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5 septembre 2017 2 05 /09 /septembre /2017 08:04

A tous ceux qui ne voient plus dans l'écologie qu’une caricature ou qu’un modernisme de façade, la lecture des Entretiens sur l’écologie que nous propose Ivo Rens montrera au contraire que l’écologie est ancienne et qu’elle trouve ses sources tout à la fois dans une démarche scientifique rigoureuse et dans une attitude philosophique profonde prônant le respect, bien loin d’un utilitarisme de court terme.

Le livre est organisé en 21 chapitres présentant, sous forme de questions-réponses et dans l’ordre chronologique des parutions, un auteur et l’une de ses œuvres, les raisons de ce choix et les débats suscités par les questions traitées.

Il est aussi difficile de résumer un ouvrage ainsi composé de chapitres indépendants que de choisir une de ses parties  pour l’illustrer. Toutes présentent un grand intérêt, que ce soit les textes fondateurs ou ceux plus récents touchant un problème précis comme celui consacré à l’œuvre de Bella et Roger Belbéoch sur Tchernobyl.

Pour ma part, peut-être est-ce le premier chapitre, consacré à Lamarck, qui m’a le plus touché. Dès la préface Philippe Lebreton, nous rappelle d’ailleurs  cette citation également reprise sur ce site, et qui me semble fonder l’essentiel : « L’homme par son égoïsme trop peu clairvoyant…

Mais plus loin aussi, Ivo Rens revient sur quelques phrases qui montrent à quel point le célèbre savant, l’un de ceux ayant le plus contribué à imposer l’idée d’évolution, avait su anticiper les problèmes futurs (et en fait très concrètement ceux de notre début de 21ème siècle). Voici (p. 31) ce que conjecturais Jean Baptiste de Lamarck au sujet de l’espèce humaine dans « Philosophie zoologique » (p. 299 et 300).

1) Que cette race plus perfectionnée dans ses facultés étant venue par-là à bout de maîtriser les autres se sera emparé à la surface du globe de tous les lieux qui lui conviennent.

2) Qu’elle en aura chassé les autres races éminentes et dans le cas de leur disputer les biens de la Terre, et qu’elle les aura contraintes de se réfugier dans les lieux qu’elle n’occupe pas ;

3) Que nuisant à la grande multiplication des races qui l'avoisinent par leurs rapports et les tenant reléguées dans les bois ou autres lieux déserts, elle aura arrêté les progrès du perfectionnement de leurs facultés, tandis qu’elle-même, maîtresse de se répandre partout, de se multiplier sans obstacle de la part des autres, et d’y vivre par troupes nombreuses se sera successivement créé des besoins nouveaux qui auront excité son industrie et graduellement ses moyens et ses facultés ;

4) Qu’enfin cette race prééminente ayant acquis une suprématie absolue sur toutes les autres, elle sera parvenue à mettre entre elle et les animaux les plus perfectionnés une différence, et, en quelque sorte une distance considérable. Ainsi, la race de quadrumanes la plus perfectionnée aura pu devenir dominante ; changer ses habitudes par l’empire absolu qu’elle aura pris sur les autres… et borner les plus perfectionnées des autres races à l’état où elles sont parvenues; et amener entre elles et ces dernières des distinctions très remarquables.

Les questions proprement scientifiques, celles relevant de l’organisation de la société ou de nos rapports avec la nature y sont traitées à parts égales. Les plus habitués aux lectures écologistes seront heureux d’y trouver les grands classiques que sont Georgescu-Roegen, Osborn, Jonas, Ramade ou Meadows (j’aurais volontiers ajouté James Lovelock ou Arne Næss), les plus savants d’y trouver Humboldt ou Vernardsky et bien sûr Darwin. Tous loueront Ivo Rens de s’ouvrir aux travaux plus récents et à la frontière de la philosophie comme ceux de Corine Pelluchon où se trouvent notamment évoquée la question de notre rapport aux animaux.

Bref, un ouvrage de culture qui va au cœur du plus important des sujets, celui dont dépend l’avenir de ce qui vit sur notre planète. Puisse ne jamais se réaliser ce qu’exprime si terriblement le titre de l’un des chapitres : Printemps silencieux.

Auteurs et leurs ouvrages présentés dans ce livre :

Jean Baptiste de Lamarck (Philosophie zoologique, 1809), Alexander Von Humboldt (Cosmos, 1845-1862), Charles Darwin (De l’origine des espèces, 1859), François Alphonse Fore (Le Léman, Monographie limnologique, 1892-1902) Vladimir Ivanovitch Vernardsky (La Biosphère, 1926), Robert Hainard (Et la nature ? Réflexion d’un peintre, 1943), Fairfield Osborn (La planète au pillage, 1948), Bertrand de Jouvenel (De l’économie politique à l’écologie politique, 1957), Rachel Carson (Printemps silencieux, 1962), Barry Commoner (Quelle science laisserons-nous à nos enfants ? 1966), Donnella et Denis Meadows (Rapport sur les limites à la croissances, 1972), Nicholas Georgescu-Roegen (La décroissance, 1971-1979), François Meyer (La surchauffe de la croissance, essai sur la dynamique de l’évolution, 1974), Philippe Lebreton (L’énergie c’est vous, 1974), Hans Jonas (Le principe de responsabilité, 1979), François Ramade (Les catastrophes écologistes, 1987), Bella et Roger Belbéoch (Tchernobyl, une catastrophe, 1993), Jean-Pierre Dupuy (Pour un catastrophisme éclairé, quand l’impossible est certain, 2002), Jacques Grinevald (La Biosphère de l’anthropocène, 2007), Patrick Blandin (La biodiversité, l’avenir du vivant, 2010), Corinne Pelluchon (Les nourritures, philosophie du corps politique, 2015).

Merci à Philippe Lebreton, le fameux professeur Molo molo et auteur du très riche ouvrage  Le futur a-t-il un avenir ? de m’avoir offert et fait connaître ce livre.

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Ivo Rens: Entretiens sur l’écologie, de la science au politique, Georg éditeur. Collection Stratégies Energétiques, Biosphère et Société. ISBN 978-2-8257-1055-5. Préface de Philippe Lebreton

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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 10:20

Conçu comme un dialogue entre les deux auteurs, Le sens de l’écologie politique nous rappelle utilement et adroitement les origines de la pensée écologiste. Antoine Waechter et Fabien Niezgoda démontrent qu’elle se nourrit, et cela très anciennement, à la fois d’une démarche esthétique et respectueuse du monde et d’une approche intellectuelle comprenant parfaitement l’interdépendance de tout le vivant (et même sans doute du vivant et du non vivant).

Tous les familiers de la littérature écologiste y retrouveront les grands auteurs, Aristote, Minois, Illich, Malthus, François d’Assise, Rousseau, Ellul, Michéa, Gorz, Meadows, Charbonneau, Terrasson, (dont je ne peux m’empêcher de reprendre cette citation : « Regardez nos villes, laissez-vous imprégner de leur dureté émotionnelle, et pensez à ce que serait le ciel, si nous avions le pouvoir de modeler la forme des nuages »). Mais on y côtoie aussi les naturalistes Linné, de Bougainville, Humboldt, Pelt et bien d’autres. Le sens de l’écologie politique offre en cela un bel équilibre entre la réflexion sociétale et historique et la science. Écologistes et écologues, trop souvent séparés, y ont leur juste place. 

Le livre est organisé autour de quelques  grands thèmes : la beauté de la nature, la finitude du monde, le progrès… On y trouve aussi une intéressante critique des Lumières dont les auteurs prétendent, et je partage leur point de vue, qu’elles ne fondent pas la pensée écologiste. Fabien Niezgoda et Antoine Waechter affirment dans ce chapitre la distinction entre ce qui relève de la connaissance et ce qui relève de la volonté de dominer et nous disent que le passage de la première à la seconde relève, non de la science, mais d’un choix de société, en cela, « c’est une question éminemment politique » déclarent-ils. La démographie est ici utilement abordée, quand elle est ailleurs si souvent ignorée. Intéressante réflexion également sur l’enracinement, quand la mode est au mondialisme et à la remise en cause de toute attache et de tout amour d’un territoire. Je ne puis également qu'adhérer à l'affirmation de l'écologisme en tant qu'humanisme. Peut-être aurait-on pu y trouver une référence plus large aux réflexions sur la démesure (l’hubris) et sur les questions d’échelle telles qu’elles furent évoquées par exemple dans l’excellente étude d’Olivier Rey « Une question de taille ». 

L’un des messages de l’ouvrage est que l’écologie est à la fois conservatrice et innovante. Conservatrice par le respect dû aux lois de la nature et à sa beauté, innovante par l’affirmation nette de la nécessité de changer nos comportements, bien loin de la vision simpliste d’un combat politique binaire axé sur la seule communication et sur une modernité de façade. Bref, une lecture salutaire à un moment où, pour la première fois depuis 40 ans, l'écologie s'est trouvée absente d'une élection présidentielle.

L'auteur a présenté son ouvrage et différentes réflexions sur la démographie à l'occasion d'un entretien sur TV Libertés

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Le sens de l’écologie politique, une vision par-delà droite et gauche, par Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Editions Sang de la Terre, Paris, février 2017, 99 pages, ISBN 978-2-86985-339-3, 15 €.

Fondateur et président du Mouvement Ecologiste Indépendant, Antoine Waechter fut candidat à la Présidence de la République. Enseignant l’Histoire et la Géographie, Fabien Niezgoda est également l’auteur de l’ouvrage : Les partisans de Charles le Téméraire en Lorraine (Editions Le Polémarque).

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7 septembre 2016 3 07 /09 /septembre /2016 06:44

Alors que la campagne présidentielle s’ouvre sur la défection du candidat potentiel le plus emblématique, Nicolas Hulot, le livre de Michel Sourrouille : l’Ecologie à l’épreuve du pouvoir apparaît comme particulièrement bienvenu.

La présidentielle fait justement l’objet des deux premiers chapitres, l’auteur y retrace les enjeux écologiques de cette élection ainsi que son histoire du point de vue écologiste : positionnement et résultats des candidats « écolos » mais aussi engagements et réalisations écologiques (ou pas) des présidents effectivement élus. L’occasion de comprendre que l’histoire de l’écologie en politique commence à être assez longue - la candidature de René Dumont a désormais plus de 40 ans - mais aussi hélas que, dans le discours comme dans l’action, les progrès sont plutôt minces (à titre personnel je considère même que la compréhension des enjeux écologiques était très supérieure chez René Dumont que chez nombre de ses successeurs).

Le chapitre 3 analyse les positionnements écologistes des différents partis. Le moins que l’on puisse dire est que le constat est bien peu encourageant, Michel Sourrouille d’ailleurs n’hésite pas à qualifier les mouvements politiques de balbutiants en matière d’écologie. Il est vrai, et l’auteur le souligne avec raison, que la plupart des partis, de la gauche à la droite, sont largement croissancistes et productivistes, de quoi bien mal engager le combat nécessaire pour la planète.

A tous ceux qu’intéresse l’Histoire, le quatrième chapitre apportera un rappel exact de ce que furent les différents programmes des partis écologistes ou d’obédience proche depuis 1971;  de « La socialisation de la nature » de Philippe Saint Marc jusqu’à 2016. On y retrouvera par exemple les 8 points clefs défendus par Arne Næss qui constituent encore aujourd’hui une référence de l’écologie profonde.

L’une des originalités de l’ouvrage (cinquième chapitre) est de proposer l’organigramme d’un gouvernement écolo avec ses douze ministères, leurs attributions et la politique à mener par chacun. Notons que l’auteur considère que l’écologie étant un point essentiel et transversal, le premier ministre devrait lui-même être investi de la fonction de ministre de l’écologie et devrait arbitrer toutes les décisions au regard de cette responsabilité. Remarquons également que le Ministère du Travail s’appellerait Ministère du Travail et du Temps Partagé. Comment mieux souligner la priorité que l’auteur donne aux conditions du bonheur ?  Il est vrai qu’en tant qu’ancien professeur de sciences économiques et sociales, Michel Sourrouille n’oublie jamais ce second volet et met l’économie au service du bien être de chacun, un objectif bien souvent négligé. Autre exemple, le Ministère de l’Energie (appelé ici Ministère de l’Energie Durable en Adéquation avec les Besoins), aurait pour fonction non de fournir toujours plus d’énergie mais d’en assurer la pérennité tout en en faisant décroitre le besoin, voilà qui est aussi audacieux que nécessaire.

Après ce volet programmatique Michel Sourrouille laisse libre cours à sa réflexion personnelle dans un sixième chapitre intitulé : Perspectives pour le 21ème siècle, donner vie à l’utopie. Il revient ici sur de grands thèmes, tels la liberté, la solidarité et bien sûr la démographie, question qui lui est chère et sur laquelle il a le courage de défendre des positions en désaccord même avec la plupart des écologistes. Qui en France à aujourd’hui l’audace de défendre Malthus ? Hélas, bien peu.

Le livre se termine par une bibliothèque et un lexique très complets. Dans la bibliothèque  on mélangera avec plaisir les oeuvres d’auteurs familiers à tous ceux  qui s’intéressent à la question comme Ellul, Jonas, Lévi-Strauss, Malthus, Illich ou Thoreau mais aussi celles de personnages connus pour d’autres raisons comme Gandhi ou La Boétie.

Bref un ouvrage très exhaustif qui satisfera tous les partisans de l’écologie tant par la justesse de la réflexion que par la sincérité de l’auteur : Un livre à lire avant d’aller voter en 2017.

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Michel Sourrouille : L’écologie à l’épreuve du pouvoir, un avenir peint en vert pour la France. Editions Sang de la Terre, Paris, juin 2016, 366 pages, 19 €, ISBN 978-2-86985-330-0

Michel Sourrouille est également le coordonnateur de l’ouvrage « Moins nombreux plus heureux » (éditions Sang de la Terre).

L'écologie à l'épreuve du pouvoir, un livre de Michel Sourrouille
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