Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
Par Jean-Christophe VIGNAL
80 km/h sur nos routes secondaires à 2 voies, la mesure fait grogner. Elle est pourtant assez typique du fonctionnement de notre société. Une mesure venue d’en haut, sans vraiment de concertation, notamment avec les territoires les plus impactés. Une mesure générale, simpliste aussi, qui ne prend pas en compte les belles départementales à 2 voies, bien larges, permettant une bonne visibilité et in fine peu accidentogènes.
Peut-être aurait-on pu faire le détail et s’appliquer à calculer la contrainte au mieux, tronçon par tronçon, au plus près du terrain et en tenant de l’accidentalité de ladite route ? Car rouler à 80 maxi sur une bonne route est une contrainte forte pour le conducteur d’une voiture d’aujourd’hui. Et c’est aussi une contrainte qui va peser essentiellement sur tous ceux qui vivent dans des villages et petites villes et doivent parcourir 30, 40 et parfois même 50 km pour aller à leur travail quotidien. En contrepartie, en principe une route plus sûre avec une distance de freinage réduite de 13 m.
Les résultats parleront d’ici 2 ans, mais en attendant la mesure passe mal : c’est qu’elle cristallise le mal-être de la France périphérique bien décrit par Christophe Guilly, cette France qui a le sentiment d’être, non pas l’oubliée, mais la victime collatérale des choix de développement fait par la nouvelle équipe dirigeante autour du Président Macron. Pour beaucoup, c’est encore cette France périphérique qui va faire principalement les frais de la limitation à 80 km/h.
Il y aurait pourtant eu une possibilité de montrer que les nouvelles limitations étaient l’affaire de tous. Elle consistait dans le même temps à faire passer la limitation de 130 à 120 km/h sur nos autoroutes. Déjà sûres, le but n’aurait pas été d’améliorer la sécurité mais de faire baisser la pollution générée par nos voitures : le gain quant à la consommation de carburant et aux rejets de polluants se situe autour de 10 %. Et aussi de diminuer la dépense, entre 0,6 et 1 litre de carburant au 100 km. Sans compter que nos nouvelles connaissances en matière d’écoulement des fluides nous ont permis de comprendre que plafonner la vitesse permet d’augmenter le débit des véhicules, comme cela se pratique déjà sur l’autoroute du sud en deçà de Lyon.
Cet argumentaire écologique est d’ailleurs aussi valable, dans une moindre mesure (l’impact du différentiel de 10 km/h s’élève en même temps que la vitesse s’accroît) pour le passage aux 80 km/h. Il n’y a pas été recouru, sans doute car cela aurait amené à poser la question de la limitation relative à la vitesse autorisée la plus élevée, question déjà posée à l’époque du Grenelle de l’environnement.
Quand on a un ministre de l’écologie qui s’appelle Nicolas Hulot, qu’attend-on pour limiter par la vitesse la pollution automobile sur l’ensemble de nos routes, quitte à impacter aussi la France des grandes agglomérations qui aiment partir en week-end par l’autoroute ?
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