Site consacré à l'écologie et à la construction d'une société durable, respectueuse de l'environnement Auteurs : Didier Barthès et Jean-Christophe Vignal. Contact : economiedurable@laposte.net
Par Didier BARTHES
Anthropoexcentrisme : Rarement titre aura mieux résumé en un seul mot la pensée, le conseil et le souhait de son auteur. Jean-Michel Favrot nous démontre combien notre regard sur le monde - entièrement centré sur nous-mêmes - nous conduit à l’impasse; impasse dans la compréhension, impasse dans les actes. Il nous appelle à une profonde remise en cause de l’anthropocentrisme, un changement de perspective qu’il considère comme une condition sine qua non, de la préservation de la beauté du monde, de la biosphère et donc aussi de notre avenir, sans mettre ce dernier objectif au-dessus des autres.
L’argumentation de Jean-Michel Favrot est forte parce qu’elle s’appuie sur un grand recul et sur une solide compétence scientifique.
Recul à l’échelle la plus large quand il replace l’homme dans l’univers et dans une moindre mesure notre civilisation dans l’histoire de notre espèce. Ce que nous représentons aujourd’hui en termes de poids sur la nature et ce que nous connaissons en terme de civilisation est tout récent et nous semble pourtant la référence allant de soi, nous devons replacer les choses dans le long terme.
Compétence scientifique quand, par exemple, il analyse finement les mécanismes de la sélection naturelle et, là aussi, à toutes les échelles : de l’individu aux populations. Compétence historique enfin quand il analyse les réflexions de nos philosophes et écologistes sur ces questions, Descartes, Rousseau, Darwin, Thoreau, Ness, Terrasson, Morizot et bien d’autres voient leurs pensées décrites et situées dans ce débat général.
L’auteur montre comment celui qui se voit comme l'intendant ou le gestionnaire de la nature - l’Homme donc - en est en fait devenu le despote moins éclairé qu’il ne le croit ou le revendique. Sans doute d’ailleurs notre rôle de gestionnaire lui-même est un mauvais rôle. Laisser - chaque fois que faire se peut - la nature bénéficier de la libre évolution est probablement la meilleure solution, laissons-lui de l’espace et du temps.
Jean Michel Favrot, auteur par ailleurs de « Démographie l’impasse évolutive » fait évidemment une large place à la question de notre nombre comme facteur déterminant de notre impact. Il se distingue en cela de la pensée écologique dominante qui pose toujours un tabou sur la question (voir les points de vue récurrents d’EELV, d’Aurélien Barrau ou de feu Pierre Rabhi et, hélas, de beaucoup d’autres sur le sujet).
Jean-Michel Favrot développe enfin deux concepts : celui de la « décroissance homothétique » qui allierait décroissance démographique et décroissance économique par un mode de consommation plus parcimonieux et celui de pouvoir « durabilitaire » qui nous entraîne vers la prééminence du long terme dans nos choix. C’est là un retournement loin d’être anodin. L’auteur milite d’ailleurs pour l’inscription dans les constitutions des différentes nations d’éléments en faveur de ce principe de durabilité et plus largement de respect de notre planète.
Extraits de la quatrième de couverture,
« L’anthropocentrisme interdit de nous attaquer aux causes premières de nos comportements délétères, le non-respect de la vie sauvage et notre incapacité à contrôler notre propre démographie »
« Cet essai propose un changement radical de notre rapport au vivant permettant d’éviter sa destruction et d’offrir aux humains comme aux non-humains, un avenir de cohabitation sereine ».
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AnthropoExcentrisme ou l’humanisme élargi, Jean-Michel Favrot, Editions Books on Demand, février 2025, 394 p. 16,50 € ISBN 978-2-8106-1940-5
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