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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 12:44

mégalopoles - transports urbains - qualité de l’air - pollution - grève des cheminots - trafic automobile augmenté - bouchons - surpollution - droit de grève - droit à un environnement sain - conflit de droits

 

Le droit de grève est un droit fondamental, inscrit dans le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 auquel fait référence la Constitution de 1958. C’est cependant un droit encadré, particulièrement dans certains domaines comme le contrôle aérien, l’audiovisuel public, le secteur nucléaire, les hôpitaux ou dans les transports depuis l’adoption en 2008 de la loi sur le service minimum. C’est bien sûr la question de la sécurité qui a amené la plupart de ces restrictions : évidentes en matière de contrôle de la navigation aérienne ou de fonctionnement des centrales nucléaires ; évidentes encore dans les hôpitaux où il est difficile d’imaginer d’abandonner des patients, elle se comprend aussi en matière de diffusion de l’information dans l’audiovisuel public :  pourrait-on imaginer une grève des radios en même temps qu’une mise en cause violente de l’ordre public mettant en cause l’état de droit ?

Mais l’écologie dans tout ça ? Pourquoi faudrait-il que la problématique écolo,  historiquement plutôt portée politiquement par des gens venus de la gauche, s’oppose à un libre usage du droit de grève dont la reconnaissance a été le résultat d’un combat majeur porté lui aussi depuis le XIXème siècle par la gauche dans notre pays ? C’est tout le paradoxe de ce nouveau conflit entre des droits, l’un déjà ancien et symboliquement reconnu à la Libération, et l’autre autour de l’écologie qui peine à se faire reconnaître dans notre ordre constitutionnel.

Car que voit-on en ce mois d’avril 18 où un conflit d’importance anime les cheminots opposés à la réforme de la SNCF ? Des usagers embêtés dans tout le pays bien sûr, mais aussi une Île de France paralysée par des centaines de kilomètres de bouchons dans Paris et tout autour. Cette paralysie du trafic routier a un effet élevé en matière de pollution et donc de qualité de l’air respiré par les franciliens. Même si en dehors des périodes de grève la qualité de l’air n’est déjà pas satisfaisante et provoque chaque année des centaines de morts, il ne paraît pas raisonnable que l’usage d’un droit puisse encore aggraver une situation déjà difficilement supportable. A ce titre, et parce que tout habitant a le droit de ne pas s’empoisonner en respirant, il paraît nécessaire d’assurer, afin d’éviter une sur-pollution, le bon fonctionnement permanent du système de transport en commun dans une conurbation de plus de 10 millions d’habitants, quitte à limiter nettement ou remettre en cause le droit de grève des salariés du secteur des transports en commun.

Mais est-ce l’écologie, et par là le droit à un environnement sain, qui s’oppose au droit de grève ? Ou ne serait-ce pas plutôt le gigantisme de la Région Parisienne, une région écrasée par sa propre masse, qui oblige à penser ce nouveau conflit de droits ? A l’heure du Grand Paris qui prévoit des milliards d’investissements pour faciliter les mobilités dans une agglomération toujours plus peuplée, avouons que la question se pose. Mais si le gigantisme de cette conurbation est la cause de cette nouvelle limite au droit de grève, peut-être peut-on aussi se rappeler que longtemps pour les écolos un de leur concept préféré (*) fut small is beautifull.

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(*) « Small is beautifull » est un concept forgé par  Leopold Kohr et popularisé en 1973 par le livre de  Ernst Friedrich Schumacher intitulé « Small Is Beautiful: A Study Of Economics As If People Mattered » ; ce recueil d'essais de l'économiste britannique a été édité en français par Contretemps / Le Seuil sous le titre «Small Is Beautiful - une société à la mesure de l'homme » Pour plus d’information sur Leopold Kohr, voir aussi ce texte d’Ivan Illich.

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