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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 15:24

Il est souvent instructif d'aller voir ce que produisent les grands machins comme les Nations Unies. En l'occurrence, leurs discours sur la démographie semblent, au vu des politiques suivies en Europe occidentale, être pris au sérieux par nos dirigeants politiques. Et c'est le premier mérite de l'article de Denis Garnier d'attirer notre attention sur le thème de la nécessité qu'auraient nos pays d'importer des populations « pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. »

Nécessité qu'on peut d'autant plus interroger, comme le souligne le président de Démographie Responsable, que les pays cités dans l'étude des Nations Unies sur les migrations de remplacement ont déjà des densités de population qui oscillent entre 200 et 500 habitants au km². Or un tel taux de densité suppose une exploitation intensive des biotopes, exploitation incompatible avec un usage prudent et responsable de nos territoires. Même un mode de vie frugal ne serait pas suffisant pour que l'espace de notre vieil Occident, pourtant plutôt gâté par la nature avec ses paysages aisément habitables et son climat dans l'ensemble tempéré, conserve toutes ses potentialités pour les générations futures.

Au-delà de toutes les questions, qu'elles soient démographique ou écologique,  que pose ce choix d'opérer un transfert de population, il y a aussi deux remarques sur la méthode suivie par les Nations Unies et nos dirigeants.

Il y a d'abord dans cette façon de procéder une logique d'ingénierie appliquée à l'humain qui fait un peu froid dans le dos. La facilité avec laquelle ces grands dirigeants imaginent de transférer des dizaines de millions de personnes sans se soucier plus que ça des arrachements familiaux et des chocs culturels que cela implique est étonnante : pour eux les femmes et les hommes ne sont que des êtres interchangeables ou suffisamment malléables pour être placés ici ou là selon les besoins de nos sociétés. Bien loin du printemps des peuples vécu en Europe au mitan du XIXème siècle ou du savoir anthropologique et ethnologique développé tout au long du XXème siècle, nos dirigeants semblent plutôt s'inscrire dans la pratique des grands déplacements de population mis en œuvre par les régimes totalitaires, même si les méthodes ne sont pas comparables.

Se profile aussi la question du respect des choix du peuple, question difficilement occultable dans un système politique qui se veut démocratique et donc promeut selon la formule d'Abraham Lincoln le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Or il semble bien que les peuples autochtones, en Italie au Japon en Allemagne en Bulgarie et même en France, aient choisi globalement une décroissance démographique plus ou moins forte. Car l'avenir d'une société ne passe pas seulement par le choix de telle ou telle équipe de gouvernants mais aussi par la somme des choix individuels et familiaux de toute une société. Au nom de quoi des dirigeants s'arrogent-ils le droit de corriger le choix collectif de toute une société en important des populations entières pour compenser un soi-disant manque démographique ? Au nom de la société de croissance qu'ils défendent à tout prix, croyant ainsi contribuer à équilibrer les comptes d'une société qui dans les faits court à sa perte, quand des peuples sentent instinctivement qu'il faut réduire la voilure en étant moins nombreux pour affronter les crises qui s'annoncent ? Ou pour défendre un appétit de pouvoir sur toujours plus de gens ?

Peu importe leurs raisons, ce qu'il faut noter, c'est que le choix d'introduire des millions de personnes dans des sociétés fortement structurées n'a jamais été soumis à une ratification démocratique. Et quand les peuples regimbent, ces mêmes dirigeants utilisent la métaphore de la société fermée sur elle-même, connotée négativement au contraire d'une société ouverte, pour disqualifier tout débat. En clair, refuser l'arrivée de millions de migrants, c'est être d'extrême droite, tout près d'Hitler et du camp du mal.

Avoir pour dirigeants des apprentis-sorciers qui croient piloter une société comme des ingénieurs une machine, le tout en passant allègrement par-dessus le choix des peuples en pratiquant un déni démocratique, c'est aussi comme cela que l'on peut voir le débat sur les migrations de remplacement.

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commentaires

J
La logique des Nations Unies est d'autant plus douteuse que ce qu'elle risque de provoquer est l'équivalent d'une compensation isostatique: les pays soulagés par le départ des migrants verront leurs taux d'accroissement démographique repartir de plus belle, amplifiant ainsi la pression globale. Et il serait absurde de nier que le quintuplement de sa population depuis 1960 soit étranger aux problèmes de la Syrie. Le régime politique est loin de tout expliquer!
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D
Oui, je crains que vous n'ayez raison, cela semble tout à fait logique et probable.
J
Pour en revenir à la Syrie, comparaison n'est pas raison, mais essayez d'imaginer une France de 230 millions d'habitants (puisque 46 en 1960); serait-il difficile alors de comprendre les troubles sociopolitiques et le déplacement de plus de la moitié de la population?