A dire la vérité, cet article devait s'intituler : Copenhague : Le succès des intentions. Je pensais qu'un accord à minima, même de façade serait trouvé.
Je souhaitais mettre en garde contre un optimisme excessif. Un accord n'est qu'une intention, une promesse, à l'instant de sa signature, rien n'est encore fait.
Eh bien, même pas ! Même les intentions n'y sont pas.
Copenhague accouche d'une souris lit-on ici et là. Une simple déclaration selon laquelle il faut faire des efforts pour limiter le réchauffement à deux degrés. Pas de calendrier, pas d'engagement, pas de contrôles et moins encore de contraintes !
Est-ce grave ?
Bien sûr, le sort de la planète ne se jouait pas en un jour et en un sommet. Même en cas de succès, notre Terre ne s'en serait pas trouvé sauvée comme par miracle.
Bien sûr, les mesures de réduction d'émissions de CO2 ne constituent en réalité que des mesures d'étalement des émissions au cours du temps. Or, nous avons maintes fois souligné sur ce blog que, pour la planète, il était peu important que tout le CO2 résultant de la combustion des réserves d'énergies fossiles soit émis en 50 ou en 100 ans.
Ce que révèle l'échec de ce sommet est d'abord que le problème est très difficile. Désormais, les choses sont claires pour ceux qui en doutaient encore.
Réussir à endiguer le changement grandissant de la composition atmosphérique par la faute des activités humaines revient en réalité à briser l'élan sur lequel le monde vit depuis la révolution industrielle et plus encore depuis la seconde guerre mondiale.
Cet élan, c'est la croissance vertigineuse de la population (*) et de la production. Il est la base de l'équilibre de nos sociétés. En conscience, aucun chef d'état n'est prêt à le remettre en cause. On sait désormais qu'on ne fera pas de politique écologique efficace à coup de mesurettes et c'est là une perspective contraignante, effrayante même.
C'est cette promesse de contrainte, c'est cet effroi qui ont conduit à l'échec. Copenhague aura au moins eu cette vertu clarificatrice et pédagogique. Il a révélé notre impuissance.
N'en déplaise aux optimistes forcenés tenants d'une "écologie positive" (le météorologue Laurent Cabrol ou le journaliste Christophe Barbier) ou d'une sortie par le haut avec plus de croissance et de technologie (Claude Allègre, Jacques Attali...), nous sommes aujourd'hui en droit de penser que cet échec donne au pessimisme un peu plus de légitimité.
Hier soir, le désarroi d'un Nicolas Hulot l'illustrait à merveille.
(*) Ce matin 19 décembre sur RTL, Franz Olivier Giesbert rappelait encore que la démographie galopante constituait notre principal problème et qu'il n'avait pas été abordé à Copenhague).