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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 09:26


    Même si pour diverses raisons, il semble que la question démographique ne  doive pas être officiellemement  évoquée à Copenhague, le lien entre impact anthropique et importance de la population reste bien réel.

    Ainsi la Chine lie-t-elle de façon très nette sa politique de l'enfant unique et ses efforts pour lutter contre le
réchauffement climatique.

   Voyez le lien :
    http://french.peopledaily.com.cn/96851/6838915.html


  Le problème démographique est mis sur la table par des climatosceptiques comme Claude Allègre ou Vincent Courtillot dont nous ne partageons pas tous les points de vue. De même, une politique de maîtrise démographique se voit défendue et mise en place par un état qui ne constitue pas, à nos yeux, une véritable démocratie.

    C'est ainsi ! On se trouve parfois soutenu par des gens que nous désapprouvons sur d'autre sujets, mais les faits restent présents. 
    La question démographique  se situe au coeur du problème environnemental, qui que soient ceux qui le mettent en avant.

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8 décembre 2009 2 08 /12 /décembre /2009 10:08


    Enfin un éditorialiste prestigieux brise un tabou,

   Claude Imbert dans son dernier éditorial du Point (4 décembre 2009) évoque la question démographique et regrette que ce thème, pourtant déterminant pour l'avenir de la planète, ne soit pas au menu au sommet de Copenhague et n'ait guère de chance d'y être abordé. 

    A l'échelon des dirigeants politiques le tabou résiste (Chine exclue mais dans des conditions différentes). Cependant, ça et là, des brèches s'ouvrent.

   Claude Imbert propose de faire baisser la natalité par l'éducation.  C'est en effet probablement la méthode la plus efficace, la plus démocratique et celle qui provoquera le moins de controverses.

    Pour lire le texte complet :

http://www.lepoint.fr/actualites-chroniques/2009-12-04/le-tabou-demographique/989/0/401690

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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 07:15

    
      Pour avoir fréquemment défendu la thèse selon laquelle nous ne sortirions pas durablement de l'impasse écologique sans une maîtrise de notre démographie, nous avons pu, sur ce site même, constater combien cette idée choquait. 

     Et pour la déconsidérer rien n'est plus fréquent que de la qualifier de malthusienne.

      Malthus, malthusien, malthusianisme.... les gros mots sont lachés.

      Et pourtant, sans doute, si le message de Malthus avait été compris la situation serait-elle moins préoccupante . 

       Depuis des décennies, les étudiants en économie apprennent à longueur d'année (et se doivent de le répéter dans leur copies) combien Malthus s'était trompé. En réalité n'avait-il pas eu raison trop tôt ?

     Aujourd'hui, le sens du mot  malthusianisme s'est élargi et s'applique à toute solution qui pour résoudre une question voudrait en réduire l'ampleur. 
      Pourtant que la nature d'un problème change avec son étendue est une idée forte et sérieuse. Une rixe et une guerre sont toutes deux des conflits mais leur nature est différente.

      Récemment encore, le président de la république, M. Nicolas Sarkosy moquait et méprisait quelque peu les tenants de la décroissance. Bref, le malthusianisme reste un gros mot au plus haut sommet de l'état et " malthusien" reste la meilleure invective pour déconsidérer l'autre et esquiver le débat.


    Y a-t-il  un frémissement ? Les idées commenceraient-elles à évoluer ?
    On peut l'espérer à la lecture de cet article paru dans le Monde sous la plume d'un certain Polémiquevictor  (amusant, mais après tout, on mérite bien un nom d'explorateur quand on défriche de nouvelles idées).


http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/12/01/malthusien-est-ce-toujours-un-gros-mot_1274330_3232.html

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10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 07:03

Sous la plume de M. Gilles Pison, L’INED vient de réaliser une étude fort instructive sur le vieillissement de la population dans les pays du Sud (1)

Enfin pourrait-on dire ! Il était temps, en effet, qu’un démographe aborde la question. 
Alors que si souvent, la jeunesse d’une population nous est présentée comme un gage d’avenir, voici une étude qui montre que cette population, elle aussi, finira par vieillir ! Un peu de bon sens, il est vrai, l’aurait laissé deviner.
De même que dans les pays développés, le baby-boom qui suivit la seconde guerre mondiale se transformera bientôt en papy boom, dans les pays du Sud aussi, la fraction âgée de la population va fortement s’accroître.Selon M. Pison, ces pays conserveront une population globalement plus jeune que ceux des pays développés. Mais, comme la transition démographique s'y déroule sur un laps de temps plus bref, le vieillissement y sera plus rapide (2).  
Pour ces pays comme pour les nôtres, la pyramide des âges (qui justifiera de moins en moins son nom, comme le souligne justement l’auteur) verra sa base se rétrécir progressivement pour prendre une forme plus étroite, comme une tour.
  M. Pison souligne à propos de ce vieillissement,
   " Il est inéluctable, à moins d’un retour à la famille nombreuse d’autrefois, inconcevable à long terme car il entraînerait une croissance démographique illimitée. "

Enfin, un démographe reconnaît que le maintien d’une population jeune au moyen de la croissance continue du nombre de naissances conduit à un impossible.
Que ne l’a-t-on compris et écrit plus tôt ! (3).
Il y a peu, sur une grande radio nationale, un économiste qui comparait la situation de la Chine et de l’Inde, donnait l’avantage à cette dernière du fait de son dynamisme démographique.   
Comment peut-on se faire le défenseur d’analyses à si courte vue ?
Comment ne pas comprendre qu’au contraire dans quelques décennies ces gens vieilliront et constitueront à leur tour un immense fardeau pour leur pays (4).  
Dans une quarantaine d’années, l’Inde accueillera plusieurs centaines de millions de personnes âgées. Lui sera-t-il possible de les faire vivre dans des conditions décentes alors que le monde fera face à l’inéluctable déplétion des énergies fossiles et à la toute aussi inéluctable dégradation des biotopes ?

 Pas de faux-fuyants ! La réponse est : Non  

_________________________________________________________________________________________________   
(1) Cette étude a été publiée dans le bulletin mensuel de l'INED numéro 457 de juin 2009. Elle est librement consultable et téléchargeable. Vous trouverez également quelques commentaires sur ce travail parus sur le forum de l’association Démographie-Responsable.

 (2) Dans une société, la transition démographique est la période comprise entre la baisse de la mortalité et la baisse de la natalité qui lui fait généralement suite. Cette période est naturellement associée à un fort accroissement naturel des effectifs. Dans les pays du Nord on la considère globalement achevée et les taux naturels d’accroissement ont effectivement baissé, plusieurs pays sont même démographiquement stabilisés (hors mouvements migratoires).
(3) Il va de soi que je généralise un peu. Une telle évidence n’est évidemment pas complètement passée inaperçue, mais globalement les démographes se sont toujours montrés très majoritairement natalistes.
 
(4) Fardeau économique j’entends, il ne s’agit évidemment nullement d’un jugement moral, les personnes âgées ont droit à tout notre respect et constituent par bien d’autres aspects, leur expérience notamment, une grande richesse pour les générations à venir.

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 15:28

            Evolution des effectifs de l'humanité de - 10 000 à l'an 2000 (en milliards) 


 

    Beaucoup s'étonnent qu'au sein du combat écologiste nous accordions une telle place à la question démographique. Ce qui est surprenant  au contraire c'est que cette problématique  ne constitue pas la priorité de tous les mouvements écologistes.
   La raison de cette insistance est toute entière dans cette courbe (ici source Wikipedia) qui trace l'évolution de nos effectifs depuis l'an - 10 000 jusqu'aux années 2000 soit environ des débuts de la révolution néolithique jusqu'à aujourd'hui.
   Sauf à faire preuve de mauvaise foi, il est impossible de ne pas comprendre que cette évolution nous mène à la catastrophe.
   Oui, bien sûr cette courbe finira par  s'infléchir et sans doute se retourner parce que nous sommes dans un monde fini et qu'il n'y a donc pas d'autre alternative. 
   Cependant,  soit nous laissons faire la nature et les contraintes physiques et cette inversion se paiera de souffrances, de milliards de morts et d'une coercition sans précédent, soit au contraire nous essayons de maîtriser le mouvement et de faire en sorte que l'inversion soit la plus supportable et la plus indolore possible.
   Plus nous attendrons, plus cela sera difficile, plus nous nous devrons d'être contraignants, plus nous risquerons de drames.
   Voila pourquoi nous militons ici pour que soient prises au plus vite toutes les mesures susceptibles d'infléchir cette pente infernale.

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 16:20

  
   Si la question démographique reste encore largement taboue même chez les écologistes, on note quand même un léger frémissement,


   Ces derniers jours ont été marqués par la déclaration du député " Vert " Mr Yves Cochet qui parlant de " grève du troisième ventre " a clairement mis en cause la nécessité de favoriser la natalité par des mesures sociales ou fiscales liées à la naissance d’un troisième enfant. Ces propos n’ont pas toujours été appréciés au sein même de sa propre mouvance. Il fallait un certain courage.

  
   De même en Angleterre Jonathon Porrit, un conseiller du gouvernement pour le développement durable a déclaré :

   " Les familles comptant plus de deux enfants ont un impact irresponsable sur l’environnement ".
   Qui a dit que les politiques maniaient toujours la langue de bois ? Il y a d’heureuses exceptions.  Jonathon Porrit souhaiterait d'ailleurs ramener la population britannique à 30 millions d'habitants. Gageons qu'il ne va pas se faire que des amis.

  
  En France l’association Démographie Responsable vient de se constituer et commence a faire part de ses vues et de ses propositions afin de promouvoir des familles de deux enfants ou moins.

  
  Voici pour notre part le message envoyé au quotidien "Libération" et aux " Verts " que nous avons rédigé afin de saluer l’initiative d’Yves Cochet et de soutenir ses propositions.

 
" La proposition d'Yves Cochet est courageuse et il faut applaudir qu'enfin un personnage public lève le tabou.
  Il est important de comprendre que quelles que soient les bonnes volontés en matière d'écologie, elles seront balayées si nous sommes trop nombreux.

  Beaucoup de réactions ici (*) font part de la lenteur et de l'inertie des mécanismes démographiques. Ils mettent en doute l'efficacité de la restriction de la natalité parce que ses effets seront lointains. Cela doit au contraire nous encourager à le faire, il ne faut pas agir pour demain mais pour un peu plus loin. Imaginons en 2100 un monde avec 12 milliards d'habitants ou un monde à 3 milliards d'habitants. Lequel sera le plus vivable ? Le moins générateur de conflits ? Le plus susceptible de respecter la nature et les autres espèces ?
  Il faut donc commencer maintenant dans les pays peu développés pour l'effet démographique comme dans les pays développés pour la valeur de l'exemple et aussi parce que c'est là que chacun consomme le plus.

  Dans ce cadre, cesser d'encourager financièrement la natalité est une mesure sage et responsable, elle n'a rien d'anti-humaniste, bien au contraire. Elle prépare à l'inverse un monde qui pourrait être moins coercitif et moins pollué.
  Ne nous trompons pas, plus nous serons nombreux plus nous ferons le lit des contraintes futures. "

 


(*) Allusion à quelques réactions des lecteurs de " Libération "

 

 

 

 

 

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1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 11:42



L'effectif exact de la population mondiale n'est évidemment  pas connu  à l'unité près, mais voici les estimations que donnent quelques sources au 1er janvier 2009.


INED                                            :   6, 788  milliards

International Data Base (US)      :   6, 751 milliards  (*)

Population data net                     :   6, 750  milliards

Worldometers                              :   6, 738  milliards

  
En un an, notre effectif s'est accru de 75 à 80 millions de personnes, soit environ 1,3 fois la population métropolitaine française. Cela correspond à une croissance journalière  d'un peu plus de  210 000 personnes soit l'équivalent des deux tiers  de la population de l'Islande.
Dans le même temps, la quasi totalité des espèces de grands mammifères à connu une évolution inverse et les espaces encore naturels ont régressé au prorata.
L'urbanisation croissante du monde ne réduit pas la pression anthropique sur  les étendues disponibles puisqu'on note simultanément une extension des surfaces cultivées.
Ceci est d'ailleurs  fort logique malgré l'aveuglement de beaucoup de mouvements écologistes qui occultent toute réflexion sur l'impact de nos effectifs.
___________________________________________________________________
(*) Valeur soumise à caution car plus tard, au cours de l'année 2009, les données pour l'International Data Base (c'est à dire de l' US Census Bureau, remarquable base de données par ailleurs) se trouveront peu compatibles avec cette estimation (il y aurait eu quasiment le même nombre d'habitants à mi année 2009 qu'au premier janvier de cette même année).

Voir également pour les années suivantes la série d'articles :

la population mondiale au 1er janvier :

Tous les articles intitulés : La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards), 2012 (7,003 milliards),

2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards), 2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 

2017 (7,440 milliards), 2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards), 

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards), 2024 (8,075 milliards).

 

 

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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 16:48

Alors que nous mettons la question démographique au cœur de la problématique écologique et que nous regrettons que ce sujet soit considéré comme pratiquement tabou au sein même de la plupart des mouvements écologistes, il est réconfortant de voir le point de vue d’un homme tel que Claude Lévi-Strauss dont on fête cette semaine le centième anniversaire.


     Dans un entretien diffusé jeudi au cours de l’émission " Ce soir ou jamais " animée par Frédéric Taddeï sur France 2, Claude Lévi-Strauss considère lui aussi que le nombre des hommes constitue la principale menace pour l’avenir de l’humanité. Après avoir constaté que notre effectif était passé d’environ 1,6 milliard lors de sa naissance en 1908 à plus de 6 milliards aujourd’hui et à bientôt 8 ou 9, l’anthropologue se dit effrayé par cette progression.


     Claude Lévi-Strauss termine l’entretien par ces propos :


" Je ne peux pas avoir beaucoup d’espoir pour un monde trop plein "


    Comment mieux dire les choses ?




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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 14:20
         
     Souvent pour évoquer un fort mouvement de croissance les économistes utilisent le terme de croissance exponentielle. Que cache en réalité ce terme ? Quelles sont les implications d’un tel phénomène ?

    Je vous propose de mieux le connaître en nous appuyant sur l’analyse de la croissance démographique.
 
Prenons l’exemple d’une population en augmentation de 2 % par an comme l’était l’humanité dans son ensemble durant la décennie 1960-1970.
 
Affirmer que cette population évolue à ce rythme revient à dire que son effectif se voit annuellement multiplié par le coefficient 1,02. Après deux ans elle se trouve ainsi multipliée par 1,02 x 1,02 soit 1,022 et de façon plus générale par 1,02 n à l’issue de n années.
 En généralisant encore, un taux de croissance de x % conduit après n années à la multiplication des quantités initiales par (1 + x/100) n. La variable temporelle, le nombre d’années écoulées (n) est ici placée en exposant. C’est pourquoi on parle de croissance exponentielle.
 
Le mot a quelque chose d’effrayant et cet effroi est hélas parfaitement justifié. Les progressions exponentielles recèlent en effet deux particularités fort inquiétantes.
 
-         Elles conduisent à terme à une véritable explosion des quantités auxquelles elles s’appliquent et ce, même si le taux de croissance ramené à l’année (ou à la période de référence)  apparaît très modéré.
-          Elles cachent très bien leur jeu puisque le caractère catastrophique de la progression ne se dévoile qu’à proximité de l’échéance, quand par exemple un territoire devient surpeuplé.
 
L’ignorance, parfois volontaire, de ces deux conséquences justifie pour une part l’amour immodéré que les démographes et les économistes portent à la croissance. Les situations sans issue, auxquelles elles conduisent se situent généralement à des échéances placées au-delà de leur horizon habituel de réflexion et parfois plus prosaïquement de leur mandat pour les décideurs politiques. Un certain conformisme, une sorte de pensée unique selon l’expression en vogue joue aussi son rôle dans cette unanimité. Voyons maintenant le détail de ces deux particularités que sont l' Explosion et le masquage.
Tout d’abord l’explosion. Reprenons notre exemple. Une croissance de 2 % conduit à un doublement de la population en 35 ans environ (parce que : 1,0235 = 2). Ces 2 % en apparence bien anodins amèneraient ainsi la population à quadrupler en 70 ans et à être multipliée par 8 en 105 ans faisant en conséquence passer en à peine plus d’un siècle le nombre d’êtres humains de 6,6 à 53 milliards ! Difficile à imaginer ! Aujourd’hui, en 2008 l’accroissement de la démographie mondiale s’est quelque peu ralenti et s’établit autour de 1,2 % par an.   Pourtant cette baisse ne change pas fondamentalement les données du problème. Le temps de doublement de la population passe de 35 à 58 ans mais  à l’échelle de l’histoire, cela conduit presque aussi rapidement et tout aussi sûrement à la catastrophe. Dans cette hypothèse, c’est en 2181 que nous serons 53 milliards, mais c’est probablement beaucoup plus tôt que nous connaîtrons de très sérieuses difficultés.
Que ceux qui ont quelque goût pour les chiffres sachent que si la population continuait sur le même rythme, elle atteindrait en 840 ans l’effectif de 150 000 milliards ce qui correspond à la surface des terres émergées exprimée en mètres carrés, Antarctique, Groenland et autres déserts compris. Chaque homme disposerait alors exactement d’un carré de un mètre de côté. Il est préférable de laisser cela au domaine de la fiction. Début 2008 chaque homme jouit encore de 22 700 m² soit un peu moins de 2,3 hectares. C’est en fait déjà très peu pour une gestion écologique de nos ressources. Quant à ceux qui aiment les films catastrophes et la science fiction la plus incroyable, qu’ils sachent que si la population actuelle  continuait sur sa lancée, elle formerait dans un peu moins de 9 000 ans une sphère de matière dont le rayon croîtrait à la vitesse de la lumière ! Sidérant non ? A titre de curiosité vous trouverez le calcul ici.
Bien sûr, ces lois de progression ne relèvent pas du seul domaine démographique, elles s’appliquent à toute quantité matérielle. La croissance de la production de tel ou tel bien ne peut se poursuivre éternellement faute de quoi la planète finirait toujours crouler sous les objets fabriqués : tonnes d’acier, automobiles, ordinateurs etc. Les émissions de polluants se trouvent soumises aux mêmes lois, même si certains mécanismes naturels en permettent partiellement le recyclage. Une croissance exponentielle finit toujours par l’emporter… jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de combattant.
Les croissances exponentielles conduisent enfin à des impasses dans un domaine désormais largement médiatisé : Les prélèvements sur les ressources naturelles. Que ces ressources soient finies comme l’illustre bien le prochain épuisement des réserves d’hydrocarbures ou qu’elles soient renouvelables  comme le sont la faune et flore. Là aussi, quelles que soient les capacités de régénération de la nature, le mouvement exponentiel a toujours le dernier mot. Ainsi a été épuisé en moins de cent ans l’essentiel des réserves halieutiques. Malgré tous les moyens mis en œuvre, la pêche stagne et s’est même effondrée pour certaines espèces autrefois aussi courantes que la morue en Atlantique Nord. C’est donc la nature qui en dernier recours met fin à une croissance impossible que l’homme n’a pas su réguler. C’est la solution la plus brutale, la plus définitive, celle qui ne laisse que des perdants.

    Pour être tout à fait précis, il faut ajouter que ces limitations ne s’appliquent pas aux seules progressions exponentielles. Un mouvement de croissance arithmétique c’est à dire par lequel on produit au cours de chaque cycle une quantité fixe de plus que lors du cycle précédent (de type : 100, 105, 110, 115…) conduit lui aussi à une impasse dans un monde fini si les produits ne se détruisent ou ne se recyclent pas avec le temps. La construction de nouvelles voies de communications par exemple même en quantités annuelles stables ou même décroissantes devra bien s’arrêter un jour faute de voir macadamisée la planète entière. Le caractère exponentiel accélère le mouvement et rend en cela l’avenir plus incertain car plus difficilement maîtrisable.

Dans un monde fini comme l’est notre planète, toute croissance d’une quantité matérielle ne peut être que transitoire. Cette impossibilité à maintenir durablement un phénomène d’expansion ne résulte d’aucun préalable idéologique ni d’aucun choix de société. Seules les lois de la physique sont en cause. Pourtant, dans leur quasi-unanimité, les mondes politiques et économiques ignorent cette réalité et vouent au mot comme au concept de croissance une adoration presque religieuse. Quelle est la source de cette addiction ? Est-ce l’image positive ‘naturellement‘ associée à l’idée de progression ?  Est-ce la volonté bien comprise   de promettre. 
Examinons maintenant la seconde caractéristique de ce type de progression : sa capacité à masquer la proximité des échéances.

Cette notion a été popularisée avec talent par le généticien Albert Jacquard qui a donné à l’un de ses livres le titre de la petite fable illustrant le phénomène : L’équation du nénuphar
[1]. Nicolas Hulot l’a également évoqué dans « le syndrome du Titanic[2] ».De quoi s’agit-il ? Simplement de répondre à la question suivante : Sur un étang se trouvent quelques nénuphars et ceux ci ne cessent de se multiplier. Si l’on sait que la surface de l’étang sera entièrement couverte par ces plantes en 50 jours et que leur étendue double chaque 24 heures, au bout de combien de temps les nénuphars recouvriront-ils la moitié de l’étang ?
      La première réponse qui vient à l’esprit : 25 jours est évidemment fausse. Si la surface double tous les jours la moitié de celle ci aura été couverte à la veille de l’échéance. Cela signifie que face à une progression exponentielle la catastrophe ne s’annonce pas longtemps à l’avance. L’avant veille de la catastrophe un quart seulement de l’étang est couvert et l’antépénultième jour un huitième seulement, laissant ainsi croire que l’étang est ‘sous peuplé’ et qu’il reste tout le temps pour réagir. Notre planète ressemble à cet étang !
Nous ne savons pas quelle est exactement l’échéance pour la Terre, c’est à dire à quel niveau de densité humaine elle deviendra proprement invivable. Il s’agit d’ailleurs d’une notion par nature imprécise. Sous certains aspects notre planète est déjà largement surpeuplée, en ce qui concerne la place laissées aux autres espèces notamment. Pour un monde qui supporte une humanité en progression annuelle de 1,2 % l’équivalent du « jour nénuphar » de la parabole vaut donc 58 ans, c’est le temps de doublement de notre effectif.  
     Une soixantaine d’années, cela représente deux générations, c’est très court au regard de la forte inertie des mécanismes démographiques. L’avenir à moyen terme (moins de 40 ans) est quasiment déjà écrit. Ainsi nous savions dés la fin des années 50 que l’humanité atteindrait six milliards d’individus en l’an 2000. Même si nous réduisons quelque peu notre taux de fécondité, ce qui a commencé, le très grand nombre de personnes en âge d’avoir des enfants ou qui vont prochainement atteindre cet âge fait que mécaniquement, la population continuera à croître pendant les décennies à venir. Le phénomène sera par ailleurs amplifié du fait de l’allongement attendu de la durée moyenne de la vie (un peu moins de 60 ans aujourd’hui pour l’humanité dans son ensemble).
Ce masquage des échéances est extrêmement préoccupant. Il introduit chez beaucoup de nos contemporains un véritable aveuglement. On entend encore fréquemment dire que la question de la surpopulation n’est pas urgente puisque 30 ou 40 % (le taux dépend des définitions retenues) des surfaces émergées sont encore vides ou sous peuplées.
       C’est là une illusion dangereuse, la preuve que la véritable nature d’une progression exponentielle est encore largement incomprise.

      Dans moins de deux générations, soit toute la planète sera peuplée ce qui est improbable compte tenu du caractère inhabitable d’une bonne partie des surfaces aujourd’hui inoccupées, soit les terres déjà habitées le seront avec une densité double de celle de 2007 avant de l’être avec une densité quadruple une soixantaine d’années plus tard.


      Quelle marge de manœuvre restera-t-il alors pour la protection de l’environnement ? Pour la préservation des espèces animales et végétales ? Pour les prairies, les forêts ? Malgré touts les bons sentiments, toutes les bonnes volontés : Aucune !


        Le caractère inexorable, explosif et masquant d’une croissance exponentielle met en péril notre avenir. Plus insidieusement, il condamne sans que beaucoup d’écologistes n’en aient conscience ou ne veuillent l’admettre l’idée que l’on puisse concilier développement démographique et même développement économique avec la protection de la planète. Par sa nature, l’exponentielle emporte tout, même les illusions d’une croissance douce, respectueuse et durable !

 

note :  Voir également sur ce sujet et à titre de curiosité, l'article Démographie Explosive et vitesse de la lumière. 


[1] Albert Jacquard , L’équation du nénuphar : Les plaisirs de la science , éditions Calmann-Lévy 1998
[2] Nicolas Hulot, Le syndrome du Titanic , éditions Calmann-Lévy 2004
 
 
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11 janvier 2008 5 11 /01 /janvier /2008 13:38

Selon le site Populationdata.net  nous étions au 1er janvier 2008 environ 6 milliards et 667 millions d'êtres humains sur notre planète (un tout petit peu plus selon l'INED (voir : www.ined.fr ).
On sait que la question démographique est souvent taboue dans les milieux de l'écologie.
Même si chacun d'entre nous se comporte bien ce chiffre est-il raisonnablement  compatible avec le respect de l'environnement ? 
Quel espace laissons nous aux autres espèces ?
Pourquoi ne pourrait-on pas être humaniste sans être nataliste ?

 

 

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