Le mensuel Science et Vie fait un point dans son numéro de novembre 2008 (numéro 1094, page 72) sur les réserves pétrolières dans l’Arctique.
Ces réserves sont l’objet d’importants débats. Selon les plus " optimistes ", elles s’élèveraient à 90 milliards de barils (avec une probabilité de 50 % pour que ce montant soit atteint). C’est évidemment très important mais ne correspond toutefois qu’à 3 ans de consommation mondiale et ne change en rien la problématique énergétique de la planète. D’autres comme Jean Lahererre, cofondateur de l’ASPO estiment que la probabilité que le sous sol de l’océan glacial recèle de telles quantités n’atteint sans doute que 5 % et que l’on doit plutôt compter sur 10 milliards de barils (3 à 4 mois de consommation mondiale).
En tout état de cause, ces réserves posent de nombreux problèmes. Tout d’abord leur combustion, bien sûr, s’ajouterait à celle des quantités existantes et augmenterait d’autant la pollution. En second lieu les conditions extrêmes (froid, profondeur…) pourraient être source de marées noires (rupture de canalisation, accidents de navires liés aux icebergs ou à la banquise, d’autant que le trafic maritime serait en forte augmentation).
Enfin l’Arctique est un lieu fragile. Le froid ralentit les processus de décomposition et une marée noire aurait des effets de très long terme. La lutte contre une telle catastrophe serait elle même particulièrement difficile, certaines zones étant couvertes de glace une bonne partie de l’année (voir en permanence mais le réchauffement climatique devrait changer cela !)
De son coté Sciences et Avenir (numéro 74, novembre 2008, page 38), évoque la question des hydrates de méthane et fait part d’inquiétantes nouvelles. Sous le titre " La bombe à méthane est amorcée " la revue relate les découvertes d’une équipe suédoise selon laquelle on noterait une concentration inhabituelle de méthane dissous dans l’océan.
Cette concentration serait liée à un dégazage de méthane sur le plateau continental sibérien. On sait que le relâchement des immenses réserves de méthane sous les fonds marins (sous la forme d’hydrate de méthane) ou dans le permafrost sur Terre, constitue l’une des grandes menaces écologiques pour les siècles à venir. Le réchauffement climatique, pourrait favoriser ces dégazages et entraîner une très forte augmentation de la concentration du méthane dans l’atmosphère. Ce processus aurait déjà eu lieu plusieurs fois dans l’histoire de la planète et pourrait être à l’origine de brutaux épisodes de réchauffement tant le méthane est un gaz à effet de serre efficace.
C’est là la double illustration de ce qu’on appelle un effet de seuil et une spirale infernale. Au dessus d’un certain niveau des températures, le méthane stocké se libère et cette libération entraîne à son tour une augmentation de l’effet de serre et par là à nouveau des températures.
Les hausses peuvent alors s’avérer extrêmement importantes et changer complètement la face de la biosphère. Attention quand même au catastrophisme systématique. Si le mécanisme est enclenché, le danger potentiel est extrême mais les faits doivent encore être confirmés et plus précisément chiffrés par d’autres recherches.