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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 09:38

Le mensuel  Science et Vie fait un point dans son numéro de novembre 2008 (numéro 1094, page 72) sur les réserves pétrolières dans l’Arctique.
Ces réserves sont l’objet d’importants débats. Selon les plus " optimistes ", elles s’élèveraient à 90 milliards de barils (avec une probabilité de 50 % pour que ce montant soit atteint). C’est évidemment très important mais ne correspond toutefois qu’à 3 ans de consommation mondiale et ne change en rien la problématique énergétique de la planète. D’autres comme Jean Lahererre, cofondateur de l’ASPO estiment que la probabilité que le sous sol de l’océan glacial recèle de telles quantités n’atteint sans doute que 5 % et que l’on doit plutôt compter sur 10 milliards de barils (3 à 4 mois de consommation mondiale).

En tout état de cause, ces réserves posent de nombreux problèmes. Tout d’abord leur combustion, bien sûr, s’ajouterait à celle des quantités existantes et augmenterait d’autant la pollution. En second lieu les conditions extrêmes (froid, profondeur…) pourraient être source de marées noires (rupture de canalisation, accidents de navires liés aux icebergs ou à la banquise, d’autant que le trafic maritime serait en forte augmentation).
Enfin l’Arctique est un lieu fragile. Le froid ralentit les processus de décomposition et une marée noire aurait des effets de très long terme. La lutte contre une telle catastrophe serait elle même particulièrement difficile, certaines zones étant couvertes de glace une bonne partie de l’année (voir en permanence mais le réchauffement climatique devrait changer cela !)

 

 

De son coté Sciences et Avenir (numéro 74,  novembre 2008, page 38), évoque la question des hydrates de méthane et fait part d’inquiétantes nouvelles. Sous le titre "   La bombe à méthane est amorcée " la revue relate les découvertes d’une équipe suédoise selon laquelle on noterait une concentration inhabituelle de méthane dissous dans l’océan.

Cette concentration serait liée à un dégazage de méthane sur le plateau continental sibérien. On sait que le relâchement des immenses réserves de méthane sous les fonds marins (sous la forme d’hydrate de méthane) ou dans le permafrost sur Terre, constitue l’une des grandes menaces écologiques pour les siècles à venir. Le réchauffement climatique, pourrait favoriser ces dégazages et entraîner une très forte augmentation de la concentration du méthane dans l’atmosphère. Ce processus aurait déjà eu lieu plusieurs fois dans l’histoire de la planète et pourrait être à l’origine de brutaux épisodes de réchauffement tant le méthane est un gaz à effet de serre efficace.

C’est là la double illustration de ce qu’on appelle un effet de seuil et une spirale infernale. Au dessus d’un certain niveau des températures, le méthane stocké se libère et cette libération entraîne à son tour une augmentation de l’effet de serre et par là à nouveau des températures.
Les hausses peuvent alors s’avérer extrêmement importantes et changer complètement la face de la biosphère. Attention quand même au catastrophisme systématique. Si le mécanisme est enclenché, le danger potentiel est extrême mais les faits doivent encore être confirmés et plus précisément chiffrés par d’autres recherches.

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 08:54

Bonus malus abusus ! 

 

Mondial de l’automobile, et déjà 10 mois d’expérience du bonus malus : c’est le moment de s’interroger sur ce dispositif au service du développement durable mis en place par le tandem Jean-Louis Borloo-Nathalie Kosciusko-Morizet dans la foulée du Grenelle de l’environnement.

A première vue, c’est un succès : la part des petites voitures a nettement augmenté au détriment des grosses automobiles, plus rapides, plus lourdes et donc plus polluantes. Succès si important que l’équilibre financier du dispositif initialement prévu – les malus finançant les bonus distribués – a été mis à mal et que l’Etat y est de sa poche.

A tout le moins, si on déclare se situer dans une logique de long terme, il faudrait exiger que toute redistribution financière à fin d’orienter les choix des consommateurs d’une activité polluante, même s’il s’agit d’en réduire ses effets, soit financée par les consommateurs de cette activité eux-mêmes. Le système de bonus malus automobile doit s’équilibrer, sinon il fonctionne comme une pompe qui marche à l’envers et se transforme en mode de subvention à une consommation polluante, un bonus malus abusus !

Autre interrogation : est-il malin de la part des Pouvoirs publics de qualifier d’écologique et d’encourager les Français à acheter une voiture qui va générer lors de sa durée de vie, comme signalé plus haut, environ 25 tonnes de CO2 ; et qui devra fonctionner au diesel ou à l’essence jusqu’en 2023, terme prévisible de son fonctionnement ? Outre que l’on produit une pollution du langage à qualifier une telle voiture d’écologique, on lance les consommateurs dans une impasse économique, car nous savons tous que l’économie du pétrole ne permettra pas de circuler à bon compte dans les années 2015-2020 avec du diesel ou de l’essence. Or l’achat d’une voiture est un achat lourd, structurant et engageant pour le budget des ménages ; en l’absence d’une rupture technologique nécessaire (voiture légère, moteur Stirling à air comprimé, etc.), il serait plus prudent pour les consommateurs de faire durer leur voiture actuelle encore quelque temps et de garder leur argent ou de l’investir par exemple dans une meilleure isolation de leur logement. Cela aurait aussi pour vertu de mettre les constructeurs automobiles sous tension, car il faut bien reconnaître qu’ils ne se pressent pas de s’adapter aux contraintes écologiques. Qu’attendent-ils, sans attendre de miracles en R&D, pour produire dés maintenant des voitures légères, conçues avec une vitesse de pointe de 120 km/h, ce qui permettrait d’économiser sur le système de freinage, les pneumatiques, la motorisation, en fait sur la totalité de la voiture ?

Allons plus loin encore ! Et constatons que se déplacer en automobile a un coût élevé pour la planète. Sans oublier qu’aujourd’hui l’automobile n’est pas zappable, voici quelques suggestions d’action pour tous ceux qui veulent se situer dans une logique de long terme.  

Pourquoi ne pas garder le principe du bonus malus, mais en l’étendant à la logique du déplacement ? En d’autres termes, passer du bonus malus automobile au bonus malus déplacement ; donc taxer les voitures les plus polluantes comme aujourd’hui et utiliser cet argent pour encourager les modes de circulation propres en finançant par exemple l’amélioration des trains de banlieue, ou des pistes cyclables et des parkings à vélo, ou en multipliant les voies piétonnes. Et pour les voitures actuellement objet d’un bonus se contenter d’une absence de taxe.

Pourquoi ne pas interdire la publicité pour les voitures, comme on l’a fait pour le tabac ? Il faut sortir de notre imaginaire ‘le désir de voiture’, cela à terme aura des conséquences sur cette consommation-là. Bien sûr, cela va poser un problème à nos constructeurs automobiles ; alors prévenons les au plus vite qu’ils doivent s’adapter et/ou se diversifier, un peu comme les grands groupes pétroliers sont en train de se transformer en spécialistes de l’énergie.

Pourquoi ne pas baisser immédiatement la vitesse maximale à 120 ou même 110 km/h sur les autoroutes, comme il en était question au Grenelle de l’environnement ?  

Pourquoi ne pas imposer aux villes de plus de 5000 habitants la création d’une zone sans voitures significative ?

Pourquoi plus globalement ne pas réfléchir en terme de néga-kilomètres, comme certains le font en matière d’énergie avec les néga-watts ? Autrement dit, il faut favoriser le non-déplacement ou minimiser les distances à parcourir. Ce qui suppose de réfléchir en profondeur à l’aménagement de nos territoires. Une épicerie qui ferme dans un quartier, combien de km en voiture ? Combien de tonnes de CO2 ? Réfléchir en néga-kilomètres, c’est assez vite penser à établir une taxe carbone significative pour obliger chacun à faire ses choix en matière de situation du logement et/ou du travail, et de déplacements pour les courses, les promenades ou les vacances. Qu’est ce qu’une taxe carbone significative ? Une taxe qui oblige à faire des vrais choix, donc d’un montant d’au moins 50 centimes par litre de carburant pour commencer, et qui devrait doubler d’ici à 5 ans. En contrepartie, les sommes collectées doivent être utilisées à baisser les impôts pour rester à niveau de prélèvement constant et à aider les ménages déstabilisés par ce changement à s’adapter. Cela peut nous affecter fortement dans notre vie quotidienne, dans notre niveau de vie, cela ne sera pas facile, mais ne rien faire aujourd’hui sera encore plus pénalisant demain, et d’abord pour les plus fragiles d’entre nous.

Encore un mot, remettre en question les déplacements automobiles d’aujourd’hui n’est pas vouloir un monde immobile et fermé sur lui-même. C’est plutôt notre monde, en formatant, en uniformisant, qui tue la diversité, qui tue le voyage et la découverte de l’autre. Eviter les déplacements inutiles et polluants, éviter de passer une partie importante de son temps à financer une voiture prise quotidiennement dans les embouteillages comme le dénonçait déjà Ivan Illich il y a plus de trente ans, c’est aussi gagner du temps pour voyager et découvrir le monde.

 

Cet article fait partie d’une série de trois articles sur le thème du déplacement ; les deux prochains aborderont la question du transport de marchandises et la question du transport aérien.

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14 octobre 2008 2 14 /10 /octobre /2008 08:52

On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré.

 

Au moment où tant de personnages politiques vantent, la science et la croissance pour nous sortir de l’impasse écologique dans laquelle se trouve le monde, cette petite phrase attribuée à Albert Einstein et citée (entre autres) par Paul Ariès dans " Décroissance ou Barbarie " me semble devoir être méditée !

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 06:17

France 5 diffuse ce jeudi 9 octobre à 15 h 35 une émission intitulée :


                                  Vent de fronde contre l’éolien.


Si les éoliennes ont la cote auprès des écologistes elles suscitent de plus en plus d’opposition de la part des riverains ou tout simplement des défenseurs des paysages.

L’éolien, source intéressante pour les lieux isolés (encore que son intermittence suppose l’existence de moyens de stockage du courant) constitue également une technologie  qui serait parfaite dans un monde peu gourmand en énergie.

Dans un pays comme la France, très consommateur, l’essentiel de l’électricité est fournie par le nucléaire (sans émission de Gaz à effet de serre). Dans ce cadre, doit-on effectivement sacrifier tant de paysages et raccorder au réseau des milliers d’éoliennes dont l’apport restera finalement marginal face aux grandes centrales électriques ? De récentes études montre que les oiseaux sont fortement victimes des pales géantes.

Rien n’est simple en matière d’environnement, et les solutions les plus sympathiques ne résistent pas toujours à l’analyse.

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 07:54

   
                       Un coup de cœur à faire partager : le (tout) petit livre de  Henry Thoreau (6 pages et encore c’est écrit gros) :


     L’esprit commercial des temps modernes.


    Cet opuscule rédigé à l’occasion d’un examen scolaire par  le tout jeune Thoreau il y a maintenant 170 ans exprime sans doute le fond de ce qui motive tout défenseur de l’environnement : Je vous laisse le découvrir : Un petit bijou.

 

    Ecologiste avant l’heure, amoureux de la nature, désormais considéré comme un des premiers penseurs de la décroissance, Henry Thoreau avait probablement tout compris bien avant les verts (mieux compris aussi sans doute). On n’ose imaginer son regard sur le monde d’aujourd’hui.

    L’ouvrage est publié chez le Grand Souffle Editions (2007) .

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27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 11:21

Le Monde daté du 26 septembre 2008 annonce la publication par le GPC (Global Carbon Project) des données sur les émissions de CO2.

Résumé de la situation :    C’est de pire en pire.


" Le niveau d’émission de dioxyde de carbone se situe un peu au-dessus des scénarios les plus pessimistes du GIEC "

Les quantités émises sont élevées et leur progression n’est en rien ralentie, bien au contraire.

De 1990 à 2000 la quantité de gaz carbonique générée par les activités humaines à cru au rythme moyen de + 0,9 % l’an. De 2000 à 2007, le rythme de progression est passé à + 3,5 % l’an.
Nous nous trouvons donc en face d'une  croissance de la croissance  (on imagine sans doute qu’en réalité cette augmentation de la  progression s'est faite   plus régulièrement de 1990 à 2007 sans que l’année 2000 constitue une telle charnière).
 Le pire scénario réalisé par le GIEC envisageait une croissance des émissions de 2,7 % l’an.
Autre mauvaise nouvelle : l’économie dans son ensemble devient de moins en moins propre. Une unité de PIB génère de plus en plus d’émission de CO2.

 

Principaux responsables :

 

  •  

  • Aucune mesure significative dans les pays développés.
  •  

     

  • Croissance forte des émissions des pays dits émergents, Chine et Inde en tête (la Chine est aujourd’hui le premier émetteur de CO2).
  •  

     

  • Déforestation.
  •  

     

  • Baisse de l’efficacité des puits naturels de carbone (ce point très technique reste à valider).
  •  

 

 

Rien de nouveau sous le soleil donc, cela confirme les informations relayées en juin 2007 par Science et Vie dont nous avions fait échos dans un article sur le même sujet (Voir : " CO: De pire en pire ", du 28 juin 2007).

Il y a beaucoup de bruit autour de la question du CO2 mais en pratique rien n’est fait et il est probable que l’ensemble des réserves de pétrole et de gaz se verront transformées en gaz carbonique dans les 40 ans à venir sans que nous ne fassions rien d’autre que le déplorer.

Sans action vigoureuse sur la croissance et la démographie tous les discours, toutes les intentions ne seront que bons sentiments… et mensonges !

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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 15:07

Les actuels débats sur la mise en place de taxes " écologiques " sur différents produits et les voltes faces récentes du gouvernement ont l’avantage de mettre l’accent sur un point que bien peu d’hommes politiques ont le courage d’affronter en face :
La contradiction fondamentale entre une société de consommation et le respect de l’environnement. Qu’elle soit qualifiée de droite ou de gauche, aucune politique n’aura d’efficacité réelle en matière de protection de la nature si elle ne remet pas en cause le principe d’une croissance continue de nos consommations matérielles. Il est illusoire d’imaginer une croissance vertueuse basée sur de " gentils " produits respectueux de l’environnement. Il nous faut apprendre à être plus légers sur la Terre, plus modestes dans notre rôle, dans notre nombre et dans nos productions. Le reste relève simplement de la bonne conscience médiatique.

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23 juin 2008 1 23 /06 /juin /2008 11:44


    Depuis quelques années, plusieurs études montrent qu’il existe une corrélation inverse entre la densité d’un tissu urbain et la consommation d’énergie par habitant. Autrement dit, pour une même population, plus une ville est étendue, plus elle consomme, plus elle est dense, plus elle est économe.


    Cela se conçoit aisément. Dans une ville dense, les déplacements sont moindres et plus facilement assurés par des transports en communs. Dans les villes étendues, Phœnix est aux Etats Unis la ville la plus souvent citée comme l'exemple à ne pas reproduire, les gens se déplacent beaucoup et le font en voiture la plupart du temps. De plus le chauffage ou la climatisation d'un immeuble  est généralement plus économe que celui d'une maison individuelle (à cause du rapport surface/volume qui est plus réduit). A cette  forte consommation d’énergie s’ajoute  une occupation de plus larges surfaces laissant ainsi moins de terres aux espaces naturels


    De cette constatation, beaucoup d’écologistes concluent qu’il faut densifier les villes voir même favoriser les tours et les grands ensembles.

   C’est là une conception très inquiétante de l’écologie car elle tend à transformer tous les hommes en urbains, à les faire vivre dans un monde totalement coupé de la nature, à ne plus avoir de jardin, à ne plus ni apprécier ni connaître les saisons, à ne plus jouir du bonheur de voir pousser la végétation à chaque printemps.


    Fondamentalement l’homme n’est pas fait pour vivre en cage comme un lapin (encore que le lapin lui non plus, n’a aucune attirance ni prédestination pour la cage).

   Ce genre de point de vue ne vise qu’à valider la possibilité d’une démographie élevée, faite de populations nombreuses que nous serons donc forcés d’entasser pour préserver un tout petit reste de nature. Rappelons que même dans ce cas les populations devront se nourrir et asservir de grandes surfaces, même si chacun, pour son logement, consomme un peu moins 


    Là encore, il serait beaucoup plus raisonnable d’être moins nombreux. Cela permettrait tout à la fois de protéger la nature et à chacun d’être en contact avec elle. Quel avenir pour une société ou la nature est ignorée, inconnue ?
 Est -il besoin d' ajouter que les grandes concentrations humaines tant en terme de nombre que de densité sont les meilleurs terreaux pour la violence ?


    L’homme rêve-t-il de HLM ou de jardins ?


    Est ce parce que beaucoup d’écologistes sont urbains qu’ils proposent ce genre de solutions ? Le monde qu’ils envisagent est  effrayant. Une fois encore le choix démographique est au coeur de la problématique.






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11 juin 2008 3 11 /06 /juin /2008 17:06

Le mensuel Science et Vie intitule son "Hors-série" de juin 2008: Construire un monde durable ( trimestriel hors-série numéro 243).

Le titre de l’éditorial : Planète finie, pose le problème avec justesse et concision. L’ensemble est complet et bien conçu. On y retrouve toutes les grandes questions qui décideront de notre avenir : Pollution, agriculture, biodiversité énergie, urbanisme…
Seul regret,  la problématique démographique n’est véritablement abordée que sur un quart de page. Les lecteurs de ce blog savent que nous mettons ce sujet au cœur de la réflexion écologique. Si nous ne maîtrisons pas la démographie, tous les efforts et tous les progrès réalisés par ailleurs seront anéantis. Il ne sert à rien de polluer chaucun deux fois moins  si nous sommes deux fois plus nombreux. Au mieux nos efforts ne retarderont ainsi que de quelques années l’effondrement écologique de la planète.

Une jolie phrase  extraite de l’interview du socio-anthropologue Alain Gras : " Aujourd’hui, la seule condition de survie réside dans l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète ". Oui, c’est bien là ce qui doit guider toute la démarche de l’humanité.
Le temps de la domination et de sa glorification est révolu.

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 09:25

Le 26 mai, l’émission " C dans l’air "  animée  sur France 5 par Yves Calvi était consacrée à la hausse des produits pétroliers et en particulier à celle du gasoil dont on sait qu’il bénéficie d’une faveur croissante chez les automobilistes. Plusieurs économistes étaient invités.

Le ton a été donné dés l'une des premières phrases de l’un d’entre eux.

" Ce n'est pas une question de géologie, les réserves on les a ". a-t-il dit

Cette sentence assénée comme une vérité résume et illustre à elle seule l’incompréhension des économistes envers la crise écologique qui touche notre planète.

La science économique s’est bâtie sur un ensemble de théories où la valeur était une mesure du travail incorporé. Les biens fournis par la nature n’ont jamais été considérés comme des richesses et seul l’effort pour se les approprier pouvait être considéré comme partie intégrante de leur valeur. Leur prix qui est une notion différente pouvant par ailleurs être fixé par l’équilibre offre / demande sur les marchés.

Il résulte de cette approche que tous les biens naturels sont exclus du domaine de l’économie et que les économistes s’intéressent peu aux contraintes matérielles qui s’y rattachent et en tout cas pas à leur éventuelle disparition. Si les ressources naturelles deviennent plus rares ou plus difficiles d’accès alors leur valeur et leur prix augmentent mais ont peut toujours se les procurer par plus d’investissement ou plus de travail ( plus de " production ").

Les limites de la nature sont inconnues de l’économiste, seul compte le travail et l’investissement.

Poursuivant ses affirmations l’intervenant a donc attribué la hausse des prix au comportement des hommes : Les investissements dans le domaine du raffinage sont insuffisants et les pays producteurs préfèrent garder leur réserves plutôt que les vendre aujourd’hui car ils anticipent encore une hausse durable (ce que l’on peut considérer au choix comme de la spéculation ou bien comme une marque de sagesse ou peut-être comme les deux).

Tout cela est juste mais relève d’une cause intermédiaire.

Ce que ne veulent pas comprendre les économistes est que ces attitudes ont justement pour origine un manque physique de pétrole (relativement à notre demande qui atteint environ 85 millions de barils par jour). Si le pétrole était durablement abondant (à ce rythme de production), aucun de ces comportements n’aurait de sens et ne serait tenable plus de quelques temps. La tendance haussière n’aurait aucune raison d’exister et ne serait donc pas anticipée.

 

Nous allons manquer de pétrole et les acteurs du secteur le savent beaucoup mieux que les professeurs d’économie (cf. notre article sur la journée Panorama 2008 organisée par l’IFP)

Aucune méthode ne permettra de faire face au manque physique. Dans quelques décennies d’ailleurs la plupart des gisements accessibles requerront pour leur exploitation plus d’énergie qu’ils ne seront susceptibles d’en restituer. Dans ces conditions de rendement négatif le pétrole ne sera jamais rentable, à n’importe quel prix. En cela le raisonnement valable pour d’autres matières premières ne peut être appliqué aux produits énergétiques qui demandent de leur propre matière pour être exploités.

 

Cette déconnexion de l’économie d’avec le monde naturel est source de bien des incompréhensions et risque d’opposer longtemps l’économie à l’écologie.

 

Les réserves de pétrole sont loin d’être infinies, elles sont précieuses et mieux vaudrait les préserver pour des usages où elles sont difficilement remplaçables que de demander leur exploitation plus intensive. Cela ne fera que rendre la crise plus proche et plus brutale et nous laissera moins de temps pour trouver des alternatives.

N’oublions pas qu’à trop suivre certains des concepts chers aux économistes nous arrivons vite à des absurdités, ainsi dans un monde où l’air serait payant nous serions plus riches puisque le PIB augmenterait.

Peut-être l’économie est-elle une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls économistes ?

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