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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 11:45

     Pour une vie plus écolo au quotidien !

 

    Cet article s’adresse à ceux qui logent en appartement ou en habitat collectif.

 

    Ce que vous pouvez faire, de façon simple avec les 12 propositions suivantes, pour améliorer votre vie quotidienne et augmenter votre autonomie.

 

Ce qui dépend directement de vous et seulement de vous :

 

    Supprimez au maximum les sources de pollution intérieure liées à votre façon de vivre et aux matériaux d’ameublement et de décoration :

 

  • Evitez de polluer votre habitation en fumant à l’intérieur. Si vous ou vos amis fumez, faites comme au café ou au bureau, allez dehors.  
  • Remplacez vos moquettes et linos synthétiques par du parquet en bois ou des linos naturels. De même, évitez les meubles à base d’aggloméré dont les colles dégagent du formaldéhyde. Préférez des peintures bio et des enduits à la chaux ou à l’argile. Plus globalement donnez dans la mesure du possible la priorité aux matériaux naturels.  
  • Dans votre cuisine, renouvelez attentivement l’air ambiant, notamment si vous cuisinez au gaz. Utilisez plutôt des casseroles en inox ou en fonte (éviter par précaution celles en aluminium ou avec du téflon). Soyez attentifs aux produits de nettoyage utilisés et favorisez les produits ‘verts’.



Soyez économes et aussi un peu réactif :

 

  • Economisez l’eau en installant sur les robinets des mousseurs qui réduisent le débit d’eau jusqu’à 40%. Ayez une chasse d’eau à double débit. Mais d’abord, traquez les fuites.
  • Economisez l’électricité en supprimant vos vieux lampadaires ou appliques halogènes et en favorisant l’éclairage par LED. Surveillez la présence de givre dans vos frigos et congélateurs. Limitez l’emploi du lave-linge en ne lavant pas sans cesse vos habits et évitez dans la mesure du possible l’emploi d’un sèche-linge toujours gros consommateur d’électricité.
  • Le soir en hiver, fermez vos volets s’il y en a, et tirez vos rideaux en tissu assez épais : vous éviterez ainsi le phénomène dit de ‘paroi froide’ qui abaisse votre bien-être. A l’inverse, n’hésitez pas l’été aux heures les plus chaudes à occulter vos fenêtres sud et ouest pour vous protéger des chaleurs estivales.

 

Ce qui dépend de la copropriété :

 

    Que vous soyez propriétaire occupant ou locataire, vous pouvez agir.
    Si vous êtes propriétaire, vous pouvez intervenir lors des assemblées de gestion de la copropriété ; si vous êtes locataire, n’hésitez pas à demander à votre propriétaire d’intervenir, ou mieux encore, groupez vous avec d’autres locataires pour demander une gestion plus écologique de la copropriété.

 

  • Demandez un entretien des parties communes (paliers, escaliers, ascenseur, etc.) à base de nettoyants bio.  
  • S’il y a un jardin, demandez l’installation d’un système de récupération d’eau de pluie, qui servira pour les arrosages et diminuera la facture d’eau. Intervenez pour supprimer les désherbants chimiques et pour favoriser un jardinage bio. Défendez l’installation d’un bac à compost qui limitera le volume des déchets et enrichira les sols des espaces verts. Essayer de convaincre les autres habitants de réserver 10% de la surface du jardin pour créer une ‘zone sauvage’ qui sera par ses herbes folles et ses graines un territoire d’observation pour les enfants et un havre pour les oiseaux.  
  • S’il n’y a pas de jardin, proposez l’installation d’un système collectif de lombric-compostage afin de diminuer les déchets.  
  • Si un ravalement est envisagé, proposez de réaliser lors de cette opération une amélioration sensible de votre immeuble, comme une isolation par l’extérieur par exemple ou le remplacement des ouvrants par des fenêtres haute isolation.  
  • Si le chauffage est collectif, demandez au conseil syndical d’étudier quelles améliorations sont possibles, du renouvellement pour une chaudière à haut rendement à l’installation d’un chauffage mixte avec des panneaux solaires sur les toits ou les murs orientés sud. 
  • Si existe un garage à voitures souterrain, demandez à ce que soient effectués des travaux d’étanchéité (similaires à ceux réalisés pour combattre le radon) pour éviter que les polluants dégagés par les voitures ne pénètrent dans les zones d’habitation. S’il n’y a pas de local à vélos sécurisé, défendez-en l’idée pour favoriser ce mode de déplacement doux.

 

       Avec ces gestes, vous aurez pour vous-même et pour vos proches une vie plus saine, plus confortable et plus respectueuse de notre écosystème.

 

       A vous de jouer !

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 10:40

Voici un article un peu plus technique que d'habitude. Il s'adresse d'abord à ceux qui ont quelque goût pour les petits calculs ou veulent connaître plus en détail ce fameux effet de serre
Rappel général : L'effet de serre est ce mécanisme par lequel certains composants de l'atmosphère (vapeur d'eau, gaz carbonique méthane...) bloquent le rayonnement infrarouge réémis par la Terre et permettent à notre planète de conserver sa chaleur.

     

    Presque inconnu il y a encore dix ou vingt ans, l’effet de serre, est devenu le héros des temps modernes… mais aussi le Diable en personne.

   Lutter ou seulement prétendre lutter contre lui  est devenu gage de respectabilité. Mais qui est donc cet adversaire et quel est son étrange pouvoir ?

    Au premier abord et si l’on en croit les médias, l’effet de serre est ce  qui, au moyen du CO2, va bouleverser le climat, occire les ours blancs, assécher nos rivières, transformer nos vertes forêts en Sahara et faire de notre belle planète une seconde Vénus.

Pourtant, si l’on va un peu plus loin, l’effet de serre est au contraire ce mécanisme merveilleux qui adoucit les températures et qui, en maintenant durablement l’eau sous sa forme liquide, permet à la vie d’exister.

Si enfin, on pousse encore la curiosité, on découvre alors un phénomène complexe, essentiel à l’équilibre du climat (voir note 1) et auquel on peut attribuer un réchauffement d’une bonne trentaine de degrés. On découvre également que le CO2 n’est pas le seul GES (Gaz à Effet de Serre). Il n’est même pas le principal puisque la bien inoffensive vapeur d’eau lui dame le pion (voir notes 2, 3 et 4).

Nous ne reviendrons ni sur la description des principes généraux, ils sont déjà largement médiatisés ni non plus sur les détails, car il s’agit cette fois d’une affaire extrêmement compliquée. Déterminer pourquoi une molécule plutôt qu’une autre entre en résonance sous l’action d’un rayonnement de telle ou telle longueur d’onde relève d’un cours de physique de haut niveau. Sachez simplement que par cette interaction, les molécules absorbent l’énergie du rayonnement et en bloquent la progression

Je vous propose  seulement de  déterminer l’ampleur de ce réchauffement et de comprendre pourquoi on parle  d’une trentaine de degrés ?


    Voici les principes et les données nécessaires à notre calcul : 

 
-   La Terre est en équilibre thermique.

C’est à dire que sur une période courte (quelques jours par exemple) elle ne se refroidit ni ne se réchauffe (même le célèbre réchauffement climatique est absolument négligeable à ces échelles de temps). Or, comme notre planète n’est en contact matériel avec rien, elle ne peut se réchauffer ou se refroidir par conduction ou par convexion et n’a d’autre solution pour modifier sa température que d’échanger du rayonnement avec l’extérieur.
Donc, si elle est en équilibre thermique cela équivaut à affirmer que le rayonnement qu’elle reçoit de l’espace (du soleil en l’occurrence) est strictement égal au rayonnement qu’elle émet vers les cieux. Cette égalité constituera la cheville ouvrière de notre raisonnement.


Nous considérerons la Terre comme un Corps noir

Il s’agit là d’une forte  approximation et en réalité c’est loin d'être le cas, mais nous pouvons la tenir pour vraie si nous prenons soin, lors de nos calculs de prendre en compte l' albédo et de soustraire au rayonnement reçu la part directement renvoyée par réflexion (proportion évaluée à 30 % de l’énergie incidente).
Rappelons à cette occasion qu’un corps noir est un corps qui ne reflète aucun rayonnement (c’est pour cela qu’il est noir). Ainsi la lumière (c’est à dire, le rayonnement) que nous en recevons ne dépend que de sa seule température (sa composition qui influencerait le reflet n’intervient pas puisque justement, il n’y a aucun reflet).

Il existe un lien donné par la formule dite de Stephan entre la température d’un corps noir et le rayonnement émis.

Ce lien s'écrit :

L =  s s T 4 

L Etant la puissance (Luminosité) exprimée en watts (w).

T Etant la Température exprimée en degrés Kelvin (K).

S Etant la surface du corps exprimée en mètres carrés.
 Ici S sera égal à 1 car nous ferons le calcul pour un mètre carré (m2) ce qui simplifiera la question sans rien changer quant au fond.
s  : la constante de Stephan  vaut : 5,67 x 10–8 w m2 K-4.

 

Voici la démarche. 

  • A partir de la constante solaire (voir l’article Puissant Soleil) nous déterminerons la quantité de rayonnement reçu par chaque mètre carré de la Terre.  
  • De l’égalité entre rayonnement émis et rayonnement reçu nous déduirons la quantité de rayonnement émis.  
  • Par la constante de Stephan nous déterminerons la température que devrait avoir la Terre considérée en équilibre thermique compte tenu de l’énergie qu’elle émet.
  • L’effet de serre sera considéré comme l’excès de température entre la valeur théorique calculée précédemment et la valeur effectivement constatée (environ 15 C° soit 288 K).  

Détermination du Rayonnement reçu par la Terre.

 

Au niveau de l’orbite terrestre (à environ 150 millions de km de notre étoile donc), chaque mètre carré placé perpendiculairement au Soleil reçoit un rayonnement d’une puissance de 1 368 w, c’est la constante solaire.

Chacun des mètres carrés de la surface terrestre ne reçoit cependant (hors effets atmosphériques) que le quart de ce rayonnement. En Effet la Terre n’intercepte les rayons solaires que sur une surface égale à un disque de même diamètre qu’elle. Or la surface d’un disque (formule : Pi R2) est égale au quart de la surface d'une sphère de même taille (formule : 4 Pi R2).
Cela s’explique simplement.
. D’une part une moitié de la sphère est dans l’ombre car il fait nuit 50 % du temps et il faut donc diviser une première fois par deux le rayonnement reçu.

. D’autre part, la demi-sphère faisant face au Soleil étant bombée, sa surface est deux fois plus importante que celle du disque correspondant. Cela divise encore par deux le rayonnement reçu par unité de surface.

Cette double division par deux justifie la division du rayonnement reçu par un facteur 4.
Hors atmosphère, la surface de la Terre serait donc, toutes longueurs d’ondes confondues, soumise à un rayonnement de 1 368 w / 4  soit : 342 watts. Cependant l’atmosphère et en particulier les nuages interceptent une bonne partie de ce rayonnement et le renvoie dans l’espace. La surface elle-même du sol est partiellement réfléchissante. C'est en cela que la Terre ne peut, strico-sensu, être assimilée à un corps noir et c'est ici que nous en tenons compte et faisons la correction nécessaire par l'opération suivante.
Ce reflet est ce que l'on appelle l’albédo. Pour la Terre il est estimé à 30 %.  Le rayonnement effectivement reçu par la surface terrestre  pour un mètre carré (et non réfléchi) est donc égal à 70 % de 342 watts soit : 
   
                                 342 watts x 0,7  =  239 watts.

 

Détermination du rayonnement émis par la Terre

 

Par l’égalité entre rayonnement reçu et rayonnement émis la Terre émet un rayonnement d’une puissance de 239 w.m2

 

Détermination de la température théorique de la Terre.

 

Il s’agit de déterminer la température théorique d’un corps qui émet 239 watts par mètre carré.

Appliquons la formule de Stephan :   L = s s T 4
 

          Remplaçons :
          L par sa valeur : 239 w.m2,
          La surface S par 1 pour un  calcul sur 1 m2     
          La constante de Stephan  par : 5,67 x 10-8 m2 K-4 

          Nous obtenons :

 

                239 w m2 =   5,67 x 10–8 w m2 K-4 x 1 x T(K) 4

On, voit que seule la température (T) reste non définie, c’est l’inconnue qu’il faut trouver en résolvant cette équation.

                    T 4 = 239 w m2 / 5,67 x 10-8 w m2 K-

En simplifiant les unités , c'est à dire en supprimant w et m2  en même temps au numérateur et au dénominateur.

                      T4 = 239 / 5.67 x 10–8 K-4

            T4 = 239 x 1,76 x 107 K4

            T4 = 4,22 x 109 K4


  Soit en prenant la racine quatrième de ce  nombre :

           T = 255 K soit  – 18 C° (5) 

Détermination de l’impact de l’effet de Serre

 

La température moyenne de la planète est aujourd'hui évaluée à 15 C° soit à 288 K.
 

Le surplus par rapport à la température calculée ci dessus est donc de :

                        288 K – 255 K = 33 degrés
 

Compte tenu des simplifications retenues dans ce calcul nous arrondirons à  un peu plus de 30 degrés ".


Ce gain est donc extrêmement sensible et change complètement les conditions de la vie terrestre. Il reste toutefois bien modeste par rapport à ce qu’on observe sur Vénus où l’excès de température est évaluée à environ 480 degrés. La température de surface de vénus est d’environ 460 C° pour un équilibre à – 20 C° sans ce mécanisme. L’atmosphère de Vénus particulièrement dense et constituée presque exclusivement de CO2 explique l’ampleur du phénomène. Il est également remarquable que sur cette planète la température d’équilibre (- 20 C°) est proche de celle de la Terre alors que Vénus est plus près du Soleil et reçoit deux fois plus de lumière par unité de surface. Il se trouve que les nuages très épais bloquent le rayonnement qui ne peut ainsi atteindre le sol.

Remarques
Ce petit calcul à juste une vocation pédagogique. Il vise à donner l’ordre de grandeur du réchauffement dû à l’effet de serre ainsi qu’à se faire une idée de la méthode. Si le résultat est tout à fait conforme à ce qu’admettent aujourd’hui les scientifiques, il convient de souligner les quelques simplifications dont nous nous sommes ici accommodés.

  • L’albédo est évalué à 30 % C’est là une valeur imprécise. De plus il n’est pas identique pour toutes les longueurs d’ondes alors que nous l’avons supposé tel dans le calcul.
  • Nous n'avons pas ici évoqué les interactions entre le sol et l'atmosphère ni entre les océans et l'atmosphère. Il aurait fallu prendre en compte les très complexes mécanismes de chauffage de celle-ci par les sols et ainsi  que par la condensation des eaux océaniques évaporées. Toutefois, cela ne modifierait pas les  résulats. En effet vis à vis de l'espace, sol, océans et atmosphère constituent bien un tout qui n'échange de l'énergie que via le rayonnement.

D’autres explications.

Vous trouverez d’intéressantes explications sur l’effet de serre parmi les sites suivants
 -   
Manicore de Jean-Marc Jancovici.
 -   
Sagascience
(dossiers du net) avec un article de Madame
     Marie-Antoinette Mélières.
 -   
Wikipédia (Effet de Serre)

________________________________________________________________________________

  (1)  On dit parfois que toute la physique du monde est contenue dans le simple craquement d’une allumette. Chacun a pu vérifier cette assertion en constatant que les questions d’enfants génèrent toute une ribambelle de " pourquoi " en forme de poupées russes et que l’art d’un parent consiste à savoir y mettre un terme de la façon la plus habile et la moins voyante.
 (2)   La vapeur d’eau représente un peu moins de 1 % de la masse de l’atmosphère. C’est en terme de quantité et en fin de compte d’effet global le plus important des gaz à effet de serre. Toutefois sa proportion est variable selon les lieux et le temps. D’autre part, les effets des modifications introduites par l’homme sur la quantité de vapeur d’eau présente dans l’atmosphère ne font pas encore l’unanimité. Le fait aussi que ce gaz nous apparaît très naturel et très inoffensif explique peut-être que l’on en parle si peu.
(3)   Les molécules ayant, compte tenu des quantités présentes dans l’atmosphère terrestre le plus grand effet de blocage des rayonnements infrarouges émis par la Terre et tentant de retourner dans l’espace sont par ordre d’importance : La vapeur d’eau : H2O, le gaz carbonique ou dioxyde de carbone : CO2 et le méthane : CH4.
 (4)   Il est extrêmement difficile de dire pour une quantité donnée dans quelle proportion exacte un corps est un gaz à effet de serre plus efficace qu’un autre. En effet si à un instant donné la chose est claire, le méthane est plus puissant que le gaz carbonique qui l’est lui-même plus que la vapeur d’eau, ces différents composants n’ont pas la même persistance dans l’atmosphère. Ainsi, une molécule de méthane reste en moyenne 10 ans avant de se transformer en gaz carbonique et les molécules de ce dernier persistent  en moyenne un peu plus de 100 ans. Aussi déterminer l’impact exact de chacun de ces composants dépend du terme auquel on raisonne, et ne se peut se réduire à une réponse unique. Sur l'efficacité des différents gaz à effet de serrre, consultez l'article du site manicore
 (5)  La différence entre les degrés Kelvin (K) et les degrés Centigrades (C°) réside seulement dans le point d’origine :
- le zéro absolu pour les degrés Kelvin  situé à - 273,15 C°
- le point de congélation de l'eau pour les degrés Centigrades situé à + 273, 15 K.
On passe donc de la première échelle à la seconde en soustrayant ces 273,15 degrés. Au niveau du zéro absolu (0 K donc) il n’y plus de mouvement dans la matière, tout est figé.

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 06:20


      Nous évoquons souvent la question démographique.
      Il est bon sur ces sujets d'avoir à l'esprit les ordres de grandeur.
      Vous trouverez ci-dessous une estimation des effectifs de
      l'humanité sur différentes échelles de temps.

___________________________________________________________

Evolution de la population  depuis la révolution néolithique

                                      (En milliards d'habitants sur les 12 000 dernières années) 

courbe-population-wiki.png

Source : Wikipedia
_________________________________________________________
 

    Evolution de la population mondiale depuis 2000 ans


                                                                                                          (en millions d'habitants)

 


  
  Année      Effectifs          Années     Effectifs          Années    Effectifs
 
            0  :     250                   700   :      210                 1400   :        360

       100   :     250                   800  :       220                 1500   :        500

       200   :     250                   900  :       240                 1600   :        560
 
       300   :     200                 1000  :       260                 1700   :        640

       400   :     200                 1100  :       310                 1800   :        900

 
      
  500   :     200                 1200  :       360                 1900   :     1 650

      600   :     200                1300  :       400                 2000 (*) :     6 020



Sources : Moyennes réalisées par l'auteur à partir de différentes sources notamment celles présentées par l'US Census Bureau, par l'INED ou par  Wikipedia.

(*) L'estimation pour l'année 2000 (6 020 millions d'habitants) différe de celle du tableau suivant.(6 092 à mi-année il est vrai). La plupart des experts estiment que nos effectifs ne sont guère connus qu'a 1% près. Cela ne change rien quant à l'analyse de l'évolution.


Courbe de cette même évolution

courbe rouge DR
On note le caractère relativement stable (voir même la baisse) de la population mondiale au cours du premier millénaire de notre ère, même si, bien sûr, les données sur cette période sont entachées d'une certaine incertitude.

Globalement :

-  la population est stable de l'an 0 à l'an 1000
-  elle augmente doucement de l'an 1000 jusqu'à la révolution industrielle
-  elle explose avec la révolution industrielle
-  elle "sur-explose" au 20ème siècle, l'assymptote à la courbe étant quasi verticale.

Source:  Courbe réalisée par M. Rémi Manso de l'association Démographie Responsable

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Evolution de la population mondiale depuis un siècle

                             Effectifs en millions, taux de croissance annuel en % (*)
                             Source : US Census Bureau

Années   Effectifs   Croissance        Années     Effectifs  Croissance

1900 :   1 650       +  0,4  %                1960 :       3 042      +  1,3 % (**)

1910 :   1 700       +  0,6  %                1970 :       3 712      +  2,1 %

1920 :   1 860       +  1,0  %                1980 :       4 553      +  1,7 %

1930 :   2 070       +  1,0  %                1990 :       5 284      +  1,6  %

1940 :   2 300       +  1,0  %                2000 :       6 092      +  1,3 %
   
1950 :   2 520       +  1,4  %                2010 :       6 870      +  1,2 %

(*) Pour les années 1900 à 1950 le taux annuel de croissance a été calculé par l'auteur comme une moyenne de la croissance des dix années antérieures et postérieures. A partir de 1960 il s'agit du taux indiqué par l'US Census Bureau

(**) ce taux de croissance pour l'année 1960 n'est pas représentatif de l'augmentation de la population au cours de cette période.En moyenne entre 1955 et 1965 la croissance annulle de la population était d'environ +1,9 %. En 1960 ainsi qu'en 1959 la croissance a fortement été entachée des millions de morts et de "non naissances" provoqués par le 'grand bond en avant' chinois. Ce phénomène est encore plus explicite dans le graphique ci-dessous où l'on distingue la forte baisse  du taux de croissance global au cours de ces années. Le poids démographique de la Chine est tel qu'un changement dans ce seul pays marque profondément l'évolution mondiale.





Croissance de la population mondiale sur le siècle en cours
                           (Taux de croissance annuel en % sur la période 1950 -2050)

worldgr.gif


Source de ce graphique   : US Census Bureau


______________________________________________________________________________________________

Evolution de la population mondiale pendant  la dernière décennie

                 Effectifs en millions, estimations  à mi-année, croissance en % par an 
                               
 Années   Effectifs   Croiss             Années       Effectifs       Croiss                               
 
    2000    :    6 092     + 1,29  %            2006      :     6 554     + 1,18   %
    2001    :    6 170     + 1,28             2007      :     6 632     + 1,19   %
    2002    :    6 246     + 1,23             2008      :     6 710     + 1,14   %
    2003    :    6 322     + 1,22  %            2009      :     6 790     + 1,18   %
    2004    :    6 399     + 1,22  %            2010 (*)  :     6 870     + 1,18   %  
    2005    :    6 477     + 1,22             



Sources : US Census Bureau
(*) Pour 2010 : Prévisions

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Note : Une version très proche de cet article est désormais disponible dans les pages fixes de ce site,  dans la rubrique : les chiffres clefs.


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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 07:20

science et vie mars 2010     
      Le climat est à l'honneur ce mois-ci dans Science et Vie
    Sous le titre : " Climat : Le réchauffement est-il sûr ? ",
    la revue  pose la question qui fâche.

    

    Les attaques régulières et déja anciennes de Claude Allègre ou celles, plus récentes, de Vincent Courtillot peuvent instiller le doute dans l'esprit du public.

     Disons le tout de suite, l'article de Science et Vie ne donne pas raison à ces "climato-sceptiques" : Ni sur la réalité du réchauffement, ni sur la discussion concernant le  caractère anthropique ou non de ses causes.

        Sur la réalité d'abord : les indices sont tous convergents.

       -  La température moyenne de la Terre a bien augmenté depuis 1900 d'environ 0,6 C°. Cette augmentation a marqué une pause entre 1940 et 1970, mais depuis, le mouvement est reparti de plus belle.

       -  Depuis 1980, la surface estivale de la banquise arctique suit un trend décroissant et est passé en 30 ans (pour les données lissées) d'environ 7,5 à 6,5 millions de kilomètres carrés

       -  La floraison des arbres fruitiers est clairement en avance depuis les années 1980 (Science et Vie propose un graphique montrant  l'évolution historique de la floraison des célèbres cerisiers japonais).

        -  Enfin, le niveau des océans monte assez nettement et a gagné 10 centimètres depuis 1970. On sait que l'on attribue cette élévation pour partie à la fonte des glaciers et pour partie à la dilatation des eaux.



       Sur les causes du réchauffement climatique :

    De nombreux éléments  entrent bien sûr en ligne de compte, mais l'augmentation régulière du taux de gaz carbonique dans l'atmosphère constitue un facteur  déterminant et souvent les climato-sceptiques n'expliquent guère comment cette élévation resterait  sans conséquences.
     Or, la concentration en COest passée de 280 parties par millions avant l'ère industrielle à 387 ppm aujourd'hui. Il est difficile d'imaginer que ceci ne se traduise pas par une élévation des températures, sauf à trouver des mécanismes ad hoc exactement compensateurs. On sait que la pollution induit une réduction de l'ensoleillement du sol. Plutôt qu'y voir un mécanisme compensateur on peut hélas y voir un phénomène masquant et réduisant simplement pour un temps l'ampleur du réchauffement. Il serait dangereux (pour ne pas dire pervers) de compter sur certains effets de la pollution pour en masquer d'autres.


      Sciences et Avenir consacre également dans son numéro de mars quelques pages à la question. L'article propose un tableau comparatif des arguments des uns et des autres. Dans une troisième colonne, la revue donne son propre commentaire. Bien que de façon peut-être moins marquée que pour Science et Vie, la balance penche pour les points de vue du GIEC.


     Enfin et sur un sujet tout à fait différent, Pour la Science, nous offre sous la plume d'Henry Léridon un article intutilé : La croissance démographique est-elle soutenable ?
     A vrai dire, L'auteur discute plutôt des estimations qu'il ne répond à la question posée. En conclusion, M. Léridon estime que la population humaine devrait atteindre neuf  milliards en 2050 mais "que ce chiffre ne devrait plus guère augmenter après". C'est là un consensus sur lequel s'accordent beaucoup de démographes.
     Est-ce certain ?  Mais surtout est-ce que les neuf milliards d'êtres humains prévus pour 2050 ne constituent pas déja un effectif  insuportable pour la planète telle que nous l'aimons ? 
      Sur Economie Durable, vous savez que nous pensons que si.

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Pour plus d'information sur  ces sujets :

Taux de CO2 dans l'atmosphère : Les chiffres clefs du CO2
Mécanismes de l'effet de serres : Le site Manicore
De combien nous réchauffe l'effet de serre  ? Un peu de calcul

Science et Vie : numéro 1110,  mars 2010, pages 40 à 64.
Sciences et Avenir : numéro 757, mars 2010, pages 8 à 14.
Pour la Science : numéro 389, mars 2010, pages 22 à 25.

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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 15:22

   

         Pour une vie plus écolo au quotidien !

       Cet article s’adresse à ceux qui logent dans une habitation individuelle.

          Ce que vous pouvez faire, de façon simple avec les 10 propositions suivantes, pour améliorer votre vie quotidienne et augmenter votre autonomie.

 


Dans votre jardin :

 

  • Eviter d’effectuer des traitements chimiques (désherbants, ….) et employer des méthodes naturelles pour éloigner les indésirables (coccinelles contre pucerons, papier collant sur les troncs des arbres fruitiers, ….).
  • Installer un bac à compost pour traiter vos déchets végétaux et vos  déchets ménagers (épluchures etc.)
  • Réserver 10% de la surface de votre jardin pour créer une zone sauvage, où vous n’interviendrez pas ou si peu.
  • Rendre votre jardin productif en plantant quelques arbres fruitiers dans la mesure du possible et selon vos goûts des haies de cassissiers ou de framboisiers ; éventuellement prévoyez un carré pour un potager (salades, pommes de terre, poireaux, radis, tomates, etc.).
  • Installer un récupérateur d’eau de pluie, qui vous servira pour vos arrosages.

 

 

Dans votre maison :

 

 

  • Eviter de polluer votre habitation en fumant à l’intérieur. Faites comme au café ou au bureau, allez dehors.

  • Eviter de garer votre voiture dans un espace situé sous la maison ou qui communique avec elle ; même à l’arrêt, votre voiture est source de pollution qui contaminera peu à peu votre habitation.

  • Dans votre cuisine, renouvelez attentivement l’air ambiant, notamment si vous cuisinez au gaz. Utilisez plutôt des casseroles en inox ou en fonte (éviter par précaution celles en aluminium ou avec du téflon).

  • Le soir, en hiver, fermez vos volets et tirez vos rideaux en tissu assez épais : vous éviterez ainsi le phénomène dit de ‘paroi froide’ qui abaisse votre bien-être. Dans la journée, en hiver, laissez entrer le soleil, il vous chauffera. N’hésitez pas à baisser de 2 ou 3° la température de vos chambres, on peut bien dormir à 16°C.

  • Pensez à effectuer quelques travaux d’aménagement peu coûteux ou dont l’amortissement se fait rapidement, en privilégiant d’abord l’isolation de votre maison avant d’envisager de changer de chauffage :

 

-    D’abord, pensez à isoler votre grenier avec un matériau naturel comme la laine de bois ou de chanvre ou éventuellement la ouate de cellulose, en n’hésitant pas à prévoir une épaisseur importante (si possible 30 cm). Vous aurez en prime une maison qui sera moins chaude pendant les pics de chaleur. Si vous n’avez pas de volets, installez-en.

 

-   Dans un second temps, valider la bonne qualité de vos ouvrants et n’hésitez pas à les changer pour des fenêtres très isolantes double ou triple vitrage.

 

-   Les autres travaux comme l’isolation par l’extérieur, l’installation de serres pour faciliter du solaire passif ou d’espaces tampons, ou de nouveaux modes de chauffage à partir d’énergie renouvelable, supposent des travaux importants et donc une vraie réflexion pour repenser votre habitation.

 

 

Par ces gestes, 

Vous augmenterez votre autonomie et votre résilience

 

  • en faisant du compost vous diminuez vos ordures, vous dépendrez moins du système de collecte des ordures ménagères, et vous éviterez d’avoir à acheter des sacs de compost à votre fournisseur pour améliorer la terre de votre jardin,

 

  • en utilisant l’eau de pluie, vous diminuez la consommation d’eau qui vous est facturée et êtes un peu moins dépendant des réseaux d’eau,

 

  • en rendant votre jardin productif, vous aurez des fruits et légumes à disposition ; toujours ça de moins à acheter et une bonne raison pour faire des confitures,

 

  • en limitant vos besoins de chauffage sans amputer votre confort et même en l’améliorant, vous diminuez un peu votre consommation d’énergie, et donc vos factures.

 

Et vous aurez une vie plus saine et plus naturelle:

 

  • sans tabac et sans voiture dans l’espace de la maison, vous respirerez un air moins pollué,

 

  • avec des fruits et légumes de votre jardin non traités chimiquement, vous aurez une nourriture saine à disposition, et vous aurez aussi fait un peu d’exercice physique,

 

  • par ses herbes folles et ses graines, la zone sauvage de votre jardin sera un territoire d’observation pour vos enfants et un havre pour quelques oiseaux.

     


    A vous de jouer !


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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 17:48

 

 

    Avec la réunion de Solaise s’est achevé le 4 février dernier le cycle de conférences Panorama 2010  organisées par  l’IFP * qui propose tous les ans  un ensemble d’interventions autour de notre avenir énergétique. Cette année le thème était :

  
   Quelle ressources en matières premières pour un système énergétique durable ?


    L’impression générale est celle d’un relatif apaisement face aux perspectives de déplétion. Si, bien sûr,  à long terme, nous nous dirigeons  inévitablement vers un épuisement des ressources fossiles (nous sommes dans un monde fini ), Monsieur Olivier Appert, président de l’IFP a mis l’accent sur certains facteurs susceptibles de repousser les échéances et donc d'atténuer les tensions et les difficultés à moyen terme.

 

 

   -  La reprise à un niveau élevé des exportations de pétrole par l’Irak. La production irakienne pourrait remonter et passer de 2,5 millions de barils par jour à 6,5 Mbj ** (sur un total mondial d’environ 85 Mbj).

  
   - La crise économique qui a réduit la pression sur les approvisionnements. Ainsi, la demande de pétrole a baissé pour la première fois depuis le choc de 1979 et la demande de gaz a, pour sa part, connu sa première chute depuis la seconde guerre mondiale.

  -  La mise en production de nombreux gisements gaziers non conventionnels en particulier aux Etats-Unis. Ces réserves appelées shales gaz étaient déjà connues depuis longtemps mais leur exploitation restait délicate.
      Les shales gaz sont stockés dans les roches de façon plus diffuse que les ressources traditionnelles. Leur exploitation nécessite une fracturation différente du substrat et réclame un grand nombre de puits. Ces difficultés techniques sont en voie d’être surmontées. De telles réserves existent peut-être partout où l'on trouve du gaz et  notamment en Russie. Elles pourraient s'avérer considérables et modifier sensiblement le panorama énergétique futur.

 

 
 

    Madame Manoëlle Lepoutre (société Total) a rappelé que la croissance démographique tirait  tendanciellement la consommation énergétique vers le haut.
    Comme M. Appert, elle a souligné l’intérêt et le potentiel probablement très important des shales gaz.
    Elle estime que les énergies d’origine fossiles devraient, dans les années à venir, voir leur poids dans la production d’énergie mondiale passer de 80 à 70 ou 75 %.
    Madame Lepoutre a conclu  sur la nécessité de donner un fort signal prix sur le CO2 si l’on souhaite voir l’ensemble des acteurs, et en particulier la Chine, prendre sérieusement en compte cette question.

 

 

 

    De son coté Monsieur Christophe Béhar (CEA), évoquant les ressources en combustible nucléaire a fait un vibrant plaidoyer pour le développement de la filière nucléaire à neutrons rapides (les surgénérateurs).

   Cette filière parfois qualifiée de quatrième génération (la troisième étant le fameux EPR en cours de construction) permet d’utiliser et même de réutiliser une plus grande partie du combustible nucléaire.

   Cette faculté se traduirait, selon Monsieur Behar, par une multiplication par 100 de la capacité des réserves d’uranium à produire de l’énergie. La déplétion se trouverait ainsi repoussée à un horizon très lointain (on parle de 3 000 ans, mais il est vrai que l’on ignore tout de nos besoins à de telles échéances).

   Enfin, et ce n’est pas le moindre des avantages attendus, l’utilisation plus complète des éléments radioactifs limite sensiblement la production de déchets, notamment de produits tels le Neptunium, le Curium ou l’Américium.

   Astrid sera peut-être Le prochain réacteur expérimental français (après Phénix et Superphénix). Selon M. Behar, qui appelle à sa réalisation, il sera de conception plus sûre que ces prédécesseurs et devrait, si sa fabrication est confirmée, voir le jour peu après 2020.

 


  Enfin, Monsieur Bernard Chaud (société Tereos) a proposé un panorama des ressources de biomasse. M. Chaud a évoqué l’apparition de nouvelles générations de semences  plus productives. La croissance des rendements constitue un facteur clef de  la rentabilité de ces ressources. M. Chaud a par ailleurs minimisé les conséquences écologiques de ces productions que plusieurs auditeurs avaient soulignées.


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Conférences à Paris le 28 janvier 2010 et à Solaise (près de Lyon) le 4 février 2010.


Intervenants  à Solaise et sujets de leurs exposés :


M.Olivier APPERT : Président de l’IFP : Panorama énergétique mondial 2009.


Mme Manoëlle LEPOUTRE : Directrice du développement durable et de l’environnement de Total :  Les ressources en hydrocarbures et le système énergétique du futur.


M. Christophe BEHAR : Directeur de l’énergie nucléaire au CEA : Les ressources en combustibles nucléaires et l’enjeu du recyclage.

M. Bernard CHAUD : Directeur Biocarburants de Tereos : Les ressources en biomasse pour les usages énergétiques.


(*)   IFP : Institut Français du Pétrole
(**) Mbj : Million(s) de barils par jour (un baril = 159 litres).




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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 08:58

Le-Point-Demographie-11-Fevrier-2010.jpg   
    Une fois n'est pas coutume, un grand hebdomadaire ose briser le tabou et fait sa une de la menace démographique.

     Surpopulation générale, urbanisation massive, problèmes alimentaires, pollution, poids des traditions (en Afrique en particulier avec l'exemple du Niger), liens entre natalité et niveau de vie, et entre natalité et éducation, déséquilibre des naissances hommes/femme :  la plupart des grandes questions démographiques sont abordées.

   
   L'article rappelle les quelques  associations tentant de faire prendre conscience de cette question  (l'Optimum Population Trust en Grande Bretagne et Démographie Responsable en France).

    Vous trouverez également un interview du démographe Henry Léridon et quelques propos de Gilles Pison.

   1969             
     Cette préoccupation démographique est rare dans la grande presse qui se plait généralement  à célébrer tous les records de natalité. Toutefois en 1969 l'Express avait évoqué la question en première page dans des termes assez proches : la marée humaine


   L'étude du Point se termine opportunément par un regard plus historique sur l'histoire de l'homme avec un article de Frédéric Léwino intitulé : Comment un petit singe à conquis le monde


   Notez que le même numéro propose également  quelques pages sur la surexploitation du  thon rouge, sujet que nous avions évoqué sur ce site.

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Le Point numéro 1952 daté du 11 février 2010.
Pages  52 à 69 pour les articles sur la démographie (textes d'Emilie Lanez, Medhi Benchelah Vanessa Dougnac Frédéric Léwino).  Notez que d'une certaine façon, le Point récidive puisque son directeur Claude Imbert avait, en décembre 2009, titré un éditorial : le tabou démographique.
Pages 70 à 73 pour l'article sur le thon rouge (texte de Frédéric Léwino et Karyn Poupée).



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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 13:22

 

    On accorde volontiers aux écologistes la vertu de se préoccuper des questions de long terme. Il s’agit en réalité moins d’une vertu que d’une nécessité. Agir en matière d’environnement présente peu d’intérêt pour le mois en cours, en offre modérément pour l’année qui vient mais se révèle déterminant pour préparer le siècle prochain.
    Cependant, la marche du temps ne s’arrêtera pas en 2100. Il faut souhaiter à notre planète et à ses habitants un avenir plus lointain. Que sera le monde dans 500, 1000, 10 000 ou 100 000 ans (1) ?


    Question oiseuse ?  Simple plaisir intellectuel ?  Non !


    Certes, le réel résulte d’une combinaison de trop de causes indépendantes pour qu’il soit raisonnable de parier sur le futur d’une société. A lointaine échéance, les meilleurs analystes peuvent prévoir des tendances lourdes, détecter des facteurs dominants mais il est délicat de prévoir leurs interactions mutuelles aussi bien que leurs imbrications avec des éléments factuels par nature imprévisibles. Souvent, les meilleurs analystes doivent au hasard le privilège de l’exactitude et la chance reste une qualité primordiale pour un futurologue.

    Malgré cette impuissance à la divination, envisager le long terme conserve tout son intérêt. C’est une démarche qui pousse à distinguer l’essentiel de l’accessoire. Elle conduit en cela à réfléchir à l’importance des enjeux et donc aux priorités temporelles et quantitatives de l’action.


Un exemple : Climat et biodiversité.


    Le risque de réchauffement climatique et le recul de la biodiversité font la une des débats. Quelle est la plus grave de ces deux menaces ? Où doivent d’abord porter nos efforts ? Une réflexion à longue échéance peut nous guider.

   Le gaz carbonique, principal responsable du risque de réchauffement, persiste dans l’atmosphère un peu plus d’un siècle (2). Compte tenu de ce délai et du montant des réserves d’énergies fossiles qu’il nous reste à consommer(3), compte tenu enfin de l’inertie des mécanismes climatiques (liée en particulier à la chaleur stockée dans les océans), il est raisonnable de considérer que dans mille ans, deux mille ans au plus, tout sera rentré dans l’ordre. L’atmosphère aura retrouvé sa composition initiale et le climat sera de nouveau soumis à ses déterminants naturels. Notons d’ailleurs qu’à ces échéances, (ou plus tard), nous pourrions nous trouver menacés par le retour d’une période glaciaire (4).
   Coté biodiversité, la perspective est différente. Si nous éliminons complètement la mégafaune, sa reconstitution équilibrée avec proies et prédateurs pourrait prendre des centaines de milliers voir des millions d’années. On ne " fabrique " pas tigres, lions, orques et ours polaires ou leurs équivalents du jour au lendemain (5). L’élaboration d’espèces nouvelles est longue ; elle réclame des délais sans commune mesure avec le rythme de nos sociétés ; elle suppose de laisser longtemps la sélection naturelle faire son travail, loin de l’action perturbatrice des hommes. Sur de telles durées, ce sont plusieurs enchaînements climatiques (périodes glaciaires / interglaciaires) qui auront eu le temps de se dérouler, soumettant, selon des cycles tout à fait naturels, les hommes et leurs civilisations à des écarts de températures comparables à ceux dont nous menace le fameux " réchauffement climatique d’origine anthropique ".

    Sous cet angle, alors la protection de la biodiversité constitue la priorité. Sa disparition engage la planète pour très longtemps.
    Si nous ne faisons rien pour le climat, dans un ou deux millénaires, nous reviendrons à la situation pré-industrielle, mais si nous ne faisons rien pour la faune, nous attendrons mille fois plus longtemps avant le retour à l’équilibre. Ce sont là des délais vertigineux sur lesquels l’humanité ne peut prendre aucun engagement, n’assurer aucune promesse. C’est une pente sur laquelle il serait imprudent de se laisser entraîner. Par définition, le " temps de réparation " est du même ordre de grandeur que celui de la vie des espèces, de la nôtre par exemple. Sous cet angle c’est donc à la protection de la biodiversité que nous devons donner la priorité (6).

 

La démographie


    C’est pour les même raisons, que nous militons ici pour une rapide maîtrise de nos effectifs, même si les durées en cause sont beaucoup plus courtes que celles évoquées précédemment.

    La pression démographique constitue une cause essentielle de la dégradation de l’environnement ! Pollution accrue et réduction drastique des espaces disponibles pour la faune et la flore menacent l’avenir et la beauté de notre planète.

    Il est important, bien entendu, de lutter contre ces fléaux en changeant aussi notre mode de vie, mais cela peut être fait en quelques décennies, la raréfaction progressive puis la fin des énergies fossiles devrait d’ailleurs involontairement participer à l’évolution de nos comportements.


   A l’inverse les mécanismes démographiques souffrent (ou bénéficient) d’une inertie beaucoup plus forte. Les hommes vivent longtemps et surtout, toute naissance ouvre elle-même la voie à une descendance.

   Les effectifs de l’humanité sont quasiment acquis pour les 40 ans à venir : Nous serons environ 9 milliards en 2050. Si nous voulons éviter que ce mouvement de croissance ne se poursuive au-delà, c’est dès maintenant qu’il faut agir. Tout conducteur sait qu’on freine d’autant mieux qu’on freine plus tôt.
    Si dans les années 2040 - 2050 nous n’avons pas stoppé la croissance de la population mondiale, alors nous préparons une fin de siècle difficile où la pression démographique viendra constamment contrecarrer et même anéantir les efforts écologiques consentis par ailleurs. Polluer deux fois moins par personne ne sert à rien si nous acceptons d’être deux fois plus nombreux.  Même frugaux, plus nombreux, nous consommerons plus d’espace.


    Là encore, c’est la prise en compte du temps, le recul et la réflexion sur le long terme qui constitueront nos meilleurs guides. Il ne sert à rien d’améliorer quelque peu demain si, de ce fait même, après demain doit être effroyable.

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(1) On pourrait aller au-delà et envisager des perspectives encore plus lointaines, mais ce serait là s’engager sur des inconnus toujours plus grand. N’oublions pas cependant que pour une planète, les millions d’années ne sont rien. Pour la Terre en tant que bloc rocheux, sur le plan matériel comme sur le plan temporel, l’existence de l’humanité n’est qu’un épiphénomène. " Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui " rappelle Claude Lévi-Strauss dans les dernières pages de Tristes Tropiques.

 
(2) Contre 10 ans seulement pour une molécule de méthane. Après ce délai la moitié des molécules se sont combinées avec l’oxygène de l’air pour former du CO2.

 

(3) Car ne nous faisons pas d’illusions, nous allons tout brûler, même les importantes réserves de charbon (aujourd’hui estimées entre 150 et 250 fois le niveau des consommations annuelles). Il est probable que les différentes mesures de restrictions mises en œuvre ne joueront qu’à la marge, réduisant seulement la vitesse d’épuisement des gisements et non le résultat final.

 

(4)  Pour mémoire notre planète connaît depuis quatre cent mille ans au moins une succession de cycles d’environ 100 000 ans comprenant 80 000 ans de période glaciaire et 20 000 ans d’interglaciaire. La civilisation est née au cours de ce dernier âge interglaciaire qui se poursuit encore aujourd’hui et devrait durer quelques milliers d’années. Une période glaciaire " classique ", revient à ensevelir la plupart des pays aujourd’hui développés sous une couche de plusieurs centaine de mètres de glace. Donc si le réchauffement est à la mode, n’oublions pas qu’une glaciation représenterait pour notre civilisation une remise en cause encore plus radicale. Pour plus d’information voir  le lien suivant :

http://www.manicore.com/documentation/serre/passe.html

 

(5) Admettons cependant que, si nous ne l’éliminons pas complètement, la reconstitution de la mégafaune pourrait être beaucoup plus rapide; encore faut-il que les effectifs des principales espèces ne tombent pas sous un seuil qui les condamne irrémédiablement.

 

 

 

 


(6) Sauf si toutefois le changement climatique par effet de seuil ou suite à un autre problème environnemental apportait un changement tellement radical qu’il conduirait à l’extinction de toute vie (ou de la majorité de la vie) sur la planète. Auquel cas, bien entendu, conclusions de court ou de long terme se rejoindraient. Ceci n’est pas absolument exclu.

 


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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 09:06


    Quand se produit une catastrophe il va de soi que la compassion envers les victimes et l'aide qu'on peut leur apporter doivent être en première ligne.
    Mais quand il s'agit d'envisager l'avenir après ce drame, alors il serait criminel de ne pas réfléchir à l'enchaînement des causes qui ont conduit à de tels bilans et à de telles souffrances.

    Le lendemain du tremblement de Terre, nous pouvions entendre sur une grande radio française, qu’à Haïti, les conditions naturelles étaient un véritable enfer ! S’agit-il bien de cela ?

    Non, du strict point de vue de la nature, c’est au contraire un paradis. Températures clémentes (quand l'Europe grelotte tous les hivers), terres fertiles, paysages superbes ! D’ailleurs la République Dominicaine qui occupe la partie Est de la même île est une destination touristique prisée des européens qui y trouvent la douceur climatique dont ils rêvent.

 

    Haïti, Terre de malchance ? Voyons donc quelles sont ces fameuses malédictions " naturelles " qui semblent poursuivre ce pays.



Les coulées de boue régulières ?

    Si les pluies, parfois brutales, sont évidemment en cause, leurs conséquences sont le seul fait de la déforestation. Haïti a tout simplement rasé presque tous ses arbres. Les collines autrefois verdoyantes sont désormais chauves et désolées. Les forêts ne représentent plus qu’ un pour cent du territoire ! Plus aucun couvert végétal ne vient retenir les sols, ouvrant la voie à une érosion dévastatrice.

    La faute à la nature ? Non ! Il faut respecter cette règle simple : ne pas prélever plus que ce que la nature renouvelle ; il se trouve que c’est impossible au-delà d’une certaine densité. A Haïti, c’est la pression démographique qui a conduit à un tel acharnement et à un déboisement général.

Les cyclones ?

    Oui, c'est très dur un cyclone et les hommes ne sont pas responsables des vents. Mais on peut en bonne partie se prémunir de ses conséquences grâce à un habitat adapté. Maisons basses et solides aux fondations enterrées, maisons bien sûr qui ne seraient pas construites en immédiat bord de mer. Rien de bien difficile à cela, sauf… Sauf si l'île est surpeuplée et que le choix ne se présente pas.
    Aujourd’hui les alertes météo nous permettent de prévoir les cyclones à temps. Une fois les habitants à l’abri dans des logements adéquats, le déchaînement des vents ne devrait pas faire de nombreuses victimes. Faut-il encore que les conditions démographiques et économiques le permettent.


Le tremblement de Terre ?

    La Terre n’a pas tremblé par la faute des hommes, certes ! Cependant chacun sait que les caractéristiques urbaines influent grandement sur la gravité des dégâts et sur le nombre de victimes.
    On met d’ailleurs en cause les promoteurs " criminels " qui avaient construit sur ou à proximité d'une faille à fort risque sismique.
Sans doute ont-il commis une faute, mais comment pouvait-on faire autrement dans une île surpeuplée ?

    Là aussi, des conséquences des tremblements de Terre, on peut se prémunir : Pas d’habitats hyper-denses, pas d'immeubles hauts, mais des maisons basses et solides en évitant la proximité immédiate de l’océan afin de limiter les effets d’un éventuel tsunami. Finalement, on se protège de façon très proche des cyclones et des séismes.
    Quel est l’obstacle à ces mesures ? Encore une fois la surpopulation (*) qui ne permet pas de construire là où l'on veut et qui par la pauvreté qu'elle génère et entretient empêche de bâtir dans les conditions qu’imposent la géographie du pays et la sécurité des habitants.

    Aujourd’hui nos pensées vont aux victimes, mais il est important que demain soient pris en compte les facteurs qui ont transformé cette catastrophe naturelle en drame humain.

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(*) La densité démographique d’Haïti est d’environ 335 habitants au kilomètre carré soit trois fois la densité française. La population croît de 1,8 % par an ce qui conduit à un doublement en un peu moins de 40 ans.

    La pauvreté qui ne permet pas de construire un habitat conforme aux exigences est également en cause. Mais la surpopulation hélas participe à cette pauvreté, elle en est à la fois cause et conséquence.
    Pour ceux que l’histoire d’Haïti passionne nous ne pouvons que conseiller la lecture du livre de Jared Diamond : Effondrement : l’auteur y détaille la mauvaise gestion écologique de l’île et y fait une comparaison instructive avec la partie Est occupée par la République Dominicaine où la nature a été beaucoup mieux préservée.

   Le point évoqué est traité dans le chapitre 15 : Une île, deux peuples, deux histoires… p 395 à 413 de la version française.

    Effondrement est une traduction de l’édition américaine : Collapse how societies chose to fail or succeed, Viking Penguin, 2005.

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 20:10

 

    Il y a eu les nouveaux philosophes, il y a les nouveaux écologistes. Des gens qui pensent que l’écologie est une chose trop sérieuse pour être laissée aux écologistes et s’invitent au débat. Economistes ou politologues, ils ont compris que la question écologique est et restera une problématique majeure dans le siècle. Ils sont pour une écologie raisonnable, rationnelle et positive. Ils veulent une écologie gestionnaire et efficace, et ils n’hésitent pas à critiquer voire à brocarder ces vieux écologistes indécrottables issus de la contre-culture, souvent passionnés de végétarisme et de décroissance. Pour un peu, ils les accuseraient d’avoir transformé l’écologie en un truc tellement indigeste que les écolos seraient un peu responsables du retard de nos sociétés à s’engager dans une logique de développement durable.

 


    Les nouveaux écologistes, ce n’est pas une école, pas même un cercle de réflexion, juste une galaxie d’intervenants partageant une même culture économique et politique raisonnable. Et optimiste. Ceux-ci ont bien compris qu’une croissance matérielle infinie pose problème dans un monde fini, mais ils savent aussi que la science et la technologie sont là pour repousser les limites ; ils savent bien que l’histoire depuis 120 ans a continûment donné tort à Malthus et que l’homme moderne a plus d’un tour dans son sac pour contourner les contraintes physiques et sociales. Faire voler le plus-lourd-que-l’air ? Nous savons. Aller sur la Lune ? Nous savons. Faire de l’ingénierie sociale ? Nous savons. Gérer le trou d’ozone ? Nous savons. Quand nous voulons, nous pouvons.

 


    Alors, ils sont bien d’accord pour remercier les écologistes d’avoir attiré l’attention du monde sur les limites de la planète, pour citer René Dumont à l’occasion(1), oui là-dessus ils sont d’accord, les nouveaux écologistes. Mais pas question d’aller plus loin, pas question de rentrer dans une logique de privation, ou pire encore de cautionner les discours catastrophiques qui ne pourraient que remettre en cause le fragile équilibre politique de nos démocraties et ouvrir la porte à on ne sait quelles aventures.


    Pour les nouveaux écologistes, l’urgence c’est de mettre le paquet sur la voiture électrique, sur le ferroutage et sur le solaire photovoltaïque ou l’éolien, sans oublier pour beaucoup d’entre eux le nucléaire.


    Leur idée de l’avenir : des déplacements en voitures ‘propres’ et en avions efficients, des habitats à énergie positive, une circulation des marchandises construites autour d’un réseau ferré intelligent et de lignes maritimes calculées, une place majeure faite à la recherche et développement ; leur idée du présent : un formidable défi à relever, avec des secteurs économiques entiers à inventer ou à reconstruire, un peu comme après une guerre. En un mot, derrière le greenbusiness, il y a de nouvelles Trente Glorieuses qui se profilent.

 
    Ils ? Entendez Jean-Paul Fitoussi dénonçant ‘l’extrême écologique’(2), Christophe Barbier conseillant à Europe Ecologie d’abandonner leurs débats sur la croissance et défendant l’avenir politique d’une écologie positive(3), Philippe Jurgensen promouvant ‘l’économie verte’(4), Yves Thréard vent debout ‘contre une écologie pénalisante, négative, à l'image de la taxe carbone’(5), ou Jacques Marseille qui ne voit, dans les prémices d’un Etat écologique symbolisés par la taxe carbone, que la simple continuation de l’hyper-état français, bien peu sensible à la faible capacité d’arbitrage de ses citoyens(6).

     Et peut-être peut-on aussi joindre à ces optimistes(7) que sont ces nouveaux écologistes ceux qui comme Philippe Frémeaux(8) ou Hervé Le Bras considèrent sans inquiétude majeure l’augmentation prévisible de la population mondiale à 9 milliards en 2050, en insistant sur la tendance à la baisse du nombre d’enfants par femme ? Ils défendent l’idée que l’alphabétisation des jeunes filles, le travail des femmes et un mode de vie plus urbain accentueront cette tendance : ainsi pourrions-nous échapper à toute nécessité d’une décroissance volontariste de notre démographie, si difficile à aborder dans nos sociétés marquées à la fois par l’injonction de croissance portée par les religions dominantes, par la politique nazie d’extermination mise en œuvre au siècle dernier, et par le refus de pouvoirs dictatoriaux comme l’est l’Etat chinois qui seul a osé promouvoir une politique autoritaire de contrôle des naissances.

      Néanmoins les faits sont têtus.

    Nous vivons dans un monde de plus en plus pollué par les gaz d’échappement de nos véhicules, les fumées de nos usines, les produits qui nous environnent au quotidien et la nourriture que nous absorbons, et nous commençons seulement à en voir les conséquences à travers la multiplication des allergies et des cancers, comme le dénonce le Professeur Belpomme qui nous somme d’agir ‘avant qu’il ne soit trop tard’ (9).

  
    Nous vivons dans un monde où la biodiversité régresse formidablement, et cette régression handicape notre avenir.


    Nous vivons dans un monde rongé par les tensions au sein des pays développés, avec des écarts qui s’accroissent si fortement entre riches et pauvres qu’ils bloquent l’établissement d’un vrai consensus. Et par des rancœurs et des tensions si profondes entre pays développés et pays pauvres ou émergents que tout effort partagé pour gérer notre planète est saboté par la prise en compte d’intérêts immédiats, dans un enchaînement impossible à rompre d’externalités négatives (10).

 

    Nous vivons dans une société sans consensus où seule la croissance matérielle sert de ciment dans la logique mortifère d’un toujours plus sans cesse revendiqué.

 

     Nous vivons dans un monde où nous nous croyons tout puissants car nous avons su faire voler des avions, aller sur la Lune et garantir un minimum de droits pour tous. Mais nous n’avons pas vu que tout cela n’a été possible que grâce à l’emploi de ce concentré d’énergie formidable qu’est le pétrole(11). Ce pétrole qui permet de s’affranchir des lois de la pesanteur, ce pétrole qui a remplacé la force physique de l’homme par les machines et permis de nous donner du temps pour apprendre, se cultiver, se distraire, se reposer, se soigner et inventer des objets que nos plus beaux contes n’avaient osé imaginer. Certes nous avons fait preuve d’intelligence, de sens du progrès et d’adaptation pour capter, maîtriser, utiliser cette énergie extraite des entrailles de la Terre, mais sans pétrole et sans énergie fossile nous ne sommes pas si puissants que nous voulons le croire.

 

    Or nous touchons dans un même temps aux limites de la capacité de la Terre à absorber les gaz à effets de serre provenant de la combustion des énergies fossiles et aux limites des réserves de ces mêmes énergies.

 

    Or nous vivons aujourd’hui dans un monde sans gouvernance efficace, avec une population mondiale croissante qui souhaite ardemment vivre sur le modèle occidental, et la Terre ne peut nous offrir les moyens de vivre à 9 milliards comme des américains, ni même comme des européens.

 

    Concrètement nous n’avons plus les moyens d’une croissance verte. Ce qui aurait été imaginable dans les années 70 du siècle dernier, juste après la première grande prise de conscience écologique, dans un monde à 4 milliards d’habitants, ne l’est plus aujourd’hui(12).

 

    Aujourd’hui, il nous reste à inventer et à mettre en place dans nos sociétés riches d’Occident un modèle de vie incroyablement économe par rapport au modèle actuel.

 

    Si nous avons pour objectif de diviser par 5 nos rejets de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, cela suppose une réduction de 4 % par an, sans oublier que dans ce domaine aussi la théorie des rendements décroissants s’applique. En clair, les gains de 4 % de la décennie 2040 seront bien plus difficiles à obtenir que les premiers gains. Une approche sérieuse voudrait donc que nous tentions une réduction supérieure à 4% les premières années.

 

    Il y a une autre raison pour agir vite et fort.

 

    Si c’est le modèle occidental qui sert de référence, alors il est urgent que nous mettions au plus vite en scène un modèle de vie basé sur la sobriété pour avoir une petite chance d’entraîner les déjà 3 milliards d’hommes qui veulent vivre demain comme le milliard que nous sommes. S’il faut frapper fort, alors il ne faut pas hésiter à abandonner dés demain ce qui ne nous est pas strictement nécessaire. Le transport aérien de marchandises ? Les voyages d’agrément d’un coup d’aile ? Les plats cuisinés pour lesquels nous dépensons 70 calories pour une seule ingérée ? Des centaines d’euros de jouets par enfant quand nos grands-parents se contentaient d’un seul, sinon d’une orange ?

    Il y a un recentrage à opérer sur les choses importantes, la nourriture qui doit être bonne et exempte de produits toxiques, le logement qui doit offrir un cadre de vie sain et agréable, le travail qui doit s’effectuer de manière conviviale, le temps nécessaire pour se parler et vivre ensemble, pour construire des rêves. Ce modèle de vie n’est pas compatible, il faut le dire, avec un environnement économique qui nous pousse à détruire des véhicules âgés de 8 ans au nom d’éco-bonus, dans une logique de fonctionnement toujours basée sur des flux croissants(13).

 

    Et ce n’est pas tout. Il nous revient aussi d’inaugurer dans un cadre démocratique la problématique d’une décroissance démographique. Nos pays d’Occident sont rarement autosuffisants sur un plan alimentaire et nous devons penser à laisser la place nécessaire pour les énergies non fossiles et pour ce que nous appelons les espaces utiles au maintien des équilibres naturels (zones sauvages, forêts, etc..). Si nous voulons vivre bien, en évitant par exemple d’avoir à choisir entre se nourrir et se déplacer comme on l’a vu lors du débat sur les agro-carburants, alors nous devons envisager d’être moins nombreux. Là encore, la puissance du pétrole nous a trompés en autorisant une agriculture intensive impossible à maintenir dans la durée.


    Cette décroissance volontaire peut nous heurter ; elle pose le problème de l’ingérence du pouvoir, même démocratique, dans l’intimité du noyau familial(14) et nous y sommes d’autant plus sensibles que cela touche à notre pouvoir de procréation(15). Faut-il envisager une interdiction de dépasser un certain nombre d’enfants ? Permettre d’acquérir ou d’échanger un droit à enfanter, sur le modèle des droits à polluer dans une logique de marchandisation de la vie ? Jouer simplement sur les allocations familiales, comme le propose Yves Cochet ? Observons qu’aujourd’hui, nous avons mis en place un système qui ne fait pas payer aux familles le vrai coût d’un enfant ; autrement dit les pouvoirs publics s’ingèrent dans le choix des parents en faisant prendre en charge par la collectivité une grande partie des coûts liés à l’enfant, qui est en quelque sorte subventionné : enseignement gratuit, crèches et repas scolaires à prix réduits, application du mécanisme du quotient familial dans le calcul de l'impôt sur le revenu.


     Cette décroissance démographique, peut non seulement nous prendre à contre-pied et renverser des habitudes pluri-millénaires, mais pose d’innombrables problèmes. Jusqu’ici nous n’avons pas pensé une société où nous serions moins : alors comment faire ? Comment gérer la transition démographique, avec beaucoup de personnes âgées et peu de jeunes ? Comment gérer les retraites ? Que faire des enseignants en surnombre ? Il y a beaucoup de questions à défricher et les réponses apportées seront aussi utiles aux pays hors Occident. Comment imaginer que le Bengladesh qui prévoit 250 millions d’habitants ne soit pas intéressé pour savoir comment ajuster sa population à des ressources durables ? Ou l’Inde ? Et tant d’autres…

 

 

    Il y a les nouveaux écologistes, il y a la réalité. Il ne s’agit pas d’être catastrophiste. Il ne s’agit pas d’être irréaliste. Il s’agit simplement de prendre les problèmes à bras le corps, sans démagogie, sans se raconter d’histoire. En ayant conscience des extrêmes tensions qui traversent un monde qui a été occupé, colonisé et fasciné par l’Occident. Et qui veut sa part du gâteau, comme disent les enfants. Alors il nous reste, vite, très vite, ici et maintenant, à mettre en scène un modèle de vie le plus sobre possible, le plus joyeux possible, le plus désirable possible(16), dans une geste si fortement formidable que nous serons amenés à nous dépasser vraiment. Si nous voulons survivre … et vivre(17) !

 


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(1) René Dumont a été le premier candidat écologiste à la Présidence de la République en 1974.

(2) in Du grain à moudre, France-Culture le 05.01.2010

(3) in C dans l’air, jeudi 3 décembre 2009 Copenhague : plutôt verts que morts !

(4) in L’Economie verte  paru en février 2009 aux éditions Odile Jacob.

(5) in Le figaro du 30.12.2009 ‘Sarkozy et le poison écologiste’

(6) in C dans l’air, 05.01.2010 La taxe carbone revient !

(7) Un bel exemple d’optimisme donné par Jean-Louis Caccomo, professeur à l'université de Perpignan in Les externalités, le marché et l’Etat : ‘Si la dynamique de croissance a pu, malgré tout, perdurer dans les pays développés, c’est que l’on est en droit de penser que les effets externes positifs ont été de nature à dégager les ressources permettant de compenser les effets externes négatifs. … la croissance a survécu au charbon, comme elle survivra sans doute au pétrole. Source : http://libertariens.chez-alice.fr/exters.htm

(8) Directeur de la rédaction d’Alternatives Economiques, pourtant défenseur de la taxe carbone et familier des thèses écolos depuis des années. Voir sa position sur la démographie, très proche de celle d’Hervé Le Bras, exprimée in C dans l’air, 21 décembre 2009 Copenhague se moque du monde

(9) Avant qu’il ne soit trop tard, professeur Dominique Belpomme, Fayard, février 2007

(10) Sur ce sujet, voir notamment Joseph E. Stiglitz, Principes d’économie moderne, de Boeck Université, Bruxelles, 2003.

(11) Sur ce sujet, voir notamment Le plein s’il vous plaît J-M Jancovici et A Grandjean, Le Seuil, février 2006.

(12) Voir sur le même theme Stern: Rich nations will have to forget about growth to stop climate change in Guardian Friday 11 September 2009 ; ou Un futur désirable sans croissance est possible, mais... Jean Gadrey, professeur d’économie à l’Université de Lille, in Entropia, octobre 2009.

(13) Voir les développements de Cédric Lagandré sur ce même sujet. Il a publié récemment L’actualité pure : essai sur le temps paralysé aux PUF 10/2009 et La société intégrale chez Flammarion 09/2009.

(14) Ce point est bien souligné par Philippe Frémeaux in C dans l’air, 21 décembre 2009, précité.

(15) A contrario l’obligation de certaines vaccinations, qui disent tout de même que notre corps ne nous appartient pas complètement, ne nous choquent plus vraiment.

(16) Même Paul Aries, promoteur parfois un peu austère du thème de la décroissance, insiste désormais sur l’importance de rendre celle-ci désirable, voir Rendre la décroissance désirable interview à Libération en date du 02.05.2009

(17) En référence à la revue du même nom disparue dans les années 70, et au groupe éponyme constitué autour de Pierre Samuel.



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