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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 08:02


Une bien belle idée : Des lions et des éléphants en Amérique.

 

    Le lion et l’éléphant, le roi et le plus grand des mammifères terrestres sont pour nous des symboles de l’Afrique. C’est là pourtant une restriction géographique bien récente. Il y seulement 50 000 ans, une goutte d’eau à l’échelle de l’histoire de la vie, ce que l’on appelle la mégafaune peuplait toutes les terres de la planète, Amérique comprise bien entendu. Beaucoup de vestiges y ont d’ailleurs été découverts.

    De plus en plus d’indices laissent penser que c’est l’arrivée de l’homme il y a environ 13 000 ans pour les vagues migratoires les plus significatives qui a précipité la disparition de tous ces grands animaux. Par leurs effectifs restreints ces espèces sont fragiles et une chasse intensive peut facilement les éliminer.

   Curieux et heureux retournement des choses, le mensuel " Pour la Science " nous apprend dans son numéro de juin 2008 (n° 368, p74) que certains chercheurs forment le projet de réintroduire ces splendides animaux sur le continent américain.


   L’opération s’appuierait sur l’expérience acquise lors de précédentes réintroductions comme celle du loup gris, qui fut un succès et constitue désormais un classique du genre fort commenté dans la littérature écologique. Les animaux seraient parqués dans de grandes réserves et non en totale liberté pour assurer leur protection et éviter les problèmes de voisinage avec la population humaine.

  
    Il est intéressant de souligner que les Etats Unis et le Canada qui par leur mode de vie, constituent la bête noire et la cible de la plupart des écologistes du monde sont néanmoins par la relative faiblesse de leur densité démographique (avec la Russie qui fait mieux encore parmi les pays développés) les seuls pays à permettre ce genre d’opération. C’est là une sagesse (ou un état de fait) qu’il faut méditer. L’absence de surpopulation est une condition sine qua non de la protection de la faune et l’Amérique du Nord est bien placée quoi qu’en pense une certaine mouvance écologiste.


    L’auteur de l’article souligne avec justesse que pour inverser la tendance, (tendance à l’aggravation de la situation des espèces menacées) : "  l’action audacieuse doit devenir la règle. " 
    Voilà une remarque que nous reprenons à notre compte pour la plupart des questions relatives à la protection de la nature. Les demi-mesures n'apporteront rien d'autre qu’un bref répit.

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 09:41

 

 

    Si tout travail mérite salaire et si toute profession à droit à s’exercer dans de justes conditions de concurrence, l’idée de faire bénéficier les pêcheurs de gasoil sous taxé ou même subventionné par un mécanisme quelconque relève de l’hérésie.


    Nous sommes dans un monde qui dispose de moins en moins de poissons et de moins en moins de pétrole et nous nous apprêtons à donner des subventions pour pêcher du poisson avec du pétrole !


     Cela ressemble à un médecin qui devant un malade souffrant d’un cancer du poumon lui ordonnerait de doubler sa consommation de tabac. Voilà certes une façon de régler plus vite le problème, mais la pire !

    Avec ce genre de politique qui illustre bien comme le monde politique n’a encore rien saisi de la nature de la crise qui se profile, nous allons nous retrouver sans poisson, sans pétrole et … sans pêcheur !


    Il faut payer les produits à leur juste coût, si le poisson coûte cher à cause de sa rareté et à cause du prix du pétrole alors nous devons le payer à ce prix, aucune autre solution ne sera durable.


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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 10:39

Vive le pétrole cher !

Ainsi commence enfin l’éditorial d’un magazine grand public !

Dans son hors série numéro 154 ( mai - juin 2008), le mensuel Science et Avenir offre un large panorama de la question automobile sous les contraintes croisées de l’écologie et de la future déplétion pétrolière.

On y trouvera quelques éléments sur le rôle de la voiture dans la société et sur le symbole qu’elle constitue, mais on découvrira surtout une excellente synthèse des réflexions sur son avenir.

Le dossier consacré à la voiture électrique dont on annonce le grand retour est fort complet : Autonomie, temps de recharge, fiabilité, politique des flottes, tous les sujets sont abordés.

Les biocarburants comme les voitures hybrides en prennent pour leur grade. Il est vrai que leurs supposés avantages résistent mal à une analyse approfondie. Ces questions d’ailleurs ont été évoquées dans d’autres articles de ce blog et nos conclusions vont dans le même sens (voir, : "Les dérives de la publicité" et "Energies renouvelables: pas de naïveté").

Rappelons aussi que beaucoup de solutions existent déjà. Ainsi le moteur à air comprimé (commercialisé par la société MDI) et la voiture électrique dans son état de développement actuel sont dors et déjà capables de répondre à nombre de nos besoins, la quasi-totalité des déplacements urbains en particulier. Seules les conditions de recharge surtout pour l’électrique sont encore un peu délicates pour les personnes en appartement.

En un mot des articles instructifs qui formeront une bonne base de réflexion pour qui s’intéressent à ces questions.

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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 14:25

2030 le krach écologique,  Geneviève FERONE, Grasset 2008

 

Selon Geneviève Ferone  à l'aproche des années 2030, la planète se trouvera sous le feu de  crises concomitantes: l’écologie, la démographie, l’énergie et la croissance.

Ce livre constitue l’une des nombreuses démonstrations prouvant que « nous allons dans le mur ». Démonstration hélas si peu écoutée du monde politique.

 

On y trouve des remarques intéressantes :

 

La question démographique, sujet si souvent tabou, est assez largement évoquée. Une réserve cependant, l’ouvrage part de l’hypothèse selon laquelle nous serons 7 milliards en 2030. Erreur, ce sera en 2012 environ, nous y sommes presque, il y a déja 6,7 milliards. d'être humains sur la Terre.

 

Mme Ferone souligne avec justesse que les premiers pays qui prendront des mesures (par exemple sur la taxation de l'énergie) seront également les premiers pénalisés sur le plan de la compétitivité économique, ceci constitue un hanicap sérieux envers les initiatives en la matière.

 

L'auteur s'attaque courageusement au  « politiquement correct » qui nous interdit de mettre en garde les pays en voie de développement sur leurs atteintes à l’environnement sous prétexte que nous l’avons fait avant eux (Rappel : la révolution industrielle a eu lieu en Europe dans un monde de  un milliard  d’habitants et non de sept et bientôt dix milliards, aussi les conditions sont elles bien différentes et la position de Genevieve Ferone plutôt bienvenue).

 

Le livre souligne le peu d’efficacité de mesures qui seraient prises sans inclure des pays comme la Chine et l’Inde. A quoi cela sert-il que nos voitures consomment quelques pour cent de moins si la Chine double son parc automobile ou construit une à deux centrales à charbon par semaine ? C'est là un véritable problème !

 

Deux légères critiques cependant :

 

Il manque quelques données chiffrées qui fixeraient les idées du lecteur sur les ordres de grandeur en matière de production et de population. le livre s’appuie sur des références qui ne sont pas rappelées. Il en est de même pour les questions climatiques qui sont évoqués mais de façon trop superficielle. La question est beaucoup plus complexe que cet ouvrage ne le laisse supposer.

 

En second lieu les mesures préconisées sont un peu floues, la décroissance n’est pas étrillée comme souvent mais Geneviève Ferone la dit incapable de résoudre les choses à court terme et souligne qu’elle sera mal acceptée par les nouveaux acteurs de la croissance (on veut bien le croire). De la même façon tous les échecs du  protocole de Kyoto sont lourdement mis en évidence et en conclusion  l’auteur nous dit que cet accord n’est pas un échec (sans que ce soit seulement au sens du symbole). Alors on ne sait plus très bien ce qu’il faut faire ! On ne sait pas non plus si Geneviève Ferone considère la technologie comme une solution ou comme une fuite en avant, il est vrai qu’il y a peut être un peu des deux.

 

Malgré ces petites réserves, encore un livre nécessaire pour prendre conscience du problème.

 

Vous retrouverez cette critique et celles d’autres livres (plus brèves pour l’instant) dans la rubrique bibliographie.

 

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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 14:21

La hausse continue des prix des matières premières et de l’énergie  (le pétrole dépasse aujourd’hui les 110 $ le baril) a poussé quelques revues à évoquer la question.

« La recherche » dans son numéro daté de mars 2008 propose un supplément sur le pétrole en 2030 sous titré : la transition nécessaire.  « Science et vie »  pour sa part livre dans son numéro d'avril  un article intitulé « Pétrole : Pourquoi il flambe ? »

Le supplément de « La recherche » qui semble sponsorisé par le BRGM, TOTAL,  l’IFP et L’ADEME  laisse la même impression que le colloque de l’IFP : panorama 2008 organisé récemment à Paris et à Solaize. (Cf. compte rendu sur ce blog)

Les acteurs du monde pétrolier sont très conscients des problèmes (pollution et épuisement des réserves de pétrole malgré les dénégations de façade) mais nous devons cependant nous préparer un avenir très émetteur de CO2 via les projets de liquéfaction et de gazéification du charbon. La Chine serait en train de concevoir sa première usine de ce type et  nous savons qu’elle possède de très importantes réserves. Les projets de stockage du CO2 paraissent pour l’instant peu convaincants: très embryonnaires et mal adaptés à beaucoup d’usages.

            L’article assez bref de « Science et vie » propose un bon survol de la situation et présente un historique des cours de l’or noir en données corrigées de l’inflation. Cela permet de prendre un peu de recul.
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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 15:24
  La vague écologiste a évidemment largement touché la publicité. Il est aujourd’hui impossible de vendre un produit sans en avoir auparavant vanté les mérites écologistes même si par nature et peut- être plus spécialement si par nature ce produit est particulièrement agressif pour l’environnement.
 
  L’écologiquement correct s’embarrasse peu de cette contradiction et l’on voit fleurir des arguments vraiment stupéfiants et pour tout dire franchement mensongers. Il y a quelques années déjà des sociétés d’autoroutes mettaient en avant leurs efforts pour l’environnement. Quelques « crapauducs » et autres passages aménagés ne compensent pourtant qu’infiniment faiblement les espaces irrémédiablement détruits et l’appel au trafic automobile toujours plus intense que génère la construction de nouvelles voies.
 
  On découvre ces mois-ci une publicité pour des voitures japonaises dont la motorisation hybride est supposée réduire les émissions polluantes. Bien entendu, on sait que la double motorisation thermique et électrique ne produit pas de miracle. La traction électrique ne concerne qu’une petite partie des trajets effectués et la recharge des batteries dépend du moteur thermique ce qui ne constitue pas la méthode la plus respectueuse de l’environnement. Pourtant il y a pire. Quand on regarde l’argumentation en détail on voit que les automobiles en question (il y en a deux) disposent respectivement de plus de 340 et 440 chevaux ! Bien sûr avec une telle puissance ces véhiculent produisent au kilomètre beaucoup plus de gaz carbonique qu’une petite voiture non hybride. Fondamentalement tant que nous considérerons comme normal d’utiliser des voitures de cette puissance, tant qu’une telle publicité ne nous paraîtra pas déplacée, alors tous les discours sur l’écologie seront sans objet. Cette absurde volonté de puissance dont cette publicité n’est qu’une illustration parmi d’autres conduit le monde à la catastrophe.
 
  Autre exemple : Depuis quelques jours, une grande marque française nous invite à remplacer nos vieilles voitures par des modèles plus récents censés être plus propres. Il s’agit simplement d’un appel à la consommation, rappelons que la première démarche écologiste est de faire durer les produits autant que possible et non de les changer avant leur terme. Si les moteurs sont un peu plus efficaces aujourd’hui n’oublions pas que les voitures sont de plus en plus lourdes et de plus en plus puissantes ce qui compense en bonne partie les gains acquis sur les moteurs. Rappelons aussi le grand problème que pose la « diéselisation » du parc (un domaine dans lequel la France fait triste figure). Si le diesel émet en effet un (tout petit) peu moins de gaz carbonique que l’essence il émet beaucoup plus d’autres polluants et en particulier de particules fines, les plus difficiles à filtrer.
 
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4 mars 2008 2 04 /03 /mars /2008 15:18
Le mensuel « Science et Vie » publie dans son numéro de mars 2008 une enquête consacrée aux énergies renouvelables (ou vertes). L’étude confirme que les énergies renouvelables ne constituent pas une solution miracle et sont bien loin d’être universellement vertueuses.
 
Ces énergies souffrent de deux handicaps majeurs.
 
-         Si l’on exclut le bois de chauffage en Afrique et l’hydroélectricité (dont la production ne peut être indéfiniment développée) ces énergies (biomasse, vents, marée, solaire, géothermie…) ne représentent et ne pourront représenter à l’avenir qu’une part relativement faible de notre consommation énergétique actuelle (quelques pour-cent) Les politiques d’économies d’énergie ou même la relance du nucléaire porteront sur des montants beaucoup plus importants
 
-         Ces énergies sont loin d’être écologiquement irréprochables. Elles consomment des surfaces gigantesques : La comparaison entre la surface utilisée par une centrale nucléaire (0,2 km2) et la surface nécessaire pour produire de la biomasse qui puisse fournir la même quantité d’énergie (plus de 3 000 km2 soit 15 000 fois plus) est édifiante. Enfin la fabrication des matériaux nécessaires à leur production : béton et acier pour l’éolien par exemple ou panneaux de silicium pour le solaire est loin d’être écologique.
 
Ajoutons aussi une remarque personnelle sur les critiques portées à l’une de ces solutions : la biomasse.
On lui reproche d’entrer en concurrence avec les cultures vivrières, on oublie souvent que les terres réservées à la fabrication de biomasse pour les carburants sont également prises sur les rares espaces naturels encore libres pour la faune et la flore.
Cela souligne bien que domine encore  l’idée selon laquelle la planète est à notre service et que les seuls problèmes sont ceux qui gênent nos productions. Nous retrouvons ici l’utilitarisme de certains écologistes. L’idée que la nature doit être préservée et respectée pour elle même est reléguée  en seconde position . Or cette idée là est la principale, celle qui à notre sens doit sous-tendre toute la démarche écologique. Sans elle nous ferons toujours autant de massacres : fussent-ils peints en vert !
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4 mars 2008 2 04 /03 /mars /2008 15:13
L’institut Français du Pétrole organisait jeudi 14 février 2008 dans le cadre des rencontres panorama 2008 une journée consacrée à l’avenir du charbon et aux implications climatiques de la question.
Le temps est bien fini où les écologistes pouvaient caricaturer les professionnels de l’énergie en les accusant de ne rien comprendre aux enjeux du futur. Malgré quelques dénégations publiques le monde de l’énergie connaît très bien les menaces qui pèsent sur l’avenir des réserves fossiles et il ne traite plus les problèmes d’environnement à la légère.
 
La journée panorama 2008 organisée à Solaise par l’IFP (voir le site www.IFP.fr) a confirmé ce point de vue. Plusieurs conférenciers ont fait le tour de la question.
 
Trois grandes lignes se dégagent.
 
-         Bien qu’ils affirment qu’il y a encore beaucoup de pétrole les responsables du monde de l’énergie agissent comme si pétrole et gaz vivaient leur dernier siècle. De toute évidence en 2100 la planète sera passé à d’autres sources.
 
-         Le charbon est la source d’énergie du futur (pour les 150 à 250 ans à venir) ses réserves sont abondantes, bien réparties et en particulier dans les pays consommateurs (à l’inverse du gaz et du pétrole).
 
-         Le charbon pose de grands problèmes écologiques à cause de la forte émission de CO2 qu’entraîne sa combustion.
 
Notons que ces grandes lignes présupposent deux autres données (que nous pensons justes d’ailleurs). L’énergie nucléaire même si elle se développe ne constituera pas une solution majoritaire pour l’ensemble de la planète et les énergies dites renouvelables resteront d’un usage marginal. (bois excepté pour le chauffage et la cuisson dans nombre de pays en voie de développement au moins jusqu’à ce qu’il reste un arbre debout sur la planète).
 
Cette focalisation sur le charbon, si elle atteste de la parfaite conscience des enjeux pose de nombreux problème dont sont bien conscients les industriels.
 
-         Tout d’abord le charbon n’est pas aussi pratique à utiliser que les gaz ou les liquides aussi sous l’appellation CTL (Coal To Liquid) se profile la fabrication à grande échelle de carburants liquides à partir de charbon. Les techniques sont au point même si leur rendement est très moyen et si elles sont très polluantes. Un colloque consacré à ce sujet sera d’ailleurs organisé à Paris en Avril ( www.world-CTL2008.com )
 
-         En second lieu face aux problèmes d’émission de gaz carbonique de nombreuses recherches sont faites sur le stockage du CO2. Rien n’indique que ces techniques seront parfaitement efficaces, elles sont de toute façon coûteuses, elles-mêmes consommatrices d’énergies et à priori réservées aux grandes unités de production (on ne mettra pas un récupérateur de CO2 à l’arrière de nos véhicules).
 

En un mot, on trouve chez les professionnels de l’énergie une bonne connaissance et une bonne conscience des problèmes, hélas, on voit aussi se profiler un avenir bien sombre qui conduira à utiliser toutes les réserves d’hydrocarbures de la planète sans beaucoup de certitudes quant à nos capacités à limiter les conséquences de cette consommation (voir dans ce blog les articles déjà consacrés au charbon).

 

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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 13:26
ARTE a consacré mardi 5 février 2008 son début de soirée au conglomérat russe GAZPROM.
Le reportage visait à dénoncer les liens trop étroits de Gazprom avec le pouvoir russe. Cette entreprise gigantesque (elle dispose d’une part appréciable des réserves mondiale de gaz) constitue un véritable Etat dans l’Etat et la collusion avec les autorités pose de nombreux problèmes.
Quoi que bien conçue, l’enquête se montrait finalement assez convenue. Elle présentait cependant, au-delà de son objet principal un autre intérêt trop peu mis en évidence.
En effet, en sus de ces critiques, en partie d’ordre moral, l’entreprise faisait l’objet de nombreux dénigrements de la part des responsables économiques occidentaux. Et là, pas de morale mais un réalisme très immédiat : Gazprom ne ferait pas bien son métier, plus précisément elle n’investirait pas assez dans la recherche et la mise en exploitation de nouveaux gisements de façon à compenser l’inévitable épuisement des sites actuellement en production.
Le monde devra faire face dans les années et les décennies à venir à de terribles défis énergétiques et les responsables occidentaux n’ont d’autres programmes à proposer que : Produisons plus, plus vite, encore plus, encore plus vite.
Bien entendu de telles solutions résoudront très provisoirement les problèmes. Au lieu d’avoir une grave crise dans dix ou vingt ans nous en aurons une encore plus grave dans vingt ou trente ans. En effet, ces nouveaux gisements eux aussi finiront par se tarir.
Et alors que ferons-nous ?
Le manque de recul et de perspectives chez certains analystes est effrayant. La solution au problème de l’épuisement des ressources passe d’abord par une moindre consommation pas par une production provisoirement accélérée.
Il ne sert à rien de tuer la poule aux œufs d’or ! 
 
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas ici de défendre Gazprom et de se faire des illusions sur les raisons qui poussent l’entreprise géante à être modeste dans ses investissements. Il serait bien imprudent de jurer que son attitude reflète une grande sagesse et que cette retenue soit destinée à faire durer plus longtemps les réserves. Rien n’indique que Gazprom soit gérée par une bande d’écologistes !
Toutefois les critiques qui lui sont adressées semblent terriblement révélatrices de l’attitude de la majorité des milieux économiques. Le durable n’est pas entré dans les mœurs ! Même si c’est pour de mauvaises raisons, l’attitude de Gazprom n’est peut- être pas la plus mauvaise pour la planète.
 
Enfin, à notre sens un autre malentendu doit être levé.
Les économies d’énergies fossiles sont nécessaires pour faire perdurer la ressource autant que cela est possible. Elles le sont aussi pour limiter la pollution et en particulier les émissions de CO2. Et sur ce point il y a souvent confusion.
Ce n’est pas tant l’économie de pollution à court terme qui doit être limitée, car là aussi il faut prendre du recul. Si dans les 100 ans à venir une quantité donnée de CO2 est rejetée dans l’atmosphère, alors il importe assez peu à la nature qu’elle l’ait été majoritairement dans les 50 premières années et minoritairement dans les 50 suivantes (ce que donnerait une politique de gaspillage) ou au contraire à peu près régulièrement au cours de l’ensemble du siècle à venir (ce que donnerait une politique plus économe aujourd’hui qui préserverait la ressource et donc aussi la pollution un peu plus longtemps).

 L’intérêt de la seconde politique ne réside donc pas dans une moindre pollution puisqu’on arrive à terme à un résultat comparable (et 100 ans ce n’est rien pour la nature). L’intérêt de cette seconde politique c’est de nous donner du temps pour que la société évolue et se fasse (beaucoup) moins gourmande. Il serait alors possible d’éviter un retour généralisé au charbon qui constituerait une véritable catastrophe. (Voir l’article dans ce blog : Charbon : l’avenir noir de la planète.)

 

 

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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 14:20
         
     Souvent pour évoquer un fort mouvement de croissance les économistes utilisent le terme de croissance exponentielle. Que cache en réalité ce terme ? Quelles sont les implications d’un tel phénomène ?

    Je vous propose de mieux le connaître en nous appuyant sur l’analyse de la croissance démographique.
 
Prenons l’exemple d’une population en augmentation de 2 % par an comme l’était l’humanité dans son ensemble durant la décennie 1960-1970.
 
Affirmer que cette population évolue à ce rythme revient à dire que son effectif se voit annuellement multiplié par le coefficient 1,02. Après deux ans elle se trouve ainsi multipliée par 1,02 x 1,02 soit 1,022 et de façon plus générale par 1,02 n à l’issue de n années.
 En généralisant encore, un taux de croissance de x % conduit après n années à la multiplication des quantités initiales par (1 + x/100) n. La variable temporelle, le nombre d’années écoulées (n) est ici placée en exposant. C’est pourquoi on parle de croissance exponentielle.
 
Le mot a quelque chose d’effrayant et cet effroi est hélas parfaitement justifié. Les progressions exponentielles recèlent en effet deux particularités fort inquiétantes.
 
-         Elles conduisent à terme à une véritable explosion des quantités auxquelles elles s’appliquent et ce, même si le taux de croissance ramené à l’année (ou à la période de référence)  apparaît très modéré.
-          Elles cachent très bien leur jeu puisque le caractère catastrophique de la progression ne se dévoile qu’à proximité de l’échéance, quand par exemple un territoire devient surpeuplé.
 
L’ignorance, parfois volontaire, de ces deux conséquences justifie pour une part l’amour immodéré que les démographes et les économistes portent à la croissance. Les situations sans issue, auxquelles elles conduisent se situent généralement à des échéances placées au-delà de leur horizon habituel de réflexion et parfois plus prosaïquement de leur mandat pour les décideurs politiques. Un certain conformisme, une sorte de pensée unique selon l’expression en vogue joue aussi son rôle dans cette unanimité. Voyons maintenant le détail de ces deux particularités que sont l' Explosion et le masquage.
Tout d’abord l’explosion. Reprenons notre exemple. Une croissance de 2 % conduit à un doublement de la population en 35 ans environ (parce que : 1,0235 = 2). Ces 2 % en apparence bien anodins amèneraient ainsi la population à quadrupler en 70 ans et à être multipliée par 8 en 105 ans faisant en conséquence passer en à peine plus d’un siècle le nombre d’êtres humains de 6,6 à 53 milliards ! Difficile à imaginer ! Aujourd’hui, en 2008 l’accroissement de la démographie mondiale s’est quelque peu ralenti et s’établit autour de 1,2 % par an.   Pourtant cette baisse ne change pas fondamentalement les données du problème. Le temps de doublement de la population passe de 35 à 58 ans mais  à l’échelle de l’histoire, cela conduit presque aussi rapidement et tout aussi sûrement à la catastrophe. Dans cette hypothèse, c’est en 2181 que nous serons 53 milliards, mais c’est probablement beaucoup plus tôt que nous connaîtrons de très sérieuses difficultés.
Que ceux qui ont quelque goût pour les chiffres sachent que si la population continuait sur le même rythme, elle atteindrait en 840 ans l’effectif de 150 000 milliards ce qui correspond à la surface des terres émergées exprimée en mètres carrés, Antarctique, Groenland et autres déserts compris. Chaque homme disposerait alors exactement d’un carré de un mètre de côté. Il est préférable de laisser cela au domaine de la fiction. Début 2008 chaque homme jouit encore de 22 700 m² soit un peu moins de 2,3 hectares. C’est en fait déjà très peu pour une gestion écologique de nos ressources. Quant à ceux qui aiment les films catastrophes et la science fiction la plus incroyable, qu’ils sachent que si la population actuelle  continuait sur sa lancée, elle formerait dans un peu moins de 9 000 ans une sphère de matière dont le rayon croîtrait à la vitesse de la lumière ! Sidérant non ? A titre de curiosité vous trouverez le calcul ici.
Bien sûr, ces lois de progression ne relèvent pas du seul domaine démographique, elles s’appliquent à toute quantité matérielle. La croissance de la production de tel ou tel bien ne peut se poursuivre éternellement faute de quoi la planète finirait toujours crouler sous les objets fabriqués : tonnes d’acier, automobiles, ordinateurs etc. Les émissions de polluants se trouvent soumises aux mêmes lois, même si certains mécanismes naturels en permettent partiellement le recyclage. Une croissance exponentielle finit toujours par l’emporter… jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de combattant.
Les croissances exponentielles conduisent enfin à des impasses dans un domaine désormais largement médiatisé : Les prélèvements sur les ressources naturelles. Que ces ressources soient finies comme l’illustre bien le prochain épuisement des réserves d’hydrocarbures ou qu’elles soient renouvelables  comme le sont la faune et flore. Là aussi, quelles que soient les capacités de régénération de la nature, le mouvement exponentiel a toujours le dernier mot. Ainsi a été épuisé en moins de cent ans l’essentiel des réserves halieutiques. Malgré tous les moyens mis en œuvre, la pêche stagne et s’est même effondrée pour certaines espèces autrefois aussi courantes que la morue en Atlantique Nord. C’est donc la nature qui en dernier recours met fin à une croissance impossible que l’homme n’a pas su réguler. C’est la solution la plus brutale, la plus définitive, celle qui ne laisse que des perdants.

    Pour être tout à fait précis, il faut ajouter que ces limitations ne s’appliquent pas aux seules progressions exponentielles. Un mouvement de croissance arithmétique c’est à dire par lequel on produit au cours de chaque cycle une quantité fixe de plus que lors du cycle précédent (de type : 100, 105, 110, 115…) conduit lui aussi à une impasse dans un monde fini si les produits ne se détruisent ou ne se recyclent pas avec le temps. La construction de nouvelles voies de communications par exemple même en quantités annuelles stables ou même décroissantes devra bien s’arrêter un jour faute de voir macadamisée la planète entière. Le caractère exponentiel accélère le mouvement et rend en cela l’avenir plus incertain car plus difficilement maîtrisable.

Dans un monde fini comme l’est notre planète, toute croissance d’une quantité matérielle ne peut être que transitoire. Cette impossibilité à maintenir durablement un phénomène d’expansion ne résulte d’aucun préalable idéologique ni d’aucun choix de société. Seules les lois de la physique sont en cause. Pourtant, dans leur quasi-unanimité, les mondes politiques et économiques ignorent cette réalité et vouent au mot comme au concept de croissance une adoration presque religieuse. Quelle est la source de cette addiction ? Est-ce l’image positive ‘naturellement‘ associée à l’idée de progression ?  Est-ce la volonté bien comprise   de promettre. 
Examinons maintenant la seconde caractéristique de ce type de progression : sa capacité à masquer la proximité des échéances.

Cette notion a été popularisée avec talent par le généticien Albert Jacquard qui a donné à l’un de ses livres le titre de la petite fable illustrant le phénomène : L’équation du nénuphar
[1]. Nicolas Hulot l’a également évoqué dans « le syndrome du Titanic[2] ».De quoi s’agit-il ? Simplement de répondre à la question suivante : Sur un étang se trouvent quelques nénuphars et ceux ci ne cessent de se multiplier. Si l’on sait que la surface de l’étang sera entièrement couverte par ces plantes en 50 jours et que leur étendue double chaque 24 heures, au bout de combien de temps les nénuphars recouvriront-ils la moitié de l’étang ?
      La première réponse qui vient à l’esprit : 25 jours est évidemment fausse. Si la surface double tous les jours la moitié de celle ci aura été couverte à la veille de l’échéance. Cela signifie que face à une progression exponentielle la catastrophe ne s’annonce pas longtemps à l’avance. L’avant veille de la catastrophe un quart seulement de l’étang est couvert et l’antépénultième jour un huitième seulement, laissant ainsi croire que l’étang est ‘sous peuplé’ et qu’il reste tout le temps pour réagir. Notre planète ressemble à cet étang !
Nous ne savons pas quelle est exactement l’échéance pour la Terre, c’est à dire à quel niveau de densité humaine elle deviendra proprement invivable. Il s’agit d’ailleurs d’une notion par nature imprécise. Sous certains aspects notre planète est déjà largement surpeuplée, en ce qui concerne la place laissées aux autres espèces notamment. Pour un monde qui supporte une humanité en progression annuelle de 1,2 % l’équivalent du « jour nénuphar » de la parabole vaut donc 58 ans, c’est le temps de doublement de notre effectif.  
     Une soixantaine d’années, cela représente deux générations, c’est très court au regard de la forte inertie des mécanismes démographiques. L’avenir à moyen terme (moins de 40 ans) est quasiment déjà écrit. Ainsi nous savions dés la fin des années 50 que l’humanité atteindrait six milliards d’individus en l’an 2000. Même si nous réduisons quelque peu notre taux de fécondité, ce qui a commencé, le très grand nombre de personnes en âge d’avoir des enfants ou qui vont prochainement atteindre cet âge fait que mécaniquement, la population continuera à croître pendant les décennies à venir. Le phénomène sera par ailleurs amplifié du fait de l’allongement attendu de la durée moyenne de la vie (un peu moins de 60 ans aujourd’hui pour l’humanité dans son ensemble).
Ce masquage des échéances est extrêmement préoccupant. Il introduit chez beaucoup de nos contemporains un véritable aveuglement. On entend encore fréquemment dire que la question de la surpopulation n’est pas urgente puisque 30 ou 40 % (le taux dépend des définitions retenues) des surfaces émergées sont encore vides ou sous peuplées.
       C’est là une illusion dangereuse, la preuve que la véritable nature d’une progression exponentielle est encore largement incomprise.

      Dans moins de deux générations, soit toute la planète sera peuplée ce qui est improbable compte tenu du caractère inhabitable d’une bonne partie des surfaces aujourd’hui inoccupées, soit les terres déjà habitées le seront avec une densité double de celle de 2007 avant de l’être avec une densité quadruple une soixantaine d’années plus tard.


      Quelle marge de manœuvre restera-t-il alors pour la protection de l’environnement ? Pour la préservation des espèces animales et végétales ? Pour les prairies, les forêts ? Malgré touts les bons sentiments, toutes les bonnes volontés : Aucune !


        Le caractère inexorable, explosif et masquant d’une croissance exponentielle met en péril notre avenir. Plus insidieusement, il condamne sans que beaucoup d’écologistes n’en aient conscience ou ne veuillent l’admettre l’idée que l’on puisse concilier développement démographique et même développement économique avec la protection de la planète. Par sa nature, l’exponentielle emporte tout, même les illusions d’une croissance douce, respectueuse et durable !

 

note :  Voir également sur ce sujet et à titre de curiosité, l'article Démographie Explosive et vitesse de la lumière. 


[1] Albert Jacquard , L’équation du nénuphar : Les plaisirs de la science , éditions Calmann-Lévy 1998
[2] Nicolas Hulot, Le syndrome du Titanic , éditions Calmann-Lévy 2004
 
 
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