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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 07:44

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2018 

selon différents compteurs, données en millions d'habitants et en début d'année

Sources                                          2017              2018               Progression

                                                                                                                    en nombre          en %

Countrymeters                                7 487             7 577          +   90   soit  + 1,2 %

INED                                               7 475             7 558          +   83   soit  + 1,1 %

US Census Bureau                         7 362             7 444          +   82   soit  + 1,1 %

Poodwaddle                                    7 474             7 558          +   84   soit  + 1,1 %

Population mondiale.com                7 439             7 524          +   85   soit  + 1,1 %

Ria Novosti - Sputnik                       7 549             7 656          + 107   soit  + 1,4 %

Terriens.com                                   7 362              7 437          +  75   soit   + 1,0 %

Worldometers                                  7 475             7 592          + 117   soit  + 1,6 %

World Population Balance               7 386             7 460          +   74   soit  + 1,0 %

_______________________________________________________________________________

Total :                                             7 445              7 534         +  89  soit   + 1,2 % 

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Comme cela était attendu, l'année 2017 aura vu l'humanité franchir le seuil des 7,5 milliards de représentants. La croissance reste stable avec un rythme annuel de + 1,2 %

La planète gagne environ 89 millions d'habitants par an (150 millions de naissances moins 61 millions de décès) ce qui correspond  à 244 000 personnes de plus par jour, solde de 410 000 naissances moins 166 000 décès.

L'année a aussi été marquée en juin par la publication des nouvelles projections de l'ONU ainsi, comme tous les deux ans, que par la l'édition en septembre de  l'étude "Tous les pays du monde" reprenant les statistiques  mondiales et les projections pour 2050 de  l'INED via la revue Population & Sociétés sous la direction de Gilles Pison (1).

Ces deux institutions confirment évidemment les estimations proposées par les compteurs cités plus haut. Elles valident également les récentes tendances au rehaussement régulier des projections démographiques ainsi que l'arrêt de la baisse de la fécondité mondiale (stabilisée à 2,5 enfants par femme).   Nous serons environ 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100 selon les projections moyennes (2).

L'Afrique est plus que jamais le continent où se produira l'essentiel de la croissance démographique de ce siècle. La transition démographique tarde à s'y manifester. L'Afrique subsaharienne concentre presque tous les records de fécondité et l'Afrique du Nord, elle-même, connait des hausses de fécondité (l'ensemble de l'Afrique septentrionale est à 3,3 enfants par femme selon l'INED).

Ci-dessous, graphique des projections de l'ONU pour 2100. Notez que les courbes des fourchettes hautes et basses sont établies respectivement à partir d'une élévation ou d'une diminution de la fécondité de 0,5 enfant par femme par rapport à la fécondité retenue pour la projection moyenne (elle-même basée sur une anticipation de fécondité sensiblement déclinante partant donc de 2,5 enfants par femme aujourd'hui pour atteindre deux enfants en moyenne mondiale en fin de période).

 

Concernant les deux géants démographiques asiatiques que sont l'Inde (1,352 milliards d'habitants) et la Chine (1,387 milliards), notons une stabilité de la fécondité en Inde (2,3 enfants par femme) et une légère remontée en Chine (passant de 1,7 à 1,8 par rapport à l'étude précédente). La Chine entame sa seconde année "post politique de l'enfant unique", il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions durables quant à l'effet de la fin de cette politique. Quoi qu'il en soit, très bientôt les 35 millions d'habitants qui  séparent les deux pays seront "comblés" et l'Inde deviendra effectivement la nation la plus peuplée au monde.

Enfin, le 13 novembre dernier, dans la revue américaine BioScience  plus de 15 000 scientifiques du monde entier signaient une "Alerte solennelle sur l'Etat de la planète" et proposaient un ensemble de 13 mesures parmi lesquelles deux faisaient directement référence à la démographie. 

Ainsi la huitième (h) : "Réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu'hommes et femmes aient accès à l'éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore."

Mais aussi la treizième (m) : "Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s'assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital."

Cet appel a été largement repris en France notamment par le journal Le Monde qui en faisait sa une le lendemain et, dans les jours suivants, plusieurs médias, papiers où audiovisuels, proposèrent des articles, des émissions ou organisèrent des débats sur ce thème.

En ce qui concerne la France, l'estimation de l'INSEE pour le 1er janvier 2017 était de 64 860 000 habitants sur le seul territoire métropolitain et de 66 991 000 habitants avec les DOM-TOM. Les estimations pour le 1er janvier 2018 seront prochainement publiées mais on peut sans doute tabler sur une évolution d'environ + 0,5 %  conduisant notre pays à dépasser les 65 millions en métropole et les 67 millions dans son ensemble.

________________________________________________________________________________

(1) Les  données de l'INED proviennent essentiellement de la World Population Data Sheet publiée par le Population Reference Bureau

(2) Les projections moyennes pour 2050 selon l'Onu se situaient à 9,1 milliards en 2009, à 9,3 milliards en 2011, à 9,6 milliards en 2013, à 9,7 milliards en 2015 et enfin donc à 9,8 milliards en 2017. Les estimations de l'INED étaient très proches et ont évolué dans le même sens. Pour 2100 l'ONU prévoyait 10,1 milliards d'habitants en 2011, elle en envisage  donc maintenant 11,2.

(3) Le compte établi en 2017 faisait état de 7,440 milliards, trois compteurs ayant disparu depuis, seuls sont retenus dans l'article ci-dessus ceux qui sont disponibles à la fois au 1er janvier 2017 et au 1er janvier 2018, ce qui explique le léger décalage pour l'année 2017, sur les compteurs encore existants, la moyenne pour le premier janvier 2017 est bien de 7,445 milliards.

Vous pouvez retrouver la série d'articles de ce site consacrés à nos effectifs en début d'année :  

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards),

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

 

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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 16:44

Après l’ONU qui a publié fin juin ses nouvelles estimations de l’évolution de la population mondiale, c’est désormais au tour de l’INED, via la revue Population & Sociétés, de nous proposer un panorama de la démographie planétaire ainsi que ses projections pour 2050.

Editée tous les deux ans sous la direction de Gilles Pison (1), cette étude permet d’établir un suivi démographique régulier : effectifs, densité, fécondité, mortalité, espérance de vie, revenus...  L'ONU et l'INED parviennent évidemment à des résultats très semblables, les bases (notamment la World Population Data Sheet, réalisée par le Population Reference Bureau) étant largement communes.

Voici les principales données, les estimations sont fournies pour la mi-année 2017. Sources : document cité ci-dessus et versions précédentes

 

Evolution de la population mondiale par continent (en millions)

                                 2005        2007      2009         2011      2013       2015     2017

Afrique                      906            944       999       1 051       1 101     1 171     1 250

Amérique                  888           904        920          942          958        987     1 005

Asie                        3 921        4 010     4 117       4 216      4 305     4 397      4 494

Europe                      730           733        738          740         740        742         745

Océanie                      33             34          36            37           38          40           42

Total Monde          6 477        6 625     6 810       6 987     7 143     7 336      7 536

 

  Evolution de la population et taux de croissance annuel 

    De 2005 à 2007  + 148 millions hab.   soit par an  +  74 ou  + 1,1 %

    De 2007 à 2009  + 185 millions hab.   soit par an  +  92 ou  + 1,5 %

    De 2009 à 2011  + 177 millions hab.   soit par an  +  88 ou  + 1,3 %

    De 2011 à 2013  + 156 millions hab.   soit par an  +  78 ou  + 1,1 %

    De 2013 à 2015  + 193 millions hab.   soit par an  +  96 ou  + 1,4 % (2)

    De 2015 à 2017  + 200 millions hab.   soit par an + 100 ou  + 1,4 % (2)

 

                                Evolution des taux de fécondité

 (Indice Synthétique de Fécondité, isf : nombre d'enfants par femme au cours de sa vie)

                              2005        2007       2009      2011     2013      2015    2017

Afrique                     5,1           5,0         4,8        4,7         4,8        4,7       4,6

Amérique                 2,4           2,2         2,2        2,1         2,1        2,0       2,0

Asie                         2,5           2,4         2,3        2,2         2,2         2,2       2,2

Europe                    1,4           1,5         1,5        1,6         1,6         1,6       1,6

Océanie                  2,1           2,1         2,5        2,5         2,4         2,5        2,3

Total monde          2,7           2,7         2,6        2,5         2,5         2,5        2,5

 

Evolution des projections mondiales pour 2050

                       INED 2009 : 9,4 milliards,  ONU : 9,1 milliards

                       INED 2011 : 9,6 milliards,  ONU : 9,3 milliards

                       INED 2013 : 9,7 milliards,  ONU : 9,6 milliards

                       INED 2015 : 9,8 milliards,  ONU : 9,7 milliards

                       INED 2017 : 9,8 milliards,  ONU : 9,8  milliards

 

Evolution des projections pour  2050 par continent

                                                                 (Source : Ined , en millions)

                                         2009         2011       2013        2015       2017

Afrique                             1 994        2 300       2 435       2 471      2 574

Amérique                         1 205        1 216       1 228       1 221      1 227

Asie                                  5 461        5 284       5 284        5 324     5 245

Europe                                702           725          726           728        736

Océanie                                58             62            58             59          63

Total Monde                    9 421        9 587       9 731       9 804      9 846

 

Plus fortes évolutions attendues entre 2017 et 2050

                                 source : Word Population Data Sheet  (en  millions d'habitants) 

    Croissance :          Inde        : +  323     Tanzanie   :  +  95

                                  Nigéria   : +  220      Ethiopie    :  +  86

                                  RDC       : +  134      USA         :  +  71

                                  Pakistan : +  111      Egypte     :  +  70

    Décroissance        Chine     :  -    44      Japon       :  -   25

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L'inertie des mécanismes démographiques confirme sans surprise, les tendances précédentes :

- La stabilité de la croissance démographique mondiale qui dépasse toujours assez largement 1 % (2).  Stabilité qui s'appuie sur un maintien depuis plusieurs années d'un taux de fécondité de 2,5 enfants par femme et sur une faible mortalité, partiellement expliquée, surtout en Afrique, par la jeunesse de la population mondiale. Malgré le cas de l'Europe et même malgré un commencement de vieillissement dans d'autres régions, la proportion de personnes de moins de 15 ans est stable à 26 % depuis 2013. En nombre, la croissance de la population mondiale a légèrement tendance à augmenter !

- La montée de l'Afrique comme futur géant et la lenteur de la transition démographique sur ce continent.

- L'émergence d'un "dividende démographique" (lié à la structure de la pyramide des âge maximisant la part active de la population et diminuant corrélativement celle des inactifs) dans certains pays du Sud. Cette phase,  forcément provisoire, est censée être favorable à l'économie. Nombreux sont les démographes et les économistes qui la voient avec optimisme et encouragent à saisir l'occasion pour favoriser le développement.

Principaux éléments par continent :

Afrique : Si l'Afrique poursuit son léger mouvement de baisse de la fécondité (4,6 enfants par femme en 2017, contre 4,7 en 2015 et 5 en 2009), cette tendance reste très faible et bien insuffisante pour assurer une rapide transition démographique. Globalement, le taux de croissance sur les deux dernières années est de 3,25 % par an (soit un rythme de doublement en 22 ans !). La  jeunesse de la population (41 % de la population y a moins de 15 ans) conduit à la présence d'un très grand nombre de personnes en âge ou s'apprêtant à atteindre l'âge d'avoir des enfants, promesse de nombreuses naissances dans les années futures, même en cas de tassement de la fécondité.

Avec 1,25 milliard d'habitants, le continent (qui en hébergeait à peine plus de 200 millions en 1950 et 800 millions en 2000) devrait dépasser 2,5 milliards  au milieu du siècle,  les estimations pour 2050 ayant même été revues à la hausse de plus de 100 millions en deux ans  (2,473 milliards étaient envisagées en 2015 et 2,574 milliards le sont en 2017). Pour 2100, les projections de l'Onu, - l'Ined ne publiant pas à cette échéance - prévoient 4,3 milliards d'habitants, soit à peu près la population actuelle de l'Asie pour une surface comparable.

L'Afrique continue de truster les records de fécondité avec 7,3 enfants par femme au Niger et  de 5,5 au Nigéria déjà fort de 191 millions d'habitants. Vingt pays, presque tous en Afrique intertropicale, atteignent ou dépassent 5 enfants par femme. Notons le poids démographique de plusieurs pays d'Afrique de l'Est comme la Tanzanie (57 millions d'habitants en 2017 mais 152 attendus pour 2050, alors qu'en 2015 on en attendait que 129 pour la même date). L'Ethiopie devrait également connaître une forte croissance. Sur les huit  pays dont on attend la plus forte  progression démographique (en nombre) d'ici 2050, cinq sont africains (Nigéria, RDC, Tanzanie, Ethiopie, Egypte). En taux de croissance ils sont évidemment largement en tête.

En Afrique du Nord depuis les "Révolutions Arabes", la tendance à "l'occidentalisation" des taux de fécondité s'est nettement interrompue. Globalement l'Afrique septentrionale qui connaissait une fécondité de 3,1 en 2007 se situe désormais  à 3,5. Avec 93 millions d'habitants - sur une surface utile proche de celle de la Belgique ! - L'Egypte est largement le pays africain le plus peuplé de la rive méditerranéenne, elle se situe au troisième rang du continent derrière le Nigéria et l'Ethiopie et devant la RDC.

Outre le maintien d'une forte fécondité et la jeunesse de la population (qui réduit mécaniquement la mortalité), l'une des des composantes majeures de la croissance démographique africaine est la forte progression  de l'espérance de vie.  Elle était, femmes et hommes confondus, de 53 ans en 2007, elle est passée à 62,5 ans en 2017. En 10 ans, et malgré les difficultés économiques ou politiques, l'espérance de vie y a donc pratiquement augmenté ... de 10 ans ! Dans le même temps, l'espérance de vie mondiale (Afrique comprise) s'est élevée de 4 ans (passant de 68 à 72 ans). Néanmoins la mortalité infantile reste assez forte au regard du reste du monde, elle atteint 92 pour mille en Sierra Léone (un record toutefois) contre 4 pour mille en Europe et 32 pour mille en moyenne mondiale.

L'Afrique est en fin le continent dont l'estimation de la population à la moitié du siècle a été le plus fortement relevée (elle avait donc été sous-estimée) depuis 2009 nous sommes passés d'une projection à moins de deux milliard à une projection à près de 2,6 milliards ! 

Asie : L'Asie reste le continent le plus peuplé (4,5 milliards). Elle devrait encore gagner 750 millions d’habitants d’ici 2050. Sa fécondité est stable à 2,2 enfants par femme.

L'Inde (1,353 milliards d’habitants et une fécondité à 2,3 enfants par femme) est maintenant presque au niveau de la Chine  (1,387 milliards). Elle est aussi le pays qui gagnera le plus d'habitants d'ici 2050 (323 millions). Pour sa part, la Chine par  avec une fécondité de 1,7 devrait connaître d’ici 2050 une stabilisation de sa population et même peut-être une très légère régression (- 44 millions attendus soit - 3 %). Le Japon devrait également voir une diminution sensible de ses effectifs perdant 25 millions d'habitants soit près de près de 20 % ! Mais ce pays supporte une très forte densité de peuplement : 335 habitants par kilomètre carré, la géographie montagneuse accentuant la concentration de l'habitat.

Quoique marginale sur le continent avec 269 millions d'habitants, l'Asie occidentale (essentiellement le Moyen Orient) connait encore une fécondité élevée : 2,8 enfants par femme, le Yémen atteint même 4,1 ! Les pays d'Asie centrale sont également très féconds  (isf à 2,8) mais avec peu d'habitants (71 millions) au regard de l'ensemble du continent.

En Asie du Sud, notons les très fortes fécondités de l'Afghanistan (isf de 5,3 pour 36 millions d'habitants) et du Pakistan (isf de 3,6 pour presque 200 millions d'habitants). Le Bangladesh malgré une densité record de 1 144 habitants au kilomètre carré (presque 10 fois la France, qui dans ces conditions hébergerait 630 millions d'habitants !), reste toujours au dessus du seuil de renouvellement avec 2,3 enfants par femme.  L'Indonésie qui compte déjà 264 millions d'habitants est à 2,4 enfants par femme.

Europe : Avec 745 millions d'habitants dont 511 pour l'Europe des 28, ce continent est le seul  qui  se trouve sur la voie de la stabilisation et même de la décroissance démographique. Il s'agit toutefois d'une estimation de l'évolution "naturelle" ne prenant pas en compte les phénomènes migratoires qui y sont importants du fait de sa forte attractivité et de sa proximité avec l'Afrique. 

Globalement l'indice de fécondité s'y établit à 1,6, : un peu plus en Europe septentrionale : 1,8 et  un peu moins Europe méridionale : 1,4 , là où l'on rencontre les taux les plus bas ( Grèce, Espagne et Italie sont à 1,3 et la Bosnie  à 1,2). La fécondité ne semble pas forcément être preuve de bonne santé puisque par ailleurs, l'Espagne et l'Italie (avec le Japon, également peu fécond d'ailleurs) sont parmi les pays profitant de la plus longue espérance de vie :  environ 83 ans !). Pour sa part, la France métropolitaine comptait à mi-juillet  65 millions d'habitants et devrait en héberger 7 de plus en 2050 (soit l'équivalent de la population moyenne actuelle de 10 départements qu'il faudra évidemment, loger, nourrir, employer et transporter !)

Amérique : Le continent américain qui franchit cette année le seuil du milliard d'habitants devrait encore gagner 220 millions de personnes d’ici 2050 pour atteindre atteindre 1,23 milliard.

Si l'indice de fécondité globale s'établit à 2,0 du fait des taux plus élevés de l'Amérique centrale (177 millions d'habitants et une fécondité à 2,3) et des Caraïbes (43 millions et 2,2), les Amériques Nord et Sud sont maintenant en dessous du seuil de renouvellement avec des taux de fécondité très proches, respectivement 1,8 et 1,9.

Quoiqu'encore en croissance du fait de la structure de la pyramide des âges, l'Amérique du Sud semble sur la voie de la maîtrise de ses effectifs. Des pays comme le Chili (indice de fécondité : 1,8 pour 18 millions d'habitants ) et le Brésil (1,6 pour 208 millions d'habitants) sont nettement en dessous du seuil de renouvellement des générations.  Exception notable dans ce paysage rassurant :  la Guyane française avec une fécondité record de tout le continent : 3,4 enfants par femme ! Les migrations et l'attractivité du territoire pour les naissances explique ce décalage.

Notons également que les Etats-Unis sont, et de loin, le grand pays développé qui connaitra la plus forte hausse de sa population d'ici 2050 : + 71 millions.

Océanie : La faible population océanienne (42 millions d'habitants) impacte évidemment très peu la démographie mondiale. L'Océanie connait de grandes disparités :une fécondité basse dans les pays occidentalisés :  1,8 en Australie, 1,9 en Nouvelle Zélande et avoisinant 4 aux îles Salomon, Marsahll ou aux Samoa occidentales (très peu peuplées toutefois). La variabilité des revenus (de 2 000 à plus de 45 000 € par an à parité de pouvoir d'achat)  est également très marquée et plus ou moins corrélée (négativement bien sûr) avec la fécondité.

_________________________________________________________________________________

(1) Gilles Pison : Population & Société: Tous les pays du monde 2017 . Ces documents peuvent être téléchargés depuis le site de l'INED.

(2) Ces estimations de croissance annuelle de + 1,4 % peuvent paraître élevées. Ailleurs, dans le même document (tableau 13, p.8) on parle plutôt de 1,2 %, ce qui est plus conforme à l'estimation généralement retenue d'une augmentation de la population mondiale légèrement supérieure à 80 millions chaque année. Gilles Pison met d'ailleurs en garde contre les incertitudes et les problèmes liés à des révisions de données plutôt qu'à des changements réels.

Ici, lien vers l'article concernant les précédentes projections de l'Ined (2015).

 

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31 mars 2017 5 31 /03 /mars /2017 10:04

Le 22 février dernier, c’est-à-dire à la veille de son ralliement à Benoît Hamon par lequel il confiait, pour la présidentielle, la problématique écologique au seul représentant du parti socialiste, Yannick Jadot, encore dans la course (au moins dans l'esprit des auditeurs), était l’invité d’une émission de la série Pandalive organisée par le WWF en vue d’interroger les candidats sur les questions d’environnement.

Isabelle Autissier qui assurait l’interview transmit une question posée par une internaute sur la démographie. (A écouter ici : passage sur la démographie à 9'08",  L'extrait de cet entretien consacré au sujet est par ailleurs retranscrit à la fin de l'article).

La réponse de Yannick Jadot est tout à fait intéressante car très représentative d’une dérive hélas courante. Plutôt que de s’interroger sur la réalité du problème, Le leader écologiste préfère tout d’abord, (c’est précisément le début de sa réponse) mettre en cause ceux qui s’en inquiètent : « Qu’est-ce qu’ils ont en tête ? » se demande M. Jadot. La réalité est ainsi soumise au diktat du politique. Avant de savoir si la démographie est un problème, interrogeons-nous pour savoir si ceux s’en préoccupent sont tout à fait fréquentables !

Cette dérive, ce procès d'intention pourraient prêter à sourire s'ils n’étaient pas, hélas, les prémices de ce que l'on connait dans toutes les sociétés sans liberté, à savoir la soumission du réel au politique, phénomène dont à juste titre, la science-fiction s’est fréquemment emparé. L’apogée du processus ayant été atteint (dans le monde réel) avec les théories abracadabrantesques de Lyssenko sur la génétique : Ne regardons pas comment fonctionnent les choses, établissons a priori qu’elles fonctionnent selon l’idéologie en vigueur. Condamnons les questionneurs avant d’interroger les faits !

Non, Monsieur Jadot, la surpopulation est un fait grave, quoi que vous vous pensiez par ailleurs de ceux qui s’en inquiètent et quels que soient vos désaccords, l’honnêteté impose d’étudier la question avant d’y répondre par un a priori idéologique. Quant à la terrible phrase que vous prononcez : « Donc on commence par éliminer qui ? » par laquelle vous souhaitez déconsidérer ceux qui mettent en cause la démographie, sachez qu’elle est aux antipodes de la position de ceux qui luttent en France contre l’explosion de nos effectifs et qui en cela veulent au contraire que nos enfants puissent disposer d’un monde vivable et à leur tour aussi avoir des enfants, ce qui sera de fait impossible sur une Terre surpeuplée. Notons hélas qu’une réponse aussi déplaisante avait été faite par l’explorateur Jean-Louis Etienne lors d’une conférence à Lyon où la même question avait été posée. On s’étonne que des personnalités connues puissent s’abaisser à tant de mauvaise foi ou bien fassent preuve d’une telle méconnaissance des points de vue de ceux qu’ils critiquent.

Pour le reste, la réponse de Yannick Jadot relève du missel de la bienpensance, selon lequel seuls les riches sont responsables des problèmes écologiques (Yannick Jadot n’évoque d’ailleurs que le volet très restrictif des émissions de CO2). Nous avons souvent sur ce site répondu à cette affirmation (lors de cet entretien par exemple). Rappelons encore une fois que si les habitants des pays les plus défavorisés polluent moins par personne, c’est justement du fait de la pauvreté, et qu’il est bien improbable que cet état satisfasse ceux qui en sont victimes. Ne vaudrait-il pas mieux être moins pour pouvoir donner plus à tous ?

Ensuite, sans doute pour souligner son humanisme et son féminisme, le futur ex-candidat écologiste rappelle que pour lutter contre l’explosion démographique il faut avant tout privilégier l’éducation des jeunes filles. Mais nul ne le conteste, et surtout pas les antinatalistes, d’ailleurs l’association Démographie Responsable est la première à militer en ce sens. Sauf qu’on se demande pourquoi Yannick Jadot insiste sur ce point puisque dans la première partie de ses propos il explique justement que le problème n’était pas la surpopulation, mais uniquement la consommation des plus riches ! Pourquoi alors vouloir s’occuper de la surpopulation ?

Dans la suite de l’entretien sera évoqué le fameux rapport « Planète vivante » signalant la disparition de plus de la moitié des vertébrés au cours des 40 dernières années, Yannick Jadot pointera du doigt la question du réchauffement climatique. Or, si la question du réchauffement climatique est inquiétante pour l’avenir, elle n’est quasiment pour rien dans la disparition actuelle des animaux presque entièrement due à l’occupation de leurs territoires par les hommes. Il se trouve justement qu’au cours de ces 40 dernières années tandis que le nombre d’animaux se voyait divisé par deux, celui des hommes se voyait lui, multiplié par deux. Libre à chacun de fermer les yeux.

___________________________________________________________________

Ci-dessous, retranscription des propos de Yannick Jadot.

Isabelle Autissier : « Une question un peu plus polémique… envoyée par Anne-Marie, c’est la question démographique… autour de laquelle on tourne parfois… »

Yannick Jadot : « La fameuse question démographique… Quand on pose cette question-là, je me dis toujours « qu’est-ce que souvent on a en tête ?.... Trop souvent finalement, l’imaginaire derrière, c’est le petit burkinabé ou le jeune indien qui, parce que la démographie est forte, constitue une menace pour la planète. Un burkinabè et surtout un jeune c’est 0,2 ou 0,3 tonnes de carbone par an. Ok ? Un européen ou un américain, on est à 100 fois plus, 50 ou 100 fois plus selon là où l’on vit. Donc, on commence par éliminer qui ? Quand on pose cette question-là ? …

Isabelle Autissier : « Je n’ai pas dit cela… »

Yannick Jadot : « Est-ce qu’on a en imaginaire l’explosion démographique des pays du Sud ou est-ce qu’on a dans notre imaginaire l’empreinte écologique très lourde que le monde dit développé a aujourd’hui sur la planète. Ce que je crois sur cette question démographique, moi, pour avoir vécu au Burkina Faso, j’y ai travaillé, pour avoir vécu au Bangladesh, j’y ai travaillé, il y a un seul levier de la révolution démographique, c’est l’éducation des jeunes filles ».

Isabelle Autissier : « On ne peut pas revenir là-dessus »

Yannick Jadot : « On peut prendre le truc dans tous les sens, quand on reconnait dans la société le statut des femmes, quand on leur offre la perspective d’exister économiquement donc socialement, quand on reconnait aux femmes leurs droits, toujours ça signifie derrière que les enfants vont aller à l’école et que les petites filles vont aller à l’école. Et quand on a les femmes qui sont des acteurs, des actrices de la société et des filles qui vont à l’école, la révolution démographique elle est toujours active (acquise ?) C’est la clef du développement »

Isabelle Autissier : « Merci pour les femmes, du monde entier »

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30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 08:39

Estimation de la population mondiale au 1er janvier 2017                                    

  (données en millions d'habitants et en début d'année)          

Sources                                          2016           2017                Progression

                                                                                                                    en nombre            en %

Countrymeters                                  -                7 487                  -        -             -

INED                                             7 367            7 475             + 108   soit     + 1,5 % 

US Census Bureau                       7 296            7 362             +  66    soit     + 0,9 %

Planétoscope                               (7 350 )          7 430             +  80    soit     + 1,1 %

Population Ref. Bureau                 7 368                 -                    -          -          -

Poodwaddle                                   7 366            7 474            + 106    soit     + 1,4 %

Population Matters                        7 424            7 484            +   60    soit     + 0,8 %

Population mondiale.com             7 354            7 439            +   85    soit     + 1,2 %

Ria Novosti - Sputnik                     7 443            7 549            + 106    soit     + 1,4 %

Terriens.com                                 7 287            7 362             +  75    soit     + 1,0 %

Visio Météo                                   7 283            7 359             +  76    soit     + 1,0 %

Worldometers                               7 392            7 475             +   81   soit     + 1,1 %

World Population Balance                 -               7 386                -           -           -

_________________________________________________________________________________

Moyenne (1)                                 7 358             7 440           + 82      soit   + 1,1 %

Moyenne à périmètre égal (2)     7 357            7 442           + 85      soit   + 1,2 %

_________________________________________________________________________________

Avec une population de 7,44 milliards en début d'année, la Terre atteindra donc 7,5 milliards d' habitants  dans le courant de cet été 2017 soit un peu moins de 6 ans après avoir hébergé le sept milliardième humain fin octobre 2011.

Le rythme de croissance d'un milliard tous les 12 ans est donc maintenu, ce que confirment les statistiques établies à partir des compteurs ci-dessus qui, une nouvelle fois, mettent en évidence une croissance un peu supérieure à 80 millions de personnes, soit entre 1,1 et 1,2 % d'augmentation annuelle. Le huit milliardième terrien, qu'il y a peu encore nous attendions pour 2025, arrivera sans doute un peu avant. 

Cette poursuite d'un rythme élevé de progression de nos effectifs contredit toujours certaines déclarations "optimistes" de nombre de démographes assurant la prochaine stabilisation de nos effectifs. Elle valide par contre les réajustements à la hausse régulièrement réalisés depuis quelques années par des organismes dignes de confiance tels l'INED ou l'ONU (voir ici article sur l'évolution récente des projections) . 

Bien entendu l'exercice consistant à estimer la population à un instant précis présente aussi des limites. Sur le fond, nos effectifs ne sont sans doute pas connus  avec une précision meilleure que 1 %. Les compteurs sont eux-mêmes plus ou moins fiables; certains sont établis par des organismes renommés comme l'Ined, d'autres non, sans pour autant être forcément plus inexacts. 

Deux autres difficultés surgissent pour ces comparaisons. Certains compteurs apparaissent et d'autres disparaissent (c'est pourquoi nous proposons ici deux estimations moyennes, voir note 1 et 2) et certains, comme c'est le cas de l'INED changent manifestement leur base puisque la comparaison avec les données de l'an dernier conduit pour cette estimation à une augmentation de plus de 108 millions, très supérieure à ce qui est raisonnablement envisageable. La moyenne calculée doit aussi tenir compte du fait que parfois deux compteurs peuvent en réalité se servir de la même base, ce n'était pas le cas jusqu'à présent, mais cette année, après le réajustement de l'INED, il semble que l'INED et Worldometers se servent des mêmes chiffres. D'autres réajustements sont aussi à remarquer, ainsi l'association anglaise Population Matters qui présentait traditionnellement une estimation élevée a, cette année, proposée une augmentation de seulement 60 millions d'habitants (valeur improbable) ce qui conduit son estimation de la population au 1 janvier 2017 à être moins surestimée que les années précédentes par rapport aux autres compteurs. Malgré ces difficultés, il évident que la question de la surpopulation mondiale reste, hélas, largement d'actualité.

Sur ce site, et sur le même sujet voir également : Les chiffres clefs de la population,  ainsi que la série d'articles de ce site consacrés à nos effectifs en début d'année :  

La population mondiale au 1er janvier :

Tous les articles intitulés : La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards), 2012 (7,003 milliards),

2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards), 2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 

2017 (7,440 milliards), 2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards), 

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards), 2024 (8,075 milliards).

(1) Comparaison entre notre estimation de l'an dernier et celle de cette année, tous compteurs confondus (10 compteurs en 2016, 12 en 2017)

(2) Comparaison entre l'estimation de cette année et celle de l'an dernier en ne retenant que les compteurs présents au 1er janvier 2016 et au premier janvier 2017 c'est à dire en excluant Countrymeters (absent en 2016), Planetoscope (absent en 2016 même si une estimation (entre parenthèses) pour 2016 a été retrouvée en 2017), Population Reference Bureau (présent en 2016 mais pas en 2017), et World Population Balance (absent en 2016). Neuf compteurs seulement sont donc concernés  ici  (Planetoscope est exclu puisque nous en l'avions pas pris en compte l'an dernier.  Pour ce site précisons également qu'il propose une estimation arrondie à 10 millions près plutôt que, comme les autres, un compteur en temps réel).  

 

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24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 12:13

La radio RCF par la voix de Pierre Blanc a proposé récemment au porte-parole de Démographie Responsable d’exposer toutes les raisons pour lesquelles, la démographie était au cœur de la problématique écologique. Vous trouverez ici un lien vers cette interview et ci-dessous  sa retranscription.

Interview RCF Isère : 14 novembre 2016

Pierre Blanc - Didier Barthès

Pierre Blanc : Bonjour à tous, dans ce magazine Nature et Environnement qu’est la Maison Commune, nous allons aborder une question un peu difficile, la démographie mondiale. Question souvent mal traitée parce que rarement posée d’abord, voire très  mal posée parfois notamment en période électorale, voire totalement taboue donc assez souvent impossible à ouvrir.

Nous allons le faire car notre émission en charge de la vie sur la planète et de sa protection se doit d’ouvrir le micro.

A ce micro j’ai invité aujourd’hui le porte-parole de l’association Démographie Responsable : Didier Barthès. Monsieur Barthès, je vous laisse l’occasion de vous présenter

Didier Barthès : Bonjour, Merci de votre accueil et de votre invitation. Je suis en effet le porte-parole de l’association Démographie Responsable. Je suis économiste de formation. J’ai longtemps travaillé dans l’édition et dans le domaine de la télématique qui est l’ancêtre d’internet. Depuis quelques années, je partage ma vie entre des cours d’astronomie que je donne et le militantisme écologique.

J’anime un blog : Economie Durable sur le sujet, je milite au Mouvement Ecologiste Indépendant mais surtout je suis donc le porte-parole de cette association Démographie Responsable qui essaye de faire partager cette idée que la démographie est un facteur clef pour la protection l’environnement, que c’est peut-être le facteur central et vous l’avez déjà dit que c’est également  malheureusement  le facteur négligé.

PB : Démographie Responsable, les deux mots donnent tout de suite le ton. Nous allons avec vous et grâce à vous développer ce sujet qui n’est pas facile. D’abord je souhaiterais volontiers un état des lieux. Si la question se pose c’est qu’elle mérite de se poser selon vous et pourquoi ?

DB : Elle mérite de se poser pour une question d’ordre de grandeur. Comme en beaucoup d’autres domaines, il est important de connaître les ordres de grandeurs et de comprendre que l’on vit une époque tout à fait particulière en matière de démographie dans l’histoire de l’humanité.

Aujourd’hui nous sommes entre 7,4 et 7,5 milliards d’habitants sur la planète, c’est une situation extrêmement récente. L’essentiel de son histoire, l’humanité a été, comme les autres prédateurs, présente en très petit nombre.  Il y a 100 000 ans les effectifs de l’humanité  se situaient probablement entre 50 000 personnes et un million de personnes, probablement moins d’ailleurs.

Jusqu’à il y a 10 000 ans on estime que les effectifs de l’humanité étaient entre 5 et 10 millions d’habitants soit un sur mille par rapport à ce qu’ils sont aujourd’hui.

PB : Un sur mille par rapport à aujourd’hui ! 

DB : C’est un autre monde, cela n’a rien à voir. Avec ce qu’on appelle la révolution néolithique, c’est-à-dire l’apparition des grandes cités et l’organisation de l’agriculture, la croissance démographique a commencé à décoller et il y a 2 000  ans à peu près, à l’époque de Jésus-Christ nous étions entre 150 et 250 millions d’habitants disons 200 millions d’habitants.

PB : C’est loin des 7 milliards aujourd’hui.

DB : C’est très loin des 7 milliards, c’est 35 à 40 fois moins, prenez une salle de classe, c’est comme si il n’y avait qu’un seul élève au lieu d’une salle complète.

La démographie a crû relativement doucement jusqu’à l’an 900 et puis à partir de là et de l’an 1000 ça a commencé à monter, il a eu l’épisode brutal de la grande peste qui a marqué une petite pause. Ça a monté doucement et puis avec la révolution industrielle on a commencé à connaître une croissance plus importante. A partir de 1800 ou un peu après on a atteint le fameux seuil du premier milliard. Puis en 1930 : 2 milliards, 1960 : 3 milliards,  1974 : 4 milliards,  5 milliards un peu après. On est maintenant entre 7,4 et 7,5 milliards. Nous sommes aujourd’hui sur un rythme de un milliard de plus tous les 12 – 13 ans.

PB : Un milliard de plus  tous les 12 – 13 ans, ça fait des proportions gigantesques. J’ai lu que l’on rajoute à la population mondiale tous les 10 mois l’équivalent de la population française.

DB : C’est ça, c’est 80 millions de plus par an, donc ça fait à peu près ça. Une autre façon de le dire, c’est Paris tous les 10 jours, c’est 218-220 000 personnes tous les jours donc un peu plus de 2 millions tous les 10 jours, une ville comme Paris.

PB : Ce qui est intéressant c’est d’avoir à l’esprit ces données, on en parle pas souvent, très peu.

Donc là c’est un état des lieux, on voit qu’il y a du monde sur la planète, on peut s’en réjouir aussi bien sûr, mais il y a un lien très fort entre le monde sur la planète et la progression rapide, de plus en plus rapide. Il y a une progression de plus en plus rapide, c’est ça qu’il faut retenir.

DB : Oui, cette progression a été en terme de pourcentage de plus en plus rapide jusqu’aux années 1970. A cette époque-là entre 1965 et 1970 on a connu un taux de croissance de 2,1 % par an. Aujourd’hui le taux de croissance heureusement a diminué, il est un peu supérieur à 1% par an. Mais comme il s’applique à une population beaucoup plus importante, en réalité la croissance en nombre absolu est plus importante aujourd’hui. Entre 1960 et 1970 on gagnait environ 70 millions d’habitants par an, aujourd’hui on en gagne 80 comme nous l’avons dit. Donc en termes relatifs la croissance a légèrement diminué, heureusement car nous arriverions à des impossibles, mais en termes absolus elle n’a pratiquement pas diminué, elle a connu une  pointe autour des années 1995.

PB : Alors deux mots sur cette association Démographie Responsable, vous êtes nombreux ?  Elle se situe au niveau national ?

DB : C’est une association qui regroupe entre 150 et 200 personnes qui est au niveau national et qui regroupe des gens de toutes obédiences que ce soit au niveau politique ou religieux. Ce qui relie ces gens c’est un intérêt pour l’écologie, vous avez notamment des défenseurs des animaux, des végétariens…Il y a un respect de la nature qui regroupe tout le monde mais par ailleurs une grande diversité d’opinion.

PB : Alors j’ai une question : Est-ce qu’il existe un lien entre la croissance très forte de de la population mondiale dont nous sommes témoins et la dégradation de l’environnement ? C’est la grosse question me semble-t-il. Je vais le formuler autrement : Est-ce que ce sont les gens qui sont le problème ou est-ce que ce n’est pas plutôt le système de l’économie mondiale ?  Je vous laisse sur ces questions assez conséquentes.

DB : Il existe de nombreux problèmes et ni moi, ni personne, ne dispose d’une balance pour peser l’importance d’un problème par rapport à un autre. Ce qu’il y a avec la démographie, c’est que c’est un facteur qui agit sur tous les autres. Lorsque vous entendez parler d’environnement, vous entendez parler de pollution d’abord, vous entendez parler de consommation d’espace avec ce que cela suppose de pertes de variétés animales, de variétés végétales, de biodiversité comme on dit maintenant…

PB : D’énergie…

DB : Evidement vous avez la consommation d’énergie. Donc interviennent là, à la fois le nombre des hommes et leur façon de vivre. Alors, vous l’avez surement remarqué, pour l’instant, l’essentiel du militantisme écologique porte sur la façon de vivre. On nous demande demandant de consommer moins, d’être plus prudents, plus frugaux etc. Bien entendu Démographie Responsable soutient tout à fait cette démarche. Mais cette démarche n’est pas la seule nécessaire car une partie de la planète est encore relativement pauvre, c’est même la majorité. Et à cette partie-là nous ne pourrons dire « Consommez moins », ou alors il faudrait faire preuve d’un cynisme absolu.

Donc, si nous voulons donner un peu plus à consommer, un meilleur niveau de vie, un accès à l’éducation etc. Il est certain qu’on ne peut attendre de ce côté-là une baisse de la consommation mais plutôt, pour la majorité de la population, une augmentation de la consommation avec toute la cohorte d’inconvénients que cela peut avoir pour l’environnement. Donc nous disons : « Si nous voulons avoir un peu plus pour chacun, faisons un effort pour ne pas être trop nombreux ». En un mot : Nous ne serons pas à la fois riches et nombreux, donc si nous ne voulons pas être trop pauvres, peut-être faut-il faire un effort et être modestes en matière de Démographie.

PB : Alors ça c’est quel que soit le lieu sur la planète ? Il n’y a pas des façons différentes d’aborder la question de la démographie responsable ? Est-ce que cela se fait sur mesure en fonction des continents ? Les riches les pauvres, le Nord, le Sud ?

DB : Il existe des situations extrêmement variées. Il y a les pays en voie de développement qui consomment peu et qui, soit sont nombreux soit ont un potentiel de croissance démographique très important, c’est le cas en Afrique. Et vous avez les pays plus développés comme l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon où la démographie est quand même relativement importante, notamment en Europe, mais pour autant semble sur une voie de stabilisation mais où par contre le niveau de consommation est extrêmement élevé. Les mesures que l’on pourrait proposer ne sont évidemment pas les mêmes chez les uns et les autres.

Mais il y a dans les deux cas une chose qui est absolument essentielle et qui est souvent négligée dans l’ensemble des discours écologiques  que l’on peut entendre.  C’est que, quel que soit le niveau de développement, même dans les pays pauvres, et pardon si là je choque un peu, la présence des hommes, même frugaux, même pauvres, même, pardonnez-moi d’être un peu provocateur, même s’ils étaient tous des Pierre Rabhi, exclut de fait la présence d’un certain nombre d’animaux, les grands prédateurs notamment. Vous avez reçu récemment Yves Paccalet qui parle avec amour de ces prédateurs, mais on ne peut pas vivre au milieu de ces grands prédateurs. Donc à un moment donné, l’humain quel que soit son niveau de développement, doit partager la planète, ça c’est un message difficile à faire comprendre, car il ne donne pas seulement des boucs émissaires, il fait appel au partage.

PB : En fait la consommation d’espace par l’humanité, c’est quand même aujourd’hui pour vous notamment et vous n’êtes pas le seul, une source de destruction des différents biotopes sur la planète.

DB : Principalement, je vais vous donner d’ailleurs un exemple contraire d’ailleurs pour tous ceux qui nous disent c’est uniquement le mode de vie. Vous avez dans le monde un pays extrêmement consommateur où les gens ont probablement un  mode de vie qui devrait être un peu modéré. C’est le Canada, le Canada c’est comme les Etats-Unis, c’est comme nous, ce sont des gens riches qui consomment pas mal. Ils sont trois par kilomètre carré au Canada. Résultat : vous avez au Canada une couverture forestière absolument gigantesque, vous avez des élans, vous avez des ours, vous avez ce qu’on appelle une mégafaune, pour utiliser le terme technique. Et cela c’est donc tout à fait compatible avec un niveau de vie qui n’appauvrit pas les gens, qui leur permet quand même de bien vivre tout simplement parce qu’ils ne sont pas très  nombreux.

Essayez de trouver des élans en liberté en Hollande… Eh bien non, vous n’en trouverez pas.

PB : Et vous pensez que si l’on ne s’occupe pas de la démographie responsable, vous ne pensez pas que la planète a de quoi  nourrir tout le monde même si l’on sait que la faim existe et comment sur certains secteurs de notre Terre. La question de la nourriture des hommes, est ce que c’est la seule qui se pose.

DB : Il y a deux questions.  Est-ce qu’on pourra nourrir tout le monde ? Pour l’instant, si l’on répartissait mieux les choses, si l’on mangeait de façon moins carnée, sans doute pourrait-on nourrir tout le monde. Je suis plus prudent sur la question des gaspillages car je crois qu’il est très difficile de les éviter complètement. Mais l’on pourrait sans doute nourrir tout le monde, mais l’idée d’une planète absolument parfaite où il n’y ait jamais de gaspillage, où tout le monde soit gentil, tout le monde soit partageur, je ne sais pas si cela arrivera.

D’autre part, si l’on peut aujourd’hui nourrir tout le monde, c’est en particulier parce qu’on a une agriculture extrêmement productive qui fait appel aux énergies fossiles. Ces énergies fossiles, dans le siècle qui vient, elles vont commencer à manquer. C’est-à-dire qu’un facteur essentiel de la productivité agricole, parce que cela joue au niveau des engrais, ça joue au niveau de la mécanisation, ça joue au niveau du transport des produits, aujourd’hui les produits ne sont majoritairement plus produits où ils sont consommés. Eh bien le jour où il n’y aura plus de pétrole, pour dire les choses de manière directe, il risque d’y  avoir une très forte baisse de la productivité agricole. Donc oui, on peut probablement, dans des conditions optimales, nourrir tout le monde aujourd’hui, non demain on ne pourra pas nourrir tout le monde quand nous connaîtrons un manque d’énergie.

Ça c’était la première partie, pour la  deuxième partie : Est-ce que c’est la seule question qui se pose ? Bien sûr que non, parce  que même si l’on pouvait nourrir tout le monde, est-ce que moralement on a le droit d’éliminer tout ce qui vit sur la planète ?  Pour moi la réponse est non, tout simplement.

PB : La réponse est non, tout simplement. Nous allons dans une seconde partie aborder la question du tabou, le pourquoi de ce tabou c’est important aussi d’avoir le courage de l’aborder et notre radio le fait aujourd’hui. Nous le faisons après que Jean Ferrat nous ait dit : C’est beau la vie.

(Extrait de « C’est beau la vie », chanson de Jean Ferrat)

PB : Pouvoir encore chanter longtemps comme vient de le dire Jean Ferrat : Que c’est beau la vie !

Une démographie responsable, gros sujet  très important parce qu’il s’agit de l’avenir de la planète.

Il est vrai aussi que ce sujet a un côté très tabou, on en parle peu, très souvent on en parle mal. Et quand on en parle on se fait vite coincer,  attaquer,  pourquoi ce tabou ?

DB : Ce tabou est essentiel, vous venez de dire « on se fait vite attaquer », on est traité par exemple de malthusiens, vous savez combien cet adjectif a pris un côté péjoratif dans la bouche de beaucoup de gens.

Je voudrais illustrer ce tabou par un exemple récent. Vous l’avez peut-être vu, il vient de paraître un rapport qui s’appelle Planète vivante qui est publié par un certain nombre d’organismes de protection de la nature et qui montre encore une fois la catastrophe qui s’annonce.

Les derniers chiffres indiquent 58 % de vertébrés en moins en à peine plus de 40 ans, donc c’est une catastrophe. Eh bien, dans le même temps où la planète perdait la moitié de ses animaux, dans les 40 dernières années, elle multipliait par deux le nombre d’humains. Cette constatation qui est quand même assez simple à faire, je peux vous dire qu’elle n’est pas faite dans le rapport, elle n’est pas faite non plus dans les commentaires. Et, pardon d’être un peu dur là-dessus, elle n’est pas faite par la plupart des  écologistes.

Si vous prenez aujourd’hui le monde politique, presque personne n’évoque la question, presque tout le monde est nataliste. Il y a de rares exceptions, en France j’en connais trois. Il y a le leader du Mouvement Ecologiste Indépendant : Antoine Waechter, il y a l’ancien ministre de l’environnement : Yves Cochet et il y a eu récemment l’ancien Président de la République : Nicolas Sarkozy qui a dit que la question de la démographie devait être évoquée et qu’il souhaitait l’organisation de conférences sur ce sujet.

Pour le reste, tous les discours politiques de l’extrême gauche à l’extrême droite avec une unanimité parfaite sur ce point-là, touchante même, sont natalistes. Donc le tabou dans le discours est extrêmement fort. Il est moins fort chez les gens. Si vous discutez avec les gens dans la rue, une partie très importante d’entre eux vous disent : « Oui la question se pose ».

PB : Elle se pose, oui au moins elle se pose.

DB : Donc on pourrait en parler en choquant moins qu’on ne le croit, mais globalement les institutions sont extrêmement réticentes sur la question.

PB : Donc d’après vous, le public, l’homme ordinaire, comme vous et moi, se pose inconsciemment la question quand même, parce qu’il voit bien les chiffres qui progressent et ce n’est pas parce qu’il se pose la question qu’il devient un méchant.

DB : Bien sûr, au contraire.

PB : C’est ça le problème du tabou.

DB : Je ne vous ai pas répondu sur la question du pourquoi, il y a tout simplement un lien à l’enfant. L’enfant est sacré et si l’on dit aux gens qu’il faudrait peut-être faire un peu moins d’enfants, certains entendent que l’on est contre les enfants. Je veux tout de suite vous rassurer la quasi-totalité des membres de Démographie Responsable ont des enfants, ils les aiment largement autant que les autres. Je peux vous le promettre.

Donc le problème n’est pas cela, c’est même le contraire, parce qu’outre un respect pour la nature auquel nous tenons bien évidemment, il faut aussi que nos enfants demain puissent vivre dans un monde vivable et je vais peut-être vous surprendre en allant plus loin, mais il faut qu’eux aussi, demain, aient le droit d’avoir des enfants.

Vous savez parfois on nous dit : « Vous êtes comme en Chine, vous voulez faire la politique de l’enfant unique ». Mais il faut regarder ce qui s’est passé Chine. On y a fait cette politique de l’enfant unique quand, après des années on avait mené au contraire une politique de laisser aller et où la Chine allait à une catastrophe, elle n’aurait pas pu nourrir sa population, elle n’aurait pas pu se développer.

Donc, bien souvent les politiques autoritaires, qu’on ne soutient pas, je suis bien clair là-dessus, naissent d’une situation qui devient impossible. Donc si on veut éviter que demain nous ayons dans le monde un certain nombre de pays qui nous disent : « Ce sera zéro enfant ou au mieux ce sera un enfant », essayons d’être raisonnables aujourd’hui pour éviter les catastrophes demain.

PB : Vous êtes en train de nous dire que si rien n’est fait, on risque d’arriver à des solutions impossibles et terribles.

DB : Oui parce que les projections sont actuellement dramatiques. Depuis quelques années et contrairement à ce que nous ont dit  longtemps les démographes, la baisse du taux de croissance de la population c’est fini. Le taux de croissance de la population ne baisse plus. Dans un certain nombre de pays cela a même remonté et la fécondité même a remonté.

En Afrique du Nord par exemple elle a remonté, dans beaucoup de pays d’Afrique Sub-Saharienne c’est tout à fait catastrophique. On a le Niger avec plus de 7,5 enfants par femme. On a le Nigéria qui a presque 200 millions d’habitants. Le Nigéria ça fait le dixième de la surface des Etats Unis. Il est prévu qu’il ait entre 800 millions et un milliard d’habitants (en 2100) en entamant déjà une baisse de la fécondité, donc on voit bien que ce n’est pas possible, on voit bien que cela va conduire à des catastrophes. Donc, il faut tout faire aujourd’hui pour adoucir les choses pour éviter que demain on soit dans des situations impossibles qui nécessairement nous imposeront des contraintes.

PB : Alors puisque nous sommes dans le franc-parler, et dans le fait de poser des questions telles qu’elles sont ce que font souvent les gens mais ce que ne font pas forcément les gens qui sont responsables de la planète eux-mêmes. On est tous d’ailleurs responsables. Quelles sont les solutions ? Qu’est-ce que vous amenez comme idées. Comment faire ? Comment s’y prendre pour éviter qu’il y ait une cassure tout d’un coup ?

DB : D’abord il faut-être conscient que la démographie c’est une affaire longue, c’est une affaire qui présente beaucoup inertie. D’ailleurs c’est un problème car bien souvent,  les gens disent « de toute façon si on fait quelque chose ça ne donnera des résultats que dans 30 ou 40 ans » et comme cela on ne fait rien. Résultat des choses, comme les 30 ou 40 ans finissent par s’écouler, on arrive dans des situations catastrophiques. Il faut en avoir conscience. C’est-à-dire que quoiqu’on fasse pour la démographie, on aura les 9 milliards et demi à 10 milliards et demi en 2050, c’est quasiment acquis, c’est pour après, mais après viendra.

On a dit tout à l’heure que les situations étaient contrastées. Donc on ne va pas faire les mêmes choses dans des pays riches et dans des pays pauvres. Dans des pays où la baisse de la fécondité est déjà sensiblement entamée comme les pays européens pour la plupart d’entre eux et dans des pays comme le Niger où vous avez 7,6 enfants par femme.

Dans nos pays, même au sein pays européens la situation n’est pas la même. En France par exemple, nous avons un fort système d’incitation à la fécondité, avec un système d’allocations familiales très important, avec un système d’aides fiscales également important.

Nous, nous souhaitons adoucir ces transferts, pas les supprimer bien évidemment. Par exemple Démographie Responsable, a proposé que les allocations familiales ne soient plus progressives avec le nombre d’enfants. Et qu’on aille, pas tout de suite, et jamais de manière rétroactive, mais qu’on aille vers un système où l’on aide les gens à avoir un enfant, qu’on les aide aussi à en avoir deux et qu’après, en les ayant prévenus avant, on leur dise : « Au-delà de deux vous n’aurez pas plus que pour deux » Voilà, les allocations familiales s’arrêteraient au montant prévu pour deux enfants. Qu’un certain nombre d’aides aussi soient revues. Il ne faut jamais oublier que les aides, avant d’être des aides, sont des prélèvements sur les autres.

Il y a une aide qui est essentielle et qui est souvent oubliée c’est l’éducation. Il y a une chose qui est importante avant tout c’est que l’éducation soit maintenue, c’est-à-dire que même si vous avez six enfants il faut qu’ils aient le droit à l’éducation. Donc si on veut maintenir cette aide là, et bien sûr il ne faut surtout pas y toucher, il faut faire attention et il ne faut pas en donner tous azimuts.

Donc ça se serait pour les pays développés, éviter qu’un certain nombre de mesures politiques ou économiques  soient incitatives.

PB : Et pour les autres pays dits en voie de développement

DB : Pour les pays en voie de développement, l’idée serait que l’aide au développement soit majoritairement ou au moins de manière importante consacrée à l’aide à la contraception. Il y a encore une vraie difficulté d’accès à la contraception dans un certain nombre de pays, dans beaucoup même. Donc nous pourrions imaginer que par exemple 25 % de l’aide au développement soient consacrés à ce que l’on appelle de manière générale le planning familial.

PB : En quoi cette démarche et ces propositions étalées sur le temps, mais qu’il faut prendre tout de suite selon vous, en quoi ces démarches  sont respectueuses de l’Homme, de la vie, d’une démarche humaniste ? Ce n’est pas contradictoire selon vous ces propositions ? Peut-être même au contraire ? Je vous laisse le dire.

DB : C’est même exactement le contraire. Parce qu’il y aurait de plus humaniste, c’est de prévoir pour nous enfant un monde dans lequel on ne puisse pas vivre. Ça ce serait l’anti-humanise par excellence. C’est ce dont il faut convaincre, c’est de montre que ce combat là c’est un combat pour que le futur soit plus heureux.      

PB : Je viens de remettre à mon invité la petite phrase classique qu’il va lire en direct et ensuite il fera sa conclusion.

DB : « Le bonheur ne dépend pas de ce qui nous manque mais de la façon dont nous nous servons de ce que nous avons» C’est de Arnaud Desjardins.

PB : Je vous laisse faire votre conclusion.

DB : Tout à l’heure, quand vous m’avez demandé de me présenter, j’ai dit que parmi mes autres activités, se trouvait l’enseignement de l’astronomie. Vous savez que certains proposent que l’on aille voir les autres planètes et que l’on s’installe dessus.

Eh bien non, ce n’est pas ça qui nous manque, ce qui nous manque, c’est plutôt de nous servir de la Terre, et même plutôt que nous en servir, respectons là tout simplement. Il n’est pas nécessaire d’avoir une vision utilitariste. C’est sur  terre que  les problèmes vont se poser, c’est là que nous devrons trouver des solutions.

Ce n’est pas en inventant des choses sciencefictionnesques c’est tout simplement par un respect, par un respect de la beauté de la nature, c’est ça qui doit nous motiver et par une certaine modération, par un comportement responsable.

Nous avons la Terre, il faut la respecter, la protéger, inutile d’inventer des choses impossibles.

(Suite de la chanson de Jean Ferrat, C’est beau la vie)

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 14:24

Le réchauffement climatique et la réduction des émissions de gaz à effets de serre qui en sont la cause figurent parmi les quelques questions écologiques qui ont réussi à mobiliser le monde politique. Au point que tous les ans, depuis un peu plus de 20 ans, sont organisées des COP (conférences des parties) censées coordonner l’action des États en la matière. La dernière, la COP 21 en France, avait d’ailleurs bénéficié d’une forte médiatisation.

Chaque fois, les différentes sources d’émissions et les moyens de les réduire sont étudiés. Toutes les sources ou presque, sauf une : l’augmentation continue du nombre des hommes ! Depuis 1970 l’humanité a doublé ses effectifs et bien sûr, à comportement égal a de ce fait, doublé les sources potentielles d’émissions.

Pourtant le sujet reste tabou et rares sont aujourd’hui les responsables politiques osant l'évoquer.

C’est contre cette aberration, prétendre s’occuper d’un problème tout en refusant d’aborder l’un de ses déterminants principaux, qu’a décidé de lutter l’association Démographie Responsable en lançant le 20 septembre dernier une pétition destinée aux organisateurs et participants à la COP 22 qui aura lieu prochainement à Marrakech et en leur demandant de mettre la démographie à l’ordre du jour de leur discussions.

Vous trouverez ci-dessous le texte de cette pétition vous que pouvez par ailleurs soutenir via le lien suivant :

Pour que la démographie soit évoquée à la COP 22

Cette pétition est également disponible en langue anglaise

 

Pour que la démographie soit évoquée à la COP 22

Du 7 au 18  novembre 2016 se tiendra à Marrakech la 22ème Conférence des parties (COP 22) consacrée aux questions climatiques.

Depuis 1995 et la première réunion à Berlin, chaque année de telles conférences analysent les données scientifiques, proposent des mesures et engagent les Etats à les mettre en œuvre afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Toutefois, un facteur déterminant de ces émissions - et plus généralement de la pression anthropique - a été le plus souvent passé sous silence lors des COP précédentes : la démographie.

Depuis 1995 la population mondiale a augmenté de 1,7 milliard  (+ 30 %). Selon les projections de l’ONU  nos effectifs devraient encore progresser de 3,8 milliards d’ici la fin du siècle, soit une nouvelle augmentation de 50 %. En deux siècles, de 1900 à 2100, la population humaine aura été multipliée par 7. A comportement égal, c’est donc aussi par 7 qu’aura, été multiplié notre potentiel d’émissions de CO2. Ce facteur ne peut être éternellement ignoré.

La majeure partie de cette croissance démographique devrait avoir lieu dans les pays les plus défavorisés, là où les accès à la contraception comme à l’éducation restent les plus difficiles. Là aussi où, compte tenu du faible niveau de vie, il serait aussi irréaliste que  moralement injuste d’imposer des efforts importants en matière de réduction de la consommation énergétique.

Cette pétition a donc pour objet de demander à toutes les parties prenantes à la COP 22 d’inscrire la démographie à l’ordre du jour de cette conférence  afin de proposer des mesures susceptibles de freiner la croissance continue de nos effectifs. Mesures  telles que l’extension des moyens alloués à la planification familiale et à l’éducation dont on sait qu’ils constituent un élément fondamental en faveur de la baisse de la fécondité.

De telles mesures auraient d’ailleurs d’autres conséquences favorables, sur le plan du développement, sur le plan de la justice sociale et sur le plan environnemental en réduisant l’ensemble de nos rejets comme notre pression sur les territoires. 

Association Démographie Responsable

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 12:04

Un texte de Gérard Charollois

Parmi les sujets tabous et les interdits médiatiques trône la pression démographique, superbement ornée d’anthropocentrisme béat.

Les villes deviennent tentaculaires, les infrastructures ravagent les sites, la croissance est célébrée en vertu première, souvent fardée de « développement durable ». Dans le moindre village, le plus petit canton, les élus locaux courent après une augmentation perpétuelle de population, gage de leur gestion dynamique et de leur refus de voir leur circonscription devenir « une réserve d’Indiens » !

La terre se couvre d’asphalte et de béton, pour le profit des oligarques vantant leur développement, au nom du « progrès », de « l’emploi », du « désenclavement ». Les populations, anesthésiées par la propagande des milieux d’affaires, ne comprennent pas l’ampleur d’un phénomène qui n’a aucune autre finalité que sa perpétuation.

Pendant ce temps, la biodiversité s’effondre. De 2007 à 2014, 30% des éléphants de savane d’Afrique ont disparu, passant de 457 000 à 352 000 individus. En France, les oiseaux communs, ceux des parcs et jardins, ceux des zones urbaines, sont menacés d’extinction, au même titre que les amphibiens, les reptiles et les insectes.

Les causes de cette mort du vivant sur l’ensemble de la planète sont bien connues : disparition des espaces naturels, prévarication des milliardaires en mal de spéculation face à tout espace non exploité, cupidité des uns, cruauté débile des autres. Entre le promoteur, ses grands ouvrages nocifs et l’idiot de village avec son gros fusil, la nature meurt.

Ainsi, les éléphants, illustration d’un phénomène global, sont victimes des riches Chinois, dépourvus de principes moraux, qui veulent des objets d’ivoire et des braconniers, insensibles à l’écologie et au respect dû à l’animal. D’autres ignorants stupides achètent, à grand prix, des cornes de rhinocéros, pour pallier des déficits d’érections, ce qui s’avère aussi efficace que s’ils consommaient leurs ongles ou leurs cheveux !

Décidément, l’humain a bien tort de s’enorgueillir car, entre sa cupidité, sa cruauté et sa sottise, il ne mérite guère son podium ! Trop nombreux, trop prédateurs, les hommes ne laissent plus de place aux autres espèces vivantes. Du sommet des montagnes aux plaines désertiques, des pôles aux forêts tropicales, l’espèce humaine submerge tous les milieux, les transforme, les exploite, les pollue. Dans un siècle, 75% de la biodiversité aura disparu. Réduire la pression démographique devient un impératif si l’on veut sauver la diversité des formes de vies sur terre.

Comment ? Pour faire gagner la vie, récusons la mort.

Tout être vivant, donc tout humain, possède un intérêt légitime à vivre. Il est donc souhaitable, au nom de cet intérêt, de prolonger la durée de la vie de chaque individu, en lui conférant la santé. Ne limitons pas la population par la mort, mais en utilisant deux autres facteurs.

C’est par la limitation des naissances et des migrations qu’il faut enrayer la cancérisation de la terre par une seule espèce. Bien sûr, ces préconisations n’ont pas le droit de citer, car elles heurtent autant les injonctions monothéistes, favorables au natalisme, que les catéchismes politico-sociologiques, pro-migratoires.

Me voici, une fois encore, iconoclaste choquant pour tous les esprits formatés, parfaitement incorrect au regard des préjugés.

Si certains pays ont vu s’abaisser leur taux de fécondité, à l’instar de la Russie, de l’Allemagne, du Japon, d’autres sociétés perdurent à croître, provoquant des déséquilibres sociaux et économiques dont elles sont les premières victimes.

Contrairement aux politiques natalistes promues par les politiciens archaïques, il y a lieu d’orienter les aides sociales vers la personne et non vers la famille.

La croissance démographique, outre le natalisme, repose désormais, en Europe, sur l’immigration. Que voilà un autre sujet tabou, propice au naufrage de la pensée, aux hallucinations idéologiques.

J’ose l’affirmer : la migration massive et forcée est une souffrance.

Premièrement, souffrance pour la nature, car l’augmentation de population appelle une urbanisation accrue. Deuxièmement, souffrance pour les personnes migrantes, arrachées à leurs terres, à leurs climats, à leurs ancêtres.Troisièmement, souffrance pour les populations locales, elles-mêmes confrontées à des difficultés sociales.

Le natalisme est, bien souvent, fruit de l’ignorance.

L’immigration est fruit de la misère, de la guerre, des obscurantismes qui jettent les peuples sur les routes d’un exil dangereux et douloureux, d’un déracinement frustrant.

Contre le natalisme, il convient d’émanciper la femme, de la libérer des conditionnements, des commandements prétendument divins ressassés par des sociétés archaïques, de lui permettre d’accéder à une sexualité choisie dégagée de la procréation subie.

Contre les migrations de masse, il convient de guérir la misère, la violence, les guerres tribales, les superstitions identitaires qui dressent les communautés les unes contre les autres.

Victor HUGO aurait pu dire : « c’est ici le combat du jour et de la nuit ». Si l’homme extermine l’éléphant d’Afrique, l’hirondelle de fenêtre, le loup, l’abeille et le hérisson, qu’il périsse, étouffé par sa pollution ou noyé dans le sang de ses guerres communautaristes dont nous avons les prémices.

Je veux encore l’inviter à un sursaut éthique, en se débarrassant des milliardaires qui assassinent la planète par leur exploitation frénétique, en éduquant au respect de la vie les idiots de village qui tuent parce qu’ils n’ont pas appris l’unité fondamentale du vivant.

L’humanité peut se perdre par ses tares. Elle peut se sauver en mutant de comportement. Nous, biocentristes, ayons la lucidité de dénoncer les vices majeurs de notre propre espèce pour que celle-ci se réconcilie avec elle-même et avec l’ensemble de ce qui vit.

____________________________________________________________________________

Ce texte a déjà été publié notamment sur le site de Gérard Charollois : Une force pour le vivant ainsi que sur le site Altermonde-sans frontières. Ancien magistrat, Gérard Charollois, est président de l’association écologiste Convention Vie et Nature. Il est également candidat à l’élection présidentielle de 2017.

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8 mai 2016 7 08 /05 /mai /2016 16:04

Pour la première fois, un homme politique français, ancien Président de la République de surcroit, place la démographie au premier rang des questions environnementales et suggère, à l’instar de ce que l’on fait déjà pour le climat, mais avec une priorité encore supérieure, l’organisation de conférences annuelles sur le sujet afin, dit-il, « de définir une stratégie démographique sur la planète ». 

A deux reprises en effet, une première fois le 30 avril dernier au Conseil National des Républicains et dans l’entretien au JDD qui a suivi, puis de nouveau le 3 mai à l’occasion d’une journée de travail de ce parti consacrée à l’environnement, l’énergie et la mer, Nicolas Sarkozy a insisté sur la prééminence du problème de l’explosion démographique et a assuré que son parti proposerait l’organisation de telles conférences.

Des déclarations, si inhabituelles de la part d’un dirigeant politique de premier plan, montrent que le tabou commence peut-être à se fissurer.

Si Nicolas Sarkozy a tenu de tels propos c’est sans doute qu’il en est convaincu, mais évidemment aussi qu’il estime que ces paroles sont désormais en mesure d’être entendues, qu’elles ne constituent plus un handicap pour celui qui les évoque. C’est là un changement notable dans un milieu politique traditionnellement conservateur où, même lorsque les gens étaient persuadés de la gravité du problème démographique, ils préféraient garder le silence.

C’est un premier pas nécessaire pour passer aux étapes suivantes, c’est-à-dire à la généralisation de l’interrogation à l’ensemble de la classe politique, écologistes compris, puis à la tenue de telles conférences et enfin, espérons-le, à la mise en place de mesures qui seront d’autant plus efficaces et d’autant moins liberticides qu’elles seront prises tôt.

Voici un bref extrait du discours du 3 mai 2016.

« Il y a un phénomène que nous n’avons jamais connu, jamais. C’est la pression démographique planétaire qui va nous amener… à passer de sept milliards à onze milliards et demi en 2100, demain matin. Onze milliards et demi, personne n’a jamais vécu cela sur la planète... »

« Cela me paraît un défi un peu plus considérable que le seul défi du réchauffement climatique… mais alors qu’on a mis une COP 21 puis une COP  22, au Maroc  sur les changements climatiques,   Les Républicains demandent une conférence mondiale annuelle sur la démographie mondiale, sur la nécessité d’un planning familial et de  la (sur là ?)  définition d’une stratégie démographique sur la planète. »

Cette priorité qu’affiche Nicolas Sarkozy pour la démographie plutôt que pour le climat fera sans doute grincer quelques dents chez les écologistes, pourtant l’ancien président à raison d’aller à la racine du problème.

Les émissions de gaz à effet de serre sont une conséquence et non une cause première, conséquence de notre mode de vie et de nos effectifs toujours croissants. Si le premier de ces facteurs, le mode de vie, est régulièrement mis en cause, la démographie a pourtant sa part de responsabilité. Aucune personnalité aussi marquante n’avait jusqu’alors oser l’affirmer en public (*).

Bien entendu de tels propos ouvrent la porte à mille débats : Qui sera concerné ? Les pays à plus forte croissance démographique ? Les pays à plus forte densité ? Quelles autres actions - on pense notamment à l’éducation et au développement du planning familial - doivent être menées de pair ? Comment faire concrètement accepter l’idée d’une descendance plus modeste à des personnes pour qui cela semble la seule richesse ? Comment financer ces efforts ?  

Ces questions seront justement l’objet des conférences si le projet se concrétise; elles valent la peine d’être posées et la rupture mérite d’être soulignée.

(*) Nicolas Sarkozy a-t-il été convaincu par la lecture de ce livre ? A-t-il parcouru le site de l’association Démographie Responsable qui milite en ce sens depuis plusieurs années ?

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 15:24

Il est souvent instructif d'aller voir ce que produisent les grands machins comme les Nations Unies. En l'occurrence, leurs discours sur la démographie semblent, au vu des politiques suivies en Europe occidentale, être pris au sérieux par nos dirigeants politiques. Et c'est le premier mérite de l'article de Denis Garnier d'attirer notre attention sur le thème de la nécessité qu'auraient nos pays d'importer des populations « pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. »

Nécessité qu'on peut d'autant plus interroger, comme le souligne le président de Démographie Responsable, que les pays cités dans l'étude des Nations Unies sur les migrations de remplacement ont déjà des densités de population qui oscillent entre 200 et 500 habitants au km². Or un tel taux de densité suppose une exploitation intensive des biotopes, exploitation incompatible avec un usage prudent et responsable de nos territoires. Même un mode de vie frugal ne serait pas suffisant pour que l'espace de notre vieil Occident, pourtant plutôt gâté par la nature avec ses paysages aisément habitables et son climat dans l'ensemble tempéré, conserve toutes ses potentialités pour les générations futures.

Au-delà de toutes les questions, qu'elles soient démographique ou écologique,  que pose ce choix d'opérer un transfert de population, il y a aussi deux remarques sur la méthode suivie par les Nations Unies et nos dirigeants.

Il y a d'abord dans cette façon de procéder une logique d'ingénierie appliquée à l'humain qui fait un peu froid dans le dos. La facilité avec laquelle ces grands dirigeants imaginent de transférer des dizaines de millions de personnes sans se soucier plus que ça des arrachements familiaux et des chocs culturels que cela implique est étonnante : pour eux les femmes et les hommes ne sont que des êtres interchangeables ou suffisamment malléables pour être placés ici ou là selon les besoins de nos sociétés. Bien loin du printemps des peuples vécu en Europe au mitan du XIXème siècle ou du savoir anthropologique et ethnologique développé tout au long du XXème siècle, nos dirigeants semblent plutôt s'inscrire dans la pratique des grands déplacements de population mis en œuvre par les régimes totalitaires, même si les méthodes ne sont pas comparables.

Se profile aussi la question du respect des choix du peuple, question difficilement occultable dans un système politique qui se veut démocratique et donc promeut selon la formule d'Abraham Lincoln le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. Or il semble bien que les peuples autochtones, en Italie au Japon en Allemagne en Bulgarie et même en France, aient choisi globalement une décroissance démographique plus ou moins forte. Car l'avenir d'une société ne passe pas seulement par le choix de telle ou telle équipe de gouvernants mais aussi par la somme des choix individuels et familiaux de toute une société. Au nom de quoi des dirigeants s'arrogent-ils le droit de corriger le choix collectif de toute une société en important des populations entières pour compenser un soi-disant manque démographique ? Au nom de la société de croissance qu'ils défendent à tout prix, croyant ainsi contribuer à équilibrer les comptes d'une société qui dans les faits court à sa perte, quand des peuples sentent instinctivement qu'il faut réduire la voilure en étant moins nombreux pour affronter les crises qui s'annoncent ? Ou pour défendre un appétit de pouvoir sur toujours plus de gens ?

Peu importe leurs raisons, ce qu'il faut noter, c'est que le choix d'introduire des millions de personnes dans des sociétés fortement structurées n'a jamais été soumis à une ratification démocratique. Et quand les peuples regimbent, ces mêmes dirigeants utilisent la métaphore de la société fermée sur elle-même, connotée négativement au contraire d'une société ouverte, pour disqualifier tout débat. En clair, refuser l'arrivée de millions de migrants, c'est être d'extrême droite, tout près d'Hitler et du camp du mal.

Avoir pour dirigeants des apprentis-sorciers qui croient piloter une société comme des ingénieurs une machine, le tout en passant allègrement par-dessus le choix des peuples en pratiquant un déni démocratique, c'est aussi comme cela que l'on peut voir le débat sur les migrations de remplacement.

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 17:24

Un article de Denis Garnier, président de Démographie Responsable

 

La Division de la population des Nations Unies, publiait déja en 2001 un rapport intitulé " Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ? " où l'on pouvait lire : « Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité.» 

Suivait une argumentation relativement alarmiste : 

« Les projections des Nations Unies indiquent que, entre 1995 et 2050, la population du Japon ainsi que celles de pratiquement tous les pays d’Europe va probablement diminuer. Dans de nombreux cas, comprenant l’Estonie, la Bulgarie et l’Italie, des pays vont perdre entre un quart et un tiers de leur population. Le vieillissement de la population sera généralisé, élevant l’âge médian de la population à des hauts niveaux sans précédents historiques. Par exemple, en Italie, l’âge médian augmentera de 41 ans en 2000 à 53 ans en 2050. Le rapport de support potentiel, c’est-à-dire le nombre de personnes en âge de travailler (15-64 ans) par personne de plus de 65 ans, diminuera souvent de moitié, de 4 à 2. 

C’est l'Italie qui subira la plus grande perte relative de population, moins 28% entre 1995 et 2050. La population de l’Union Européenne qui surpassait celle des Etats-Unis de 105 millions en 1995 lui sera inférieure de 18 millions en 2050.

Pour l'Union Européenne, une continuation des niveaux d’immigration observés dans les années 1990 suffirait à peu près à éviter une diminution de la population totale, tandis que pour l’Europe dans son ensemble, il faudrait deux fois le niveau d’immigration observé dans les années 1990.

La Corée du Sud n’aurait besoin que d’un niveau modeste d’immigration, mais c’est cependant un changement majeur pour un pays qui jusqu’ici était un pays d’émigration. L'Italie et le Japon auraient besoin d’une forte augmentation de leur nombre d'immigrants. Par contre, la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis pourraient conserver leur nombre d’habitants avec moins d'immigrants que ce qu’ils ont reçu dans le passé récent. Les nombres d’immigrants nécessaires pour éviter les déclins de la population en âge de travailler sont plus grands que ceux nécessaires pour éviter les déclins de la population totale.

Si de tels flux d’immigrants se produisaient, les immigrants d’après 1995 et leurs descendants constitueraient une fraction impressionnante de la population totale en 2050 – entre 30 et 39% dans le cas du Japon, de l’Allemagne et de l'Italie. Relativement à la taille de leur population, l'Italie et l’Allemagne auraient besoin du plus grand nombre d’immigrants pour conserver la taille de leurs populations d’âge actif. L'Italie aurait besoin en moyenne chaque année de 6.500 immigrants par million d'habitants et l’Allemagne de 6.000.»

Ce rapport posait de nombreuses questions :

Comment ont fait nos ancêtres pour vivre moins nombreux ? N'ont-ils pas réussi à ce que nous soyons là aujourd'hui ? Ne nous ont-ils pas d'ailleurs transmis une planète en meilleur état que celle que nous allons laisser à nos descendants ?

Au vu des densités de population importantes de certains pays cités : Corée du Sud (507 hab./km²), Japon (336 hab./km²), Allemagne (227 hab./km²), Italie (208 hab./km²) ne serait-il pas judicieux au contraire de laisser ces populations diminuer et d'adapter l'économie à cette situation. L'environnement, et donc les habitants de ces pays, n'en seraient-ils pas les premiers bénéficiaires ?

Mais plus grave : cette injonction à l'accueil de migrants n'est-il pas l'aveu de l'impuissance de la communauté internationale à juguler la l'explosion démographique de nombreux pays du sud, explosion qui conduit à la surpopulation et oblige des dizaines de millions d'individus à s'expatrier au travers de périples dangereux ? 

Ne parlons même pas des réactions négatives d'une partie importante des populations autochtones qui subissent les effets collatéraux de ces arrivées massives (problèmes culturels et religieux, allant parfois même jusqu'au terrorisme). 

Pour aller plus loin :

Un entretien avec Renaud Camus sur Boulevard Voltaire. Voir également sur cette question démographique l’article de Fabien Niezgoda: La bombe P n’est toujours pas désamorcée, (revue Eléments n° 158, janvier-février 2016 p. 76 à 79). Cet article est suivi d’un entretien entre Fabien Niezgoda et Didier Barthès, porte-parole de Démographie Responsable.

_________________________________________________________________________________

Cet article a donné lieu à une suite rédigée par Jean Bruguier intitulée : Discussion suite à l’article de Denis Garnier : Comment ont fait nos ancêtres ?

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