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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 07:04

                           Evaluation de nos effectifs au 1er janvier 2014

                                                                                                              (en millions d'habitants)

 

Sources    2013     2014 Progression Progression
      (en millions) (en %)
         
INED 7 091     7 169         + 78    + 1,1 %
Population Data.net 7 099     7 184         + 85    + 1,2 %
Terriens.com 7 060     7 136         + 76    + 1,1 %
US Census Bureau 7 062     7 138         + 76    + 1,1 %
Population Mondiale.com 7 099     7 184         + 85    + 1,2 %
         
Moyenne   7 082     7 162        + 80     + 1,1 %

 

 

La planète compte désormais un peu plus de 7 milliards et 150 millions d'habitants :  7,162 milliards précisément au regard d'une moyenne bâtie sur les principaux compteurs aujourd'hui disponbiles. Avec 80 millions de terriens en plus que l'an dernier, soit une progression de  + 1,1 %, la croissance de la population mondiale reste stable (1) et (2). 

L'Année 2013 a été marquée par la publication des nouvelles projections de l'ONU (dites révisions 2012). L'étude de l'ONU propose, pour la seconde fois consécutive, une hausse des projections à l'échéance 2050. L'hypothèse moyenne de fécondité     (3) conduit en effet à une population de 9,6 milliards  pour la moitié du siècle (l'Ined prévoit de son côté 9,731 milliards). Les deux études précédentes de l'ONU (révisions 2010 et 2008) ne prévoyaient respectivement dans le cadre de cette même hypothèse moyenne qu'une population de 9,3 et 9,1 milliards pour la même date. Nous sommes donc clairement dans une phase de rehaussement des projections démographiques.

En France, sous la plume de Gilles Pison, l'INED a publié dans sa revue Population et Société un dossier nommé « Tous les pays du monde ». Cette étude montre une stabilisation de la fécondité mondiale à 2,5 enfants par femme soit au même niveau que lors de la publication précédente en 2011, alors même que beaucoup de démographes tablaient sur une décrue régulière de cet indice. Il est bien sûr encore trop tôt pour savoir si cette pause dans la baisse tendancielle de la fécondité sera durable.

Quant à l’année qui commence, elle verra peut-être l’entrée d’un nouveau membre, le douzième, dans le « club des plus de 100 millions d’habitants » : Les Philippines.

______________________________________________________  (1) Les effectifs de la population mondiale indiqués pour le 1er janvier 2013 (7 082 millions) sont très légèrement différents de ceux qui avaient été retenus l’an dernier (7 083 millions). Ceci parce que la liste des compteurs présentés n’est plus exactement la même. Le site Worldometers a été exclu parce que sa base en avait manifestement été modifiée et que cela conduisait à retenir une élévation annuelle de la population de 114 millions d’habitants, hypothèse hautement improbable. De même d’autres sites n’ont pas été retenus parce qu’ils proposaient des données trop éloignées de la moyenne et en particulier de celles fournies par les instituts les plus réputés (Ined, US Census Bureau…)  

(2) Comme chaque année, rappelons que les statistiques démographiques mondiales peuvent être considérées comme exactes à un ou deux pour cent près, il serait illusoire de prétendre à l’exactitude totale. Cela justifie les arrondis au million pour les données absolues ou au dixième de pour cent pour les chiffres de la croissance que nous avons ici choisi de retenir.

(3) Cette hypothèse moyenne de fécondité est elle-même basée sur baisse de la fécondité dans les années à venir. Le maintien du taux actuel (2,5 donc) conduirait à une véritable explosion démographique.

Sur ce site, et sur le même sujet voir également : Les chiffres clefs de la population, ainsi que la série :

La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards)

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 17:04

Après l’ONU, l’Ined  confirme le retournement des prévisions démographiques mondiales. Depuis une soixantaine d’années, la baisse régulière des taux de croissance et de fécondité mondiaux constitue l’argument massue pour déconsidérer toutes les inquiétudes relatives à la surpopulation.

Ce raisonnement, très en usage dans le monde politique comme dans de nombreux milieux écologistes, se trouve pourtant désormais infirmé par les plus récentes études et l’optimisme béat n’est plus de mise. L’ONU puis l’Ined viennent de publier leurs dernières projections : Elles sont largement revues à la hausse. La stabilisation de nos effectifs se voit reportée à une date ultérieure et à  un niveau  plus élevé que ce que l’on pouvait espérer. Elle se situera sans doute aux alentours de 11 milliards en 2100, sauf bien entendu, effondrement civilisationnel avant cette échéance.

A deux reprises déjà, L’ONU avait tiré la sonnette d’alarme en révisant à la hausse ses prévisions , une première fois en 2011 puis une seconde fois en juin dernier. Ainsi, dans ses projections publiées en 2009, l’Onu estimait que le monde compterait 9,1 milliards d’habitants en 2050, prévisions remontées à 9,3 milliards en 2011, puis à 9,6 milliards en 2013 (il s’agit là des projections moyennes, l’Onu publiant en outre des fourchettes haute et basse).

Une même évolution avait logiquement touché les projections à échéance de 2100, passées de 10,1 milliards en 2011 à 10,9 milliards en 2013.

C’est désormais l’Ined qui vient confirmer la  tendance via le dernier numéro (1) de la revue Population et sociétés qui présente tous les deux ans, sous la direction de Gilles Pison, une étude baptisée « Tous les pays du monde ».  Ce document propose un vaste tableau statistique donnant les principaux éléments démographiques : population actuelle, population prévisionnelle pour 2050, taux de natalité, de fécondité… pour toutes les nations.   Ces données sont également agrégées par grandes zones géographiques ainsi qu’aux niveaux continental et mondial. Voici les principaux enseignements de cette publication. 

 

- Une stabilisation de la fécondité et de la croissance :

Alors que le taux de fécondité mondial (qui était d’environ 5 enfants par femme en 1950) baissait régulièrement, il semble désormais stabilisé à 2,5. Ce taux n’est pas négligeable, il signifie que d’une génération à l’autre les effectifs se voient multipliés par 1,25.   Chaque couple, deux personnes donc,  se trouvant en moyenne remplacé par 2,5 personnes, (un tout petit peu moins en réalité car il y subsiste encore un peu de mortalité infantile. Notons  que celle-ci est toutefois, et heureusement, tombée assez bas et que la grande majorité des enfants dans le monde atteignent désormais l’âge de la reproduction : la mortalité infantile mondiale est de 4 % en 2013 alors qu'elle se situait encore à 5,5 % en 2005).

Le taux de croissance de la population n’est curieusement pas indiqué dans le document de l’Ined, mais au niveau mondial le solde migratoire étant nul par définition, la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité peut nous permettre de l’estimer. Ce taux est stabilisé à + 1,2 % par an depuis 2005. (3) Cela conduit tous les ans la population à augmenter d’environ 80 millions de personnes soit l’équivalent d’une ville comme Paris tous les dix jours (4). Rappelons que si le taux de croissance est plus faible aujourd’hui que dans les décennies précédentes, il s’applique à une population plus importante et que de ce fait, la croissance effective de nos effectifs est plus forte en 2013 qu’elle ne l’était  dans les années 60 (+ 80 millions d’habitants par an contre + 70 millions environ), le record de croissance en nombre a toutefois été atteint dans les années 90 avec + 90 millions de terriens supplémentaires chaque année.

 

- L’évolution démographique de l'Afrique  constitue la composante principale de ce retournement.

C’est l’Afrique qui prend la plus grande part dans ce retournement puisque son taux de croissance ne diminue pas, au contraire.  Il s’établit en 2013 à + 2,5 % par an alors qu’il n’était que de + 2,3 % en 2005 (5) Les africains représentent aujourd’hui un peu plus de 15 % des terriens, ils devraient en représenter 25 % en 2050.

Ce mouvement touche principalement l’Afrique Subsaharienne mais aussi désormais, quoique dans une moindre mesure, l’Afrique du Nord. Seule l’Afrique Australe, qui croît de 1 % par an, présente une structure d'évolution démographique comparable à celle du reste du monde. Cette croissance est évidemment lourde de menaces dans un continent souvent frappé par les famines  et dont rappelons-le, les déserts constituent une proportion très importante.

Ce poids déterminant de l’évolution de la démographie africaine dans l’évolution globale du monde peut être mis en évidence dans le tableau suivant donnant, continent par continent, l’évolution attendue entre aujourd’hui (mi-2013) et 2050.

 

              Evolution démographique mondiale attendue d'ici 2050

  (en millions d'habitants, source Ined, extraits)

Zone   Population 2013    Population 2050     Evolution  Evolution
       (à mi année)   (estimation 2013)  (en nombre)    (en %)
           
Monde          7 141       9 731   +  2 590   +   36 %
           
Afrique          1 101       2 435   +  1 334   + 121 %
Amérique             958       1 228   +     270   +   28 %
Asie          4 305       5 284   +     979   +   23 %
Europe             740          726    -       14   -      2 %
Océanie               38            58    +      20   +   53 %

 

 

 

 

 

 

 

 

On voit que l’Afrique est le continent qui progressera le plus en nombre et surtout en valeur relative, passant de 1,101 milliard d’habitants à 2,435 milliards (+ 1,334 milliard) soit + 121 % tandis que dans le même temps, le monde entier passerait de 7,141 à 9,731milliards (+ 2,590 milliards), soit + 36 %. L’Europe serait le seul continent à voir sa population diminuer (très légèrement : - 2 %)

La réévaluation à la hausse des prévisions réalisées par l'Ined est très nette dans le tableau suivant comparant les projections pour 2050 publiées respectivement en 2011 et 2013. Ce tableau vient particulièrement conforter la réévaluation des estimations onusiennes.

 

       Réévaluation des projections pour 2050 entre 2011 et 2013

  (en millions d'habitants, source Ined, extraits)

Zone    Projections 2050  Projection 2050 Evolution Evolution
    (publiées en 2011) (publiées en 2013)  (en nombre)  (en %)
           
Monde         9 587     9 731   +  144   +  1,5 %
           
Afrique         2 300     2 435   +  135   +  5,9 %
Amérique         1 216     1 228   +    12   +  1,0 %
Asie         5 284     5 284   +      0       - 
Europe            725        726   +      1   +  0,1 %
Océanie              62          58    -      4    -   6,5 %

 

 

 

 

 

 

 

Le  retournement des prévisions concerne particulièrement l’Afrique puisque la réévaluation (à la hausse) des prévisions entre 2011 et 2013 est de + 1,5 % pour le monde (il y a donc bien une réévaluation globale) et de + 5,9 % pour l’Afrique. Notons qu'il n'y a pas eu d'évolution des projections publiées pour l'Asie et à peine pour l'Europe.  

L’Afrique reste d’autre part le continent de quelques cas extrêmes en terme de fécondité : 7,6 enfants par femme au Niger (7,0 en 2013 !),  6,8 en Somalie, 6,2 au Burundi et 6,1 au Mali. Le cas du Nigéria, quoiqu’il ne représente pas un record de fécondité (5,7 quand même) est également très inquiétant compte tenu de son poids démographique (175 millions d’habitants aujourd’hui). Ce pays devrait atteindre 444 millions d’habitants en 2050 soit plus que les États-Unis d’aujourd’hui (et même 11 % de plus que les Etats-Unis de 2050) pour une surface dix fois plus petite.  

 

L’Asie est et restera le géant démographique.

L’Asie reste bien entendu le continent le plus peuplé (4,305 milliards d’habitants soit 60 % des terriens) et le sera encore en 2050 (5,284 milliards sur 9,731 soit 54 %). L’Inde, avec un taux de fécondité encore estimé à 2,4 devrait doubler la Chine et voir ses effectifs passer de 1,276 à 1,652 milliard (respectivement de 1,361 à 1,314 milliard pour la Chine qui devrait donc connaître une légère baisse de sa population (- 3,5 %)). En terme de densité de peuplement (6), le Bangladesh qui devrait voir augmenter ses effectifs de 40 % est et restera le pays record avec 1 402 habitants par kilomètre carré en 2050. Ainsi densément peuplée, la France métropolitaine compterait près de 780 millions d’habitants ! En Asie, seul le Timor-Est (mais avec un million d'habitants seulement) et l'Afghanistan (31 millions) connaissent des taux de fécondité supérieurs à 5 et donc comparables aux records africains. 

De son côté l’Amérique du Nord constituera le grand ensemble de pays très développés voyant se poursuivre la croissance de ses effectifs (448 millions d’habitants en 2050 pour l’ensemble Canada – Etats-Unis contre 352 aujourd’hui soit + 27 % Notons que dans toute l'Amérique, nord et sud confondus, les records de fécondité sont détenus par Haïti (3,5) et par... la Guyane française (3,4) !

Avec la Chine (- 3,5 % donc),  l’Europe (- 2 %) et le Japon (- 24 % !) constitueront les principales zones de décroissance démographique. Le Japon devrait ainsi établir un record de diminution mais il est vrai qu’il part d’une densité très élevée (337 habitants par kilomètre carré en 2013). En Europe, la baisse devrait particulièrement toucher l’Europe Orientale (qui passerait de 295 à 260 millions d’habitants soit – 12  %) et dans une moindre mesure l'Europe Méridionale (qui évoluerait de 153 à 146 millions d'habitants). La France métropolitaine devrait atteindre 72 millions d’habitants soit 8 millions de plus qu’aujourd’hui (+ 12,5 %). L'Océanie connait également de forts taux de croissance mais ils portent sur des effectifs relativement faibles.

________________________________________________________________________________________________

(1) numéro 503, septembre 2013, sous la direction de Gilles Pison.C'est de ce document que sont extraites la quasi totalité des données évoquées ici tableaux compris, quelques-unes proviennent cependant des statistiques publiées par l'ONU. 

(2) Selon l’étude de l’Ined, l’indice synthétique de fécondité mondial était de 2,7 en 2005 et 2007, de 2,6 en 2009 et de 2,5 en 2011 et 2013.

(3) Cette croissance annuelle de la population de 1,2 % résulte des différences entre un taux de natalité de 2,1 % et d’un taux de mortalité de 0,9 % pour les années 2005 et 2007 et d’un taux de natalité de 2,0 % associé à un taux de mortalité de 0,8 % pour 2009, 2011 et 2013.

(4) Pour des statistiques globales voir sur ce site la page : Les chiffres clefs de la population.

(5) En 2013 ces + 2,5 % de croissance en Afrique résultent  d’une natalité de 3,6 % et d’une mortalité de 1,1 % tandis qu’en 2005, les + 2,3 % de croissance annuelle résultaient d’une natalité de 3,8 % et d’une mortalité de 1,5 %. Le mouvement de transition démographique (baisse des deux taux) s’est quand même légèrement poursuivi mais la baisse de la mortalité a été supérieure à  celle de la natalité d’où la hausse de la croissance.

(6) La densité de peuplement n’est malheureusement pas indiquée dans les statistiques publiées par l’Ined, elle a donc été calculée par nos soins pour le Bangladesh. Rappel : la densité moyenne sur l'ensemble du globe (Antarctique non pris en compte) est aujourd'hui d'environ 52 personnes par kilomètre carré et de 116 en France métropolitaine.

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 10:04

Essai sur le principe de populationEvoqué plus souvent qu'il n'est lu, mal compris, Malthus a mauvaise presse. C’est probablement l’une des plus grandes injustices de l’histoire de la pensée économique, incompréhension que nous avions d’ailleurs déja dénoncée (voir sur ce site l'article : L'injustice faite à Malthus).   

Alors que l’écologie devrait être notre première préoccupation, l’économiste Jean-Paul Maréchal a très bien résumé la question dans une introduction qu’il fait au célèbre livre de Malthus : « Essai sur le principe de population » (1).

Au fond Malthus n’est-il pas le premier écologiste, lui qui n’hésite pas à évoquer la question des limites ? Voici ce qu’écrit en 1992 Jean-Paul Maréchal  à la dernière page de son introduction.

 

« Avant un retour sur le texte qui se révèle indispensable, il nous a paru utile, pour finir, d’examiner une question récurrente qui poursuit l’auteur de l’Essai et dont contre toute apparence le sens est finalement ambigu : Malthus a-t-il eu raison ? A-t-il été « confirmé » ou « démenti » par les faits ? quelle est en d’autres termes son « actualité » ?  

Pour certains, la cause est entendue. Malthus n’a pas vu la révolution industrielle et ses extraordinaires potentialités tandis que les catastrophes annoncées ne sont pas survenues. Avec  lui l’économie politique est irrémédiablement la « science du lugubre » comme la désignait Carlyle après avoir lu l’Essai. A considérer cet ouvrage sous l’angle exclusivement prévisionniste ou de manière superficielle, un tel raisonnement est recevable. Malthus est alors à ranger dans la grande réserve de la bibliothèque des idées comme représentant d’une espèce à jamais étrangère aux préoccupations du monde d’aujourd’hui.  

Mais si l’on pense au contraire que la substance de l’Essai réside dans l’avertissement que la Terre constitue un espace clos et un fonds borné, alors Malthus précède d’un siècle et demi le Club de Rome et ses courbes exponentielles (2) . La catastrophe démographique n’est pas survenue, non parce que la Terre pourrait nourrir n’importe quelle population, mais parce que jusqu’à présent, le développement économique a pu suivre la croissance des besoins. Or, il apparait depuis quelques années que cette expansion que l’on croyait indéfiniment perpétuable butte sur la double limite de l’épuisement des ressources naturelles et des capacités de régénération du milieu. Et l’on découvre, surexploitation pétrolière, micropollution, pollution globale et déforestation à l’appui, que la sphère des activités économiques est dépendante de la reproduction de la biosphère.  

Le principe de population ressurgit là où on l’attendait le moins : dans l’air, dans l’eau, et dans les sols. Malthus « l’empiriste » contre Riccardo  « le théorique » prend une revanche qu’il n’aurait sans doute jamais imaginée. Au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, Malthus rappelle la nécessité d’une pensée des limites, d’une interrogation de la finitude face à l’extension du royaume de la marchandise et à l’hybris technoscientifique de cette fin de millénaire. »  

 __________________________________________________________________________________________________

(1) Robert Thomas Malthus : Essai sur le principe de population, deux volumes : 480 et 436 pages, introduction de Jean-Paul Maréchal, Editions GF Flammarion, Paris, 1992 (première édition de l’ouvrage original : 1798). Extrait des pages 54 et 55 de cette édition, publié avec l’aimable autorisation des éditions Flammarion.

(2) Voir le Club de Rome, Halte à la croissance, Fayard Paris, 314 pages

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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 14:04

Le 2 juillet dernier a eu lieu à Gaillard (74)  une conférence sur la surpopulation. Ce fut l'occasion de rappeler les ordres de grandeur de nos effectifs comme de leur évolution, de dénoncer le tabou qui règne sur la question, mais aussi d'évoquer les solutions.

La soirée s'articula autour de mon intervention axée sur l'aspect démographique proprement dit et autour de celle de Monsieur Guyla Simonyi, président de l'association hongroise, Bocs qui développa plus particulièrement les questions d'empreinte écologique et de bio-capacité des territoires.

 

Vous pouvez visualiser cette conférence via les liens suivants :

Démographie : Les ordres de grandeur, (Didier Barthès, porte parole de Démographie Responsable),  puis  Réponses aux questions sur ce sujet (id).  

Empreinte Ecologique et bio capacité (en anglais par Gyula Simonyi, président de Bocs). 

Tous nos remerciements vont à Monsieur Patrick Royer à l'origine de ces rencontres ainsi que de l'intégralité de leur organisation.

 

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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 19:08

L'actualité de ces derniers jours, voire de ces dernières années, porte souvent sur le monde arabe et en particulier sur l'Égypte. En ce qui concerne ce pays, au-delà de la juste opposition à l'islamisme plus ou moins autoritaire qui s'y est installé, il faut savoir que l'instauration d'un régime laïque et démocratique ne changerait pas fondamentalement la donne.

En effet, la population égyptienne (84 millions d'habitants en 2013) vit sur un territoire de 1 million de km² : cela conduit à une densité de population de 84 habitants par km², ce qui semble faible a priori. Mais, du fait que 94,5 % du territoire est constitué de déserts, la densité de population égyptienne ramenée aux terrains ''vivables'' et/ou cultivables est en fait déjà supérieure à 1 500 hab. / km². Pour mémoire, le pays ''digne de ce nom'' (c'est-à-dire qui n'est pas une petite île – type Maurice – ou une cité-état – type Singapour) le plus densément peuplé du monde est le Bangladesh dont la densité de population n'est ''que'' de 1 100 habitants par km², avec pourtant les conséquences que l'on connaît (montée de l'islamisme et catastrophes naturelles ou industrielles récurrentes, dernière en date l'effondrement d'un immeuble-usine).

Selon les dernières projections de l'ONU (13/06/2013), la population égyptienne pourrait ainsi être de 135 millions d'âmes en 2100, ce qui conduirait à une densité de 2 450 hab. /km² (plus de deux fois la densité actuelle du Bangladesh) ! On voit ici la gravité de la situation actuelle et plus encore future.  

Il y a deux ans, au début de la ''révolution égyptienne'', plusieurs personnalités se sont exprimées sur le sujet. Parmi elles on peut citer le géopolitologue François Thual : "il y a une pression démographique qui a généré la misère", Youssef Courbage chercheur à l'INED : "Quand la population croît trop vite, ce sont les ressources qui diminuent proportionnellement par habitant", Boutros Boutros Ghali, de nationalité égyptienne et ancien secrétaire général de l'ONU de 1992 à 1996 : "Je dirais que les problèmes seront beaucoup plus importants parce que vous aurez dans les prochaines années 100 millions d'habitants sur 5 % du territoire égyptien" et Alexandre Adler "L'Égypte a d'abord un problème épouvantable : elle est aujourd'hui le pays le plus densément peuplé de la planète".  

Mais de quoi vit donc l'Égypte ? Selon un article de l'Express, antérieur à la révolution égyptienne, du canal de Suez qui rapporte 2 milliards de dollars chaque année, du pétrole de la mer Rouge et du gaz constitue une source de financement non négligeable, du tourisme (11 % du PIB) mis à mal par l'insécurité actuelle, mais aussi d'une aide au développement qui est considérable : plus de 2 milliards de dollars par an sont accordés par les États-Unis (en échange de la bienveillance du pays envers son voisin Israël) et au total, c'est 3 milliards que reçoit annuellement le pays, dont la moitié va directement au budget militaire... Au niveau alimentaire, il faut se souvenir qu'en 2008, le pays avait été frappé par les émeutes de la faim, entre autres du fait que l'Égypte doit importer 50 % de ses céréales et qu'elle en est d'ailleurs le plus grand importateur au monde (8 millions de tonnes)...  

Ce qui caractérise une crise malthusienne (c'est-à-dire une inadéquation population-ressource) au vingt-et-unième siècle est que l'on ne peut plus réellement s'en échapper, c'est une crise que les personnes concernées vont devoir subir pendant des décennies, seulement atténuées par l'aide internationale. La seule façon d'en sortir n'est envisageable que sur le long terme en mettant en place des programmes permettant de stabiliser la population sur une génération et ensuite de la faire décroître en douceur sur un terme encore plus long.  

Pour cela, il faudrait oser avouer à la population égyptienne l'origine fondamentale de son mal, à savoir son effectif, et lui demander de se contenter dès maintenant de 2 enfants par couple. Mais qui osera tenir un tel discours ? Le pouvoir en place ? Dans un article du Figaro daté du 21 juin dernier et intitulé "Égypte : les Frères musulmans prennent le risque de l'explosion démographique", la journaliste Delphine Minoui se demande si la surpopulation n'est pas "la onzième plaie de l'Égypte" et rapporte que les autorités risquent d'abandonner la politique de planification familiale pourtant mise ne place par Nasser et poursuivie par Sadate et Moubarak.  

La crise égyptienne en annonce d'autres, car les projections de l'ONU, régulièrement revues à la hausse, prévoient entre autres une multiplication par quatre de la population africaine. En particulier, parmi les onze pays les plus peuplés de la planète en 2100, en voici six suivis de leur population (en millions d'habitants) : Nigeria (914), Tanzanie (276), RDC (262), Éthiopie (243), Ouganda (205), Niger (200). On peut, malheureusement sans grand risque de se tromper, prévoir que ces pays ne manqueront pas, eux aussi, de faire l'objet de crises malthusiennes d'ici la fin de ce siècle...  

 

Denis Garnier, président de Démographie Responsable 

____________________________________________________________________________________________________

Cet article a été préablement présenté sur le site internet du Cercle des Echos. 

Voir également sur "Economie Durable" deux articles publiés à ce même sujet début 2011, au moment de la révolution égyptienne. 

Egypte : Quand le nombre fait le vent de la révolte  

Tunisie, Egypte, Algérie : Printemps des peuples ou début des crises ?   

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 06:24

Nombre de dirigeants économiques ou politiques comme nombre de journalistes  et bien sûr de démographes balaient toute inquiétude relative à la croissance de la population mondiale. Ils appuient cette confiance en l'avenir sur un double constat :

-  La population planétaire serait en voie de stabilisation.  

-  Cette stabilisation serait encore plus proche que prévu du fait de la généralisation et de la vélocité inattendue du mécanisme de transition démographique (1). Une transition qui serait beaucoup rapide dans le reste du monde qu’elle ne l’a été dans les pays occidentaux.

Cette analyse, aussi optimiste que partagée, est hélas battue en brèche par l’ONU qui, pour la seconde fois en trois ans, vient de revoir à la hausse ses projections démographiques mondiales pour le milieu et la fin de ce siècle.  

Au cours des dernières années l’ONU a en effet publié trois études prospectives sur le niveau que pourrait atteindre la population de notre Terre en 2050 et en 2100 (études publiées en 2009, 2011 et 2013 sur des travaux menés les années précédentes)

Voici l’évolution de ces projections. J’ai retenu ici l’hypothèse moyenne, considérée comme la plus probable.  

 

Prévisions pour l’année 2050 :  

 

En 2009, l’ONU estimait que l’humanité atteindrait à cette échéance 9,15 milliards de représentants.

En 2011, revues à la hausse les prévisions s'élevaient à 9,3 milliards soit 150 millions de plus.

En 2013, nouvelle révision,  l’ONU envisage désormais 9,6 Milliards de terriens, soit 300 millions de plus que la révision précédente (2).

 

Notez que non seulement  les deux révisions vont dans le même sens, mais que de plus,  leur ampleur a doublé. La direction générale ne peut être plus clairement exprimée.

 

Prévisions pour l’année 2100

 

Pour la fin de ce siècle l’évolution des projections est évidemment cohérente avec les précédentes et confirme la tendance.

En 2011 l’ONU envisageait 10,1 milliards d’habitants.

En 2013 la projection onusienne s’élève  à 10,9  milliards.

 

Pour 2100, le réajustement porte donc sur 800 millions de personnes, soit plus du double du réajustement concernant les prévisions pour 2050.  Là aussi, même s’il faut regarder avec prudence toute prospective à long terme, le signal est  inquiétant, l’évolution va dans le mauvais sens et l’on voit mal dans ces chiffres ce qui pourrait valider l’hypothèse d’une accélération vers la stabilisation de nos effectifs.

Notez que l’essentiel du relèvement  viendrait de la zone sub-saharienne où la fertilité se maintiendrait à des niveaux plus élevés qu’on ne le pensait. On trouve également dans cette étude des prévisions aussi étonnantes que celle qui envisage qu’en 2100 la population du Nigéria soit « en passe de commencer à rivaliser avec celle de la Chine »  (la population chinoise devrait avoir baissé, il est vrai).  

L’expansion de nos effectifs n’est donc pas un problème réglé, ni même en voie sérieuse de règlement. Puissent peu à peu nos sociétés en prendre conscience.  

 

Voici le tableau synthétique de ces révisions (incluant ici les autres hypothèses de fécondité, haute et basse en plus de l'hypothèse moyenne).

 

 

    Evolution des prévisions démographiques mondiales de l'ONU 

                                                                                                                      (En millions d'habitants)

Années \ Hypothèses de fécondité

Basse Moyenne Haute
       
2050     (revision 2008)        8 000    9 100   10 500  
2050     (révision 2010)                  8 100            9 300      10 600     
2050     (révision 2012)        8 300   9 600  10 900 
       
2100     (révision 2010)        6 200  10 100  15 800 
2100     (révision 2012)  6 800  10 900  16 600 
       

Les prévisions de l'ONU ont été revues deux fois à la hausse en seulement deux ans. Les données ont été ici arrondies par nos soins à la centaine de millions la plus proche.

       

Source : site (très complet) de la Division Population du Département des Affaires Sociales et Economiques de l'ONU.

 

________________________________________________________________

(1) La transition démographique est le phénomène par lequel une société passe de taux élevés de fécondité et de mortalité à des taux beaucoup plus bas. Pendant cette phase, comme c’est le taux de mortalité qui est le premier à baisser, la population connait une période de forte expansion. Bien sûr, plus cette phase est courte, plus cette croissance peut être limitée.

(2) Un résumé (en anglais) des trois projections évoquées ci-dessus est disponble via les liens suivants :

Révision 2008, publiée en 2009

Révision 2010, publiée en 2011

Révision 2012, publiée en 2013

Vous trouverez également quelques éléments sur cette question dans cet article du Monde publié le 13/06/2013. Sur ce site même, voir : Les chiffres clefs de la population et La population mondiale au 1er janvier 2013.       

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 18:04

Quelle serait la population mondiale optimale ? Voilà une interrogation qui surgit inévitablement si l’on considère la maîtrise de notre démographie comme l’une des conditions sine qua non de la sauvegarde des équilibres écologiques. Quel est le meilleur niveau pour la population mondiale ?

Un tel optimum ne peut être défini qu’en relation avec un certain nombre d’objectifs et de modalités préalablement reconnus : Un optimum pour quoi faire ? Un optimum pour qui ? Un optimum à quelle échéance ? Un optimum à quel stade de développement technologique ? Faute de réflexion sur ces points, l’interrogation comme la réponse resteront vaines.     

Un optimum pour quoi faire et pour qui ?    

La durabilité  des équilibres écologiques comme de l’humanité peut être considérée comme le but ultime. Pour l’Homme il s’agit d’un objectif plus ou moins conscient et en tout cas sous-jacent à toutes nos activités. L’humanité peut en effet difficilement envisager un objectif qui aille à l'encontre de sa durabilité.  En ce sens, tous ses autres buts sont soumis à cette contrainte de maximisation de la durée. Toute autre règle viserait en réalité à organiser notre propre disparition. Notons qu'une difficulté particulière surgit pour l'humanité : l’évolution, d'ailleurs bien mal engagée pour notre espèce qui ne se soumet pratiquement plus à aucune forme de sélection naturelle, conduira à modifier l'espèce elle-même. Pourra-t-on encore parler d'humanité si nos formes et nos capacités deviennent très différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui ?

La nature, de son côté, ne vise aucune réalisation particulière, ce sont les mécanismes d’adaptation permanente qui permettront de repousser aussi loin qu’il se pourra la fin de la vie sur Terre. Pour elle, d’une certaine façon, l’objectif est et sera atteint sans avoir été pensé. Stricto sensu, c’est un résultat obligé plutôt qu’un but. Admettre le contraire viendrait à donner dans le finalisme ou en tout cas supposer une intentionnalité au monde naturel, ce à quoi d’ailleurs conduisent certaines interprétations, à mon sens discutables, de la célèbre hypothèse Gaïa développée par James Lovelock (*).

Nous pouvons donc définir les conditions de l’optimum de la façon suivante : Permettre à la nature et à l’homme de vivre en harmonie aussi longtemps que les conditions astronomiques, climatiques et géologiques l’autoriseront. Il s’agit d’un cadre un peu vaste, mais les points suivants le préciseront.

Un optimum à quelle échéance ?  

Il est raisonnable de considérer qu'à très long terme : 20, 50, 100 millions d'années, tout est égal. Pas égal au sens où nos actes d'aujourd'hui n'auraient aucune conséquence sur le futur très lointain (la disparition des espèces que nous provoquons fera que la faune sera à jamais différente de ce qu'elle aurait été sans nous), mais égal au sens où il est impossible de dire à de telles échéances si la situation sera meilleure ou pire qu'elle n'aurait été sans notre présence alors passée.

L'exemple de l’astéroïde qui, il y a 65 millions d'années,  élimina les dinosaures est instructif. Ce fut presque la pire catastrophe écologique que l'on puisse  envisager puisque, suite au choc, toute la grande faune fut éliminée du fait du changement climatique et de ses conséquences notamment sur la végétation.  Et pourtant, quelques dizaines de millions d'années plus tard, tout allait pour le mieux, la faune et la flore étaient sans doute notablement différentes de ce qu'elles auraient été sans cet accident, mais elles n'étaient pas moins développées et pas moins riches de diversité.

Même si nous savons que nous souffrons dramatiquement de "court termisme", il n’y a, de façon générale, aucun sens à faire des prévisions à trop longue échéance. Pour les hommes, les tourments de l’Histoire excluent même une prospective sérieuse sur quelques milliers d’années. Proposons donc un moyen terme et envisageons un optimum pour dans 500 ans, cela est suffisamment éloigné pour permettre des évolutions démographiques raisonnables ne supposant pas d’effondrement (ce que la Nature ou l’Histoire hélas, ne nous épargneront sans doute pas).

Un optimum à quel niveau de technologie ?  

Si, compte tenu de notre impact actuel, certains pourraient être tentés de dire que seule une Terre sans hommes est susceptible de préserver ses équilibres écologiques, il faut reconnaître qu’avec un bas niveau de technologie, certaines sociétés pré-néolithiques pouvaient être considérées comme parfaitement intégrées et les hommes comme des prédateurs comme les autres. Attention toutefois, il faut remonter pour cela assez loin et avec des effectifs beaucoup plus faibles qu'aujourd'hui car il parait bien que l'humanité puisse être tenue pour responsable de la disparition de la mégafaune qui peuplait encore la planète il y a 30 ou 50 000 ans. Cela semble très net en Amérique du Nord et en Eurasie. Nos célèbres mammouths et autres ours ou lions des cavernes firent probablement les frais de notre présence sur ces deux continents.

Il semble toutefois exclu de retourner à l’âge de pierre tout autant qu’il l’est de parier sur une éternelle fuite en avant technologique qui supposerait une disponibilité en énergie tout à fait considérable et qui éloignerait toujours plus l’homme de ses origines. Aussi, comptons sur des technologiques comparables à celles qu’aura  connue l’humanité disons entre l’an 1950 et l’an 2050. Cette situation permet tout à la fois d’englober une situation où l’homme était encore proche de la nature (une fraction importante de l’humanité vivait à la campagne et dépendait très directement du travail agricole en 1950) et de prendre en compte la disponibilité de certaines technologies, l’informatique notamment Attention toutefois sur ce point l’informatique est très dépendante d’une industrie lourde (métaux, énergie…) dont rien ne prouve qu’elle sera durable.  

L’interrogation étant précisée, les critères étant retenus et leurs valeurs plus ou moins cadrées : quelle population retenir pour dans 500 ans, pour une humanité vivant sur des conditions technologiques comparables à celles d’aujourd’hui et se donnant pour objectif de ne pas obérer son avenir et de durer aussi longtemps que faire se peut ?  

Le débat est ouvert, je propose pour ma part, avec je l’admets, une large part d’arbitraire, une population d’environ 200 millions d’habitants sur la planète.  

A beaucoup, ce chiffre apparaîtra excessivement faible. C’est pourtant grosso modo le niveau de peuplement mondial entre l’époque de Jésus-Christ et l’an 1000 ce qui montre la durabilité d’un tel  état démographique. C’est également un effectif très supérieur à ce qu’à connu notre espèce tout au long de son histoire. Rappelons qu’il y a 10 000 ans nous étions seulement de 5 à 10 millions sur l’ensemble de la planète. De tels effectifs permettraient de laisser de vastes espaces à la nature où les processus de sélection et d’adaptation pourraient alors librement se dérouler. Cela permettrait également dans les zones habitées de disposer de densités de peuplement suffisamment faibles pour ne pas couper les humains de leur milieu. Notons également que techniquement, atteindre de tels niveaux de population suppose en cas d’évolution régulière une baisse annuelle de la population de 0,7 %  à comparer à la croissance d’environ 1,2 %  que nous connaissons actuellement. Une telle vitesse d’évolution semble raisonnable et ne conduit ni à un dépeuplement trop rapide ni à une pression trop forte sur les couples pour leur imposer une fécondité très basse. Ces résultats pourraient être obtenus en maintenant une fécondité comprise entre 1,5 et 1,8 enfant par femme en moyenne (pendant la période de transition, ensuite, la fécondité pourrait évidemment remonter à 2).

Dans le même temps  200 millions constituent un « volume d’hommes » suffisamment important pour bâtir des civilisations et connaître une évolution notable. Les égyptiens de l’antiquité, les grecs, les romains, mais aussi plusieurs grandes civilisations asiatiques et amérindiennes ou africaines ont vécu sur une Terre présentant un peuplement comparable.

Bien entendu, il ne s’agit là que d’un petit exercice intellectuel qui simplifie outrageusement les choses en tablant sur une évolution régulière, ce que l’Histoire a bien rarement connu sur de telles périodes. D’ailleurs, hélas, nombreux sont aujourd’hui les chercheurs qui tablent sur un effondrement écologique et civilisationnel à l’horizon 2050. La question, pourtant non négligeable, des moyens d’une telle politique n’est pas non plus évoquée ici. Mais comme dans tout exercice, la réflexion sur l’énoncé et sur le pourquoi des critères à retenir importe plus que le résultat.  

Alors, quel est votre avis ? Quels effectifs suggéreriez-vous pour l’humanité ? Et pour quelles raisons ? N’hésitez pas à enrichir le débat via les commentaires.

_______________________________________________________________________________________________   

(*) La Terre est un être vivant : L’hypothèse Gaïa, James Lovelock, 1979 (traduction française 1993, éditions Flammarion).

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 07:44

conf 24 oct

Le 24 octobre dernier, l'association Démographie Responsable organisait à Paris une conférence intitulée : Environnement et Démographie. Nous disposons désormais d'une vidéo qui en reprend les moments principaux. 

Articulée autour des interventions de Michel Sourrouille et de Hugues Stoekel, cette conférence fut l'occasion de lier enfin problèmes démographiques et problèmes environnementaux.

Michel Sourrouille est professeur de Sciences Economiques. Il est le fondateur des sites Biosphère Info et Biosphère Ouvaton. Le premier est un lieu d'information et de discussion sur l'environnement et la société, le second constitue une base de documentation sur l'écologie.

Mathématicien, Hugues Stoeckel est écologiste et ancien conseiller régional il est l'auteur de "La Faim du monde" un ouvrage  que nous avions commenté sur ce blog.

J'ai animé cette conférence avec M. Denis Garnier, président de Démographie Responsable. Le débat qui a suivi montre qu'à l'inverse des partis politiques ou même de certains partis écologistes, une fraction importante de la population est  consciente de l'enjeu et tout à fait d'accord pour briser le tabou. La question démographique doit avoir toute sa place et il sera bien difficile d'imaginer un monde à la fois surpeuplé et écologiquement vertueux.     

Visualisation de la conférence.

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 07:24

Evaluation de nos effectifs au 1er janvier 2013    

                                                                                                                            (en millions d'habitants) 

 

Sources      2013     2012 Progression Progression
      (en millions)   (en %)
  INED    7 091    7 013      +      78      +  1,11 %
  Population Data.net    7 099    7 014      +      85              +  1,21 %       
  Worldometers    7 089     7 013      +      76      +  1,08 % 
  Terriens.com     7 060     6 984      +      76      +  1,09 % 
  US Census Bureau    7 062     6 985      +      77      +  1,10 % 
   Population Mondiale.org    7 099     7 015      +      84      +  1,20 % 
         
  Moyenne    7 083    7 004    +      79   +     1,13 % 

 

     

Selon cette moyenne réalisée à partir d'un panel de compteurs de population nous serions donc aujourd'hui 7 milliards et 83 millions d'habitants sur la Terre. Avec 79 millions de personnes de plus en un an, la croissance de nos effectifs reste très élevée. Cela contredit quelque peu les affirmations rassurantes selon lesquelles l'explosion démographique serait une affaire du passé et une menace à oublier. Deux éléments militent envers plus de prudence :

Tout d'abord, le taux de croissance en 2012, estimé entre + 1,1 et + 1,2 % (a), s'il est effectivement plus bas que les maxima atteints entre 1960 et 1970 (+ 2,1 % certaines de ces années) reste très supérieur à ceux que l'humanité a connu tout au long de son Histoire et même de son Histoire récente (b). Ce taux est ainsi beaucoup plus élévé que celui qui prévalait lors des premières années du 20ème siècle où la population augmentait au rythme de + 0,4 % par an soit trois fois moins rapidement qu'aujourd'hui !

D'autre part, c'est évidemment le nombre absolu des hommes qui pèse sur la planète et sur ses équilibres écologiques. Or, nul ne doit être grand mathématicien pour comprendre qu'un taux plus faible, s'il s'applique à une base plus large, peut conduire à une évolution absolue plus importante. Ainsi, entre 1960 et 1970, décennie symbole de l'explosion démographique, les effectifs de l'humanité sont passés de 3 à 3,7 milliards ce qui suppose une croissance annuelle moyenne de 70 millions de personnes. Aujourd'hui, alors même que l'on tend à minimiser l'expansion du nombre des hommes, ce sont pourtant environ 80 millions d'habitants qui viennnent tous les ans s'ajouter à la surface de la Terre. Habitants qui auront des modes de consommation plus exigeants que ceux des générations précédentes et qui se présentent sur une  planète plus dégradée et déjà deux fois plus peuplée.

A terme toutefois, convenons-en, le taux est déterminant. Avec 0 % de croissance, par définition la population sera stabilisée. Mais  quand ? Et à quel niveau ?

En France et dans certains pays d'Europe, la fécondité qui avait baissé a connu des remontés ces dernières années.  Il en a été de même dans des pays de structures démographiques et économiques très différentes comme ceux du Maghreb dont pourtant on avait vanté la rapidité de la transition démographique.

Il faut donc considérer que la baisse tendancielle des taux de croissance de la population sur laquelle tablent de nombreux  analystes constitue une hypothèse mais non une certitude. Nous rappelions d'ailleurs l'an dernier que l'ONU avait revu à la hausse ses projections démographiques pour le siècle qui commence.

 

 

  Rappel des prévisions de l'ONU pour l'évolution au cours de ce siècle.

                                                                              (prévisions de 2011 en millions d'habitants)

 

  Prévisions        en 2050       en 2100
       
  Basse          8 500          6 200
  Moyenne          9 300        10 100
  Haute        10 600        15 800

 

_________________________________________________________________________________

Les effectifs de la population mondiale moyenne indiqués pour 2012 (7 004 millions) sont très légèrement différents de ceux qui avait été retenus l'an dernier (7 003 millions). Ceci parce que la liste  des compteurs n'est plus exactement la même. Deux d'entre eux ont été exclus : Terre sacré.org ne publie plus de compteur et celui de Population Matters a trop largement changé de base pour être significatif.

(a) Il est illusoire de raisonner sur des chiffres trop précis compte tenu de la connaissance que nous pouvons avoir de nos effectifs et de leur évolution. Les données sur la population peuvent etre considérées comme exactes à 1 ou 2 %  près. Le taux de croissance annuel de   + 1,13 %  que nous indiquons fixe un ordre de grandeur. Ce serait une erreur de le prendre au pied de la lettre (ou plutôt du chiffre). Il en va évidemment de même pour toutes les autres statistiques démographiques ici présentées.

(b) Ajoutons qu'il est bien peu recommandable, comme on le fait parfois de prendre   systématiquement comme référence des années record par rapport auxquelles, par définition tout autre chiffre apparaitra plus raisonnable.  Comparer tous les chiffres de la croissance démographique au taux maximum jamais connu introduit un biais statistique évident et donc une comparaison faussée par nature. 

Sur ce site et sur le même sujet voir également :

Les chiffres clefs de la population.  

Voir aussi, pour les autres années, la série d'articles :

La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards)

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

 

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24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 17:04

Il y a eu, il y a et il y aura encore une démographie de la misère. C’est-à-dire un trop grand nombre d’hommes pour un biotope, un territoire donné, et les ressources que nous pouvons en exploiter en fonction de notre organisation sociale et politique et de nos capacités techniques.

Cela, nous l’avons connu maintes fois.   Au quatorzième siècle en Europe pour prendre un exemple dans le passé occidental.

Nous la voyons aujourd’hui, cette démographie de la misère, dans des pays comme Haïti ou dans d’autres pays pauvres qui sont l’objet d’une croissance démographique bien supérieure à l’augmentation de leurs ressources.

Nous la pressentons dans ce siècle en prolongeant les courbes de la démographie qui nous promettent d’être environ neuf milliards d’hommes au mitan du siècle, alors même que les ressources d’énergies faciles touchent à leur fin (nous avons passé le pic pétrolier probablement un peu avant 2010) et que les promesses alimentaires de la Révolution Verte, à base d’intrants chimiques, de mécanisation et d’optimisation simpliste des espèces travaillées, animales comme végétales, montrent plus que des signes de faiblesse. Comme si nous allions être pris à revers entre un monde d’hommes et de femmes toujours plus nombreux et dont l’idéal de vie se construit sur la généralisation du mode de consommation occidental, et une Terre qui ne pourra pas nous assurer durablement les ressources agricoles, minières, énergétiques, dont nous avons nécessairement besoin pour continuer à vivre ainsi.

Que se passera-t-il alors dans une Afrique habitée par deux milliards d’hommes, et que vantent aujourd’hui tant d’économistes ? Dans le sous-continent indien en route lui aussi vers les deux milliards ? Avec dans le même temps une planète mise à mal par l’acidification des océans, un réchauffement climatique moyen supérieur à 4 C° (cf. les prévisions du Giec pour 2060), et des ressources plus coûteuses à obtenir et à transporter ? Sans compter les effets de la crise sociale que vivront sans doute les anciens pays dominants des XIX et XXème siècles désormais contraints de partager plus équitablement les ressources de la planète avec les autres puissances et ainsi amener à diminuer le niveau de vie de leurs populations. Pouvons-nous croire sincèrement que tout cela se déroulera sans trop de heurts et de conflits, à l’image d’une retraite militaire bien ordonnée ? Ou dans une pagaille où les crises humaines ajouteront aux crises écologiques et aux batailles pour contrôler les ressources, désorganisant un peu plus un monde en manque ?

Notre avenir proche ne s’annonce pas comme une promenade de santé et nous pouvons bien comprendre que des démographes sérieux soucieux d’écologie lancent une alerte forte pour que, non seulement nous fassions évoluer nos modes de vie, mais aussi que nous commencions à entrer dans une période de décroissance démographique le plus rapidement possible afin d’éviter à l’humanité qui vient cette démographie de la misère.

Encore faut-il que leur message soit entendu. Et c’est là que les difficultés commencent. Comment faire passer une telle orientation dans des sociétés elles-mêmes héritières de civilisations multimillénaires construites avec l’idée qu’il était bon que nous soyons toujours plus nombreux ? Comment faire comprendre que nous avons passé un seuil et atteint les limites de la planète ? Et donc qu’il nous faut changer radicalement notre façon de voir. Que ce qui était vrai sous Ramsès II, Confucius ou Alexandre, et a fortiori au néolithique, ne l’est plus aujourd’hui ?

La tâche est rude, urgente, mais aussi délicate, comme toujours lorsqu’on touche à la fois à un fonds culturel partagé par des centaines de générations et à l’envie inscrite dans nos cellules de nous reproduire.

Et c’est là que les démographes responsables doivent faire preuve de prudence et savoir se dissocier le plus nettement possible de ceux qui vont jusqu’à considérer la disparition de l’humanité comme une bonne chose, de ceux qui n’hésitent pas à proclamer (1) avec Yves Paccalet ‘L’humanité disparaîtra … bon débarras !’. Sans compter aussi les dé-natalistes radicaux qui envisagent des divisions par dix du nombre d’hommes et de femmes sur Terre en dix décennies.

Ceux-là sont des individus dont la pensée politique peut se révéler dangereuse et doit être dénoncée et combattue comme telle.

D’une part parce que leur programme radical suppose concrètement, et même s’ils s’en défendent, soit des éliminations massives d’humains, soit des interdictions de procréer systématiques et généralisées impossibles à supporter pacifiquement par nos sociétés humaines, tant sur un plan individuel qu’économique et social. Ils ressemblent pour tout dire à ces militants acteurs ou complices de tous les totalitarismes du siècle dernier (2), qui n’hésitaient pas à sacrifier les hommes bien vivants à leur utopie meurtrière.

D’autre part parce que leurs positions antihumaines polluent et discréditent l’approche raisonnée des démographes responsables dont l’objectif, faut-il le rappeler, est d’éviter à la communauté des hommes les malheurs qui s’annoncent si nous croyons pouvoir impunément continuer à nous multiplier sans voir que nous avons atteint les limites écologiques de notre planète.

Pour éviter demain une démographie de la misère, il est aussi nécessaire de combattre sans faiblesse ces excités du contrôle extrême de la population, nouvelle misère de la démographie.

___________________________________________________________________________

1 : A noter toutefois que le contenu du livre d’Yves Paccalet ne reflète pas complètement ce que sous-entend son titre, qu’il faudrait plutôt comprendre comme un cri de désespoir au sujet d’une écologie qui ne réussit pas à imposer ses thèmes. Je persiste néanmoins à penser que toute allusion ‘homicide’ contribue à obscurcir un débat qui doit être guidé par la prudence et la rigueur intellectuelles, évitant toute provocation inutile.

2 : Un parallèle peut d’ailleurs être fait entre la volonté affichée de ces militants d’une décroissance démographique ultrarapide dans les faits mais insoutenable socialement sans dégâts considérables, et la volonté léniniste de ‘brûler les étapes’ sans se préoccuper des inévitables pesanteurs sociales pour établir au plus vite ‘un paradis socialiste’ qui s’est illustré par le goulag. Ou quand la radicalité rejoint ou n’exprime que le mépris de l’humain et de la vie… D’où aussi le choix du titre de cet article, en référence au débat entre Marx et Proudhon, qui a accompagné bien des questionnements et des réflexions sur les racines du totalitarisme. 

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