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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 07:04

Evaluation de nos effectifs au 1er janvier 2012  

 

Sources                                   Effectifs (en millions)
   
   INED 7 013
   Population Data.net 7 014
   Worldometers 7 013
   Terriens.com (1) 6 984
   Population Matters 7 017
   US Census Bureau 6 985
   Population mondiale.com 7 015
   Terre Sacrée.org 6 984
   
   Moyenne 7 003

 

Nous étions donc 7 milliards et 3 millions d'habitants sur notre Terre au 1er janvier 2012 à 0 heures.   Du moins, telle est l'estimation que l'on peut admettre au regard des données publiées par les différents "compteurs de population".

De telles évaluations doivent cependant être prises avec prudence. Récemment, le démographe Gilles Pison considérait que la marge d'erreur pouvait atteindre 1 à 2 %.

Cette année s'ajoute un biais particulier. Plusieurs compteurs ont manifestement recadré leurs estimations sur la décision de l'ONU de fixer au 31 octobre 2011 le jour du franchissement des 7 milliards. Ceci a globalement conduit à une réestimation à la hausse de nos effectifs. Les tendances antérieures menaient en effet à un franchissement de ce seuil symbolique un peu plus tard, au cours du premier trimestre 2012.

Cette réévaluation "administrative" rend délicate l'estimation de la croissance de la population mondiale au cours de l'année passée. Si nous nous référons à la même étude réalisée l'an dernier,  alors la progression aurait été de  87 millions en 2011 (l'estimation moyenne au premier janvier 2011 étant de 6,916 milliards). Il s'agit là d'une valeur assez improbable, car depuis plusieurs années l'évolution absolue se situe autour de  + 80 millions d'habitants par an et se trouve plutôt en en voie de stabilisation. Ces 7 millions supplémentaires résultent donc très probablement de ce recadrement formel (2).

 

Quant à l'avenir, s'il est par nature incertain, notons que cette année l'ONU a revu ses prévisions à long terme à la hausse et a publié en juin trois scénarii  en fonction de trois hypothèses de fécondité : basse, moyenne et haute. Compte tenu de l'inertie des phénomènes démographiques, les données pour 2050 sont assez fiables,  tandis que celles concernant 2100, qui dépendent du comportement reproductif de personnes qui ne sont pas encore nées, sont entachées d'une large marge d'incertitude. Ainsi, l'hypothèse haute conduit à une population 2,5 fois plus importante que l'hypothèse basse (15,8 milliards contre 6,2).   

 

  Prévisions démographiques mondiales de l'ONU  

                                                                                                                         (En millions d'habitants)  

 Années  \   Hypothèses de fécondité Basse Moyenne  Haute
    2050 8 100 9 300 10 600
     2100 6 200 10 100    15 800

        

________________________________________________________________________________________________

 

(1) L'estimation de Terriens.com est reprise notamment par l'association Démographie Responsable.  

(2) Un autre élément milite en ce sens. Beaucoup de compteurs tournent autour de la valeur : 7,013 milliard : Cela se conçoit aisément pour un décompte recadré à 7 milliards le 31 octobre. Comme la croissance journalière nette de la population est de 215 à 220 000 personnes, en deux mois (novembre et décembre 2011) le gain total est d'environ 13 millions. Les petites divergences  s'expliquent ensuite par le choix du niveau de croissance journalier.

Rappelons aussi qu'en ce 1er janvier 2012  la France "officialise" son passage à 65 millions d'habitants  (en réalité le seuil a sans douté été franchi courant 2011).

Sur la population mondiale, voir également  la série

La population mondiale au 1er janvier :

2009 (6,759 milliards), 2010 (6,838 milliards), 2011 (6,914 milliards),

2012 (7,003 milliards), 2013 (7,082 milliards), 2014 (7,162 milliards),

2015 (7,260 milliards), 2016 (7,358 milliards), 2017 (7,440 milliards),

2018 (7,534 milliards), 2019 (7,637 milliards), 2020 (7,703 milliards)

2021 (7,800 milliards), 2022 (7,888 milliards), 2023 (7,984 milliards).

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 11:04

 

 

Economie Durable vous souhaite de bonnes fêtes

           et vous présente ses meilleurs voeux pour 2012.

 

 

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 15:04

 

Bruxelles a masqué Durban. Tandis que la conférence sur le climat s'achevait modestement sur une reconduction temporaire du protocole de Kyoto et sur la promesse de négociations futures, les médias ont surtout parlé dettes et équilibres budgétaires. Dans le long terme pourtant, nous savons bien que ce sont les équilibres écologiques qui seront déterminants. Demain, sur une Terre dévastée, devenue presque inhabitable, plus aucune autre question n’aura de sens que celle du rétablissement à minima des équilibres écologiques. La préférence de l’Humanité pour le court terme pourrait bien-être ce qui la condamnera.  

Bruxelles a masqué Durban, cependant, ce serait une erreur que d’opposer crise financière et crise écologique. Il s’agit bien du seul et même problème ou plutôt des conséquences diverses d’une même propension.  

Les difficultés rencontrées à Durban tiennent au fait que limiter sérieusement les émissions de CO2 revient en réalité à mettre en cause notre modèle économique basé sur une croissance continue à la fois du nombre de consommateurs et de la consommation de chacun.  

Aux conséquences de cette fuite en avant vers toujours plus de croissance, certains proposent de répondre par une autre fuite en avant vers toujours plus de technologie. N’accordons pas trop de crédit à ce type de solution. Globalement et jusqu’à nos jours, les dégâts occasionnés à la planète ont été une fonction directe de notre puissance technologique, il serait étonnant que la corrélation change de signe ou même simplement d’ordre de grandeur. Le sociologue Alain Gras déclarait en 2008 au mensuel Science et Vie : « Aujourd’hui la seule condition de survie réside dans l’établissement d’un rapport plus humble avec la planète ». Nous n’échapperons pas à cette obligation.

Briser le cercle infernal de nos émissions suppose de briser notre élan vers le « toujours plus » qui constitue le moteur et le facteur d'équilibre de nos sociétés. Cette remise en cause volontaire relève presque de l’impossible. Le récent abandon du protocole de Kyoto par le Canada l’illustre à merveille. Les Canadiens ne sont pas plus indifférents que les autres à l’environnement (au mètre carré ils polluent même plutôt moins compte tenu de leur faible densité démographique, un facteur trop souvent négligé) mais ils se trouvent tous simplement incapables de faire face aux engagements financiers d’un tel protocole (il est vrai que leur climat et leur implication dans l’exploitation de pétroles non conventionnels ne facilitent pas les choses). Le retrait du Canada, ne doit donc pas être interprété comme une trahison mais bien comme le signe qu’aucune solution ne pourra faire l’impasse sur la nécessité d’un processus de décroissance. Mieux vaut qu’il soit plus ou moins organisé que subi.

Pas d’illusion donc, l’expression développement durable est un oxymore. La durabilité de nos sociétés suppose l’arrêt du développement au sens que l’on donne généralement à ce terme, c’est à dire la mise à disposition d'une quantité toujours plus importante de biens matériels. La destruction de l’environnement est une conséquence de la réalisation de notre désir de croissance permanente. Ne l’attribuons pas de façon trop facile à tel ou tel type d’organisation économique. Dans un monde clos, tout système qui se donnera la progression matérielle pour objectif et pour moteur, se heurtera in fine à de semblables difficultés.

La crise de la dette puise à la même source. Cette crise, qui touche de la plupart des nations, résulte de l’accumulation de nombreuses années de déficits budgétaires. Nous voulions consommer et dépenser plus que ce que nous produisions et que ce que nous permettaient nos ressources. Les Etats eux-mêmes, sensibles à la demande de leur population pour toujours plus de services et d’équipements publics, ont cédé aux sirènes de l’endettement. Cette relance permanente par la dépense publique constituait d’ailleurs une manière de tirer la croissance en avant. Nous avons tous voulus être keynésiens, nous sommes tous endettés.  

La course à la croissance coûte que coûte a effectivement fini par coûter. La partie financière se réglera peut-être au détriment des créanciers (encore que l’imbrication des économies rend la frontière créanciers-débiteurs plus imprécise), la partie écologique risque d’être plus difficile à solder, les ressources de la Terre ne sont pas infinies et les comptes sont sans doute plus bas que nous ne le pensons. Certains de ses aspects, la perte de biodiversité notamment, ne peuvent trouver de solution que sur des échelles de temps qui échappent aux échéances d'actions et de réflexion habituelles des sociétés humaines. 

Cette unicité des causes, ces multiples visages pour un même probème s’illustrent particulièrement dans le domaine de l’énergie et entraîne nos économies dans un ensemble de cycles dont il parait bien difficile de sortir. 

Notre monde consomme de plus en plus d’énergie. Ceci conduit à une hausse tendancielle de son prix défavorable à la croissance économique. Ainsi, chaque « crise du pétrole » (1973, 1979, 2008...) se trouve suivie d’un ralentissement économique. Celui-ci  provoque à son tour une baisse de la demande en énergie  et corrélativement une baisse du prix de cette dernière. La croissance économique peut alors repartir entraînant cette fois une hausse de la demande en énergie et une  élévation de son prix enclenchant un nouveau cycle. Ce mécanisme a été précisément décrit par Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean (*) Nous sommes dans la situation d’un patient dont le seul médicament qui le soulage est celui qui, peu après, le rendra plus malade encore : Triste perspective !

De façon plus générale et vis à vis de la Terre dans son ensemble, James Lovelock et Daniell Quin avaient très bien exprimé ce processus de fuite en avant et de cycles infernaux en écrivant respectivement : « Vous êtes prisonniers d’un système de civilisation qui vous pousse à détruire le monde pour survivre » et « Notre civilisation se trouve dans la situation de celui que la drogue tuera qu’il continue ou qu’il cesse brusquement d’en consommer ».

 

* Voir en particulier cet article extrait du site Manicore

 

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 17:04

Kyoto, Copenhagen, Nagoya et maintenant Durban … nous enregistrons ces noms de sommets internationaux qui s’occupent de l’état de la planète, nous entendons à chaque fois que l’avenir de l’humanité se joue là, nous finissons par comprendre par delà les méandres de la diplomatie qu’un accord pas aussi fort qu’il eut fallu a été passé, a minima ou presque … et la vie continue, avec un nouveau rendez-vous prévu dans une autre ville dans deux ans dans trois ans (1). Et pendant ce temps, notre économie carbonée crache à pleins poumons, les pays développés continuent sur leur lancée consommatrice, les pays émergents n’en finissent pas d’émerger à coup de centrales à charbon et de grands barrages hydroélectriques, et les pays pauvres font ce qu’ils peuvent.

 

En paraphrasant René Dumont, on a envie de dire que "le monde est mal parti". Avec des pays riches fonctionnant à la démocratie élective peu outillée pour gérer les enjeux de long terme, avec des pays émergents qui veulent de toute leur force faire leur le modèle économique des pays riches, prenant ainsi leur revanche sur un modèle colonial qui les a brisés pendant plusieurs siècles, et des pays pauvres qui n’en peuvent mais et sont le plus souvent submergés par une croissance démographique qui bouleverse leurs cadres, comment réussir à s’entendre à l’échelle de la planète pour limiter les impacts d’une trop forte exploitation de notre biotope ? Comment faire comprendre au Brésil, à l’Inde ou à la Chine qu’à peine trouvée leur place dans l’économie-monde industrielle, ils doivent entraver leur croissance économique et limiter au maximum leurs rejets de gaz à effet de serre quand l’Occident s’est développé sans aucune préoccupation de ce genre pendant deux siècles ? Comment faire comprendre aux classes moyennes d’Amérique ou d’Europe que leurs enfants ne vivront pas aussi bien que leurs parents si une place de consommateur doit être faite aux enfants du tiers-monde tout en ne saccageant pas la planète en moins d’un demi-siècle ? Comment dire aux nigériens ou aux égyptiens que même en vivant très pauvrement leur modèle démographique les mène dans le mur et qu’eux aussi feront bientôt partie du problème écologique ?

Dans une négociation internationale, la logique du court terme comprise au niveau de chaque état l’emporte. Quand la somme des intérêts de chacun est incompatible avec l’intérêt de tous, quand la logique des externalités négatives joue à plein, quand aucune autorité mondiale ne peut s’imposer, comment faire pour aboutir à un accord suffisamment fort et contraignant pour être à la hauteur des enjeux ? Alors nous dévidons les sommets comme les brins d’une guirlande éphémère …

 

Par son incapacité à prendre les mesures qui s’imposent, notre monde bascule peu à peu dans un futur sans avenir, oscillant sans cesse entre les catastrophes, loin très loin de l’intelligence des hommes qui du plus profond de leur histoire ont tressé les brins d’une guirlande éternelle (2).

___________________________________________________________________________________________________

(1) Ces sommets se suivent et se ressemblent, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l'Ecologie et du Développement Durable, parle de "tous petits pas" dans une interview au Figaro du 11 Décembre 2011. Il y a treize mois, la même chose pouvait être dite, cf: Kyoto, Copenhague, Nagoya ou les étapes d'une course contre la montre.

(2) Douglas Hofstadter, Gödel, Escher, Bach: an Eternal Golden Braid, Basic Books, 1979 ; version française Gödel, Escher, Bach: les Brins d’une Guirlande Eternelle, Dunod, 1985.  

 

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 09:44

L’émission  "C dans l’air"  intitulée "huit milliards dans vingt ans" que France 5 a diffusé le 25 novembre dernier m'a laissé un goût de discours univoque et convenu. En effet, aucun des invités ne semblait sérieusement inquiet de l’augmentation de nos effectifs (à l'inverse de nombre de nos compatriotes) et tous ont insisté sur un problème d’organisation plus que de données quantitatives.

Ces points de vue mille fois répétés s’appuyaient cependant sur une argumentation imprécise et incomplète sur beaucoup de points.

Le démographe Hervé Le Bras d’abord a annoncé un taux de croissance de la population mondiale de 0,8 à 0,9 % par an. Or, avec 80 millions d’habitants supplémentaires pour une population de 7 milliards, le taux de croissance annuel est en réalité de 1,14 %...

M. Le Bras a également beaucoup insisté sur la baisse de ce taux de croissance en omettant deux phénomènes importants : D’abord, il se réfère pour dire que ce taux n’est pas inquiétant, aux taux records que l’humanité a connus dans les années 60 et 70. Il n’est jamais très honnête pour juger une donnée de la comparer à la donnée record, on pourrait dire aussi que le taux actuel est très fortement supérieur à ce que l’humanité a connu l’essentiel de son histoire et même au cours d'une partie de la première moitié du 20ème siècle.

En second lieu, bien sûr, il faut rappeler que ce taux de croissance s’applique à une population de plus en plus importante et qu’il conduit en pratique à une croissance en nombre absolu (et c’est bien cette dernière qui pèse sur les ressources et sur les équilibres écologiques) proche des niveaux records:  nous gagnons depuis le début de ce siècle environ 80 millions d’habitants par an et cela ne diminue pratiquement pas. Hervé Le Bras a également beaucoup insisté sur la baisse des taux de fécondité sans toujours la comparer (au moins dans la même intervention) à la baisse de la mortalité infantile. Or, dans les faits, ce qui compte c’est le nombre de femmes qui arrive à l’âge de la reproduction (de ce nombre viendra la croissance future), la baisse très forte de la mortalité infantile rend incomparables les taux de fécondité passés et présents, comparaison sur laquelle s’appuie son optimisme. D’ailleurs le monde gagne preque toujours autant d’habitants chaque année.

 

Analyse assez incomplète également de l’agriculture par Mme Marion Guillou qui, lorsqu’elle a évoqué l’avenir, a tout simplement oublié de dire que la productivité agricole était fortement dépendante du pétrole (via les engrais, la mécanisation et le transport des denrées) or ce pétrole va manquer au cours de notre siècle  Cela va très sensiblement peser sur la productivité et donc sur notre capacité à nourrir des effectifs croissants (d'autant que de fortes inquiétudes pèsent également sur les phosphates).  

 

Propos tout aussi incomplets de Gérard-François Dumont qui évoqua plusieurs pays en décroissance démographique en oubliant tout simplement de rappeler leur poids absolument négligeable dans la démographie mondiale.

 

Discours également très étonnant de Jean-Christophe Rufin qui laisse entendre le caractère criminel de toute analyse malthusienne. Mais quel est donc ce principe par lequel on juge une idéologie à partir d’exemples caricaturaux tirés de la frange la plus extrémiste au sein de ce qu’on appelle la Deep Ecology ? Que Jean-Christophe Rufin regarde les études et les réflexions de Population Institute aux États-Unis, de Population Matters en Angleterre, de Démographie Responsable en France ou de Rientrodolce en Italie, et il verra que ceux qui s’inquiètent de la surpopulation sont loin de tous ces excès. Laisser entendre, comme il le fait, que souhaiter un monde moins peuplé revient à ne pas se préoccuper des milliards d'occupants actuels de la planète relève de la méconnaissance. C’est au contraire pour assurer un avenir à tous, que beaucoup de mouvements militent pour une démographie plus modeste.

 

Enfin et cela concerne l’ensemble des invités deux lacunes très profondes sont apparues dans leurs discours.

D’abord personne n’a mis le problème en perspective et n’a fait comprendre aux auditeurs combien les décennies qui nous entourent constituent une exception sur le plan démographique tant en ce qui concerne les effectifs atteints qu’en ce qui concerne leur évolution. Quand un problème est grave il est bon de prendre un peu de recul et de situer les choses. Regardons une courbe de la démographie humaine sur longue période (2000 ans par exemple) et nous comprendrons immédiatement le caractère absolument exceptionnel de la période présente. Ceci ne ressortait en rien des analyses présentées et l’on avait l’impression d’un réel manque de hauteur.

Second reproche plus grave encore, l’absence totale de réflexion écologique. Tout le débat a été concentré sur l’alimentation. Que l’explosion démographique exclue de fait la présence de la quasi-totalité de la vie sauvage sur Terre ne semble pas avoir effleuré un seul instant l’esprit des participants. C’est qu’il ne s’agit pas que de nourrir les hommes, il s’agit aussi de les faire vivre durablement et en harmonie sur leur planète avec le reste du vivant. C’est là peut-être la conception la plus profonde de l’humanisme, mais de cela, il n’a pas été question une seule seconde. Manque de recul encore et manque de tendresse évident pour le monde.

 

Hélas ces explications convenues ne constituent pas une exception. Le même travers était apparu le 1er novembre au cours de l'émission Ce soir ou Jamais où les invités de Dominique Taddéï avaient, malgré la présence de Paul Ariès, représentant de la décroissance, tenus des propos tout aussi conventionnels.  

D'ailleurs, la très importante Conférence de Dakar  consacrée à la planification familiale qui se tiendra du 29 novembre au 2 décembre 2011 semble devoir s'ouvrir dans l'indifférence générale, l'implication de l'UNPFA ou de la Fondation Bill et Melinda Gate ne change rien à l'affaire.

Sur  l'ensemble de ces sujets, mais pour un regard différent, voir sur ce site  le texte  de Jean Bruguier : "Une place pour tous et pour nos rêves aussi"  ainsi que celui de   Denis Garnier, président de Démographie Responsable :  Populationnisme versus Planification Familiale, publié sur le site : Le Cercle des Echos.  

 

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 19:24

 

Vivre mieux que ses parents – rêve progressiste – dette souveraine – chute de l’Etat-providence – logique du bouc émissaire – négation du réel – dette écologique – échec du développement durable – une vita povera pour avenir    

Stéphane Hessel – Nassim Nicholas Taleb – Jean Jaurès – François Hollande

 

Les Indignés ? Ils protestent parce qu’ils veulent vivre mieux que leurs parents et que le monde ne tient pas cette promesse.  

Cette promesse (1), le grand rêve progressiste l’a portée et en a infiltré tous les discours sociaux, économiques, institutionnels : le progrès des sciences et des techniques, l’intelligence des hommes, la capacité toujours plus grande de l’ingénierie sociale, la croissance économique, les luttes sociales pour un monde plus juste, tout pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.  

Cette promesse d’un avenir meilleur a eu ses variantes. L’american dream, plus fondé sur la capacité de chacun à améliorer sa position dans une société perçue comme fluide et promouvant le self made man, le rêve français appuyé sur le mérite scolaire et l’évolution générale de la société, chaque société se bricolant, avec ses pesanteurs et ses profondeurs, son système de croyance dans un futur toujours plus agréable à vivre.  

Longtemps la promesse a été tenue. Sur plusieurs générations, et à un point tel qu’il est aujourd’hui inenvisageable que celle-ci se brise.    

Et pourtant la promesse d’un monde où les enfants vivraient mieux que leurs parents est en train de s’effondrer sous nos yeux.  

Nous vivons aujourd’hui la chute de l’Etat-providence. Sa crise a été annoncée depuis longtemps, nous assistons à son effondrement sous le poids des dettes accumulées pendant les décennies qui ont suivies les ‘trente glorieuses’. D’une part, le monde dit économiquement développé a financé son niveau de vie à crédit, ne voulant pas voir la nouvelle répartition des richesses qui a commencée à s’installer avec la crise pétrolière de 1973. D’autre part, les guichets sociaux de l’Etat-providence, activés au début avec parcimonie par des générations habituées à vivre à la dure, peu familières d’aides étatiques, capables de par un mode de vie plus campagnard d’auto-produire une partie de ses besoins (légumes au jardin et chauffage au bois), ont de plus en plus été sollicités par des urbains complètement dépendants dès lors qu’ils ne trouvaient plus une place économique pouvant répondre à leurs besoins.

Bref, la dette souveraine nous a permis de continuer à croire, de prolonger l’illusion, depuis 20 ans au moins, que demain serait meilleur qu’hier.

Cette chute de l’Etat-providence, cette impossibilité à continuer ainsi, les indignés la refusent. Ils accusent les marchés et l’argent-roi, ou les agences de notation, pour ne pas voir cette dette abyssale dont nous sommes collectivement responsables et dont ils ont aussi profité. Ce faisant, leur révolte n’ouvre pas l’avenir, elle se construit sur une logique d’exclusion à base de bouc émissaire (s’ils sont les 99 %, qui sont les 1 % et que deviennent-ils ? Qui sont les marchés ?), elle est juste un facteur de troubles contribuant à obscurcir un chemin difficile pour nos vieux pays ; elle est même inquiétante, s’il nous souvient des conséquences des révoltes des classes moyennes dans les années 20 et 30 du siècle dernier et de leur rapport aux mouvements fascistes.

Il y a plus grave encore. La dette souveraine est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt de la dette écologique. Car celle-ci est bien plus abyssale encore et impossible à effacer. En matière de biodiversité, il n’y a pas moyen de ‘prendre sa perte’ comme on dit en finance. Car le fait avéré majeur, c’est que notre planète est saturée. Déjà et vraiment. Il suffit d’écouter pendant une semaine des émissions de télévision grand-public pour apprendre là l’acidification des océans, ici la crise dans les deltas générée par les pollutions industrielles en amont et par la présence des barrages qui retiennent les sédiments, ailleurs le désert qui avance, ou encore la salinisation des sols qui progresse, sans oublier la croissance des gaz à effet de serre qui s’accentue malgré nos beaux discours. Ce ne sont plus des faits isolés que l’on peut combattre ponctuellement en agissant pour sauver une espèce en danger, c’est une pluie de cygnes noirs pour reprendre l’expression de Nassim Nicholas Taleb et parler comme les spécialistes des théories des catastrophes.

La dette écologique longtemps a été niée. Si elle est reconnue aujourd’hui, son importance reste méconnue. Et c’est cet oubli ou cette méconnaissance qui nous ont laissé croire qu’une grande partie des progrès économiques et sociaux dont nous avons  notamment bénéficiés tout au long du vingtième siècle était due au génie humain, à notre maîtrise technologique et à notre capacité à nous battre collectivement pour répartir au mieux les richesses.

Quel lien me direz-vous entre dette souveraine et dette écologique ? Simplement que l’Etat-providence a pour fonctionner nécessairement besoin d’une croissance économique forte (et c’est d’ailleurs les perspectives d’une baisse de la  croissance du PIB qui rendent incertain le remboursement de la dette). Et que cette croissance économique suppose une pression toujours plus forte sur notre biotope et les ressources qu’il contient. Le développement durable, dernière tentative en date pour concilier les choses, nous montre chaque jour son oxymoresque aspect au vu de la dégradation continue des équilibres écologiques de notre Terre.

Les Indignés ne sont pas seulement les enfants de Stéphane Hessel, ils sont surtout les enfants de cette histoire, de ce rêve progressiste traduit en biens sonnant et trébuchant par une génération consumériste et ignorante de l’état réel de la planète. Quand les Indignés d’aujourd’hui, dans leur lutte pour plus de démocratie aux fins de vivre mieux que leurs parents et de poursuivre ce rêve progressiste, veulent remettre la politique au centre de commandement, ils oublient la dette souveraine, ils oublient la dette écologique, ils s’affranchissent du réel pour aller à l’idéal. Ce n’était pas la leçon de Jaurès.

Que faut-il faire pour qu’ils comprennent enfin ? Pour qu’ils perçoivent que le modèle économique et social dont leurs parents ont bénéficié n’est ni durable ni souhaitable, que l’avenir est à un mode de vie bien plus sobre, à une consommation d’objets réduite, à une vie sociale riche d’échanges proches et oublieuse des voyages en avion à l’autre bout de la planète, à une vita povera assumée et voulue, désirée même.

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(1) : Aujourd’hui, François Hollande en fait le thème majeur de sa campagne présidentielle.

 

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 15:04

 

 

Sept milliards d’hommes aujourd’hui – Dix milliards demain – Amélioration de l’efficience du secteur alimentaire – Limiter les écarts de revenus – Agriculture biologique – Rêve progressiste – Planète saturée – Monde trop plein – Pluie de cygnes noirs – Démographie, variable d’ajustement – Vita Povera – Respect de la vie

Paul Aries - Nassim Nicholas Taleb - Jean Ziegler

  Ourse et ses oursons

                                                                                           La valse des oursons (1)

Sept milliards d’hommes aujourd’hui, neuf ou dix demain. Même les intellectuels engagés, critiques et irrévérencieux, de Paul Aries à Jean Ziegler, ne s’en émeuvent pas et vont jusqu’à considérer que « c’est bien que la planète se peuple » (2), généralisant ainsi la joie d’ordre privé qui accueille tout enfant dans une famille heureuse à un bonheur collectif fondé sur la poursuite de l’accroissement du nombre d’hommes sur terre. Pour prendre cette marche vers les dix milliards en 2050 comme un évènement positif, ils s’appuient sur un raisonnement qui a sa logique alors que de plus en plus de personnes s’interrogent sur la capacité de notre planète à supporter un nombre toujours plus grand d’humains.

D’abord notre organisation de production et de distribution alimentaires est peu efficiente, avec des pertes pouvant être évaluées entre 30 et 40%, entre les récoltes qui pourrissent sur pied faute d’un stockage fait à temps par manque d’engins ou de silos disponibles, les points de vente qui détruisent les aliments dont la date de péremption est dépassée, ou encore les pertes dans nos frigos au niveau du consommateur final. N’oublions pas non plus l’agriculteur qui, du fait d’un effondrement des cours, a un intérêt économique évident à ne pas récolter quand le seul coût de la cueillette est supérieur à son prix de vente.

Ensuite il y a les écarts de revenus au niveau mondial qui font qu’un milliard d’entre nous consomme de la nourriture plus que de raison tandis qu’un autre milliard ne mange pas à sa faim. Comment alors ne pas penser que moins de calories, moins de régimes carnés dans les pays riches et une meilleure distribution des richesses ne suffiraient pas à éradiquer la faim dans le monde, aujourd’hui comme demain ?

Ajoutons à ces deux arguments l’idée d’augmenter les rendements agricoles en s’appuyant sur la recherche d’une part et sur des investissements plus conséquents. Et pour soulager la conscience écologique de tout un chacun qui s’inquiéterait des conséquences d’une poursuite d’une agriculture agro-chimique, un rapport de la FAO de mai 2007 (3) énonce que l’agriculture biologique pourrait nourrir 9 milliards d’hommes en 2050, aux conditions d’utiliser de bonnes pratiques et de refonder les mécanismes d’échanges internationaux de produits agricoles.

En résumé, si l’humanité, ce beau mot cher à Jaurès, combat suffisamment bien les inégalités de richesses dans les décennies qui viennent et améliore sensiblement son organisation en matière de production agricole, alors rien n’est impossible et dix milliards d’hommes pourront demain manger à leur faim.

L’affaire est donc une question de volonté politique. Et il est alors aisé de comprendre l’enthousiasme d’intellectuels comme Aries ou Ziegler, qui espèrent que nécessité fera loi et que nous les hommes tenons ici un levier puissant pour faire bouger le monde dans le sens du combat pour la justice qu’ils mènent passionnément depuis des années.

Et si tout cela ne suffisait pas pour nous rassurer, les démographes dans leur ensemble nous disent que nous allons vraisemblablement assister à une stabilisation de nos effectifs dans la seconde partie de ce siècle. En quelque sorte dix milliards, au maximum douze, seraient bien un optimum pour notre espèce, grosso modo compatible avec les capacités de notre planète.

Il est difficile de troubler cette vision des choses qui s’enracine dans le rêve progressiste qui anime tant d’entre nous.

Bien sûr un monde de dix et même douze milliards d’humains est possible. Mais sachons-le, le monde qui se dessine ainsi, un monde couvert de fermes pour manger, d’usines pour nos outils et nos objets, et de villes pour nous abriter, est un monde nouveau, complètement centré sur un homme dépendant de réseaux de toutes sortes, un monde plus égalitaire sans doute, plus contrôlé sûrement. Et peut-être pas durable ?

Car tout ce raisonnement, qui contribue à exclure la question démographique des variables d’ajustement sur lesquelles nous pouvons jouer, s’appuie sur l’ignorance de faits avérés et sur des tendances dont les effets se contredisent.

Le fait avéré majeur, c’est que notre planète est saturée. Déjà et vraiment. Il suffit d’écouter pendant une semaine des émissions de télévision grand-public pour apprendre là l’acidification des océans, ici la crise dans les deltas générée par les pollutions industrielles en amont et par la présence des barrages qui retiennent les sédiments, ailleurs le désert qui avance, ou encore la salinisation des sols qui progresse, sans oublier la croissance des gaz à effet de serre qui s’accentue malgré nos beaux discours. Ce ne sont plus des faits isolés que l’on peut combattre ponctuellement en agissant pour sauver une espèce en danger, c’est une pluie de cygnes noirs pour parler comme les spécialistes des théories des catastrophes (4) .

Le raisonnement qui consiste à ne pas s’inquiéter de notre évolution démographique, outre qu’il oublie quelque peu la saturation du monde, appuie aussi son optimisme intrinsèque sur des tendances qu’il suppose rassurantes, comme la volonté des femmes de mettre moins d’enfants au monde lorsqu’elles sont instruites. Ce lien entre instruction des filles, travail des femmes hors du cercle familial et baisse de la natalité est corroboré par tous les démographes et économistes. Mais comment ne pas voir que cette évolution va aussi de pair avec l’urbanisation du monde et la disparition des cultures rurales parcimonieuses, forcément parcimonieuses. Et que cette urbanisation décuple les besoins : les hommes et les femmes qui vivent en ville ont par exemple des consommations d’eau qui se rapprochent du modèle occidental, sans commune mesure avec l’utilisation parcimonieuse qui était la leur dans leur village. Autrement dit, on ne peut sérieusement se réjouir d’une tendance à voir les femmes du tiers monde ou des pays émergents scolarisées, intégrées par leur travail dans l’économie-monde et maitrisant leur fécondité, sans aussi prendre en compte le fait que leur nouveau mode de vie, souvent plus urbain, va les précipiter dans un modèle de consommation bien plus conséquent. Dans ce siècle, au vu de l’inertie liée aux pyramides des âges, il y aura peut-être un peu moins d’enfants en nombre absolu mais une demande en consommation décuplée du fait du passage accéléré à un mode de vie urbain de plusieurs milliards d’humains. Comment ferons-nous avec 50% d’hommes en plus alors que notre planète touche déjà ses limites avec sept milliards ?

Cette question est souvent abordée sous l’angle de la faim, certains allant jusqu’à prédire que le XXIème siècle sera le siècle de la faim. Après tout, il est normal que la question de la faim, au vu d’un passé de disettes et de famines qui a marqué douloureusement dans leur histoire tous les pays du globe, soit la question que l’on se pose quand la population humaine fait plus que tripler en un siècle (1950-2050). Mais est-ce ainsi que la question se pose ?

On aurait envie de dire oui pour croire à un avenir facile, pour échapper à la qualification de frileux et de malthusien. Se focaliser seulement sur la nourriture peut laisser croire que bien organisés et plus justes au sens où l’entendent Paul Aries ou Jean Ziegler, il nous est possible de vivre à dix ou douze milliards sur Terre. C’est d’abord oublier que les gains que nous pourrions faire en efficience risquent d’être largement contrebalancés par les conséquences de la dégradation écologique à laquelle nous assistons déjà, avec une détérioration constatée des rendements agricoles. C’est ensuite oublier que la non-autosuffisance alimentaire de territoires entiers supposera à la fois des transferts économiques gigantesques n’allant pas sans poser problèmes (5), et très matériellement des transports physiques de marchandises eux-mêmes fortement consommateurs de ressources. C’est encore oublier que les hommes ne font pas que manger, qu’ils ont d’autres besoins, d’autres envies, et que leur réalisation consomme aussi des ressources. C’est surtout oublier que le monde ne peut se contenter durablement de n’être qu’un grand champ tourné vers l’alimentation des hommes avec une usine à son bout pour fabriquer les objets dont nous aurions besoin pour nous distraire pauvrement et pourquoi pas égalitairement, enfermés que nous serons dans un coin de nos métropoles. Et il n’y a pas que l’homme sur Terre. Inutile ici, aux fins de disqualification de la remarque, de parler d’écologie punitive qui oublierait l’homme pour lui préférer la nature : ce que l’écologie nous a appris, c’est que l’homme est un élément dans un système, dans un écosystème, et que l’homme ne se portera bien que si cet écosystème fonctionne durablement avec un minimum d’équilibre.

A sept milliards nous quadrillons déjà notre Terre et nous l’avons mise en coupe réglée, obsédés que nous sommes par la satisfaction de nos besoins et les équilibres sociaux de nos sociétés. Et pourtant, malgré des prélèvements massifs sur notre biotope et la consommation de ressources absolument non-renouvelables à l’échelle humaine, nos sociétés connaissent la forte injustice, la détresse, et encore la faim ; elles s’appuient continument sur des logiques de fuites en avant et ainsi ajoutent aux précédents maux une inquiétude fondamentale sur notre avenir. Alors il est aujourd’hui possible de penser que jouer aussi sur notre nombre en essayant d’enrayer une croissance à venir de 50 % d’hommes n’est pas frileux ou réactionnaire ou anti-humain. C’est simplement ne plus confondre la beauté de la vie qui naît et la multiplication exagérée d’une espèce au détriment de tout l’écosystème qui l’abrite depuis la nuit des temps. C’est tout simplement ne pas instrumentaliser un surnombre d’hommes pour tenter de faire advenir une société moins inégalitaire que les luttes sociales ont jusqu’ici échouée à réaliser, en croyant à une logique de la nécessité bien incertaine : rien ne nous dit que le chaos ne l’emporterait pas. C’est tout simplement ne pas s’interdire de jouer sur un levier longtemps tabou pour préserver – ou plutôt reconquérir - un monde viable et agréable pour tous (6).

Et ce n’est évidemment pas le seul levier, le seul combat à mener, la solution qui nous exonérerait d’autres batailles, d’autres efforts : même moins nombreux nous devons nous diriger impérativement et à marche forcée vers un mode de vie sobre et techniquement efficient, une ‘vita povera’ qui donne toute sa place à une vie moins matérialiste et plus harmonieuse, tournant le dos à l’exploitation de l’homme par l’homme, délaissant des espaces sauvages où nous ne ferons que passer avec des semelles de vent, où notre empreinte sera légère, où la vie des plantes et des animaux se régulera sans nous et s’épanouira. Pour que tous sur Terre aient leur place et nos rêves aussi.

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(1) : Cliché, source :  Le Figaro. ‘La valse des oursons’. Ce très beau cliché animalier a été pris dans l’un des derniers paradis pour ours bruns, le Parc national de Katmai, à l’ouest de l’Alaska. Thomasd.Mangelsen/Abacapress.

(2) : Cette phrase ô combien significative a été prononcée ‘à la volée’ dans une ambiance d’une unanimité assez marquée, pendant l’émission de Frédéric Taddéi Ce soir ou jamais le mardi premier novembre 2011, où étaient invités notamment Paul Aries et Jean Ziegler. Les participants ont été jusqu’à évoquer le risque d’une implosion démographique dès la seconde partie de ce siècle tant toute décroissance en la matière les terrifie.  

(3) : FAO, Rapport de la Conférence internationale sur l’agriculture biologique et la sécurité alimentaire, Rome, 3-5 mai 2007.   

(4) : Cf. Le Cygne noir, la puissance de l’imprévisible, Nassim Nicholas Taleb, éd. Les Belles Lettres. Septembre 2008.  

(5) : Un pays comme le Nigeria devrait tendre selon les projections des démographes vers le demi-milliard d’habitants à la fin de ce siècle. Comment croire que ce pays pourra alors répondre aux besoins, même limités à l’essentiel, de ses concitoyens sans des échanges massifs avec l’extérieur. Et qu’exporteront-ils pour équilibrer leur balance commerciale ? Avec tout l’optimisme de la volonté possible, on est toutefois pris de vertige devant l’immensité des difficultés entrevues. Et le Nigeria n’est qu’un exemple parmi d’autres.

(6) : Après tout, est-il si indécent de considérer notre nombre sur Terre comme une variable d’ajustement possible pour faire face à la crise écologique que nous connaissons ? On peut le dire autrement : à l’ère de l’anthropocène, la maitrise de l’homme par l’homme est-elle impensable ? La violence des réactions à la question démographique, son étouffement aux prétextes d’anti-humanisme et d’extrême-droitisme est quelque peu hallucinante. Rappelons simplement que le mouvement écologique abordait frontalement et ouvertement la question dès la fin des années soixante. Que cache donc cette aversion ? Une soumission consciente ou non à des exhortations religieuses ? Une croyance aveugle et naïve dans le Progrès, ce qui nous permettrait de transgresser hardiment les limites connues de notre biotope ? Le refus de poser des limites à l’homme ? Ce qui dans ce cas ne pourrait être alors qu’une négation des principes même de l’écologie. Ce débat n’est pas que théorique : ne perdons pas de vue que nous sommes collectivement engagés dans une nécessaire transition écologique et que nous aurons besoin de toutes nos forces et de toute notre intelligence pour la réussir ; dans ce cadre tous les leviers humainement acceptables sont à considérer. Il n’est plus temps d’avoir des tabous.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 08:04

 

Voilà, c’est officiel, le 31 octobre prochain, selon l’ONU,  nous serons sept milliards sur la Terre. Sept milliards d’hommes et de femmes en charge de survivre et de protéger leur planète (1).

Vaste programme pour une population qui se promet de monter jusqu’à neuf milliards à l’horizon 2050 et probablement jusqu’à dix milliards au cours de ce siècle tout en rêvant de consommer encore et toujours plus.

Vaste programme au vu des dégâts déjà occasionnés à la biodiversité, aux sols, aux paysages, aux rivières ou même aux océans.

Vaste programme enfin si l’on se remémore le calendrier de notre progression passée. Rappelons encore l’histoire de cette accélération que tout écologiste devrait avoir à l’esprit.

Il y a 10 000 ans c’est-à-dire aux débuts de la révolution néolithique, les hommes étaient environ 5 millions. II y a 2 000 ans, nos effectifs s’établissaient autour de 200 millions. Puis, tout doucement, peu avant l’an mille, la courbe s’est redressée et quelques siècles plus tard, la litanie des milliards pu commencer.

 

1 milliard vers 1800

2 milliards en 1930

3 milliards en 1960

4 milliards en 1974

5 milliards en 1986

6 milliards en 1999

7 milliards en 2011

 

Oui, il nous faut désormais seulement 12 ans pour gagner un milliard d’habitants quand l’humanité a mis tant de millénaires pour atteindre le premier.

Les démographes font régulièrement part de leur optimisme (2)  en insistant sur la décélération du taux de croissance : Nos effectifs augmentent de + 1,2 % par an quand nous avons parfois  légèrement dépassé les + 2 % au cours de la décennie 1960.

Toutefois, ce taux plus faible s’appliquant à une population plus importante, en pratique la croissance absolue de la population reste presque stable et nous gagnons environ 80 millions d’habitants tous les ans soit donc un milliard tous les 12 ans et ce, depuis la fin des années 1960.

Ce phénomène est propre à l’espèce humaine. Ainsi au cours du 20ème siècle, tandis que nous multipliions nos effectifs par presque 4 (passant de 1,6 à 6 milliards), les tigres divisaient (3) les leurs par 30 réduisant leur population de 97 % ! Beaucoup d’autres animaux ont tout simplement vu leur nombre  diminuer de 100 % et ont donc disparu de la surface de la planète. Nul besoin d’être mathématicien ou biologiste pour saisir le caractère dramatique et non durable de la situation.

 

Pour marquer l’évènement et  faire comprendre les menaces que font peser sur la planète une telle croissance de nos effectifs, pour faire en sorte que le sujet fasse enfin parti du débat écologique, en un mot, pour faire cesser le tabou, l’association Démographie Responsable  organisera un rassemblement à Paris le 30 octobre prochain (de 10 à 17 h, place Igor Stravinsky, à proximité du centre Georges Pompidou). S’il vous dit de venir évoquer le sujet…  Elle vous invite également à signer la pétition suivante .

Voyez aussi sur le sujet la chronique  publiée par M. Denis Garnier président de cette association  sur le site du Monde.

 

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(1) Date purement symbolique, bien sûr personne ne sait à une centaine de millions près combien nous sommes exactement. Notez que si l’on veut bien suivre les évaluations de la plupart des instituts démographiques ou même des compteurs qui pullulent sur internet (mais qui ne font que recopier) le fameux seuil devrait plutôt être franchi dans la première moitié de 2012.

(2) Que les démographes utilisent eux-mêmes le terme d’optimisme pour qualifier leur analyse de la décélération de la croissance  montre bien que cette croissance est en soi un phénomène qu’ils jugent dangereux.

(3) Il serait plus juste de préciser que c’est nous qui avons fait la division et pas les tigres de leur plein gré. Globalement leur population est passée de 100 000 à 3 000 individus entre le début du 20ème siècle  et 2010.   

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 14:44

Omniprésente dans les médias,  l’écologie se veut aujourd’hui à la pointe de la modernité. Tout ce qui n’est pas vert n’est pas moderne et notre époque est à deux doigts de donner des leçons aux périodes passées.

Est-ce bien justifié ? En quoi d’ailleurs consiste exactement une attitude écologiquement correcte ?

A manger bio ? Mais c’est ce qu’a fait l’humanité jusqu’aux années 1950. Ce n’était peut-être pas toujours et partout d’excellente qualité, mais c’était incontestablement bio, d’origine locale, sans presque d’engrais chimique ni de préparation industrielle. Précisément ce que nous recommandent aujourd’hui  les écologistes ! En un mot : mangner bio c’est manger comme on mangeait avant que l’on ne parle d’écologie !  

A limiter l’usage de la voiture ? Mais ce fut  par la force des choses le sort des hommes tout au long de leur histoire. Hélas, même depuis l’invention de l’automobile et son installation dans la vie quotidienne, nous ne cessons de parcourir de plus en plus de kilomètres (1).  Etre éco-responsable consiste-il alors à transporter par train toutes les marchandises qui irriguent notre société de consommation ? Hélas encore,  le fret ferroviaire ne cesse de s’effondrer (2). Soyons écolos : revenons 50 ans en arrière !

Etre écologiquement responsable c’est utiliser préférentiellement les énergies renouvelables : le vent, le bois, la force des rivières ? Mais c’est exactement ce que nous avons fait tout au long de l’histoire jusqu’à l’époque industrielle. Au 18ème siècle, tous les navires étaient à voile. Mieux encore, par leur composition même ils étaient écolos : bois, cordes et toiles était entièrement biodégradables. Oui, trois cent ans plus tôt notre comportement maritime était écologiquement irréprochable. Nous étions même en plein développement durable puisque Colbert fit planter les célèbres chênes de la forêt de Tronçais afin d’assurer l’avenir  de la construction navale. Quel décideur politique se préoccupe-t-il aujourd’hui d’investissements, verts de surcroit, à plus d’un siècle d’échéance ? Bref il ne manquait à nos ancêtres que les mots pour entrer dans la modernité.  Remplaçons « bateaux à voile » par « navire à énergie éolienne et  « moulins à vent par éoliennes électro-génératrice » et le compte y est ! L’humanité était moderne et écolo sans le savoir tout comme M. Jourdain faisait de la prose.  Quant à  Eole, il ignorait  ce que la modernité emprunterait à son patronyme.

Les exemples pourraient être multipliés : le transport aérien généralisé, et les déplacements permanents, l’omniprésence des plastiques, des emballages  et des produits chimiques…  sur tous ces sujets nous étions plus « éco-responsables » dans les temps passés.  Ajoutons bien  entendu le volet  démographique. Cent ans plus tôt la Terre portait quatre fois moins d’habitants et la pression sur le milieu n’en était évidemment que beaucoup plus légère.

Il ne s’agit pas là d’être passéiste, mais la question ne relève pas d’un simple problème de vocabulaire. Elle ne constitue pas non plus la moquerie facile d’un snobisme par trop évident. Le fond est plus important.

Il faut cesser de croire que la solution passe par un accroissement permanent de nos moyens. En reconnaissant que les solutions de demain passent, partiellement et sur un certain nombre de points, par  un retour à des comportements anciens, nous assumons ce renoncement à une croyance naïve en la toute-puissance de la croissance et de la technologie. Probablement irions-nous par-là vers un peu plus de sagesse…et d’efficacité.

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(1) En France et en 1970  les véhicules particuliers parcouraient environ 140 milliards de kilomètres, en 2010, cette même catégorie de véhicules a parcouru 440 milliards de kilomètres soit 3,4 fois plus pour une population qui a augmenté d’environ 30 % Source INRETS (voir le graphique noté figure 1 de cet article).  

Pour être tout à fait honnête précisons toutefois que cette évolution vers toujours plus de voyages pourrait s’infléchir, voir cet article récemment paru sur le site Terra eco.     

(2) Ne soyons toutefois pas trop sévères sur ce plan. beaucoup des critiques que font les écologistes au peu d’attrait que les industriels trouvent au transport par voie ferrée tient à la sous-estimation des coût liées aux ruptures de charges : les voies ferrées ne vont ni dans la plupart des usines ni dans les magasins. Le système implique toujours un transport final routier et de coûteuses opérations de transbordement. Dans un processus multimodal, les ruptures de charges sont coûteuses en terme de travail.

 

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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 14:04

 

Le réchauffement climatique est aujourd’hui la menace environnementale la plus médiatisée. La lutte contre ce phénomène est devenu le fondement emblématique de "l’écologiquement correct".

Les choses sont-elles si simples ?  Le réchauffement constitue-il vraiment la catastrophe que l’on nous prédit ?   Comment envisager dans le long terme l’évolution des civilisations sur une planète au climat changeant ?

En émettant ces doutes je ne veux en rien rejoindre l’ensemble des climato-sceptiques. Ni ceux, relativement rares,  qui nient la réalité du processus (sur une quarantaine d’années la tendance au réchauffement planétaire est manifeste), ni ceux qui, tels Claude Allègre ou Vincent Courtillot, sans le réfuter (1) lui refusent une origine principalement anthropique. Les quantités de CO2  et accessoirement de méthane envoyées dans l’atmosphère par l’ensemble des activités humaines me paraissent tout à fait à même d’expliquer la hausse des températures. Cette analyse fait l’objet d’un consensus relativement large chez les scientifiques et les conclusions du GIEC  paraissent solides.

Là où je souhaite me dégager de l’unanimisme ambiant c’est d’abord dans l’identification du réchauffement (et plus généralement de tout changement) à une dégradation voire à une pollution. Même si, bien sûr, ce réchauffement accompagne nos activités polluantes et en constitue l’une des conséquences, il me semble impossible de juger de son caractère intrinsèquement néfaste indépendamment des conditions dans lesquelles il s’opère c’est-à-dire à la fois très rapidement et dans l’omniprésence de l’humanité et de ses infrastructures.

Une Terre au climat plus chaud est-elle par nature une Terre plus polluée, plus abimée ? Notre planète a déjà été plus chaude même dans des périodes récentes  (voir cette page du site manicore) et ne s’en est pas si mal portée (2).

La difficulté provient-elle alors du rythme du changement ? Il est vrai que les modifications de températures que nous provoquons sont extrêmement rapides : de l’ordre de quelques degrés en un siècle (3). Même si dans le passé certaines évolutions climatiques ont été également assez rapides, seules probablement, celles résultant de la chute d’une météorite géante, dont on comprend bien qu’elles constituent un cas à part et très exceptionnel même aux échelles de temps géologiques, ont été plus violentes que celle que nous connaissons et induisons.

Là où le problème du réchauffement climatique d’aujourd’hui se révèle très particulier et très grave c’est qu’il se produit sur une Terre où le monde vivant a vu ses possibilités d’adaptation largement anéanties par l’homme. En notre absence et en cas de réchauffement, il n’était pas très difficile aux animaux de gagner chaque année quelques kilomètres vers le Nord. Bien sûr il y avait des perdants mais ils y avaient aussi des gagnants. Si les ours blancs ou les espèces polaires voyaient leurs effectifs diminuer, beaucoup d’autres animaux, et cela est vrai pour la flore également, prospéraient sur de nouveaux territoires

Aujourd’hui, il n’y a que des perdants. Même si la forêt remonte légèrement vers les hautes latitudes au détriment de la toundra, on ne peut envisager là une compensation partielle aux déforestations qui ravagent le reste de la planète.  Nombreux sont ceux y voient au contraire une opportunité en faveur de l’ouverture de nouvelles zones d’exploitation pour le pétrole, le gaz, le bois ou même l’agriculture en général. Dans ce contexte, comment espérer que le tigre gagne ce que perdra l’ours polaire ?

Laisser à la nature des espaces disponibles quand nous pourrions les utiliser ne fait pas partie des options d’une espèce conquérante. Les eaux n’échapperont pas plus à notre volonté de toute puissance. Les mers circumpolaires et en particulier l’océan Arctique seront plus largement dégagées de glaces en été. Est-ce une chance pour la nature ? Non, car l’homme pense déjà exploiter les eaux libres aussi bien pour faciliter le commerce (via le fameux passage du Nord-Ouest) que pour favoriser l’exploitation des hydrocarbures. La Russie et ses voisins sont engagés dans de lourdes batailles pour déterminer l’extension précise des talus continentaux dont la propriété est celle de l’état limitrophe et   se situeraient de prometteurs gisements gaziers et pétroliers.

Bref, tout est prêt pour que la nature soit empêchée de s’adapter et c’est là que se situent la menace principale. Pas dans le réchauffement mais dans les conditions dans lesquelles il s’opère, c’est-à-dire sur une planète handicapée et rendue, si j’ose dire, inapte à l’adaptation du fait de notre nombre et de nos infrastructures.  

Cette question du réchauffement soulève également une réflexion plus générale sur la place de l’homme et de la civilisation dans le long terme. Sur plusieurs plans, le réchauffement climatique peut mettre en cause quelques éléments de notre civilisation. On peut notamment imaginer qu’une température excessive ou que des sécheresses durables et étendues dans les latitudes intertropicales posent de réels problèmes à l’agriculture et donc à l’alimentation d’une humanité de sept et bientôt neuf milliards de représentants. En ce sens la civilisation est responsable de la dégradation des conditions matérielles sur lesquelles elle s’appuie.

Toutefois, il serait bien prétentieux d’imaginer que nous sommes seuls à avoir ce pouvoir de dégradation et que la Terre doit naturellement offrir toujours et partout les conditions optimales à la survie et même au développement de nos sociétés modernes. La Terre a montré sa capacité à abriter la vie depuis plusieurs milliards d’années et la vie de grands animaux depuis plusieurs centaines de millions d’années. Il n’est en rien écrit que la Terre soit capable d’offrir les conditions optimales aux civilisations technologiquement dépendantes sur de longues durées.  

Si l’on se focalise sur les époques plus récentes, il semble bien que depuis le quaternaire la Terre connaisse une succession de cycles d’environ 100 000 ans présentant une alternance plus ou moins régulière de 80 000 ans de périodes froides et de 20 000 ans plus tempérées dites d’interglaciaires (4). Nous sommes (et la civilisation y est née) dans une de ces phases interglaciaires. Dans les périodes glaciaires La température de surface moyenne du globe serait d’environ 5 C° inférieure à celle que nous connaissons. De telles conditions recouvriraient de glace un grande partie du monde aujourd’hui économiquement développé, l’essentiel de l’Europe et des Etats-Unis en particulier, rendant impossible la poursuite de notre mode de vie au moins sur ces territoires.

Il apparait donc qu’indépendamment de l’activité de l’homme la Terre est susceptible de connaître des climats brisant net notre élan vers une économie toujours plus développée et vers une artificialisation complète du monde. Ceux qui souscrivent à l’interprétation de James Lovelock verront peut-être là une sagesse de Gaïa.

Ces remarques n’ont pas pour objet de nous inciter à minimiser l’impact des activités humaines sur l’environnement, bien au contraire, d’autant qu’il existe des effets de seuil susceptibles de précipiter et d’aggraver les phénomènes (5). Elles n’ont pas non plus pour but de nous faire espérer que le réchauffement climatique  vienne opportunément contrer les effets redoutables d’une entrée en glaciation (les délais ne sont pas les mêmes, le réchauffement nous « menace » dès ce siècle même). A long terme, de toute façon, le CO2 se résorbera et nous retrouverons probablement la prééminence des grands cycles naturels.

Ces remarques ont pour objet de nous inciter à un peu de modestie. De nous inciter à comprendre que le monde n’est pas l’outil obligé de notre économie. Que nous devons nous comporter comme une espèce légère sur la Terre. Légère dans ses effectifs et ses consommations ; légère pour respecter le reste du vivant mais aussi pour être capable de s’adapter le jour où sur notre planète, quelle qu’en soit la cause, les évolutions climatiques interdiront aux grandes et lourdes civilisations l’usage d’une majeure partie des territoires. Une humanité de dix milliards de représentants hyper consommateurs et tous dépendant d’immenses technostructures ne le pourra pas. Seule le pourra une humanité moins nombreuse, moins dépendante et en cela plus « résiliente ».

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(1) Encore qu’il semble que désormais, Vincent Courtillot ne remette pas seulement en cause l’origine anthropique du réchauffement mais exprime des doutes sur sa poursuite. Selon lui le réchauffement se serait arrêté depuis une douzaine   d’années. Ce point de vue est loin de faire l’unanimité et ne me parait pas évident même à la lecture des statistiques proposées  sur le site qui lui est consacré.  

(2) Quitte à contredire mon propre point de vue je dois toutefois  noter que le  père de l'hypothèse  Gaïa, le célèbre écologue James Lovelock   estime  à l’inverse, que globalement la Terre est plus productive pour le vivant dans les périodes de glaciation que dans les périodes chaudes. Selon lui, ce qui dans ces temps glacés est perdu aux pôles ou dans les latitudes moyennes en terme de productivité de la matière vivante serait largement compensé par ce qui est gagné dans les zones tropicales ou équatoriales. Voir sur ce point son excellent ouvrage : La revanche de Gaïa : Pourquoi la Terre riposte-elle ? Editions Flammarion, mars 2007.

(3) Voir  « Le dernier Grand Réchauffement » un article  de Lee Kump paru dans le mensuel "Pour la Science" d’octobre 2011 (numéro 408, p 41). L’auteur  y compare le rythme de réchauffement actuel à celui survenu au cours du crétacé (il y a entre 120 et 90 millions d’années) et surtout à celui   qui a marqué la frontière entre le paléocène et l’éocène (il y a 56 millions d’années). Ces deux réchauffements étaient beaucoup plus lents. Pour la question qui nous concerne Il faudrait toutefois comparer le rythme actuel à celui qui a accompagné les alternances glaciaires-interglaciaires du quaternaire. Voir pour cela le graphique du climat sur les 400 000 dernières années sur le site  Manicore de Jean Marc Jancovici  déjà évoqué.

 (4) Il s’agit là d’une présentation quelque peu schématique je renvoie sur ce point à toute la littérature climatique. Globalement ces évolutions récentes (depuis le quaternaire) sont liées à des données astronomiques : variations cycliques de l’orbite terrestre (variations de l’excentricité) et de l’inclinaison de la Terre (variation de l’amplitude  de l’obliquité et interaction entre la date des saisons et le passage de la Terre au périhélie et à l’aphélie liée à la précession des équinoxes).

(5) Il ne faut pas passer sous silence la question des effets de seuils dont on sait qu’ils sont susceptibles, au-delà de certaines variations de température, d'entrainer le climat dans un cercle vicieux. Cerle dans  lequel les effets s’auto entretiendraient et s’auto renforceraient. Le processus  le plus souvent évoqué est celui par lequel le réchauffement favoriserait la fonte du permafrost et la libération d’importantes quantités de méthane qui à leur tour enrichiraient l’atmosphère en gaz à effet de serre lesquels renforceraient le réchauffement en une boucle de rétroaction positive. Toutefois ce raisonnement peut s’appliquer à un phénomène d’origine naturelle aussi bien qu’à un mécanisme d’origine anthropique ; il peut également se concevoir en sens inverse vers le refroidissement : un refroidissement augmente les surfaces couvertes de glace ce qui élève l’albédo de la Terre et favorise à son tour un rafraîchissement.    

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